***
Hier, nous avons illustré ICI comment la Declaratio du 11 février 2013 du Pape Benoît XVI, interprétée comme une renonciation, est juridiquement invalide, nulle.
En utilisant avec précision les déclarations des canonistes Monseigneur Giuseppe Sciacca et Prof. Geraldina Boni, "légitimistes" de Bergoglio, les juristes Estefania Acosta et Antonio Sánchez ont démontré que :
1) il n'y a pas deux papes, ni de "papauté élargie" ; 2) le pape est unique ; 3) le pape émérite n'existe pas ; 4) munus et ministerium ne sont pas synonymes au sens juridique ; 5) le pape Ratzinger a cité le munus au sens juridique, sans y renoncer, comme le droit canonique l'impose pour l'abdication ; 6) en outre, il a séparé les deux entités, qui sont indivisibles dans le cas du pape ; 7) il a également déclaré qu'il renonce à la mauvaise entité, à savoir le ministère ; 8) il a reporté une renonciation qui aurait dû être simultanée et ne l'a même pas ratifiée.
Personne ne l'a nié : le Vatican ne fait pas semblant depuis mars dernier. Donc, si la Declaratio n'était pas une renonciation à la papauté, qu'était-elle ?
Le tournant s'est produit le 20 août lorsque l'auteur a proposé un changement de paradigme absolu sur la Declaratio : ce que nous avons tous été habitués depuis huit ans à percevoir comme un acte légal de renonciation à la papauté était en fait une annonce NON-LEGALE d'un empêchement à gouverner. Quelque chose de semblable à ce qui est identifié par le Canon 412 comme SEDE IMPEDITA, lorsque "par suite de captivité, de relégation, d'exil ou d'incapacité, l'Évêque diocésain (dans ce cas : de Rome, n. d. r.) est dans l'impossibilité totale d'exercer sa fonction pastorale dans le diocèse de sorte qu'il ne peut pas communiquer même par lettre avec ses diocésains.".
La Declaratio n'était donc pas une renonciation invalide et mal rédigée, mais la déclaration très valide du Pape de son intention de renoncer uniquement à l'exercice pratique du pouvoir, en se retirant dans une vie contemplative, sans abdiquer. Lorsque Benoît XVI parle de démission, il ne s'agit en fait que de la démission de l'exercice pratique du pouvoir, et non de celle d'ÊTRE pape. (C'est pourquoi il dit depuis huit ans qu'il n'y a qu'un seul pape, sans expliquer lequel). Il l'a ensuite confirmé explicitement dans son livre "Dernières conversations" (2016), lorsqu'il affirme qu'"aucun pape n'a démissionné au cours des mille dernières années, et même au cours du premier millénaire, c'était une exception". Étant donné que six papes ont abdiqué au cours du premier millénaire et quatre au cours du second, il s'agit nécessairement de la démission de l'exercice pratique du pouvoir, comme dans le cas rare du pape médiéval Benoît VIII qui, au cours du premier millénaire, fut évincé par un antipape. Ce dernier renonça au ministerium, (comme Ratzinger) mais resta pape, à tel point qu'il fut ensuite rétabli sur le trône par l'empereur Henri II. Une autre preuve en est que dans le livre d'entretiens de Ratzinger-Seewald, Ein Leben (2020), il n'est question de démission (Rücktritt) que pour Benoît XVI, et d'abdication (Abdankung) que pour les papes qui ont effectivement abdiqué, comme Célestin V, avec lequel, d'ailleurs, Ratzinger lui-même écrit dans "Dernières Conversations" qu'il n'a rien à voir.
En substance, nous n'avons donc pas aujourd'hui deux papes, nous en avons la MOITIÉ : un seul, qui est devenu ermite (et non émérite). Bergoglio est un antipape et, comme l'explique le canoniste Francesco Patruno, il n'est pas plus qu'un évêque, car tant avec la papauté qu'avec l'anti-papauté, on perd le statut de cardinal. Un "évêque vêtu de blanc", donc, comme dans le troisième secret de Fatima, dont le pape Ratzinger est un profond connaisseur.
Mais pourquoi le pape Benoît a-t-il dû en arriver à cette déclaration d'empêchement dramatique ? Parce que plus personne ne lui obéissait : depuis des années, une mutinerie générale était en cours, comme en témoignaient de nombreuses personnes, mais aussi des épisodes parus dans la presse. Il a lui-même confié à Mgr Fellay : "Mon autorité s'arrête à cette porte". Il suffit de rappeler le scandale Vatileaks, qui a révélé comment son courrier privé a été volé et divulgué, ou la révocation sommaire du président de l'IOR Ettore Gotti Tedeschi (que Benoît a appris à la télévision), ou le fait qu'en 2005, son "incapacité" juridictionnelle l'a empêché d'introduire un petit changement philologique dans le canon de la messe, le fameux "pro multis". Mais sur le contexte qui a conduit Benoît XVI à ce pas difficile, probablement préparé depuis des décennies, nous consacrerons une contribution spéciale.
Revenons plutôt à la lecture correcte de la Declaratio. De même que le Vatican, dans ses traductions en italien et dans d'autres langues à partir du latin original, avait déjà abusivement aboli la dichotomie juridique fondamentale entre munus et ministerium, en bétonnant tout avec le mot "ministère", il a décidé de traduire illégalement le verbe "vacet" par l'expression "sede vacante". Comme on le sait, cette formule a une valeur juridique et identifie le Siège de Saint Pierre sans pape, parce que celui-ci est mort ou a abdiqué, et donc, prêt pour un nouveau conclave.
Mais, comme nous l'avons précisé hier, la renonciation au ministère NE REND PAS LE SIÈGE VACANT, donc le verbe vacet ne peut être traduit par cette expression, pour une raison de cohérence juridique.
En effet, le professeur Gianluca Arca, latiniste, explique que, au sens littéral, vacet doit être traduit par "le siège reste libre, vide, non occupé". Deux autres latinistes ("neutres") de "La Sapienza", les professeurs Ursini et Piras, le confirment. Cicéron écrit, par exemple : "Ego filosophiae semper vaco" - "J'ai toujours du temps libre pour la philosophie".
Ainsi, face à cette traduction nouvelle et philologique, trois concepts clés de la Declaratio de Benoît XVI demeurent (que nous citerons intégralement à la fin) :
1) Puisque je n'ai plus la force d'exercer le pouvoir pratique (ministerium), je déclare que j'y renonce,
2) afin que le siège de Saint-Pierre reste libre (et non "vacant" au sens juridique) à partir du 28 février à 20 heures.
3) Et je déclare que le prochain nouveau Pontife doit être élu par un conclave convoqué "par ceux dont c'est la compétence".
Et en fait, nous avons que le 28 février 2013, lorsque sa renonciation au ministère devait prendre effet, Benoît XVI a théâtralement pris l'hélicoptère, a quitté le siège de Saint-Pierre PHYSIQUEMENT LIBRE, VIDE, pour se rendre à Castel Gandolfo. De là, il a fait ses adieux au monde à 17h30, mais sur le coup de 20h, il n'a pas signé de renonciation au ministère, comme l'explique le théologien Pace : cela aurait été, en fait, un acte juridique invalide. Son renoncement au ministère reste donc purement factuel, en raison d'un empêchement à gouverner.
A partir du 28 février, 20 heures, le Siège empêché aurait commencé et les ennemis de Ratzinger auraient pu faire ce qu'ils voulaient avec le Siège de Saint Pierre.
Les professeurs Arca et Sànchez sont d'accord : "Cela explique l'étrange phrase 'le conclave devra être convoqué par ceux à qui il appartient de le faire'. Pourquoi, en fait, le pape Ratzinger n'a-t-il pas simplement dit "par les cardinaux" ? Conscient du fait que le siège de Saint-Pierre serait usurpé, Benoît XVI s'est contenté d'avertir que, de toute façon, le prochain vrai pape ne devait être élu que par les vrais cardinaux, c'est-à-dire ceux nommés par les vrais papes, lui et Jean-Paul II, et non par d'éventuels usurpateurs. Nous avons soumis cette réalité au professeur Geraldina Boni, en lui demandant un commentaire, mais elle n'a pas répondu.
C'est de la folie, n'est-ce pas ?
Mais si vous voulez percer un mystère, vous devez être prêt à changer radicalement votre point de vue.
En fait, posons-nous la question suivante : QUI A DÉCIDÉ QUE LA DÉCLARATIO ÉTAIT UNE RENONCIATION À LA PAPAUTÉ ? Le document est simplement appelé "Declaratio" ICI et non "Renuntiatio" comme l'exige, entre autres, la constitution apostolique Universi dominici gregis où le conclave peut être convoqué "post Pontifici obitum vel validam RENUNTIATIONEM" - après la mort du pontife ou une renonciation valide".
Mais surtout, c'est Benoît XVI lui-même qui, après avoir lu la Declaratio en latin, fait expliquer aux cardinaux hébétés le sens de son discours par le doyen, Son Éminence Angelo Sodano, qui, comme vous le verrez, lit "à chaud" un mot préparé à l'avance ICI .
Sodano ne parle ni de renonciation ni de fin du pontificat, mais de la fin du SERVICE pontifical. Il souligne à plusieurs reprises que Benoît XVI restera pape jusqu'au 28 février et précise, à la fin, d'ailleurs : "Votre mission, Saint-Père, continuera : vous avez dit que vous serez toujours proche de nous avec votre témoignage et vos prières. Bien sûr, les étoiles dans le ciel continuent toujours de briller et ainsi l'étoile de votre pontificat brillera toujours au milieu de nous". Benoît XVI lui-même dira plus tard : "Le "toujours" est aussi un "pour toujours" - il n'y a plus de retour à la sphère privée. Ma décision de renoncer à l'exercice actif du ministère ne le révoque pas" et encore : "Je ne porte plus le pouvoir de la charge pour le gouvernement de l'Eglise, mais dans le service de la prière je reste, pour ainsi dire, dans la clôture de saint Pierre" ICI.
Plus explicite que cela... Pourtant, les cardinaux ont eu 17 jours pour demander des clarifications, des élucidations, pour vérifier le Code de droit canonique. Personne n'a parlé, sauf - d'après les indiscrétions - le cardinal Burke, canoniste, qui n'a pas été entendu. Peut-on donc imaginer un Siège plus entravé que celui-ci ?
Par conséquent, nous devons enfin et résolument entrer dans la perspective selon laquelle "D'AUTRES" ont décidé que la Declaratio devait être une abdication, alors que Ratzinger avait déclaré tout le contraire.
Bien sûr, Benoît XVI a laissé le soin à ceux qui voulaient interpréter la Declaratio comme une abdication, il n'a PAS PROTESTÉ et a joué le jeu de ceux qui l'empêchaient de gouverner et voulaient l'écarter. Nous découvrirons demain comment et surtout POURQUOI.
***
La Declaratio correctement traduite :
Chers frères,
Je vous ai convoqués à ce Consistoire non seulement pour les trois canonisations, mais aussi pour vous communiquer une décision de grande importance pour la vie de l'Église. Après avoir fait à plusieurs reprises mon examen de conscience devant Dieu, j'en suis venu à la certitude que mes forces, en raison de mon âge avancé, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le MUNUS pétrinien. Je suis bien conscient que ce MUNUS, par son essence spirituelle, doit être accompli non seulement par des œuvres et des paroles, mais non moins par la souffrance et la prière. Cependant, dans le monde d'aujourd'hui, soumis à des changements rapides et secoué par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour diriger la barque de Saint-Pierre et annoncer l'Évangile, il faut aussi de la vigueur de corps et d'âme, vigueur qui, ces derniers mois, a diminué en moi à tel point que j'ai dû reconnaître mon incapacité à bien administrer le MINISTERIUM qui m'a été confié. Pour cette raison, bien conscient de la gravité de cet acte, en toute liberté, je déclare renoncer au MINISTERIUM d'Évêque de Rome, Successeur de Saint Pierre, qui m'a été confié par les Cardinaux le 19 avril 2005, de sorte que, à partir du 28 février 2013, à 20h00, le Siège de Rome, le Siège de Saint Pierre, RESTERA LIBRE (et non pas "sera vacant" n.d.r.) et le Conclave pour l'élection du nouveau Souverain Pontife devra être convoqué par ceux dont c'est la compétence.
Chers Frères, je vous remercie très sincèrement pour tout l'amour et le travail avec lesquels vous avez supporté le poids de mon ministère, et je vous demande pardon pour toutes mes fautes. Maintenant, confions la Sainte Église aux soins de son Pasteur suprême, Notre Seigneur Jésus-Christ, et implorons sa sainte Mère Marie d'assister les Pères cardinaux de sa bonté maternelle dans l'élection du nouveau Souverain Pontife. Quant à moi, à l'avenir également, je souhaite servir de tout cœur, avec une vie consacrée à la prière, la Sainte Église de Dieu.
Du Vatican, le 10 février 2013
BENEDICTUS PP XVI