Attention ! Le Docteur Riccardo Petroni, éminent érudit de la figure historique de Jésus-Christ, a publié, hier, dans le journal italien du Trentin “Il Dolomiti” ICI, un article dans lequel il parle de ceux qui croient à la théorie des deux papes : « maladroits et inconsidérés seraient les architectes d’un théâtre macabre pour destituer François en affirmant que Ratzinger n’a jamais démissionné ». La référence - pas tout à fait tendre - vise clairement notre enquête qui dure maintenant depuis 2019, ainsi que tous ceux que nous avons interrogés.
Ainsi, pour cautériser ces rumeurs maladroites, Riccardo Petroni fournit ce qu'il appelle une « PREUVE INÉDITE, SANS ÉQUIVOQUE, PALPITANTE » du fait que Benoît XVI a démissionné et que François est le pape. Il s’agit d’une enveloppe qu’il a reçue du bureau Secrétaire d’État du Vatican, en 2015, deux ans après la prétendue renonciation de Ratzinger (ce qui n'était pas en 2008, comme vous l'écrivez, Docteur Petroni, mais en 2013).
Ainsi, rapporte-t-il, pour le remercier du livre reçu en cadeau, celui qui était déjà « le pape émérite » Benoît XVI, lui a envoyé... quoi ? Sa médaille PAPALE et SES PHOTOS EN VÊTEMENTS DE PAPE RÉGNANT, d'ailleurs signées de façon retentissante « BENOÎT XVI P.P. » c’est-à-dire PATER PATRUM, titre du pontife régnant, c’est-à-dire un de ces titres auxquels le pape prétendument émérite n’aurait plus droit, de même que le privilège de porter la soutane blanche, de donner la bénédiction apostolique, de vivre au Vatican, etc., tel que stigmatisé par le cardinal Pell lui-même. ICI
Un beau but contre son camp, puisque justement, l’utilisation du titre « P.P. « est l’un des chevaux de bataille de tous ceux qui reconnaissent Benoît XVI comme le seul pape, à qui Petroni vient de fournir un argument, sinon palpitant, sans doute inédit.
Il ne s’est pas demandé, le Docteur, comment il se fait que Ratzinger ne lui ait pas envoyé une photo de « pape émérite », avec la soutane blanche sans mosette ni ceinture, puisqu’on était en 2015 ?
Mais les « preuves » invoquées par l’écrivain ne s’arrêtent pas là, au contraire, la pièce maîtresse serait la lettre d’accompagnement signée par Monseigneur Wells du bureau du Secrétaire d’Etat dans laquelle il est dit que "Sa courtoise lettre est parvenue au Pontife Émérite Benoît XVI »...
«Ainsi, Joseph Ratzinger lui-même - affirme Petroni - se définit explicitement comme « pape émérite », titre qu’il a lui-même créé pour se distinguer du Souverain Pontife en exercice. Donc, comme je suis certain que Joseph Ratzinger ne ment pas, il en résulte clairement que le « vrai Pape » est - et reste - sans équivoque Jorge Mario Bergoglio ».
Malgré le ton quelque peu offensif de son article, nous répondons avec sympathie au Docteur Petroni qui a eu - entre autre - le courage de tenter d’entrer dans le fond d’une question étudiée depuis très longtemps, avec l’apport de théologiens, canonistes, juristes, avocats, professeurs d’université, vaticanistes... Dans cette matière, cependant, on ne s'improvise pas et un peu de respect professionnel - et humain, pour ceux qui ont travaillé dur, avec honnêteté et attention, en y perdant personnellement - ne ferait pas de mal.
Tout d’abord, il faut souligner que, paradoxalement, le Saint-Père Benoît XVI n’est pas la bonne personne pour donner un avis sur la validité canonique de sa renonciation. Théoriquement, il pourrait être convaincu de bonne foi qu'il a validement abdiqué avec une renonciation canoniquement invalide et même vice versa. Ce devrait plutôt être une commission de cardinaux, d'historiens et de canonistes qui décide si la renonciation est valide ou non, puisque l'autorité du pape est également soumise au droit canonique (s'il ne l'a pas modifié au préalable).
Ce n’est pas un hasard si tous les plus grands juristes canoniques soutiennent aujourd’hui que l’institution du pape émérite n’a pas de jurisprudence, qu’il s’agisse pratiquement d’un absurdum et que Ratzinger lui-même regrettait la façon dont les cardinaux ne l’avaient pas aidé à mettre au point cet institution (un message codé?). Petroni peut demander des informations aux professeurs Fantappié, Margiotta-Broglio, Boni, de Mattei et autres. ICI
Enfin, la thèse du plan B (ICI), confirmée il y a quelques jours (ICI) par le professeur Antonio Sanchez Sàez, professeur de droit à l’université de Séville, considère que le pape Ratzinger a conçu EXPRÈS l’astuce de la papauté émérite canoniquement bidon précisément pour « couvrir » le fait qu’il restait LE pape.
«Benoît XVI - écrit Sanchez - nous a donné un autre indice en devenant « pape émérite », un titre canoniquement impossible puisque pour être émérite, il faut avoir cessé d'exercer ses fonctions pour raison d'âge ou par démission acceptée... et aucune de ces deux conditions n’est remplie dans la démission d’un pape (can. 185) ».
Selon le plan B, la seule chose qui compte donc, est que Ratzinger ait consigné dans l’histoire et dans le droit canonique une renonciation dans laquelle - il n’y a pas grand-chose à faire - il conserve formellement le munus petrinum , c’est-à-dire le titre conféré directement par Dieu. Sur ce point, il faut discuter, tout le reste est accessoire et n'a, le cas échéant, qu'une valeur circonstancielle.
Par conséquent, le fait que le Monseigneur de la Secrétairerie d’État le définisse comme « pape émérite », comme Benoît XVI lui-même a voulu se définir, s'inscrit paisiblement et pleinement dans le discours du « Plan B » que nous demandons vivement au Docteur Petroni de lire - et de relire - attentivement.
Nous sommes convaincus que le Dr Petroni peut faire mieux et nous attendons avec impatience sa prochaine tentative. S'il nous écrit avec grâce et préparation en la matière, nous serons heureux de publier son intervention dans la perspective d'un effort commun - non par pour "destituer" qui que ce soit, car ce n'est pas notre tâche - mais pour rechercher la VÉRITÉ, quelle qu'elle soit, et pour informer les lecteurs. Cela devrait d'ailleurs être l'impératif de tous les journalistes.
En attendant, pour lui donner la chance d’affiner ses arguments, nous lui soumettons (ICI) les mêmes questions que nous avons posées à notre estimé collègue Massimo Franco du Corriere della Sera, qui, en plus d’avoir écrit un livre sur François, a également eu l’occasion d’interviewer le pape Benoît XVI à deux reprises. Et - il faut le noter - Massimo Franco, prudemment, s’est entièrement abstenu de répondre à nos objections sur des données factuelles incontestables qui ne peuvent être expliquées que par le plan B.
Nous sommes convaincus que le Dr Petroni peut faire mieux et nous attendons avec impatience sa prochaine tentative. S’il nous écrit avec grâce et préparation sur le fond de la question, nous serons heureux de publier son intervention dans la perspective d’un effort commun - pas pour « destituer » quiconque, car ce n’est pas notre tâche - mais pour rechercher la VÉRITÉ, quelle qu’elle soit, et en informer les lecteurs. Cela devrait en effet être l’impératif de tous les journalistes.