Gaston Courtois, "Il fait entendre les sourds et parler les muets" (5)

Je suis le Verbe. Celui qui est sans cesse silencieusement en état de Parole. Si on voulait bien faire attention, on percevrait Ma Voix à travers les choses les plus humbles comme les plus grandes de la nature, à travers les êtres les plus différents, à travers les circonstances les plus quotidiennes. C'est une question de foi, et cette foi, il faut Me la demander pour tes frères humains qui n'en ont jamais reçu le don, ou qui l'ont perdu. C'est surtout une question d'amour. Si on vivait davantage pour Moi que pour soi, on serait attiré par le bruissement léger de ma Voix intérieure et l'intimité pourrait s'établir plus facilement avec ses multiples échanges.
Appelle-Moi comme la Lumière qui peut éclairer ton esprit, comme le Feu qui peut enflammer ton coeur, comme la Force qui peut bander tes énergies. Appelle-Moi surtout comme ton Ami qui désire partager avec toi tout ce qui est ta vie, comme ton Sauveur qui souhaite purifier ton âme de son égoïsme, comme ton Dieu qui aspire à t'assumer en Lui dès ici-bas, en attendant ta prise en charge totale dans la lumière de l'Éternité.
Appelle-Moi. Aime-Moi. Laisse-toi envahir par la certitude d'être aimé passionnément, tel que tu es, avec toutes tes limites et tes misères, pour devenir tel que je te désire, braise incandescente de charité divine. Alors tu penseras instinctivement à Moi et aux autres plus qu'à toi, tu vivras naturellement pour Moi et pour les autres avant de vivre pour toi, tu choisiras, à l'heure des petites options quotidiennes, pour Moi et pour les autres au lieu de te préférer : tu vivras en communion divine avec Moi et en communion universelle avec les autres... Identifié à Moi et en même temps aux autres. Tu Me permettras alors de servir davantage de trait d'union entre Mon Père des cieux et Mes frères de la terre.
Parle-Moi avant de parler de Moi. Parle-Moi en toute simplicité, en toute familiarité et avec le sourire... Hilarem datorem diligit Deus. Ceux qui parlent de Moi sans que ce soit Moi qui parle par eux, que peuvent-ils dire de Moi ? On a de Moi tant d'idées fausses, même parmi les chrétiens, combien plus parmi ceux qui croient ne pas croire en Moi.
Gaston Courtois, "Il fait entendre les sourds et parler les muets" (4)

As-tu des désirs à formuler, pour toi, pour les autres, pour Moi-même ? Ne crains pas de Me demander beaucoup. C'est ainsi que tu hâteras pour une part certaine, si invisible soit-elle, l'heure de l'assomption en Moi de toute l'humanité, et que tu feras monter le niveau d'amour et donc de Ma présence dans le coeur des hommes.
Comme pour Marie-Madeleine au matin de Pâques, Mon Coeur t'appelle sans cesse par ton nom, et Je suis aux aguets de ta réponse. Je prononce ton nom tout bas et j'attends ton ecce adsum, "me voici", en témoignage de ton attention et de ta disponibilité.
J'ai bien des choses encore à te faire comprendre, et tu n'en sauras qu'une toute (petite) partie sur la terre. Mais pour percevoir ces vérités, si limitées soient-elles il est nécessaire que tu viennes davantage à Ma rencontre. Si tu te rendais plus enseignable, Je te parlerais davantage. Être enseignable, c'est d'abord être humble, se considérer comme un ignorant qui a beaucoup à apprendre. C'est se rendre disponible pour venir aux pieds du Maître et surtout auprès de son Coeur, là où on comprend tout sans qu'il soit besoin de formules. C'est être attentif aux mouvements de la grâce, aux signes de l'Esprit Saint, au souffle ineffable de Ma pensée.
Poursuis la conversation avec Moi-même après nos entretiens à la chapelle. Pense que Je suis là près de toi, avec toi, en toi, tout en accomplissant ce que tu as à faire, jette de temps en temps un grand regard d'amour vers Moi. Ce n'est pas cela, tu le sais bien, qui gênera ton activité ou ton apostolat. N'est-ce point dans la mesure où Je serai dans ton esprit que tu verras tes frères avec Mon regard et que tu les aimeras avec Mon Coeur ?
Gaston Courtois, "Il fait entendre les sourds et parler les muets" (3)

Je voudrais Me servir de toi de plus en plus. Pour cela, réaxe sans cesse ta volonté vers Moi. Désapproprie-toi de toi-même. Fais-toi une mentalité de membre n'ayant que Moi pour raison de vivre et pour but de vie.
Appelle-Moi au secours, doucement, calmement, amoureusement. Ne crois pas que je sois insensible aux délicatesses de l'affection. Oui, tu M'aimes ; mais prouve-le Moi davantage.
Raconte-Moi ta journée. Je la connais, certes, mais J'aime t'entendre Me la narrer, comme la mère aime le babil de son enfant (à son) retour de classe. Expose-Moi tes désirs, tes projets, tes ennuis, tes difficultés. Ne suis-je pas capable de t'aider à les surmonter ?
Parle-Moi de Mon Église, des évêques, des confrères, des missions, des religieuses, des vocations, des malades, des pécheurs, des pauvres, des ouvriers ; oui, de cette classe ouvrière qui a trop de vertus pour n'être pas chrétienne, au moins dans l'optatif. N'est-ce pas chez les travailleurs, souvent brimés, souvent écrasés par les soucis et les contretemps que l'on trouve le plus de générosité profonde et le plus d'aptitude à répondre OUI à Mes appels, quand ils ne sont pas rendus inaudibles par le contre-témoignage de ceux qui se réclament de mon Nom ?
Parle-Moi de tous ceux qui souffrent dans leur esprit, dans leur chair, dans leur coeur, dans leur dignité. Parle-Moi de tous ceux qui meurent actuellement ou qui vont mourir en le sachant et qui en sont effrayés, ou au contraire rassérénés, et de tous ceux qui vont mourir et qui ne s'en doutent pas.
Parle-Moi de Moi, de Ma croissance dans le monde et de ce que J'opère à l'intime des coeurs, de ce que Je réalise aussi au ciel à la gloire de mon Père, de Marie, et de tous les bienheureux.
Gaston Courtois, "Il fait entendre les sourds et parler les muets" (2)

Je suis non seulement témoin de vérité, mais la Vérité.
Je suis non seulement canal de vie, mais la Vie elle-même.
Je suis non seulement rayon de lumière, mais la Lumière même.
Qui communie à Moi communie à la Vérité. Qui Me reçoit, reçoit la Vie. Qui Me suit avance sur la route de lumière, et la lumière que Je suis grandit en lui.
Oui, parle-Moi avec spontanéité de tout ce qui te préoccupe. Je laisse une large marge à ton initiative. Ne crois pas que ce qui te concerne peut me laisser indifférent puisque tu es quelque chose de Moi. L'essentiel pour toi, c'est de ne pas M'oublier, de t'adresser à Moi avec tout l'amour et toute la confiance dont tu es actuellement capable.
Je te parle à l'intime de l'âme, dans ces régions où s'enrichit ta mentalité par communion à la mienne. Il n'est pas nécessaire que tu distingues clairement sur-le-champ ce que je te dis. Ce qui importe, c'est l'imprégnation de ta pensée par la mienne. Après tu pourras traduire et exprimer.
Il faut les plaindre, ceux qui ne M'entendent jamais et qui se dessèchent lamentablement. Ah ! s'ils venaient à Moi avec une âme de petit enfant ! Je te rends grâce, ô Père, de ce que tu as caché ces choses aux orgueilleux, et de ce que tu les as révélées aux petits et aux humbles. Si quelqu'un se sent petit, qu'il vienne à Moi et qu'il boive. Oui, qu'il boive le lait de ma pensée.
Gaston Courtois, "Il fait entendre les sourds et parler les muets" (1)

Plus se multiplieront malgré les obstacles, les répugnances ou les tentations de lâcheté, les moments où tu me recherches et me retrouves pour M'écouter, plus ma réponse se fera sensible, plus mon Esprit t'animera et suggérera non seulement ce que je te demande de dire, mais ce que je t'offre de faire - bien certain alors que ce que tu diras et feras sera fructueux.
Ma Parole et cette lumière qui en est le résultat donnent leur véritable place à toutes choses dans la synthèse de mon immense amour, en fonction de l'éternité, mais sans rien diminuer de la valeur de chaque être et de chaque événement.
Ta mission n'est pas seulement d'essayer de M'insérer dans tout l'humain, mais de me faciliter l'assomption de tout l'humain pour que je le consacre à la gloire de mon Père.
Benoît XVI met en garde contre une fausse religiosité
Le danger de la fausse religiosité et de l'hypocrisie était au coeur de la réflexion que Benoît XVI a partagé avec plus quatre mille pèlerins ce dimanche, avant de réciter l'Angélus dans la cour du palais apostolique de Castel Gandolfo. Rappelant les paroles de Jésus contre les scribes et les pharisiens dans l'Evangile du jour - "ce peuple m'honore des lèvres, mais son coeur est éloigné de moi"- le Pape a souligné que nous aussi, aujourd'hui, sommes tentés de fonder notre sécurité et notre joie sur autre chose que la Parole du Seigneur, "sur les biens matériels, sur le pouvoir, sur d'autres divinités qui en réalité sont vaines et sont des idoles". La loi de Dieu demeure, mais elle n'est pas notre règl ...
Jean-Louis Bruguès, Si simple est la vie (6e partie)
Philippe CORMIER, "Ce mystère est grand".
JEAN-PAUL II, 22 août 1984.
Xavier LACROIX, "Le corps et l'esprit".
André COMTE-SPONVILLE, "Petit traité des grandes vertus".
Jean-Louis Bruguès, Si simple est la vie (5e partie)
Dieu est simple, il est la simplicité même, diront les théologiens, et lorsqu'il se manifeste aux hommes, il choisit des voies à son image, simples. À Moïse, le seul patriarche en Israël à qui "le Seigneur parlait en face à face, comme on se parle d'homme à homme" (Ex 33, 11), c'est d'un simple buisson qu'il livre une première indication sur son Nom (Ex 3, 214). Ce n'est ni le fracas de l'ouragan, ni le tremblement de terre, source d'effroi, ni la fureur d'un feu dévastateur qui annonce sa venue au prophète Élie qui se reposait dans une grotte, mais le bruissement ténu de la brise légère (1 R, 19, 11-12). De quelques tribus nomades sans relief et presque sans génie, il se fait un peuple. Puis il choisit la plus discrète des filles de ce peuple pour donner une mère à son Fils (Lc 1, 28). Et quand celui-ci réunit ses disciples dans un dernier repas pour leur manifester le sens de son sacrifice et la manière dont il serait présent parmi eux jusqu'à la consommation des siècles, il prend du pain et du vin, c'est-à-dire les produits de base de la nourriture d'alors : "Voici mon corps. Voici mon sang : vous ferez cela en mémoire de moi" (1 Co 11, 23-26).
Notre Dieu ne se livre que dans la réserve la plus extrême, il ne se manifeste que dans la pudeur. En choisissant les moyens les plus simples, il nous indique qu'un mystère ne peut se livrer jamais en sa totalité. Il en va de même du mystère humain. Le corps, le coeur, la personne tout entière ne se dévoilent progressivement que dans l'intimité du face à face amoureux. La pudeur innocente le plaisir et garde la simplicité du coeur.
Michel-Marie LABOURDETTE, Enseignement.
"Au-delà de la nudité du corps, qui est le premier motif de la pudeur, et comme son centre de gravité, la dissimulation pudique va s'étendre à toute une série de désirs, de dégoûts, d'appétits, voire de sentiments que l'être pudique cachera spontanément parce qu'il y tient ou, pour employer une image, parce qu'il fait corps avec eux. ( ...) La pudeur est attentive aux autres même si, en pratique, et ponctuellement, il peut ne se trouver personne qui soit en mesure de percevoir et d'apprécier cette attention : on peut être pudique dans la solitude. Néanmoins la pudeur est tournée vers les autres, dans le mouvement qui lui est propre de soustraire à leur regard tout ce qui pourrait engendrer la confusion et la gêne".
Claude HABIB, Préface au numéro de la revue Autrement : "La pudeur : la réserve et le trouble".
"Ce qui se passe au-dessous de la taille est peut-être passionnant, mais banal. Ce qui se passe au-dessus de la taille, dans la tête et le coeur, c'est cela qui importe. La sexualité est partout".
Julien GREEN, " Journal ".
Il y a quelque chose de vaguement obscène à voir le pèlerinage d'un grand nombre de vedettes et de personnalités connues aux "talkshows" télévisés à la mode, venant décrire les abus sexuels dont elles ont été victimes, comme si ces révélations les purifiaient.
Françoise BURGESS, "Les enfants des puritains".
Willy PASiNI, " Éloge de l'intimité ".
À suivre
Jean-Louis Bruguès, Si simple est la vie (4e partie)
S. THOMAS, "Somme théologique".
Réaliste, la tempérance mesure nos désirs à l'aune des vrais besoin de notre corps. "De quoi as-tu réellement besoin, demande-t-elle ? Écarte tout désir qui te diviserait, toute satisfaction qui diminuerait l'estime que tu te portes à toi-même. "Nous avons les rêves plus grands que notre ventre, et nous reprochons absurdement au ventre ses petitesses" (André Comte-Sponville). "Choisis des plaisirs simples, contente-toi de peu". C'est par ce travail du désir sur lui-même que la tempérance devient ainsi le gage d'une jouissance plus pure et plus pleine. Maîtriser pour harmoniser, recommande la pureté du coeur sous sa forme de tempérance, trouver la juste mesure jusque dans le plaisir.
("Somme théologique").
Or, dans plaisir, je ne me sens pas devenir ma propre origine. Il s'offre plutôt comme l'évidence de mon immédiateté fragile à mon corps, comme une réconciliation avec lui. C'est bien encore, pourtant, d'origine qu'il s'agit : celle de la coïncidence de moi-même avec mon corps donnée comme ne devant jamais passer. Plus exactement, il est ce en quoi j'existe : mon corps me devient un monde et une maison. Or, cela s'effectue à l'occasion d'un contact de mon corps avec ce qui n'est pas lui. Parfois de ce qui entre en contact avec mon corps, j'apprends que peut-être mon corps est pour moi".
Alain CUGNO, "Il promet ce qu'il donne".
"Le plaisir relève de la présence-à et tout le problème est de déterminer ce à quoi il est présence. Je dirais que le plaisir réside dans la conscience d'une forme et non d'un contenu, plus précisément dans la saisie de laccord, de l'unité se construisant à partir de la diversité, de la synthèse en train de s'opérer et comme résultat du processus synthétique. La soi-disant source du plaisir peut résider hors de moi comme en moi. Le plaisir, lui, résulte de la conscience d'une unité en train de se réaliser, c'est-à-dire essentiellement d'une unification".
Pierre-Philippe DRUET, "Désirer le plaisir ?".
ARiSTOTE, "Éthique à Nicomaque"
À suivre
Jean-Louis Bruguès, Si simple est la vie (3e partie)
Pourtant rien dans la tradition chrétienne la plus authentique, rien dans l'Évangile, ne nous autorise garder notre cur en lisiière. Quand S. jean nous assure que la lumière a visité nos ténèbres, il n'utilise pas une figure de style. Le Verbe a vraiment habité parmi nous, il a revêtu notre chair et connu un coeur semblable au nôtre. Mais lui qui était "la lumière véritable", en venant en ce monde, il a éclairé tout homme (Jn 1, 9), tous les hommes et l'homme tout entier. Un article (du) credo de l'Église proclame que le Christ est descendu aux enfers ; on peut l'interpréter de deux manières. Le Christ est descendu dans l'Hadès ou le Shéol, cet univers des ombres où l'attendaient Adam et ceux qui étaient morts depuis, comme autant de captifs anxieux de voir se rompre leurs chaînes. Mais le Christ est aussi descendu dans le coeur de chaque homme. Comme un voleur en pleine nuit (Lc 12, 39), il a forcé l'intimité de ceux qui viendraient après lui. À chaque fois, il a laissé une trace de sa visite pascale qui illumine nos ténèbres intérieures. Et c'est cela que nous appelons pureté du coeur : un murmure, une source deau vive, un éclat de lumière, le son cristallin de l'appel aux béatitudes.
"Comme la joie, (la pureté) arrive; elle arrive, et aussitôt repart ; elle advient en repartant, elle repart en survenant ! La pureté, dans cette vallée de l'existence moyenne, n'est jamais qu'une apogée ponctuelle ou, si l'on ose allier ces deux mots, un "état de pointe" : l'âme pure est une âme qui se tient en équilibre sur la pointe, sur sa fine pointe, et qui se trouve ainsi au comble de l'instabilité" (Vladimir Jankélévitch). La pureté est ainsi une idée heureuse, d'autant plus précieuse qu'elle n'est pas constante dans notre vie. Elle est une lumière intérieure qui, de manière fugitive le plus souvent, illumine notre coeur et lui permet de regarder le mal en face, ou de protester quand celui-ci l'a blessé. On pourrait encore la comparer à une musique secrète qui souffle à l'âme les quelques notes claires et simples, pures, dira-t-on, auxquelles s'accorde l'être tout en entier s'il veut trouver la mesure de son métier d'homme et interpréter sa partition avec la justesse requise. "L'aigle, avec confiance, regarde le soleil en face et toi, l'éclat éternel, si ton coeur est pur", dit le poète (Scheffler). Voir pour entendre, entendre pour maîtriser, maîtriser pour harmoniser, harmoniser pour donner : tel est le cheminement de la pureté du coeur et telles sont ses métamorphoses.
Voir pour comprendre. "Si ton coeur était simple et pur, disions-nous au début de cette conférence, avec l' "Imitation", tu verrais et comprendrais tout sans peine". Si simple est la vie quand on comprend son coeur ! À la lumière du Verbe fait chair, la pureté passe en revue chacune de nos énergies vitales et la désigne sans effroi : "Tout est pur pour les purs", dit l'Écriture (Tt 1, 15). Voici d'abord la plus forte, celle en fonction de laquelle se déterminent toutes les autres, l'amour. La tradition chrétienne l'a définie comme le désir du bien. "Aimer, c'est vouloir du bien à quelqu'un", enseignait S. Thomas. Avec sa cohorte de sentiments mêlés, le désir se porte tantôt sur une personne et tantôt sur une chose, une idée ou une valeur, mais à chaque fois il nous exalte. Il nourrit en nous l'espoir d'obtenir ce qu'il recherche et nous lance dans les plus grandes entreprises ; il nous fait savourer le plaisir d'y parvenir et la joie de la mission accomplie. À l'inverse, l'amour nous fait prendre en aversion tout le mal qui pourrait menacer ce bien à quoi nous aspirons, et craindre de le perdre ; il nous donne le courage de le défendre ou, en cas d'échec, la tristesse de ne point y être parvenu.
Amour et haine, joie et tristesse, plaisir et souffrance, courage et colère : reprenant à son compte un usage immémorial, la tradition chrétienne a donné le nom de passions à ces forces de la vie. Le puritain se trompait quand il s'en méfiait, car ces passions sont seulement des énergies humaines, ni bonnes ni mauvaises, mais indifférentes comme toutes les énergies. Inutile d'en avoir peur, impossible de les supprimer, car elles représentent le matériau de notre affectivité et de notre vie sentimentale.
CATÉCHISME de l'Église catholique, 1767-1768.
ADVAYA-TARAKA UPANISHAD.
"La maîtrise de soi prend une dimension morale de la même manière que la sensibilité à l'égard d'autrui et l'esprit de justice ; parce que la grande majorité des gens n'imaginent pas de vivre dans une société où l'autosatisfaction, l'égocentrisme, l'intérêt personnel seraient les critères de la bonne conduite et ils n'imaginent pas de vivre une vie qui serait guidée par ces principes et d'y trouver une quelconque humanité. (... ) Nous reprochons aux adultes qui manquent de maîtrise de soi leur comportement enfantin. Grandir, c'est apprendre à maîtriser ses impulsions enfantines, parce qu'elles sont à la fois autodestructrices et égocentriques, et que la société ne peut pas fonctionner si elle est composée d'individus autodestructeurs et égocentriques. Nous enseignons la maîtrise de soi de mille et une manières, bien souvent sans faire de leçons de morale. Exemple : les bonnes manières".
James Q. WILSON, "Le sens moral".
À suivre