Maintenant que la Magna Quaestio a enfin été clarifiée, cela fait une certaine impression de voir la vidéo de 2016 dans laquelle Bergoglio, lors d'une conférence de presse dans un avion, de retour d'Arménie (LA VIDÉO ICI) répondait à une question de la journaliste Elisabetta Piqué du journal argentin La Naciòn :
"Nous savons que vous êtes le pape, mais il y a aussi le pape Benoît, le pape émérite. Récemment, une déclaration du préfet de la Maison pontificale, l'archevêque Gänswein, a indiqué qu'il y aurait un ministère pétrinien partagé avec un pape actif et un pape contemplatif. Y a-t-il deux papes ?".
Comment pouvons-nous blâmer notre collègue face à ce discours choquant de l'archevêque Gänswein que nous avons compris il y a quelques jours seulement, en l'expliquant ICI ?
Dans la réponse que donnera l'anti-pape François transparaît tout l'embarras et l'incertitude d'un homme qui n'a toujours pas compris, comme d'ailleurs n'a pas compris le monde entier pendant huit ans.
"Il y a eu trois papes dans l'Église depuis longtemps", dit l'interviewé en plaisantant. En fait, il fait référence à 1046, l'époque du Synode de Sutri, ou le Grand Schisme d'Occident (1378-1418) entre les différents prétendants au trône papal. Mais ces questions ont été à l'origine d'âpres conflits, précisément parce que pour l'Église, il ne peut y avoir qu'UN pape, et non deux ou trois.
"Je n'ai pas eu le temps de lire ces déclarations, parce que je n'ai pas le temps pour ces choses-là",
poursuit Bergoglio avec une certaine nonchalance affectée... Pourtant, il aurait bien fait d'être attentif.
"Benoît est-Pape-émérite", poursuit-il, en ponctuant bien les mots, mais on voit à son regard que même pour lui, le concept est assez obscur : "Il a dit clairement, le 11 février, qu'il démissionnait à partir du 28 février, qu'il se retirait pour aider l'Église par la prière. Et Benoît est au monastère, en train de prier."
Voici le grand malentendu, Excellence : Benoît XVI est émérite non pas en termes juridiques, en tant qu'ancien pape, mais il est émérite en ce sens qu'il s'est retiré en SEDE IMPEDITA et qu'il reste le seul à avoir le droit d'être pape, du verbe latin "emereo". Ceci afin de se différencier de tout autre pape supposé. En fait, Benoît reste dans le SEDE, c'est-à-dire le Vatican, mais entravé. C'est pourquoi il continue à s'habiller en blanc, en tant que pape, avec une soutane privée de deux accessoires : la cape (pèlerine) et la ceinture, symbole des deux fonctions du gouvernement pontifical auxquelles il a dû renoncer (annoncer l'Évangile et gouverner la barque de Pierre. Voir la Declaratio (ICI).
Benoît XVI a en effet déclaré explicitement qu'il démissionnerait du ministerium, de l'exercice pratique du pouvoir. Il l'a fait de manière différée, exclusivement factuelle et non juridique. Il n'aurait JAMAIS pu ratifier un document dans lequel il séparait le ministerium du munus pétrinien, car ils sont inséparables (ICI) Il a toujours été parfaitement sincère et cohérent comme vous pourrez le lire (ICI). Vous avez été trompé par le fait qu'en italien (NDT : et en français aussi) munus et ministerium sont traduits par le même mot "ministère".
Malheureusement, vous avez voulu vous bercer d'illusions en pensant qu'il avait abdiqué, mais c'est votre responsabilité, pas celle du pape Benoît. Vous avez tout fait vous-même, et vous avez êtes devenu schismatique.
Voilà comment cela fonctionne : l'abdication et le Siège empêché sont deux situations contiguës, mais très différentes, comme le montre le titre de la récente étude du canoniste Boni :
"Proposition de loi sur le Siège romain totalement empêché et la renonciation du Pape".
Pour l'abdication (canon 332 § 2), on doit renoncer au munus pétrinien simultanément, et on perd alors aussi le ministerium. Si on ne renonce au ministère que de manière factuelle et différée, sans rien ratifier, il y a un auto-exil in sede impedita, le munus ne déchoit pas et le pape reste le seul pape existant. C'est pourquoi Benoît s'est fait ÉMÉRITE, le seul qui a le droit d'être pape, pour éviter toute confusion avec d'autres personnes vêtues de blanc. ICI (voir tout en bas tous les détails, dans les articles 1,2,5,6-14.)
Bergoglio poursuit :
"Je lui ai rendu visite de nombreuses fois, ou au téléphone... L'autre jour, il m'a écrit une lettre - il la signe encore de sa signature - pour me souhaiter un bon voyage".
C'est vrai : "il signe toujours avec sa signature, Benoît XVI" (peut-être même avec le Pater Patrum ?). Il signe toujours avec le nom pontifical parce qu'il est toujours le pape, Votre Excellence.
"Et une fois - pas une fois, plusieurs fois - j'ai dit que c'est une grâce d'avoir un "grand-père" sage à la maison. Même devant lui, je l'ai dit, et il a ri. Mais pour moi, il est le pape émérite, il est le sage "grand-père", il est l'homme qui m'épaule et me soutient avec sa prière".
Nous ne voulons pas être irrespectueux, mais ici le passage devient humoristique : une personne de 80 ans considérant un "grand-père sage" de 89 ans. En fait, le "grand-père sage" Benoît se marre (pauvre Bergoglio). Plus qu'un grand-père : il est le vrai pape. Mais bien sûr, le Saint Père Benoît XVI prie pour lui, c'est vrai, il prie aussi pour son Pontifikat (NDT : en allemand dans le texte), comme il l'a écrit au théologien allemand super-moderniste et pro-maçonnique Hans Küng, puisque Pontifikat en allemand signifie aussi épiscopat. Et Bergoglio a laissé à l'abandon son épiscopat à Buenos Aires, pour être élevé à d'autres fonctions (l'antipapauté). ICI
Plus loin, Bergoglio s'avère avoir mal interprété de manière retentissante l'un des discours clés de Benoît XVI :
"Je n'oublierai jamais ce discours qu'il a prononcé devant les cardinaux le 28 février : 'L'un d'entre vous sera sûrement mon successeur'. Je promets l'obéissance". Et il l'a fait".
Non, Excellence. Le pape Benoît XVI ne vous a jamais juré obéissance, à tel point que dans "Dernières Conversations" (de 2016 !), le Saint-Père répond ainsi au journaliste Seewald :
"En prenant congé de la curie, comment pourrait-il alors jurer obéissance absolue à son futur successeur ?".
Réponse du pape Benoît XVI :
"Le pape est le pape, peu importe qui il est".
Ratzinger, en effet, a déclaré AVANT le conclave invalide, en prenant congé des cardinaux le 28 février 2013 :
" Et parmi vous, parmi le Collège des cardinaux, il y a aussi le futur Pape auquel je promets déjà ma révérence et mon obéissance inconditionnelles " (ICI).
Il a ainsi laissé entendre qu'un successeur légitime ne pouvait être que parmi ces mêmes VRAIS cardinaux, nommés par lui ou Jean-Paul II et non par des antipapes.
"Par ceux à qui il appartient de le faire", comme il l'a écrit dans la Declaratio. Il parlait donc d'un successeur qu'IL ATTEND TOUJOURS, en vue de sa future abdication, ou d'un prochain vrai pape qui, après sa mort, décidera de son siège empêché et dont Ratzinger, déjà à l'époque, était prêt à accepter docilement la réponse. Par cet extraordinaire geste préventif, le pape Benoît a fait croire à tout le monde qu'il avait juré obéissance au "pape François" sans jamais l'avoir fait... et Bergoglio est tombé dans le panneau.
L'Argentin poursuit :
"Puis j'ai entendu - mais je ne sais pas si c'est vrai - j'insiste : j'ai entendu, c'est peut-être un ouï-dire, mais cela correspond à son caractère, que certaines personnes sont allées se plaindre parce que "ce nouveau pape...", et qu'il les a chassés ! Dans le meilleur style bavarois : poli, mais il les a chassés. Et si ce n'est pas vrai, c'est une bonne chose, car c'est ce qu'est cet homme : c'est un homme de parole, un homme juste, juste, juste !".
Très plausible : Benoît XVI n'aurait certainement pas pris en compte les plaintes de ceux qui considèrent que Bergoglio est pape, car il ne l'est pas. De plus, le statut de sede impedita ne peut être déclaré parce que le pape est confiné, prisonnier, sous une possible menace. C'est pourquoi il a renvoyé ceux qui se plaignaient.
"Ensuite, je ne sais pas si vous vous en souvenez, j'ai remercié publiquement - je ne sais pas quand, mais je crois que c'était pendant un vol - Benoît pour avoir ouvert la porte aux papes émérites. Les évêques émérites n'existaient pas il y a 70 ans ; il y en a aujourd'hui. Mais avec cet allongement de la vie, peut-on tenir une Église à un certain âge, avec des courbatures, ou pas ? Et lui, avec courage - avec courage ! - et avec la prière, et aussi avec la science, avec la théologie, il a décidé d'ouvrir cette porte".
Non, Votre Excellence, il ne l'a pas fait car s'il l'avait fait, Benoît XVI aurait légalement établi la papauté émérite. Et il ne l'a pas fait. Nous savons très bien que si un évêque peut être légalement émérite, et prendre sa retraite, un pape ne pourra jamais l'être. C'est ce que disent tous les canonistes, même son évêque Monseigneur Sciacca (ICI).
A tel point que le Vatican s'agite MAINTENANT pour essayer de trouver une jurisprudence pour l'émérite (ICI) qui reste un unicum historique, non reproductible, un adjectif qualificatif seulement pour différencier un vrai pape auto-exilé in sede impedita d'un faux pape actif qui détient le pouvoir.
Mais en conclusion, François dit une vérité absolue :
"Et je dirai quelque chose à ce grand homme de prière, de courage qui est le Pape émérite - pas le deuxième Pape - qui est fidèle à sa parole et qui est un homme de Dieu. Il est très intelligent, et pour moi, il est le grand-père sage de la maison".
Oui, c'est un grand homme de courage et de prière : il est le pape émérite, c'est-à-dire le pape, le Souverain Pontife, comme nous l'avons vu il y a juste deux jours ICI.
En fait, il n'est pas le deuxième pape, il est le seul pape. Il est fidèle à sa parole comme nous l'avons vu ICI il n'a jamais menti.
Et, certainement, il est très intelligent.
CI-DESSOUS TOUTE L'ENQUÊTE DEPUIS LE DÉBUT :