Écrit par Andrea Cionci (24/08/2022) - Traduction française autorisée: père Walter Covens
Depuis plusieurs jours, une image onirique hante l'auteur : celle d'un dîner de Noël, une belle réunion de famille, avec de nombreux invités. Au bout de la table devrait se trouver le grand-père, le pater familias, mais à sa place se trouve un monsieur inconnu, avec de fausses lunettes, une moustache et un gros nez en plastique, qui raconte n'importe quoi. Le vrai grand-père est attaché et bâillonné à côté, il gémit et pleure devant tout le monde, mais les proches assis à la table font comme si de rien n'était, ils conversent aimablement comme si rien ne s'était passé.
Comme dans un rêve, on a envie de crier, de dénoncer les ravages de ce pauvre vieillard immobilisé, père et grand-père de tous, mais la voix ne sort pas de la gorge et, on a beau essayer, on semble être invisible.
Ce cauchemar décrit de manière plastique la situation littéralement surréaliste que nous vivons concernant la Magna Quaestio sur les deux papes. Le paradoxe de l'affaire rappelle la Coena Cypriani, la parodie médiévale des noces de Cana, où Pilate va laver les mains des invités, Jacob offre des lentilles à Ésaü, Hérodiade fait la danse, Ève mange une côtelette et Jésus se voit servir une sauce au vinaigre.
S'il ne s'agissait pas d'une tragédie historique, contemplant la fin de l'Église catholique visible, l'essor d'horribles pratiques eugéniques et d'effroyables politiques de réorganisation socio-anthropologique mondiale, nous nous contenterions de nous asseoir dans nos fauteuils avec un gros sac de pop-corn et d'apprécier le spectacle.
Cela se passe donc comme suit : dans un journal national, un journaliste mène une enquête très populaire pendant deux ans, rapportant ce qui a été dit - parfois au prix de sacrifices et de persécutions - par certains religieux héroïques. Il apparaît ainsi que le pape considéré comme ayant abdiqué, est au contraire resté le seul pape existant dont il parle depuis neuf ans sans jamais préciser le nom : il a appliqué un système anti-usurpation conçu 30 ans plus tôt et s'est retiré in sede impedita. C'est pourquoi il continue à vivre au Vatican et à conserver sa soutane blanche, son nom pontifical et ses armoiries ICI. Il le dit lui-même dans un langage logique, à peine voilé, mais sans équivoque : le "Ratzinger code" ICI. Ici s'explique le mystère du pape émérite qui n'existe pas juridiquement : Benoît XVI est émérite non pas parce qu'il est à la retraite, mais parce qu'il est "celui qui mérite d'être pape", qui partage une "sorte de ministère élargi", ICI avec un autre pape illégitime, un antipape, qui, théologiquement, n'est pas assisté par le Saint-Esprit.
En fait, l'usurpateur, tout à fait cohérent avec son rôle, prend chaque jour la doctrine catholique par poignées et l'oriente sournoisement vers un nouveau culte néo-païen, syncrétiste, éco-chamanique et anti-christique au service des puissances fortes qui l'ont parrainé ICI. De plus, nous parlons d'événements qui ont été annoncés aux catholiques, dans les moindres détails, par une foule de prophètes bibliques, de mystiques, d'apparitions mariales, de bienheureux, de saints, de papes, et même par le Catéchisme dans son article 675.
Ainsi, l'enquête journalistique est publiée dans un livre qui "fait un tabac" et devient l'un des dix best-sellers nationaux. Des dizaines de professionnels et de spécialistes, dont l'avocat le plus célèbre d'Italie, le professeur Carlo Taormina, et l'un des intellectuels les plus connus, le philosophe Diego Fusaro, ont confirmé son contenu.
Maintenant, sur la planète Terre, et non sur son satellite, (où nous sommes maintenant), si cette enquête était un canular, que devrait-il se passer ? Tout d'abord, un déni officiel du Vatican, avec une clarification canonique relative et définitive. Suivi d'une note du pape émérite pour mettre fin à toutes ces rumeurs qui circulent depuis des années. Peut-être un beau débat entre intellectuels et journalistes, les bergogliens évoquant les canonistes et les anti-bergogliens s'accrochant désespérément à cette thèse qui, en fait, serait décisive. Bref, ne devrait-il pas s'agir de l'affaire du millénaire, au point de faire passer l'affaire Dreyfus pour un canular de magazine à potins ?
Au lieu de cela, rien de tout cela ne se produit : des buissons qui roulent sur le sable mou du désert lunaire. Tabou. Silence. Mutisme. Embarras. Le pape émérite ne dément pas du tout ; au contraire, il envoie au journaliste une lettre d'une exquise courtoisie contenant la seule réponse possible du Siège empêché, avec les armoiries du pontife régnant, ICI. Pendant ce temps, il continue à distribuer des bénédictions apostoliques (prérogative exclusive du pape en exercice) ICI comme s'il n'y avait pas de lendemain. Et ce n'est pas une figure de style galvaudée : on a l'impression que c'est la fin des temps.
L'antipape usurpateur, quant à lui, a maintenant largué les amarres dans tous les sens du terme et navigue sur l'océan où il met des plumes d'aigle sur sa tête et participe à des conjurations de démons, avec sorcier et Grand-mère Araignée ICI. Tous applaudissent avec délectation.
Les plus célèbres exorcistes, le Père Bamonte et le Père Dermine, interrogés dans la presse sur cet épisode nécromantique absurde, gardent le silence.
Il y a le cardinal Müller qui affirme que "le pape est François", mais n'argumente pas, ICI et ne daigne pas non plus envoyer deux lignes de réponse à ceux qui demandent publiquement une clarification de cette querelle vieille de plusieurs décennies ICI. Un évêque comme Mgr Schneider dit ICI que Bergoglio n'est pas catholique, mais en même temps il doit être le pape car ce serait un mal terrible si l'Eglise n'avait pas de pape, MÊME SANS ÊTRE CATHOLIQUE. (Hein ?).
Le professeur Zenone traite l'écrivain de crétin sans discuter, ICI et, même après avoir signé une Correctio filialis à Bergoglio pour ses sept hérésies, ICI il dit que, en fin de compte de toute façon, "peu importe qui est le pape". Et bien sûr, peut-être que le pape doit "confirmer les frères dans la foi" ? Il ne manquerait plus que cela.
Ensuite, il y a les Américains : ceux de "l'erreur substantielle" selon laquelle, parce que Benoît XVI est un peu écervelé et un peu moderniste, il a fait une erreur en écrivant la Declaratio et est resté pape CONTRE SA VOLONTÉ. On leur explique à toutes les sauces qu'il l'a fait exprès : par écrit, avec des vidéos, sous-titrées en anglais ICI, des exemples, des petites histoires... et rien, ils ne veulent pas comprendre. Parmi les Américains, il y a aussi le professeur qui cite comme preuve de la validité de l'abdication précisément les principaux exemple du Ratzinger code ICI.
Parmi eux se distingue le mathématicien athée Odifreddi qui, bien qu'il soit logicien, avale sans sourciller les réponses les plus drôlement illogiques du pape Benoît, comme lorsqu'il dit que la couleur de la "peau" de l'acteur qui joue Bergoglio dans un film est fausse, ou que lui-même continue à porter du blanc parce qu'il n'avait pas d'autres vêtements disponibles. ICI
Les una cum, (les conservateurs légitimistes de Bergoglio) pour leur part, inventent toutes sortes de choses afin de s'assurer, avec des jeux masochistes raffinés et complexes, la certitude d'un vrai pape destructeur du catholicisme et refusent catégoriquement de parler même d'un Siège empêché.
Mais, de la galaxie una cum, la dernière comète, la plus extraordinaire, a été projetée par don Curzio Nitoglia, un ancien prêtre sédévacantiste instruit qui, bien qu'étant un critique total de Bergoglio, s'obstine à le considérer comme pape. Lisez ce qu'il écrit ICI : un argument audacieux pour accepter et constater l'existence d'un PAPE APÔTRE ET DÉMON, mais évidemment légitime, avec tous les papiers en règle. Vous voyez ? Nous en sommes à la théorie du pape diable, pour ne pas accepter la réalité évidente du Siège empêché, qui est allègrement prévue par le Canon 335 : "Quand le siège de Rome devient vacant ou TOTALEMENT EMPÊCHÉ, rien ne doit être innové dans le gouvernement de l’Église tout entière " et démontrée encyclopédiquement par des dizaines et des dizaines d'interventions du pape Benoît dans le Codex Ratzinger.
Dans le monde de la presse écrite, comment ne pas mentionner Massimo Franco, l'un des journalistes les plus connus d'Italie, qui continue sans relâche de présenter comme un fait objectif sa rêverie autoproclamée selon laquelle Benoît XVI a dit que "le pape est unique et c'est François". Et, bien qu'ayant été informé depuis un an et demi du contraire, il écrit même des livres à ce sujet, sans même citer la Declaratio et en nous accusant d'être arrogant et de mauvaise foi ICI.
Entre-temps, Bergoglio continue à taquiner tout le monde avec son petit jeu du "je démissionne, oui, non, peut-être, en fait, peut-être, un jour je deviendrai évêque émérite, mais de toute façon je ne démissionnerai pas", etc. Et tout le monde le suit, au son de sa flute ensorcelante.
Le Nuova Bussola quotidiana s'arrache quotidiennement les cheveux devant les délires de l'antipape, puis refuse même d'ouvrir le livre 'Codice Ratzinger' : ils disent ne pas être 'intéressés' par la question de la légitimité de l'homme que, pourtant, ils attaquent quotidiennement ICI . Mais il n'y a pas qu'eux : tous les autres vaticanistes, même les plus célèbres, font les malins de la même manière (sauf Marco Tosatti).
Comme grand dessert final, il y a le défenseur le plus actif de Bergoglio, Don Ariel Levi di Gualdo qui, en plus d'insulter l'auteur en prononçant mal son nom de famille, trouve aussi le temps d'écrire de savantes interventions théologiques sur les attributs de la star du porno Rocco Siffredi. Vous ne le croyez pas ? Lire ICI .
Mais savez-vous quelle est la chose la plus folle de toutes dans cette surréaliste Cyprian Coena ? Le fait que tous les participants au banquet soient dans l'illusion que la situation ne sera jamais officiellement explicitée et que tout passera à la trappe.
Pensez-vous vraiment que le Saint Père Benoît XVI vous laissera dans le doute ? Un théologien adamantin, un homme qui, malgré sa douceur absolue, a été appelé le "Panzerkardinal" pour le seul tort d'avoir affirmé la vérité du Christ ?
Il faut une sacrée imagination pour supposer qu'il partira comme ça, sur la pointe des pieds, en vous laissant glousser sur son "modernisme", ses "erreurs canoniques", sa "démission peu claire", (comme Bergoglio lui-même l'appelle ICI), comme s'il s'agissait d'un curieux mystère d'émission du soir, comme les pyramides construites par des extraterrestres ou les ovnis nazis.
Combien de temps pensez-vous que l'imposture anti-papale puisse encore tenir ?
Attention, car à ce "souffle" dont parle saint Paul, les galeri cardinalices, les blasons épiscopaux, les barrettes violettes, les réputations professionnelles, les carrières, les fonctions politiques, les rôles prestigieux seront brûlés dans un éclair aveuglant, comme à Hiroshima.
Vous vous régalez joyeusement de la bombe atomique, nous vous le disons, amicalement, en temps voulu.
Alors faites ce que vous voulez.