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Dans l'"épisode" d'hier ICI, nous avons vu comment la Declaratio du pape Benoît XVI du 11 février 2013 n'était pas une renonciation à la papauté, mais une déclaration d'empêchement à gouverner, se traduisant par un abandon FACTUEL de l'exercice pratique du pouvoir (ministerium).
Nous avons posé la question aux principaux canonistes légitimistes de Bergoglio, qui n'avaient rien à répondre. Une technique défensive désastreuse, celle du silence "snob" (NDT: en anglais dans le texte) sur une telle question, car il ne s'agit pas ici de ragots, mais de preuves d'actes publics d'importance historique.
Aujourd'hui, nous allons illustrer quel était le contexte mondial qui a conduit Benoît XVI à cette décision radicale. Un panorama très précis a été reconstitué - paradoxalement - par son "ennemi juré", le journaliste et philosophe de gauche Paolo Flores d'Arcais, directeur de la revue géopolitique Micromega.
En attendant, pour avoir une idée de l'affection de Flores pour le Saint-Père, lisez ce qu'il écrit dans "La sfida oscurantista di Ratzinger" (La croisade obscurantiste du pape, Ponte alle Grazie 2010) : "Dans le contexte de l'austérité virile de Jean-Paul II, les attentions pusillanimes du sinistre théologien allemand pour des frivolités esthétiques épuisantes, des bonnets élaborés et somptueux aux babouches rouges et à un secrétaire qui semble sortir de Beverly Hills, prennent une importance très lourde".
Des considérations d'un goût que l'on n'attendrait pas du marquis d'Arcais (à qui le cardinal Ratzinger avait accordé un débat public loyal et ouvert), et sont encore plus surprenantes de la part d'un philosophe: au lieu de comprendre que le pape Benoît a récupéré les anciens vêtements de Pie IX, Jean XXIII et d'autres pontifes, - comme le camauro, les chaussures rouges et la mozzetta ou les beaux habits sacrés - pour démontrer au monde une continuité avec la Tradition de l'Église, (un élément aussi fondamental que la Parole), Flores tire à boulets rouges sur la prétendue, ambiguë, vanité personnelle du pontife. Je vous laisse apprécier.
En tout cas, tout le livre est vicié par un malentendu théologique fondamental, que le fait d'être athée ne justifie pas : le pape, de par son statur, n'est pas un politicien comme les autres, il est un chef religieux et le gardien du depositum fidei. Il n'est donc pas logique que M. Flores lui reproche d'accomplir ce que son Dieu lui a confié depuis 2000 ans.
En pratique, Benoît XVI serait "obscurantiste" parce qu'il ne pense pas comme Flores d'Arcais et n'a pas trahi la foi catholique en s'adaptant à l'avortement, à l'euthanasie, au gender, à l'homosexualisme, à l'écologisme, bref : au menu du mondialisme athée-maçonnique-malthusien.
Ces malentendus mis à part, l'auteur brosse un tableau très efficace de la manière dont Benoît XVI a été le principal obstacle à la progression d'une dynamique mondialiste écrasante et imparable.
Voici ce qu'écrit Flores :
"Ses premières années de pontificat peuvent être résumées comme une restauration constantinienne qui renverse dans l'expression et dans les faits la saison et la vocation du Concile Vatican II [...] Son modèle est toujours plus explicitement le Concile de Trente, l'intégrisme du dogme et une tentative de purification morale dans l'Église. Benoît XVI est parfaitement conscient de la marche triomphale que, sociologiquement parlant, la globalisation de l'esprit, séculaire, hédoniste, consumériste, continue à faire [...] Le pasteur allemand a décidé au contraire que la modernité peut être attaquée sur tous les fronts [...] Il a planifié son pontificat comme une véritable Reconquista de la modernité à travers une attaque systématique des pierres angulaires culturelles et politiques dont elle est née [...] Il veut une restauration chrétienne dans la science [...]. Il veut une restauration chrétienne dans la science et la démocratie, qui renverse l'autonomie de l'homme dans un retour à son obéissance à Dieu, afin de sauver la démocratie et la science d'elles-mêmes avant que l'aventure moderne ne se termine par l'apocalypse [...] Le pape déteste le Grand Satan, ou plutôt l'Occident sécularisé, le consumérisme effréné, qui dans le primat du plaisir banalise et même justifie le massacre des innocents, le génocide qu'est l'avortement [...].
Le livre illustre ainsi tous les fronts de cette guerre "intolérable" (pour Flores) menée par Ratzinger contre la civilisation moderne. Avant tout, la restauration de la doctrine, ce qui suggère une révision de Vatican II (que Bergoglio a au contraire "dogmatisé"), notamment avec l'œcuménisme et la reprise de l'évangélisation (annulée ensuite par Bergoglio avec ses discours contre le prosélytisme). Là encore, Flores décrit bien l'attaque de Ratzinger contre le relativisme, le néo-malthusianisme, le modernisme, le nihilisme et les Lumières. Il exprime aussi clairement sa volonté de re-confirmer les racines chrétiennes de l'Europe et les droits non négociables, la défense de la famille traditionnelle avec la condamnation des désordres sexuels et le refus de l'avortement et de l'euthanasie. D'autres chevaux de bataille scrupuleusement cités (et critiqués) sont les considérations contre la science "comme une fin en soi" et contre un certain environnementalisme qui pourrait conduire à ignorer la dignité humaine (alors que Bergoglio a déifié l'écologie jusqu'à introniser l'idole païenne Pachamama ICI ).
On comprend donc très bien, grâce à son ennemi juré, pourquoi, compte tenu de la guerre que le pape menait contre l'ensemble du monde-mondain, la franc-maçonnerie, la gauche internationale, les différents lobbies qui comptent et les soi-disant puissances fortes, RATZINGER DEVAIT ËTRE ÉLIMINÉ À TOUT PRIX. La "branche armée" de cete élimination, le Groupe (ou "Mafia") de Saint-Gall, dont le champion était d'ailleurs le cardinal Bergoglio (les écrits restent : cela figure dans la biographie autorisée et jamais démentie du cardinal Godfried Danneels, primat de l'Église catholique, primat de Belgique et membre dudit lobby des cardinaux modernistes). Un important documentaire sur le sujet vient d'être publié ICI.
En outre, aujourd'hui, Flores d'Arcais est - de facto - le meilleur allié et défenseur de Ratzinger contre le tir ami de certains milieux traditionalistes qui dépeignent le pape allemand comme un "moderniste" : une fermeture émotionnelle qui empêche, comme un bloc robotique, de saisir les contingences criantes qui parlent de l'invalidité de son renoncement ET DE LA RÉALITÉ DU SIÈGE EMPÊCHÉ.
En guise de conclusion, M. Flores nous rappelle également deux prophéties retentissantes du pape Benoît pour qui :
"Seul Dieu peut nous sauver, dans le sens de sauver la démocratie qui, sans la foi, est réduite à une coquille vide et sera anéantie"
et encore :
"Bientôt, il ne sera plus possible d'affirmer que l'homosexualité telle qu'enseignée par l'église est un trouble objectif de l'existence humaine".
Ainsi, aujourd'hui, par un coup du sort, tout s'est réalisé : on ne parle plus que des risques pour la démocratie de ce qui est identifié comme une "dictature sanitaire" (Massimo Cacciari, Giorgio Agamben et d'autres) et de la prévarication sur la liberté de pensée que le projet de loi Zan réaliserait, s'il était approuvé.
À la fin, le douteux prophète Flores d'Arcais conclut par une phrase frappante : "La reconquête de Ratzinger se dissoudra comme les rêves et les vampires à l'aube".
Sommes-nous sûrs ? Sommes-nous sûrs que Benoît XVI, le croisé "obscurantiste", le "pape inquisiteur" comme le décrit le directeur de Micromega, aurait pu quitter le terrain sans coup férir, sous la pression des puissances internationales mondialistes et de la faction moderniste, qu'il a toujours combattue dans un combat rapproché ?
Il semblerait que non, comme nous allons l'expliquer dans les prochains rendez-vous. Et nous verrons alors qui se dissoudra, qu'il s'agisse de la Reconquista de Benoît XVI ou du pamphlet - certes utile - de Flores d'Arcais.