13 mars 2013 : le cardinal Bergoglio est élu par un Conclave qui s'est réuni alors que Benoît XVI avait déclaré vouloir renoncer, non pas au munus pétrinien, mais au ministère, parce que le Siège était empêché. Le pape "émérite" est donc resté pape jusqu'à sa mort, et comme il ne peut y avoir deux papes simultanément, le "pape François" était en réalité un antipape.
Après la mort de Benoît XVI, le 31 décembre 2022, le siège devenu effectivement vacant, les cardinaux ne se sont pas réunis en conclave dans le délai maximum de vingt jours prévu par Universi Dominici Gregis. L'unique solution a donc consisté en l'élection d'un nouveau pape par les fidèles de Rome, comme cela s'est pratiqué au cours de dix premiers siècles de l'histoire de l'Église, lorsqu'il y n'y avait ni cardinaux, ni conclave1.
À la surprise générale, c'est le cardinal Bergoglio qui a été élu pape par les fidèles présents le 30 janvier 2023, avec toutes les conséquences que cela a pu entraîner et toutes les questions que cela a pu susciter.
1. L'élection de Fabien en 236 est décrite dans la légende d'Eusèbe de Césarée : une colombe se posa sur la tête de Fabien, et « alors la foule, comme inspirée par un souffle divin, l'acclama d'une seule voix en le déclarant digne, et immédiatement le fit asseoir dans le siège épiscopal »
Cette anecdote indique clairement que « le choix de l'évêque [de Rome] est une préoccupation pour l'ensemble de la communauté chrétienne de Rome ». Fabien est victime des persécutions contre les chrétiens de l'empereur Dèce : le 20 janvier 250, Fabien est torturé puis décapité sur la Via Appia Antica. L'élection de son successeur, Corneille, n'interviendra que 14 mois plus tard.
Mais l'élection de Corneille provoque un schisme avec Novatien. Chacun élu évêque par sa faction, ils écrivent tous deux à Cyprien, évêque de Carthage, pour obtenir son soutien. Cyprien se range aux côtés de Corneille, considérant que « Par ailleurs, Corneille a été fait évêque [de Rome] par le choix de Dieu et du Christ, par le témoignage favorable de pratiquement tout le clergé, par le vote des laïcs présents, et par l'assemblée des évêques ». Cyprien note également que Corneille a été sacré par six évêques de la région, alors que Novatien ne l'a été que par trois d'entre eux. C'est la première preuve écrite d'un schisme au sein de l'Eglise romaine. En 251, Novatien est excommunié par un synode réuni à Rome par Corneille. Le Premier concile de Nicée ordonnera en 325 qu'il n'y ait qu'un et un seul évêque par ville. En 341, le concile d’Antioche précise qu’il est interdit à un évêque de désigner son successeur.
Voir : Frederic J. Baumgartner, Behind Locked Doors : A History of the Papal Elections, Palgrave Macmillan, 2003,