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Publié par dominicanus

 


Notre collègue de RomaIT, Mirko Ciminiello, nous a alertés sur un nouveau message, subtil mais très clair, du Saint Père Benoît XVI qui parle d'usurpation de son trône et de SEDE IMPEDITA. Nous avons en effet illustré ICI il y a juste deux jours - sans être contredit - pourquoi la Declaratio de 2013 n'était pas une renonciation (en tant que telle, elle serait un acte juridiquement nul ICI ) mais une annonce d'un Siège empêché, selon le canon 412.

 

Le passage identifié par Ciminiello se trouve dans le livre-interview "Dernières conversations" publié par Benoît XVI avec le journaliste Peter Seewald en 2016, alors que Bergoglio occupait le trône de Pierre depuis trois ans et que Ratzinger était soi-disant "pape émérite". ICI

 

 

 

La question de Seewald : "Connaissez-vous la prophétie de Malachie qui, au Moyen Âge, a dressé une liste des futurs pontifes et a prédit la fin du monde, ou du moins la fin de l'Église. Selon cette liste, la papauté S'ACHÈVERAIT AVEC SON PONTIFICAT. Et si vous étiez en fait la dernière personne à représenter la figure du pape telle que nous l'avons connue jusqu'à présent ?"

 

Réponse de Benoît XVI : "TOUT EST POSSIBLE. Cette prophétie est probablement née dans les cercles autour de Philippe Néri. À cette époque, les protestants prétendaient que la papauté était terminée, et il voulait seulement démontrer, avec une très longue liste de papes, que ce n'était pas le cas. Cela ne signifie pas pour autant qu'elle prendra fin. Plutôt que sa liste n'était pas encore assez longue !".

 

La liste des 111 papes transmise sous le nom de "Prophétie de Saint-Malachie", qu'elle soit authentique ou non (cela nous importe peu), comprend en effet, après le dernier pontife, Benoît XVI, un personnage appelé "Pierre le Romain", qui n'est pas défini comme pape, mais comme un homme qui, selon la devise qui lui est attribuée, "régnera pendant la dernière persécution de la Sainte Église romaine". Il fera paître ses brebis à travers de nombreuses tribulations".

 

Ainsi, il n'est pas précisé si ce Pierre le Romain sera un régent, ou s'il sera un chef spirituel élu par les catholiques de Rome, régnant sur une Église catholique persécutée et renaissant "dans les catacombes", ou encore s'il y aura une période de vacatio, peut-être pour une lignée antipapale. Dans tous les cas, en effet, PIERRE LE ROMAIN N'EST PAS UN PAPE CANONIQUE.

 

Mais ce qui est choquant, c'est que Ratzinger admet avec Seewald que la série des papes canoniques, "tels que nous les connaissons", pourrait s'arrêter avec lui. Et François, alors ? N'est-il pas le 266e pape canonique, le successeur de Benoît XVI ? (cf. note de bas de page 1). Alors qui est-il, peut-être un régent ? Non, il se fait appeler "pape". Est-il peut-être le chef spirituel clandestin élu par les Romains ? Non, il a été élu d'une manière apparemment canonique, par de vrais cardinaux. Par conséquent, il ne reste que la possibilité qu'il soit un antipape. Dans ce cas, en fait, toute sa ligne de succession serait antipapale et l'Église telle que nous la connaissons serait finie. Cela explique logiquement pourquoi Benoît XVI admet qu'il pourrait être le dernier pape "tel que nous l'avons connu jusqu'à présent".

 

Ratzinger ajoute toutefois une note de bas de page : il n'est pas certain que, selon saint Malachie, les papes canoniques se terminent vraiment, la liste pourrait encore être longue. Puisqu'il ne considère pas vraiment François comme le vrai pape, il doit faire référence au fait que si lui-même, le vrai pontife, retrouvait le pouvoir pratique (le ministerium auquel il a en fait renoncé) et occupait à nouveau le trône, l'Église pourrait facilement continuer avec les papes canoniques.

 

Nous avons demandé au professeur Antonio Sànchez, professeur de droit à l'université de Séville, de commenter : "Il est évident, d'après ces phrases, que Benoît XVI se considère comme le pape régnant (comme cela ressort de ses actions, de ses vêtements et de ses déclarations) et le dernier pape" normal", ce qui exclut Bergoglio et laisse hors de cette "normalité" Pierre le Romain, car il serait élu en exil et dans une persécution catacombique, par le reste des fidèles ou directement par Dieu, comme l'a été le premier Pierre. Je pense que les conséquences que vous avez tirées de ces déclarations sont très logiques et correctes".

 

Avec ce message, Benoît XVI place donc l'Eglise devant le carrefour habituel : soit elle se retrouve, restaure son vrai pape - aujourd'hui "empêché" - en récupérant le Siège usurpé, soit la vraie Eglise devra renaître en dehors du Siège, à la manière des catacombes, avec de nouvelles figures inédites de chefs spirituels. Nous avons écrit à ce sujet ICI : avec l'exemple dans le monde naturel du "coucou".

 

Les comptes se vérifient également pour la Declaratio, qui, comme nous l'avons vu, ne peut pas être une renonciation, mais, tout au plus, une déclaration de "Siège empêché". Le prochain vrai pape, qu'il s'agisse d'une figure canonique, comme dans l'hypothèse de la restauration de Benoît XVI, ou d'une figure totalement inédite, comme dans l'éventuel "retour aux catacombes", devra de toute façon être élu "par ceux à qui il appartient", c'est-à-dire soit par les cardinaux valides d'avant 2013, soit par les catholiques de Rome.

 

Comme le montre la perspicacité de M. Ciminiello, il suffit de comprendre une fois pour toutes le "modus comunicandi" du pape Ratzinger et de lire ses livres et ses interviews avec une certaine attention pour saisir partout un sous-entendu infailliblement logique. Pourquoi utilise-t-il ce langage subtil ? Nous le répétons pour la troisième fois : parce qu'IL N'EST PAS AUTORISÉ À PARLER LIBREMENT. Il demande de l'aide depuis huit ans et - tragiquement - personne ne l'écoute.

 

Mais que les choses soient claires : la Declaratio de 2013 est désormais CONFIÉE POUR TOUJOURS À L'HISTOIRE ET AU DROIT CANONIQUE, et elle survivra à sa mort. Même s'il déclarait, aujourd'hui, que le pape est François, comme l'explique le Prof. Sànchez ICI , rien ne changerait : la nullité de sa Declaratio interprétée comme RENONCIATION AGIT D'ELLE-MÊME, indépendamment de ce qu'il pourrait déclarer aujourd'hui. 

 

***

 

(Note 1) Certains commentateurs ont identifié un 112ème pape dans la liste de St Malachie, placé entre Benoît et Pierre le Romain avec la devise "il régnera pendant l'extrême persécution de l'Eglise" qui devrait être François. Ils font remarquer que dans l'impression originale du Lignum Vitae, le livre où la prophétie a été publiée, la présence d'un point sépare la devise citée de la phrase "Pierre le Romain, qui fera paître le troupeau à travers de nombreuses tribulations ; après celles-ci, la ville aux sept collines sera détruite et le Juge redoutable jugera son peuple. La fin". Cela ne change pas grand-chose : Ratzinger accepte la version proposée par Seewald, dans laquelle la liste se termine avec lui. En effet, s'il envisageait un 112e pape canonique, il aurait répondu : "Non, on attend au moins un autre pontife après moi. Après lui, la liste sera peut-être encore longue". Mais il n'a pas dit ça.

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