Écrit par Andrea Cionci (04/04/2022) - Traduction française autorisée : père Walter Covens
Un "tuyau" en provenance directe de la Curie nous a permis de faire la lumière sur le dernier et extraordinaire message du Ratzinger Code que le vrai pape, Benoît XVI, nous a laissé le 28 février 2013, en faisant ses adieux au palais apostolique de Castel Gandolfo avant de s'exiler in sede impedita. Il établit ainsi ce "pontificat d'exception" (Ausnahmepontifikat) dont parlait Mgr Gänswein et dont le canoniste Guido Ferro Canale avait bien compris qu'il faisait référence à l'état de suspension du système juridique dans l'Église ICI .
Comme c'est toujours le cas avec les messages du Ratzinger Code, il y a DEUX NIVEAUX DE LECTURE : le premier est le niveau superficiel, bon pour les non-croyants, les indifférents et tous ceux qui détestent le Pape Benoît, modernistes ou tradi-sédévacantistes qu'ils soient. Il y a toujours, cependant, une incohérence qui intrigue ceux qui "ont des oreilles pour entendre", comme nous l'avons vu ICI, et qui pousse le Logos, la raison qui découvre la vérité, à travailler.
La première absurdité apparente a été identifiée par l'écrivain le 18 décembre dernier dans l'inversion des termes du titre pontifical ICI . "À partir de huit heures du soir, je ne serai plus le pontife souverain", a déclaré le pape, mais le titre est indiscutablement "Souverain Pontife".
Il est difficile pour le pape de se tromper de titre : le sens de la phrase n'est donc pas "je ne serai plus le pape", mais "je ne serai plus le pontife au plus haut degré, à la place la plus importante, car il y aura un autre plus en vue que moi", et illégitime, car, comme nous l'avons vu, Benoît, n'a jamais abdiqué puisqu'il a renoncé de manière différée au ministerium et non simultanément au munus. ICI Avez-vous déjà entendu un canoniste nous contredire ? Le Saint Père Benoît ne nous a pas non plus contredit, lorsqu'il nous a fait l'honneur d'une réponse ICI .
Mais pour confirmer définitivement (et magnifiquement) cette réalité canonique objective, il y a la deuxième incohérence apparente du discours de Castel Gandolfo : le pape Benoît a salué les fidèles en disant : "Bonne nuit !".
À 17 h 30, EN PLEIN APRES-MIDI ? Comment est-ce possible ?
Au début, nous avons pensé qu'il s'agissait d'une référence au "black-out anti-papal" qui éclipserait l'Église - et c'est très bien ainsi - mais la question est beaucoup plus précise et astucieuse.
Pour le découvrir, nous avons eu besoin d'une première contribution qui nous est parvenue le 11 février d'un lecteur, qui nous a écrit à l'adresse électronique codiceratzinger@libero.it :
"Un prêtre de la Curie m'a dit que Benoît XVI a salué les fidèles non par hasard depuis Castel Gandolfo. Il ne m'a rien dit de plus, m'invitant à réfléchir. J'ai donc remarqué qu'au-dessus du balcon du palais papal, il y a une horloge romaine évidente, qui est différente de nos horloges habituelles".
Il y a donc des religieux au Vatican qui savent déjà tout, ou qui l'ont compris d'eux-mêmes.
La deuxième contribution est venue le 30 mars d'un autre lecteur, G.P. :
"L'horloge du balcon est à la romaine... Vu l'ancienne heure papale, ce "bonne nuit" est parfaitement logique".
Nous avons donc approfondi la question avec C.D.C., un expert de Rome : l'horloge romaine, introduite dans les États pontificaux depuis le XIIIe siècle, faisait commencer la journée non pas à minuit, mais la veille, une demi-heure après le coucher du soleil, divisant les 24 heures en quatre cycles de six heures chacun. C'est Pie IX qui abandonna définitivement le système en 1847 afin d'aligner l'heure de Rome sur l'heure "napoléonienne" qui s'est répandue dans le monde et est utilisée aujourd'hui.
En bref, le système pontifical traditionnel est une sorte d'AUTRE FUSEAU HORAIRE qui justifie parfaitement le "Bonne nuit !" du pape Benoît XVI. Selon l'heure romaine, en effet, 17h30 ce 28 février 2013 correspondait à 23h30 "romaine", la salutation du pape était donc tout à fait approprié. C'est la CLÉ pour découvrir que Benoît envisageait un fuseau horaire différent afin de nous fournir un message logico-canonique perturbateur.
Faites bien attention.
Avec la Declaratio en latin du 11 février 2013, Benoît utilise notre système horaire, d'héritage napoléonien, de 24 heures :
" Je déclare renoncer au ministère (ministerium) d'évêque de Rome, successeur de saint Pierre, [...] de sorte que, à partir du 28 février 2013, à 20 heures, le siège de Rome, le siège de saint Pierre, sera VIDE (et non VACANT, selon la traduction correcte du verbe vacet ICI) ".
Et voici ICI le discours d'adieu que le pape a prononcé depuis Castel Gandolfo à 17 h 30 le 28 février (23 h30, heure romaine).
"Chers amis, je suis heureux d'être avec vous, entouré par la beauté de la création et par votre sympathie qui me fait beaucoup de bien. Merci pour votre amitié, votre affection. Vous savez que cette journée pour moi est différente des précédentes ; je ne suis plus pontife souverain de l'Église Catholique : jusqu'à 8 heures du soir (13h30 le 1er mars, heure romaine) je le suis encore, mais après je ne le serai plus. Je suis simplement un pèlerin qui entame la dernière étape de son pèlerinage sur cette terre. Mais je voudrais encore, avec tout mon cœur, avec tout mon amour, avec ma prière, avec ma réflexion, avec toutes mes forces intérieures, travailler pour le bien commun et le bien de l'Église et de l'humanité. Et je trouve un très fort soutien dans votre sympathie. Allons de l'avant avec le Seigneur pour le bien de l'Église et du monde. Merci. Je vous donne maintenant de tout cœur ma Bénédiction.
Que Dieu tout-puissant nous bénisse, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Merci, et BONNE NUIT ! Merci à vous tous !"
Attention : le "jusqu'à huit heures du soir" (fino alle otto di sera) dont parle Benoît (il ne dit pas "Jusqu’à 20 heures ce soir " comme on peut le lire dans la traduction officielle !), selon l'heure romaine, soit à 13h30 le 1er mars. Le pape Ratzinger déclare donc qu’il ne sera plus "pontife souverain" à partir du 1er mars à 13h30 et non, comme tout le monde le pense, qu’il cessera d’être Souverain Pontife à 20h00 le 28 février.. ET TOUT S'ÉCLAIRE. En effet, en fin de matinée du 1er mars, le cardinal doyen Angelo Sodano fait partir ICI la LETTRE DE CONVOCATION DU NOUVEAU CONCLAVE (illégitime) qui élira l'usurpateur. Ainsi, après 13h30, Benoît peut à juste titre considérer que son propre siège est complètement empêché puisque les cardinaux viennent de commencer à travailler pour élire abusivement un autre pape, alors que lui est toujours vivant et régnant.
Pour simplifier : le monde entier croyait que le pape Benoît allait rendre le "SIÈGE APOSTOLIQUE" VACANT en abdiquant à partir de 20 heures le 28 février.
Mais c'est FAUX : puisque la renonciation au ministerium ne peut légalement produire un Siège Apostolique vacant, le SIÈGE DE ROME, le SIÈGE DE SAINT PIERRE a simplement été laissé VIDE (vacet), à 20 heures, après que Benoît ait, en fait, déjà quitté Rome vers 17 heures.
Notez que le pape Ratzinger, dans la Declaratio, n'utilise pas le terme "siège apostolique" car il s'agit de l'organe doté de la personnalité juridique de la charge du gouvernement de l'Église catholique. En effet, seul le Siège Apostolique peut être légalement vacant, alors que le Siège de Saint Pierre ou de Rome ne le peut pas : il s'agit de nouvelles expressions qui indiquent simplement le lieu physique. Il n'existe pas de "siège vacant de Rome ou de Saint Pierre".
Mais depuis Castel Gandolfo, le Pape Benoît nous a dit, en se référant au système de temps romain, à partir de quel moment il entrerait en fait au Siège Apostolique EMPÊCHÉ, c'est-à-dire après le 13:30 heures le 1er mars, quand précisément le cardinal doyen convoquera le nouveau pseudo-conclave pour élire un autre pontife - illégitime - en remplacement du pape Benoît, qui, n'étant plus le pontife souverain, "à la plus haute place", deviendra "émérite", (de emereo) c'est-à-dire celui qui, malgré l'empêchement, A LE DROIT d'être pape.
Pourquoi le Saint-Père a-t-il parlé si subtilement en référence à l'heure romaine ? Parce qu'il était empêché, opprimé, menacé, et qu'une personne dans une telle situation ne peut évidemment pas demander ouvertement de l'aide.
Et donc le reste de la salutation est aussi PARFAITEMENT expliqué :
"Vous SAVEZ que cette journée pour moi est DIFFÉRENTE des précédentes" : tout le monde "savait", c'est-à-dire qu'ils avaient l'information, ils pouvaient voir l'horloge romaine au-dessus de sa tête. Même s'il y avait de la lumière, selon l'heure romaine, c'était presque la nuit : un jour "différent".
"Et je trouve un très fort soutien dans votre SYMPATHIE" : de syn + pathos qui, dans son sens étymologique, signifie "souffrir avec".
"Je voudrais encore travailler" : je voudrais continuer à exercer le pouvoir papal pratique, mais je ne peux pas car je suis empêché.
"Allons de l'avant avec le Seigneur" : le pontificat continue, mais dans un état de souffrance, d'emprisonnement.
A ce stade, une objection surgira : mais selon notre époque, le discours de Benoît XVI aurait-il pu être un véritable adieu pour une véritable abdication ?
NON, JAMAIS. Tout d'abord, parce que l'abdication devait impliquer une renonciation simultanée au munus et non au ministerium de manière différée. Ensuite, parce que Benoît salue tout le monde AVANT l'heure X, à 17h30, mais après 20h, il ne ratifie rien. Et, d'ailleurs, il n'aurait jamais pu le faire car on ne peut pas légalement ratifier une renonciation au ministerium en le séparant du munus, comme l'admet lui-même le canoniste vaticaniste Monseigneur Sciacca ICI . La renonciation au ministerium, au pouvoir pratique, ne peut être que FACTUELLE, exactement comme cela se passe dans la SEDE IMPEDITA.
Ainsi, du point de vue des calendriers napoléonien et romain, le pape Benoît nous dit la même chose. IL EST DANS LE SIÈGE EMPÊCHÉ ET IL EST LE SEUL PAPE RÉGNANT, qui conserve en fait le munus, l'investiture d'origine divine.
Et en quoi cela consiste-t-il ? Ne sont-elles donc que des "légalismes cléricaux", ou des "bavardages" ICI, comme le répète Mgr Bergoglio, qui élude constamment la question ? Pas vraiment. Si vous êtes catholique, sachez que le munus est accordé par Dieu lui-même, François ne l'a pas, donc il est antipape, donc il n'a pas été élu avec l'assistance du Saint-Esprit, et il n'est pas non plus assisté par la troisième personne de la Trinité dans l'enseignement ordinaire, selon l'art. 892 du Catéchisme. (Ce n'est pas nous qui avons établi les règles).
Il y a donc 1,285 milliard de fidèles qui suivent une sorte de joueur de flûte de Hamelin, un évêque usurpateur qui n'offre pas la moindre garantie en tant que gardien de la foi. Et entre le Pachamama, les confréries universelles et les ravages doctrinaux, pas besoin d'un diplôme de théologie de Tübingen pour le comprendre.
Si vous êtes laïque, vous devez savoir qu'un chef d'État ayant une influence directe sur ce milliard et plus de personnes a pris le pouvoir par un coup d'État et a explicitement déclaré sa volonté de construire un nouvel ordre mondial (Interview avec La Stampa, 13 mars 2021).
Des deux points de vue, laïc et catholique, l'anti-papauté actuelle entraînera des déséquilibres, des impostures et des dégâts colossaux que nous devrons tous payer.
Ensuite, si le Ratzinger code est trop difficile à comprendre, et que beaucoup continueront à préférer le "pape François" parce qu'"il est bon", "l'un des nôtres" et porte un tablier de pizzaïolo ICI , libre à eux de le faire.