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Comme nous l'avons vu dans les précédents volets de l'enquête, le "Ratzinger Code" est plein de jeux de mots, d'énigmes et de calembours (en français dans le texte), non dénué d'une ironie subtile. Vous direz : comment est-il possible que le pape Benoît XVI, s'il vit dans une situation dramatique d'empêchement de son siège, puisse s'amuser avec ces jeux ? Il se moque de nous ?
Non. Il ne se moque pas de NOUS, mais plutôt des ennemis, les siens et ceux du catholicisme lui-même, qui l'ont contraint à ce dernier recours.
Mais surtout, les jeux de mots et les ambiguïtés "symétriques" sont clairement conçus pour passer la censure. Dans certains cas, comme dans le casse-tête de la mozzette rouge, une grande concentration est nécessaire pour les comprendre ; dans d'autres, comme dans celui du "pape est un" sans expliquer lequel, ils sont à la portée de toute personne normale.
Le Saint-Père a donné à chacun une chance de comprendre. Évidemment, le véritable filtre est d'ordre moral : ceux qui sont vraiment intéressés par la Vérité s'appliqueront et comprendront, en obéissant au précepte du Christ "Celui qui cherche, trouve" (mais cela vaut aussi pour les laïcs). Ceux qui ne sont PAS intéressés par la vérité qualifieront toutes ces discussions de "conspirations fantaisistes". Un grand classique.
Maintenant, vous aurez vu comment tout cela commence à ressembler de plus en plus à un carnaval géant : la Declaratio, qui n'est pas une renonciation au trône, mais suggère la sede impedita, l'émérite qui - il s'avère - n'a jamais existé légalement, le "Ratzinger Code", qui est la communication logique subtile avec laquelle Benoît XVI communique depuis huit ans avec des phrases telles que "il n'y a qu'un seul pape" (sans jamais dire lequel) ; "aucun pape n'a démissionné au cours des mille dernières années" (avec six papes abdicateurs) ; "Je pourrais être le dernier pape" (avec François, qui devrait aussi être son successeur) ; "J'ai écrit la Declaratio en latin pour ne pas faire d'erreurs" (avec deux énormes fautes de syntaxe), et ainsi de suite. Vous trouverez en bas de page tous les liens vers notre enquête.
Aujourd'hui, nous expliquerons en détail ce qui vient d'être publié dans les pages de Libero : une acquisition extraordinaire qui explique pour la première fois la SÉRÉNITÉ, la profondeur théologique et la nature dramatique de ces "folies" du pape Benoît, d'où elles viennent et pourquoi. La biographie de Joseph Ratzinger nous l'explique, ainsi qu'un autre de ses crypto-messages qui parle précisément du Carnaval.
Son admiration pour l’humoriste Karl Valentin dévoile son "code" de communication
Comme nous l'a fait remarquer la lectrice attentive Anna Maria Conti, le très cultivé, rigoureux et réservé cardinal Joseph Ratzinger a reçu, en 1989, un prix de carnaval (!) portant le nom de Karl Valentin (1882-1948), chanteur folklorique, acteur et humoriste bavarois : une sorte de Petrolini, mais plus cérébral, plus "allemand". Joel Schechter écrit :
"Son art était principalement axé sur la dextérité linguistique et les JEUX DE MOTS. Sa comédie commençait souvent par un simple QUIPROQUO, sur lequel il insistait au fur et à mesure que le sketch progressait. Le critique Alfred Kerr le cite comme un Wortzerklauberer (ndr : trieur de mots), "celui qui déchire les mots et le langage pour en extraire et disséquer avec force leur signification intrinsèque".
L'étudiant en théologie Joseph Ratzinger avait une véritable passion pour Karl Valentin, qui est mort le PREMIER LUNDI DU CARNAVAL en 1948 (le Rosenmontag allemand, retenez cette date !). Benoît XVI écrit dans "Dernières Conversations" (2016) qu'à l'été 1948, il s'est rendu en pèlerinage à Planegg sur la tombe de Karl Valentin, marchant 15 km.
Valentin a apprécié sa "GAIETÉ ENIGMATIQUE, qui fait REFLECHIR À DES CHOSES DONT VOUS POUVEZ RIRE".
C'est pourquoi, 40 ans plus tard, le 4 janvier 1989, le Cardinal Joseph Ratzinger a été décoré de l'Ordre de Karl Valentin par l'association munichoise de carnaval "Narhalla" de Munich.
Remerciant pour cet "honneur", le cardinal Ratzinger a déclaré :
"Un ordre de l'Ordre de Karl Valentin est une excellente façon de célébrer cette occasion. Ratzinger a déclaré : "Un ordre clownesque, par lequel nous nous moquons de nous-mêmes et du sérieux du grand monde, est une bonne chose. Et c'est aussi pourquoi je l'ai reçu avec plaisir. Certaines personnes ont exprimé des doutes quant à la compatibilité avec une profession aussi sérieuse que la mienne. Il me semble qu'elle s'intègre très bien, puisqu'il est bien connu quE POUVOIR DIRE LA VÉRITÉ EST LE PRIVILÈGE DES FOUS. Dans les cours des anciens potentats, le bouffon était souvent le seul à pouvoir s'offrir le LUXE DE LA VÉRITÉ... Et comme il se trouve que par ma profession je DOIS DIRE LA VÉRITÉ, je suis très heureux d'avoir été accepté dans la catégorie de ceux qui jouissent de ce privilège... "Nous sommes fous pour l'amour du Christ (1 Corinthiens 4, 10)".
Et maintenant vient la meilleure partie. Benoît XVI a choisi le 11 février 2013 pour la date de la Declaratio, qui tombait le PREMIER LUNDI DU CARNAVAL, le jour même de la mort de Karl Valentin. C'était le ROSENMONTAG allemand, le lundi des roses, une fête très célèbre en Allemagne, une continuation des anciennes traditions romaines dans lesquelles les esclaves et les serviteurs devenaient maîtres pour un jour, où le topos classique du "monde à l'envers" se déroule encore aujourd'hui.
Et nous en arrivons au plus carnavalesque des messages de Ratzinger, également contenu dans "Dernières Conversations" (2016).
Seewald : "A l'origine, vous vouliez démissionner en décembre, mais vous avez ensuite décidé de le faire le 11 février, le lundi de carnaval, la fête de Notre-Dame de Lourdes. Est-ce que cela a une signification symbolique ?"
Benoît XVI : "Je n'étais pas au courant que c'était le lundi de Carnaval. En Allemagne, cela m'a également causé quelques PROBLÈMES. C'était le jour de Notre Dame de Lourdes. La fête de Bernadette de Lourdes, à son tour, coïncide avec mon anniversaire. C'est pourquoi il m'a semblé juste de choisir ce jour-là".
Seewald : "La date a donc..."
Benoît XVI : "...une CONNEXION INTERNE, oui".
Tout d'abord, il y a l'incohérence habituelle qui attire l'attention : Ratzinger, lauréat du prix Valentin 1989, ne pouvait NE PAS SAVOIR que le 11 février était le Rosenmontag, à la fois en tant qu'Allemand, en tant que grand admirateur de Karl Valentin, qui est mort le premier lundi du Carnaval, et en tant que clerc, puisque le Rosenmontag tombe le lundi avant le Carême.
Un examen plus approfondi révèle un jeu de mots. "La date A (hat) donc une connexion interne", écrivent Seewald et Ratzinger : A, AUJOURD'HUI, en 2016, quand, avec le recul, le pape savait très bien qu'il avait choisi un "jour inopportun", à savoir le premier lundi du carnaval, qui lui avait causé des problèmes en Allemagne.
Ainsi, logiquement, le choix de la date a une connexion interne entre 1) Notre Dame de Lourdes, 2) la fête de Sainte Bernadette, 3) son anniversaire et... 4) LE PREMIER LUNDI DU CARNAVAL.
Pour exclure le carnaval, la phrase aurait dû se lire comme suit : "La date AVAIT donc... (hatte) une connexion". Ratzinger ne corrige pas l'intervieweur, qui est souvent un "complice" (peut-être) conscient de ses jeux de mots et de leurs conséquences logiques perturbatrices. Entre autres choses, Benoît XVI explique qu'"il a eu des problèmes en Allemagne" : en effet, quelqu'un dans sa patrie ne voulait pas croire à sa "démission", précisément à cause du lundi de carnaval, et cela risquait de révéler à l'avance tout son plan : celui d'une renonciation apparente mais invalide. Un canular pour faire croire à ses ennemis qu'il avait abdiqué, pour permettre l'usurpation du trône et ainsi les "antipapes", créant un schisme.
Ainsi, avec ce crypto-message, le Pape nous dit subtilement mais très clairement que la Declaratio était un canular : elle ressemble à une renonciation, mais elle ne l'est pas, comme le confirme le Droit Canon ICI. En effet, qu'est-ce qu'un lien avec le Carnaval a à voir avec une date aussi grave que celle d'une abdication ?
Nous pouvons également deviner, à partir de cette connexion interne, que Benoît XVI a été inspiré pour sa communication secrète par Karl Valentin (qui est mort, par coïncidence, le premier lundi du Carnaval). En fait, pour comprendre le Ratzinger code, le code du pape, il faut être un "trieur de mots", "mettre en pièces ses mots et son langage afin d'en extraire et d'en disséquer avec force le sens intrinsèque".
Enfin, une dernière note affligeante : les bouffons ont dit la vérité par des jeux de mots parce qu'ils ne pouvaient pas le faire sérieusement et ouvertement, sinon ils l'auraient payé cher. Nous avons donc une preuve de plus que Benoît XVI est dans un siège empêché et ne peut s'exprimer librement. C'est pourquoi Benoît XVI doit de temps en temps "faire le fou", en disant des choses qui semblent n'avoir aucun sens : il joue le "fou du Christ" pour expliquer une vérité dramatique et indicible.
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CI-DESSOUS, TOUTE L'ENQUÊTE DEPUIS LE DÉBUT :
PAPE ET ANTIPAPE : L’ENQUÊTE - LES ENNEMIS DE BENOÎT XVI DANS L’ÉGLISE - 4ème partie
PAPE ET ANTIPAPE – L'ENQUÊTE : LE SCHISME PURIFICATEUR CRÉE PAR BENOÎT XVI – 5ème partie