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Hier, nous avons illustré ICI comment et pourquoi le langage du "Ratzinger Code" est si souvent teinté d'ironie et d'humour. Avec l'esprit d'un "fou du Christ", le pape Benoît XVI parvient à dévoiler la vérité tragique de son siège empêché ICI en déjouant la censure par de subtils jeux de mots d'une logique d'acier. Le but est TOUJOURS de faire référence à l'invalidité de sa Declaratio comme une renonciation à la papauté.
Nous comprendrons donc aujourd'hui comment le Pape s'est subtilement moqué du journaliste Andrea Tornielli, l'actuel chef du bureau de presse du Vatican.
Le journaliste du Vatican lui avait en effet envoyé des questions "sur les présumées pressions et conspirations qui auraient provoqué la démission" et le pape lui a répondu en février 2014, un an après la Declaratio par quelques phrases très courtes.
Il est clair que Tornielli a interprété ces phrases dans un sens "politiquement correct", selon le récit habituel selon lequel "Benoît XVI a régulièrement abdiqué, le pape est François, et tout va bien".
Analysons donc la phrase du Pape Benoît XVI phrase par phrase.
1. "Il n'y a pas le moindre doute sur la validité de ma renonciation au ministère pétrinien. La seule condition de validité est la pleine liberté de la décision. Les spéculations sur l'invalidité de la renonciation sont tout simplement absurdes".
Mais auquel des deux "ministères" Benoît XVI fait-il référence ? Le ministère est-il compris comme munus (titre papal), ou compris comme ministerium (exercice pratique du pouvoir) ? Vous savez déjà que tout le jeu est basé sur le découpage de la fonction papale - réalisé en 1983 par Jean-Paul II et le cardinal Ratzinger - dans ces deux entités, inséparables et non équivalentes. Peut-être déjà à cette époque, cette fausse cible, le ministerium, a été créée, ce qui a permis au Pape Ratzinger de produire une abdication seulement apparente, qui en réalité dénonce un Siège empêché. Les détails ICI .
Si, en fait, Benoît XVI faisait référence au ministère-munus, au titre de Pape, il serait tout à fait vrai qu'il a renoncé à la PAPAUTÉ et "toute spéculation serait absurde".
Mais puisque Benoît XVI a annoncé dans la Declaratio qu'il renonçait au ministère-ministerium, avec une entrée en vigueur différée et jamais légalement ratifiée, la renonciation est factuelle, non juridique et ne concerne que l'exercice pratique du pouvoir. Et qui peut nier qu'aujourd'hui Benoît XVI a renoncé de fait à son pouvoir pratique ? C'est tellement évident... Mais le pape reste toujours ET UNIQUEMENT lui.
Benoît joue alors encore plus subtilement : selon le droit canonique, la validité d'une véritable abdication exige qu'elle soit "libre". Mais sa mention de la "pleine liberté" n'est pas une référence canonique, car sa renonciation au ministerium est purement factuelle et n'entraîne pas d'abdication. Il s'agit d'une référence SEMANTIQUE : il dit que, dans un sens général, TOUTE renonciation, pour être ainsi défini, doit être libre et volontaire. En effet, nous citons le dictionnaire : "Renonciation : abandon VOLONTAIRE d'un droit, d'un bien".
Ce qu'il dit à Tornielli est donc tout à fait vrai, mais c'est le journaliste qui, comme tout le monde jusqu'à présent, a mal interprété.
Et maintenant nous passons à la phrase suivante, celle-ci vraiment sensationnelle et humoristique.
2. "Garder l'habit blanc et le nom de Benoît est quelque chose de simplement pratique. Au moment de la renonciation, il n'y avait pas d'autres vêtements disponibles. En outre, je porte l'habit blanc d'une manière qui se distingue clairement de celle du Pape".
Aujourd'hui, les couleurs des soutanes ecclésiastiques sont le noir, le violet (pourpre), le rouge et le blanc. Ainsi, si nous devions suivre le récit mainstream (NDT : en anglais dans le texte), Benoît aurait conservé l'habit blanc parce que, "en renonçant à la papauté, aucune autre soutane noire, rouge ou violette n'était prête". Eh bien, 17 jours se sont écoulés entre la Declaratio du 11 février 2013 et le moment de la renonciation le 28 février. En plus de deux semaines, aucun tailleur ecclésiastique n'a pu être trouvé dans tout Rome pour équiper l'ancien pape d'une soutane noire, rouge ou violette, autre que la soutane BLANCHE ? Et pour les huit prochaines années ? La réponse, lue de cette façon, est clairement ridicule, moqueuse : une véritable blague de carnaval.
La lecture authentique de la phrase ne peut être que celle-ci : "Garder l'habit blanc et le nom était la chose la plus pratique à faire, puisqu'en renonçant effectivement au ministerium je restais LE Pape. C'est pourquoi il ne pouvait y avoir d'autres vêtements que les blancs, en tant que pape. "Du reste", c'est-à-dire pour symboliser "ce qui me restait de la papauté", mon Siège étant empêché, je porte l'habit blanc clairement distinct de l'habit typique du Pape". (Il ne fait donc pas référence au fait qu'il porte une soutane différente de celle du "Pape François").
Benoît XVI, pour symboliser la SPOLIATION du gouvernement pratique, qui plus est avec seulement deux fonctions (gouverner la barque de Pierre et proclamer l'Évangile, selon la Declaratio), a enlevé deux éléments des vêtements typiques du Pape : le mantelet et la fascia (ceinture). La solution la plus pratique de toutes, qui met en évidence un pape dans un siège empêché.
3. Et maintenant, nous allons à la dernière phrase. Tornielli écrit : "Ces dernières semaines, le théologien suisse Hans Küng avait cité quelques mots contenus dans une lettre reçue par Benoît XVI et concernant François. Ces mots sont une fois de plus sans équivoque : "Je suis reconnaissant de pouvoir être LIÈ par une grande identité de vues et une amitié de cœur au Pape François. Aujourd'hui, je considère comme ma seule et dernière tâche de soutenir son pontificat dans la prière".
Et, à cet égard, Benoît XVI a répondu à Tornielli :
"Le professeur Küng a cité littéralement et correctement les mots de la lettre que je lui ai adressée".
En dehors de l'ironie possible du "lié", Benoît XVI ne dit certainement PAS QUE CE QU'IL A ÉCRIT À KÜNG CORRESPOND À LA VÉRITÉ. Il dit seulement que Küng a cité littéralement et correctement la lettre ... qui lui était adressée", souligne-t-il. Quelle était la nécessité de préciser "que le lui ai adressée" ? Il suffisait de dire : "...les mots de ma lettre".
Or, Hans Küng (1928-2021) était l'ennemi n°1 de Joseph Ratzinger : un ultra-moderniste récompensé par la franc-maçonnerie allemande qui, sans surprise, a été réhabilité par Bergoglio. Évidemment, afin de faire croire que la Declaratio était une renonciation, selon le plan concocté par Benoît XVI, l'homme principal à utiliser était l'un de ses ennemis les plus acharnés.
Il est particulièrement savoureux de constater que Küng a toujours NIÉ l'infaillibilité papale, mettant ainsi en doute les propos du pape. Presque certainement, Benoît lui rend la monnaie de sa pièce, le rendant "heureux et moqueur". Comment, en effet, peut-on supposer qu'il ait écrit une lettre sincère à son principal ennemi qui a toujours nié que le pape Benoît puisse dire infailliblement la vérité ? Ainsi, en lui envoyant une lettre mensongère, lui affirmant que "le pape n'est pas infaillible", Benoît XVI a fait dire la vérité à Küng lui-même.
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EN DESSOUS, TOUTE L'ENQUÊTE DEPUIS LE DÉBUT :
PAPE ET ANTIPAPE : L’ENQUÊTE - LES ENNEMIS DE BENOÎT XVI DANS L’ÉGLISE - 4ème partie
PAPE ET ANTIPAPE – L'ENQUÊTE : LE SCHISME PURIFICATEUR CRÉE PAR BENOÎT XVI – 5ème partie