Écrit par Andrea Cionci (04/07/2022) - Traduction française autorisée: père Walter Covens
L'information, en Italie, est mal fichue. On le savait, mais la dernière confirmation en date vient d'un éditorialiste de pas moins que le Corriere della Sera, qui insiste tranquillement pour fabriquer des projections personnelles comme des données objectives.
Nous vous le prouvons de manière incontestable en nous appuyant sur l'enquête menée depuis deux ans ici sur Libero.
En 2019, Vatican News a titré : "il Papa è uno, Francesco". ICI (NDT: voir ma traduction française au bas de cette page)
L'agence du Vatican a fait référence à la très récente interview de Massimo Franco avec le Pape Benoît XVI ICI . Intrigués, nous sommes allés vérifier sur le Corriere, et voici ce qu'écrit le confrère :
Les adversaires de Bergoglio, souvent des conservateurs à la désespérément à la recherche d'un mot de Benoît XVI qui aurait l'air de critiquer Bergoglio, ont invariablement entendu la réponse que"il n'y a qu'un Pape, c'est François".
Et c'était quand ? Massimo Franco était là ? Les conservateurs lui ont-ils dit, ou l'a-t-il déduit lui-même ?
Comme vous l'avez lu, cette citation dans le titre de Vatican News "Il y a un seul Pape, François", n'est pas de Benoît XVI, mais de Massimo Franco et N'EST APPUYÉE PAR AUCUNE SOURCE.
Dans ce cas, le canular de radiation de l’Ordre des Journalistes avait été de Vatican News, qui avait astucieusement attribué au pape Ratzinger une idée très personnelle de Massimo Franco. Nous avions écrit à ce sujet il y a un an ICI, et en fait Vatican News n'a jamais démenti, restant silencieux, comme d'habitude.
Nous avons donc accordé à notre collègue Franco le bénéfice du doute lorsque, le 22 juillet 2021, nous lui avons adressé une lettre ouverte ICI, lui posant la question suivante :
N'est-il pas également très curieux que Benoît XVI répète depuis huit ans que "il n'y a qu'un seul Pape" sans jamais expliquer explicitement lequel des deux ? Mgr Gänswein lui-même le confirme ICI . Pas une seule fois en huit ans, il ne lui est arrivé de dire : "Il n'y a qu'un seul Pape, ET C'EST FRANÇOIS".
En fait, le secrétaire du pape Benoît avait publiquement expliqué au père Bernasconi, le prêtre excommunié pour avoir été fidèle à Benoît XVI, quelques semaines auparavant :
"Il n'y a qu'un seul Pape, et IL EST CLAIR que c'est François".
Donc si "c'est clair", cela signifie que le pape Benoît ne l'a JAMAIS DIT EXPLICITEMENT. Sinon, l'archevêque Gänswein aurait commenté :
"Cher Père Bernasconi, le pape Benoît, à cette occasion, le jour X, a dit que le pape est François".
Mais cela n'est jamais arrivé et personne, NI MÊME MGR GÄNSWEIN, n'est capable, en effet, de citer l'occasion d'une telle phrase. Logique élémentaire.
Ainsi, Massimo Franco a été informé de cette bizarrerie il y a un an par notre lettre ouverte et il l'a certainement lue, puisqu'il a répondu :
"Intéressant, écrivez un livre" ICI .
Le soupçon, déjà à l'époque, était qu'il s'agissait d'une réponse bon marché pour se débarrasser de questions qui dérangent. C'est confirmé aujourd'hui, car dans son dernier livre "Il Monastero", sorti en avril dernier, Franco ne mentionne pas le moins du monde - ne disons pas le Ratzinger Code - mais pas non plus les questions sur la validité de la "renonciation", le Siège empêché, ou d'autres sujets brûlants qui font la une depuis des années au niveau international et qui remettent en cause la légitimité de François. Pensez-y, DANS LES 147 PAGES D'UN LIVRE SUR BENOÎT XVI, PAS MÊME LA DECLARATIO N'EST NOMMÉE ! Comment écrire un livre sur Walter Bonatti sans jamais mentionner le K2. Et nous parlons de l'un des plus célèbres journalistes italiens, vous vous rendez compte ?
Ainsi, non seulement ce que nous avons soulevé n'a pas du tout intéressé Massimo Franco, mais ces "omissions" inexplicables trahissent inévitablement un certain parfum de "DISSIDENCE CONTRÔLÉE".
Voici plutôt ce que l'auteur écrit, avec mépris, dans "Il Monastero" à la page 17 :
Benoît réitère qu' "il n'y a qu'un seul Pape", confirmant la loyauté et l'obéissance à François. Mais immédiatement, les traditionalistes se demandent s'il l'a vraiment dit. Ils demandent une confirmation, avec L'ARROGANCE ET LA MAUVAISE FOI DE CEUX QUI N'ACCEPTENT PAS LA RÉALITÉ. Ou encore, SUBLIME CONTORSION, ils prétendent qu'en disant qu'il n'y a qu'un seul pape, Benoît XVI faisait en réalité référence à lui-même, car il n'a pas mentionné explicitement le nom de son successeur. Ou encore, que la réunion au cours de laquelle il aurait dit certaines choses est une "pure invention".
"Sublime contorsion" ? MÊME UN ENFANT DE 8 ANS comprend que si Benoît XVI répète depuis 2013 qu'il n'y a qu'un seul pape mais qu'il n'explique jamais qui c'est, il doit se passer quelque chose. Vous semble-t-il que le pape Ratzinger peut s'amuser à jeter gratuitement un milliard de fidèles en proie à la panique avec ces astuces, comme nous l'avons envisagé ICI ? Il n'y a qu'un seul pape et c'est Benoît, car pour abdiquer il faut simultanément renoncer au munus, et il a différé sa renonciation au ministerium. Par conséquent, comme nous l'avons soutenu ad nauseam, le pape Ratzinger s'est retiré in sede impedita, restant le seul pape légitime.
Massimo Franco essaie de nous ridiculiser, vous et moi, mais comme vous pouvez le constater, la Logique et le Temps mettent toujours sur les charbons ceux qui nient qui est le vrai pape. La mauvaise foi et l'arrogance appartiennent exclusivement au collègue du Corriere qui, bien qu'ayant été informé de toute l'affaire depuis un an, a fait semblant de s'y intéresser, mais a en réalité évité chirurgicalement le sujet du Siège empêché et, bien que conscient du fait inédit que Benoît XVI n'a jamais dit que le pape est François, a continué imperturbablement à débiter le contraire sans l'étayer par autre chose que sa propre supposition. C'est du n'importe quoi.
Il le confirme lui-même à la p. 102 de son livre :
En quittant le monastère, escorté par un garde suisse en civil dans une voiture munie d'une oreillette, il était inévitable de PENSER que lorsque Ratzinger répétait d'une voix voilée "il n'y a qu'un seul Pape", il s'adressait certainement aux "fanatiques" qui ne se résignaient pas à la réalité.
Au contraire, ce n'était pas du tout inévitable, tant la réalité est exactement le contraire, comme nous l'avons démontré dans une enquête de 200 articles qui n'a pas été démentie même par le Saint Père Benoît XVI, lorsqu'il nous a fait l'honneur d'une lettre de réponse ICI .
Massimo Franco, au lieu de distribuer ses projections personnelles aux lecteurs, devrait s'en tenir aux faits objectifs.
Deux conseils ; le premier, la lecture de ce livre qu'il a lui-même "encouragé" et qui, publié il y a un mois, figure parmi les meilleures ventes au palmarès de Mondadori et Rizzoli : "Codice Ratzinger" (éd. ByoBlu).
La seconde : la plus grande prudence avant d'accuser les autres d'être "arrogants et de mauvaise foi" sur certains sujets.
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Benoît XVI : Il n'y a qu'un Pape, François. L’unité est plus forte que les divisions
Le Pape émérite rappelle, dans une interview, que l’histoire de l’Église a toujours été traversée par des luttes internes et des schismes : mais l’unité doit toujours prévaloir
"L’unité de l’Église est toujours en danger, depuis des siècles. Elle l’a été tout au long de son histoire. Guerres, conflits internes, poussées centrifuges, menaces de schismes. Mais à la fin, la conscience que l’Eglise est et doit rester unie a toujours prévalu. Son unité a toujours été plus forte que les luttes et les guerres internes". C’est la certitude de Benoît XVI qui rappelle à tous : "Il n'y a qu'un Pape, François".
Son souci de l’unité de l’Église se fait encore plus fort à notre époque, où les chrétiens apparaissent souvent divisés sur la place publique et se confrontent également à des tons vifs, peut-être en utilisant de manière tout à fait impropre le nom même de Ratzinger. Les paroles de Benoît sont rapportées par le Corriere della Sera, qui publie sur son hebdomadaire un entretien avec le Pape émérite.
Unité dans les diversités
Ce sont des paroles qui renvoient au grand engagement à renforcer la communion ecclésiale qui a caractérisé tout le pontificat de Benoît XVI, jusqu’au dernier jour de son ministère pétrinien : "Restons unis, chers frères" - avait dit dans son dernier discours aux cardinaux le 28 février 2013 - dans "cette unité profonde où les diversités — expression de l’Eglise universelle — contribuent toujours à l’harmonie supérieure et unanime." et "et servons ainsi l’Eglise et l’humanité tout entière". Et il avait assuré sa prière pour l’élection de son successeur : "Que le Seigneur vous montre quelle est Sa volonté. Et parmi vous, parmi le Collège cardinalice, se trouve également le futur Pape, auquel je promets dès aujourd’hui mon respect et mon obéissance inconditionnels".