Le théologien dominicain Père Giovanni Cavalcoli, défenseur de la légitimité de Bergoglio, a répondu sur son blog (ICI) à notre article d'il y a quelques jours dans lequel nous exemplifions (ICI) les théories absurdes des légitimistes de Bergoglio.
Avec tout le respect que nous lui devons, nous répondons au Père sans ambages, car les enjeux sont très importants et ses positions entravent la compréhension de l'anti-papauté actuelle.
Le père Cavalcoli commence immédiatement par affirmer que nous suivons des "soi-disant catholiques". Outre le fait que nous ne suivons que des faits et des documents, il est frappant de constater que pour le théologien, les " soi-disant catholiques" sont ceux qui sont fidèles à Benoît XVI, qui célèbrent la messe en latin, qui consomment des chapelets et ne s'écartent pas du catholicisme le plus orthodoxe, sans adhérer aux changements modernistes de la liturgie, à la modification du Notre Père, aux pactes avec le parti communiste chinois, aux changements du catéchisme (art. 2267), aux intronisations à Saint-Pierre d'une divinité sanguinaire comme Pachamama, aux bénédictions des couples gays, à la communion des turbo-avorteurs ou des adultères dans Amoris laetitia, etc.
Le Père Cavalcoli aurait pu définir, à la rigueur, ceux qui résistent comme des "fondamentalistes" (s'il voulait vraiment les dénigrer à tout prix), mais bien sûr, ici, les "soi-disant catholiques" sont tout à fait différents, précisément à cause d'une question sémantique.
L'ACCEPTATION PACIFIQUE DES CARDINAUX
La position du théologien est un exemple classique de "présomption de normalité" : Bergoglio est pape parce qu'il a été accepté par les cardinaux, donc il est catholique, donc, la Declaratio de Benoît est une véritable renonciation". Tout va bien, Madame la Marquise. Il s'agit d'un déni flagrant de l'évidence, basé sur une inversion canonique dont nous parlerons plus tard.
Le fait que les cardinaux n'aient rien eu à dire sur la "démission" de Benoît XVI n'a aucun sens. Le père Cavalcoli lui-même mentionne la Mafia de Saint-Gall qui complotait depuis des années pour obtenir la démission de Benoît XVI et l'élection de Bergoglio. Il est donc évident que le Pape Ratzinger, face à certains cardinaux qui voulaient l'écarter, a utilisé un stratagème très subtil pour "démissionner sans abdiquer", en s'assurant que TOUS les cardinaux, amis et ennemis, ne s'en aperçoivent pas au début et permettent aux modernistes de s'anti-papaliser et de se schismatiser avec un conclave nul. Il était exactement dans les intentions du pape de ne pas être compris, du moins au début : par conséquent, les cardinaux fidèles à Benoît XVI sont ENTIÈREMENT JUSTIFIÉS s'ils n'ont pas saisi et dénoncé son "plan B" canonique.
C'est en fait tellement subtil et " hypnotique " qu'on n'a commencé à le comprendre qu'en 2019 et, avec une équipe de théologiens, latinistes et canonistes, il nous a fallu encore DEUX ANS de travail pour comprendre que la Declaratio n'était pas une renonciation, mais l'annonce d'un SIÈGE EMPÊCHÉ. Et si les cardinaux ne se sont toujours pas prononcés aujourd'hui, il faut aussi remercier le père Cavalcoli qui contribue à masquer la question par son légitimisme pour l'anti-pape.
Mais il y a un argument qui démolit complètement "l'acceptation pacifique universelle" de l'Église (Universalis Ecclesiae Adhaesio) à laquelle se réfère le Père Cavalcoli : elle n'est pas applicable à Bergoglio parce que " l'erreur substantielle " (canon 126) est préexistante et la doctrine n'a jamais pu assainir l'absence, en 2013, de la conditio sine qua non pour convoquer le conclave : le pape mort, ou abdicataire, alors que Benoît était vivant, bien portant, et in sede impedita, comme nous le montrerons plus loin.
LA PROCLAMATION DE L'ANTI-PAPE
Le Père Cavalcoli objecte alors : "Les antipapes sont soit auto-proclamés, soit ils ont été proclamés tels".
Le fait que Bergoglio n'ait pas été explicitement proclamé antipape par Benoît XVI découle du fait que le vrai pape se trouve dans un siège empêché et entre les mains de l'antipape, non libre de s'exprimer et contraint de dissimuler son statut sous l'institution inexistante du pape émérite. Cette situation inhabituelle n'enlève rien au fait que François est un anti-pape. De plus, bien qu'aucun cardinal ne se soit encore exprimé, il y a des évêques, comme Monseigneur Gracida et Lenga qui ont dit que Bergoglio n'est pas le pape et plusieurs prêtres qui l'ont explicitement proclamé anti-pape, en se faisant lourdement sanctionner, et sans procès canonique.
"C'EST JUSTE DES CONSPIRATIONS..."
Mais en réalité, même depuis sa "captivité", le pape Benoît nous communique SANS ÉQUIVOQUE son siège empêché. Et ici le Père Cavalcoli utilise le système dialectiquement incorrect habituel des bergogliens, c'est-à-dire l'évitement en bloc de tout le discours fondamental sur le "Ratzinger Code". Il écrit :
"Croire que Benoît XVI se considère toujours secrètement comme le pape en exercice et considère l'élection de François comme invalide, en s'exprimant, comme le dit Cionci, au moyen d'un langage codé, est un théorème ridicule, digne de ceux qui lisent trop de romans policiers ou de films d'espionnage, et cause une très grave offense avant tout à Benoît XVI lui-même, qui, s'il apprenait une intrigue irrévérencieuse similaire dans un roman de science-fiction, s'il ne l'a pas déjà connue, rejetterait certainement avec indignation une supposition aussi artificielle".
Comme c'est pratique : éluder huit ans de témoignages sans équivoque du pape Benoît lui-même, puis rebattre les cartes du droit canonique. Cette considération implique une sérieuse prise de responsabilité de la part du Père Cavalcoli. Face à des messages étudiés et certifiés (ICI) par des experts, même de niveau universitaire, psychologues, psychiatres, linguistes, magistrats, écrivains, et même des avocats de la trempe du professeur Carlo Taormina (qui n'est pas le dernier venu), le père Cavalcoli aurait le devoir moral d'enquêter à fond sur la question, en la contestant point par point, avant de la rejeter avec quelques mots désobligeants. Nous invitons le Père à fournir une réponse alternative et "politiquement correcte" aux messages codés de Ratzinger identifiés dans l'enquête, aux chapitres 6 à 14 (ICI en bas de page).
Le théologien est aussi un peu offensif, car il nous fait passer pour des imbéciles qui aiment les romans policiers, mais tout de suite après, il marque un but contre son camp en affirmant que "le pape Benoît rejetterait avec dédain des intrigues romanesques aussi irrévérencieuses". Très vrai. C'est précisément pour vérifier cela qu'en octobre, nous avons écrit au pape Benoît, en nous présentant sous tous les aspects, et celui-ci, au lieu de s'indigner et de nous faire des reproches, en nous expliquant que "le pape est unique et c'est François", COMME IL AURAIT DÛ LE FAIRE dans le cas d'une véritable renonciation, nous a répondu (ICI) gentiment et avec bonhomie, que "malgré toute notre bonne volonté, il n'est vraiment pas possible qu'il nous reçoive", avec les armoiries du pape régnant. Et à moins que quelqu'un ne veuille insinuer que l'archevêque Gänswein ment lorsqu'il dit qu'il parle "au nom du Saint-Père émérite", la réponse de Benoît XVI est la seule qu'un pape dans un siège empêché aurait pu donner : "Je voudrais bien, mais je ne peux vraiment pas".
LE SERMENT QUI N'A JAMAIS EU LIEU
En outre, le théologien affirme également que Benoît XVI a juré obéissance à Bergoglio, écrivant :
"La démission de Benoît XVI est substantiellement valide, ses intentions sont claires, sinon il n'aurait pas fait une profession d'obéissance au nouveau pape immédiatement après son élection".
Ce n'est tout simplement PAS VRAI puisque dans les "Dernières conversations" (de 2016 !), Benoît XVI répond ainsi au journaliste Seewald :
"En prenant congé de la curie, comment pourrait-il ensuite jurer une obéissance absolue à son futur successeur ?" Réponse de Benoît XVI : "Le pape est le pape, peu importe qui il est".
Ratzinger, en effet, a déclaré AVANT le faux conclave, en prenant congé des cardinaux le 28 février 2013 :
" Et parmi vous, parmi le Collège cardinalice se trouve également le futur Pape auquel je promets dès aujourd'hui mon respect et mon obéissance inconditionnels " (ICI).
Il laissait ainsi entendre que son successeur légitime ne pouvait être que parmi ces mêmes VRAIS cardinaux, nommés par lui ou par Jean-Paul II et non par des antipapes. Il parlait donc d'un successeur qu'il attend toujours, en vue de sa future abdication, ou d'un prochain vrai pape qui, après sa mort, régnera sur son Siège empêché et dont Ratzinger, déjà à l'époque, était prêt à accepter docilement la réponse. Par cet extraordinaire geste préventif, le pape Benoît a fait croire à tout le monde qu'il avait juré obéissance à Bergoglio sans jamais l'avoir fait... et même le père Cavalcoli est tombé dans le panneau.
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MAIS Y A-T-IL UN SEUL PAPE OU DEUX ?
Ainsi, une fois qu'il a confortablement esquivé l'obstacle insurmontable du Ratzinger Code, le Père Cavalcoli peut naviguer à travers les tempêtes de ses théories légitimistes canoniques inhabituelles de l'antipape. C'est là que la plupart des lecteurs s'égarent, bien sûr, mais tout le monde peut constater une chose : les Bergogliens devraient se mettre d'accord sur une version non ambiguë. Le père Cavalcoli affirme qu'il y a deux papes, l'un au repos et l'autre en activité, mais Mgr Sciacca, le plus grand canoniste du Vatican, affirme (ICI) qu'il n'y a qu'un seul pape : "Il ne peut y avoir de papauté partagée". Bref, décidez-vous.
Même Benoît XVI insiste depuis des années : "il n'y a qu'un seul pape" (et il n'explique JAMAIS qui c'est).
Or, cette réponse tendancieuse est si intuitive qu'elle est à la portée d'un enfant de huit ans. Nous ne disons pas cela pour offenser : nous avons demandé à un pédagogue connu de le confirmer, puis nous avons fait une expérience avec un garçon de huit ans à qui nous avons proposé la question : "Luigino - demande sa mère - c'est toi qui a pris la confiture ou ton frère ?". Et Luigino répond : "L'un de nous a pris la confiture". Même l'enfant interrogé a compris que Luigino a quelque chose à cacher. Imaginez si Luigino devait répéter une telle diatribe depuis 2013. Cher Père Cavalcoli, "si vous ne devenez pas comme un enfant....", comment était-ce ?
L'EXEMPLE FACILE DU COMTE
Maintenant, pour expliquer en deux mots la question du munus/ministerium et la théorie pro-usurpation du Père Cavalcoli, nous utiliserons un parallèle compréhensible par tous : il y a un comte qui, en plus du fief et du titre de noblesse, (le munus), a également reçu la faculté d'administrer ses terres, (le ministerium).
Si le comte laissait l'administration de ses terres à un administrateur, il serait toujours comte, et l'administrateur ne deviendrait pas comte, bien sûr. Cependant, si l'administrateur malhonnête prend également le titre de noblesse, cela signifie qu'il l'usurpe et si le véritable comte ne proteste pas, cela signifie qu'il est emprisonné ou menacé. C'est ce qui s'est passé avec le siège empêché de Benoît XVI.
Dans ce cas, en effet, le comte (Ratzinger), menacé et pressurisé par l'administrateur infidèle (Bergoglio), a tout simplement renoncé à l'administration des terres. Ainsi, pour sa propre cupidité, l'administrateur Bergoglio, en se faisant nommer pape, s'est rendu coupable de "noblesse abusive et d'usurpation" et est devenu ANTI-PAPE. C'est ainsi que se produira le schisme purificateur et cette séparation des croyants et des non-croyants, dont le pape Ratzinger a parlé il y a quelques mois au Herder Korrespondenz (ICI).
LA THÉORIE DU PÈRE CAVALCOLI
Le père Cavalcoli, en revanche, soutient, en substance, que le titre de comte (munus) équivaut à l'administration des terres (ministerium) et que par conséquent le comte-Ratzinger, en renonçant à l'administration, a volontairement transmis à l'administrateur Bergoglio également le titre de comte. Par conséquent, pour le père Cavalcoli, il y a deux comtes : un avec les pleins pouvoirs et un au repos. Une absurdité, niée même par les bergogliens qui confirment, comme ci-dessus : le pape EST un. D'ailleurs, le Christ a dit "Tu es Pierre", et non "Vous êtes Pierre".
Une inversion canonique inouïe, celle du père Cavalcoli, ne fonctionne que pour justifier l'usurpation et le fait accompli.
Sa théorie sur l'équivalence munus-ministerium est complètement contredite par le fait que c'est précisément le Code de droit canonique qui utilise munus dans le sens spécifique d'ÊTRE pape (cf. canons 253 § 1, 333 § 1, 425 § 1, 494 § 2, 749 § 1), tandis que ministerium est toujours et uniquement utilisé dans le sens de FAIRE le pape (cf. canons 41, 230 § 3, 232, 245 § 1, 385, 1384).
Par conséquent, Ratzinger, en appliquant la distinction canonique DÉJÀ EXISTANTE entre les deux entités (et non pas en introduisant ex novo cette distinction, comme le prétend le Père Cavalcoli), a déclaré qu'il renonçait seulement au ministerium, mais qu'il conservait en fait le munus, le titre de pape qui est UNIQUE et ne peut être partagé avec personne d'autre. Sans parler de son report de la "renonciation", ce qui est totalement impensable, étant donné que Dieu (qui reprend les munus) ne peut certainement pas recevoir de nominations "à échéance".
En bref, il n'y a pas de synonymie et/ou de transitivité entre le munus et le ministerium : si le pape renonce au munus, il perd automatiquement le ministerium aussi et nous avons l'ABDICATION.
Mais si le pape renonce au ministerium, il ne renonce pas du tout au munus et nous avons la SEDE IMPEDITA.
C'est pourquoi le Canon 332.2, pour qu'un Pape , il faut qu'il renonce au MUNUS Pétrinien, le titre, et non le ministerium.
C'est pourquoi le Saint-Père Benoît XVI écrit, en 2016, dans le pur "Ratzinger Codex" à propos de sa propre "démission" :
"Aucun pape n'a démissionné depuis mille ans et même au premier millénaire, c'était une exception".
Il fait référence à l'exception du pape médiéval Benoît VIII qui, comme lui, a perdu le ministerium, usurpé par l'antipape Grégoire VI. Mais il est resté pape, comme il l'a fait.
Benoît XVI réitère infailliblement cette situation du Siège empêché dans des dizaines d'autres messages du Ratzinger Code que le Père Cavalcoli se garde bien de prendre en considération, les qualifiant avec mépris de "complots".
C'est la réalité. Alors faites comme vous voulez. Chacun prendra ses responsabilités devant l'histoire et, pour ceux qui sont croyants, devant Dieu.