Écrit par fr Alexis Bugnolo (18/01/2023) - Traduction française autorisée : Louis Lurton
L'article que je propose à votre lecteur, et qui a été rédigé le 18 janvier dernier, est d'autant plus important qu'à partir de 9h35 ce 20 janvier au matin, les cardinaux de l'Église romaine ont violé l'exigence de la constitution apostolique du pape Jean-Paul II, Universi Dominici Gregis, spécifié au numéro. 37.
J'établis aussi que, à partir du moment où le Siège apostolique est légitimement vacant, les Cardinaux électeurs présents doivent attendre les absents pendant quinze jours pleins ; toutefois, je laisse au collège des Cardinaux la faculté de différer de quelques jours, s'il y a des motifs graves, le commencement de l'élection. Mais, passés vingt jours au plus depuis le commencement de la vacance du siège, tous les Cardinaux électeurs présents sont tenus de procéder à l'élection.
Au comble de leur aveuglement, ils n'ont pas réussi à entrer en Conclave pour élire qui ils ont choisi, et ainsi préserver leur droit légal et exclusif d'élire le Pontife Romain. En n'élisant pas Bergoglio une seconde fois, ils l'ont condamné à être à jamais un antipape. C'est leur cadeau pour lui.
Bonne lecture et union de prière pour ces jours historiques pour l'avenir de l'Église !
En préparation de l'élection juridiquement valide du Pontife Romain par droit apostolique, j'ai lu quelques ouvrages savants sur la renonciation aux fonctions. Et j'ai trouvé confirmation de tout ce que nous, catholiques, qui reconnaissons que Benoît XVI n'a jamais abdiqué, tenons.
C'est important, car de nombreux auteurs facétieux, qui n'ont aucune formation en droit canonique, avancent des arguments sur la signification de munus et ministerium, qui sont totalement hors de propos et rarement valables.
En outre, c’est aussi important dans la mesure où ce que disent les vrais spécialistes démasque les avocats et défenseurs de l'usurpation du Trône Apostolique au cours des 10 dernières années.
Je vais partager ici quelques citations significatives tirées de l'ouvrage de Valerio Gigliotti, La Tiara Deposta, (Leo S. Olsckhi Editore, Firenze, 2013). Gigliotti est professeur d'histoire du droit européen, à l'université de Turin, en Italie. Et son livre est une revue jurisprudentielle encyclopédique du concept d'abdication papale à travers les 20 siècles d'histoire de l'Église. Un travail et un traitement véritablement monumentaux.
Dans le dernier chapitre 8 de Gigliotti, intitulé "Le renonciation mystique du pape Benoît XVI", il insiste fortement sur le fait que la renonciation n'avait aucune valeur juridique, mais était une décision spirituelle de se retirer dans une vie de prière pour le bien du peuple de Dieu.
Et c'est ici qu'à la page 401, il cite des experts de poids en droit canonique.
Il n'y a pas d'abdication sans renonciation à la dignité
Le premier est Wernz-Vidal, Ius Canonicum, II, De personis, Rome 1928, §452, p. 436, qui écrit :
Quare sicut Romanus Pontifex per acceptationem liberam electionis primatum iurisdictionis actu consecutus est, ita per liberam et publice declaratam dimissionem dignitatis suae iurisdictionem papalem amittit.
Ce qui donne en français :
Par conséquent, de même que le Pontife romain, par une libre acceptation de son élection, acquiert la primauté de juridiction constitue un acte juridique, de même, par un abandon libre et publiquement déclaré de sa propre dignité, perd-il la juridiction papale.
C'est le premier missile de croisière contre ceux qui prétendent que la renonciation du pape Benoît XVI constituait une abdication. Car il est clair pour tout le monde que ni dans le texte de sa déclaration de 2013, ni dans son comportement par la suite pendant 10 ans, ni même lors de ses funérailles, il n'a manqué, renoncé ou a été reconnu par le monde catholique comme ayant perdu la Dignité Papale. Par conséquent, il n'a jamais perdu la juridiction papale. C'est une conclusion de droit, qui découle de la vérité, laquelle n'a rien à voir avec des intentions ou des opinions, mais des faits historiques.
Mais comme la dignité ecclésiastique est une conséquence de la possession d'un titre, d'une fonction ou d'un munus, passons à l'autorité suivante.
La renonciation au munus est l'essence même de l'acte de renonciation à la charge.
L'autorité suivante citée est G. Chelodi, Ius de personis iuxta Codicem Iuris Canonici, praemisso tractatu De principiis et fontibus, Tridenti, 1922, §155, p. 256.
Pour la licéité d'une renonciation à la papauté, il est requis :
Romanum Pontificem se munere abdicari posse, valide etiam sine causa, certum est, licite tamen nonnise ex causa gravissima.
Ce qui donne en français :
Que le Pontife Romain puisse de lui-même abdiquer validement (son) munus, même sans cause, est certain, cependant, mais pas licitement en raison d’une cause gravissime.
C'est le deuxième missile de croisière qui détruit totalement la prétention des partisans de Bergoglio, que la renonciation de Benoît XVI était effective ou équivalente à une abdication. Non pas parce qu'il y a un doute sur la plus grave des causes, mais parce que par définition une abdication exige la renonciation à son munus.
Ces deux sources ont été écrites sous le pontificat du pape Pie IX, près de 90 ans avant la retraite du pape Benoît XVI. Il est donc impossible de mettre en doute leur objectivité et leur autorité en ce qui concerne la tradition canonique.
J'ai déjà démontré de manière définitive que le Code de droit canonique de 1983, lu selon le canon 17, ne permet à personne de lire munus équivalant à ministerium, ICI. Mon article académique donné dans une conférence publique ici à Rome en octobre 2019 a été publié sur internet depuis 3 ans et n'a jamais été réfuté dans aucune de ses affirmations ou revendications. Le canon 17 exige que le canon 332 soit lu d'abord à la lumière du Code lui-même, puis à celle de la tradition canonique. Par le présent article, que vous venez de lire, je crois qu'il est suffisamment démontré que les deux sources d'autorité sont en total accord.
Enfin, pour ceux qui veulent pinailler sur les mots, voici ma note sur Munus et Ministerium en langue latine. Mon analyse du texte latin de la Declaratio se trouve ICI. Ma critique canonique de ce texte ICI. Et ma question disputée scolastique traitant de son interprétation ICI. Et les raisons de poids, tirées du traité de Saint Alphonse de Liguori sur l'interprétation de la loi, pourquoi personne ne peut interpréter la Declaratio d'une autre manière, ICI.
CRÉDITS : L'image présentée est tirée du livre de Gigliotti, qui peut être commandé en ligne ICI.