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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Benoît XVI, la renonciation est invalide : l’avis de Maître Patruno

Publié par dominicanus sur 23 Septembre 2022, 01:41am

Catégories : #Benoit XVI, #Il est vivant !, #Porta fidei, #actualités

Dans ce cas, l'élection de Bergoglio n'aurait pas eu lieu.

E in tal caso l'elezione di Bergoglio non sarebbe mai esistita
Benedetto XVI, la rinuncia è invalida: il parere del giurista Patruno

Écrit par Andrea Cionci (27/05/2021) - Traduction française autorisée : père Walter Covens

 

J'attire l'attention du lecteur sur le fait que cet article, comme celui publié hier (et les suivants?), datent d'il y a plus d'un an. Je les traduis maintenant, car l'auteur y renvoie dans son livre CODICE RATZINGER, dont la traduction française est également en cours.

 

 

 

Depuis deux ans, nous nous occupons d'une question qui, bien qu'elle reste pratiquement ignorée par les médias laïques aussi bien que catholiques, constitue le point central et incontournable de tout ce qui concerne les remous au sein de l'Église catholique. Que le pape Benoît XVI ait abdiqué ou non n'est pas exactement une question secondaire : c'est TOUT. Si sa "démission" est invalide, le conclave qui a élu le cardinal Bergoglio n'étant pas valide, le "Pape François" n'aurait jamais existé, il serait un antipape, non assisté par le Saint-Esprit. Rien de ce qu'il a fait pendant ses huit années de pontificat ne serait valide et tous les pontifes élus dans sa ligne de succession seraient des antipapes. Par conséquent, c'en serait fini de l'Église catholique, du moins telle que nous la connaissons, à moins que l'abdication de Ratzinger ne soit reconnue comme invalide. Nous avons écrit à ce sujet ICI

 

C'est pourquoi il vaudrait la peine de s'appliquer au moins brièvement à la question, et il semble assez curieux de voir combien de catholiques attachés à l'orthodoxie continuent à contester François sans se demander s'il est canoniquement le pape, et donc s'il est ou non assisté par le Saint-Esprit.

 

Après tout, certains indices permettant de douter sont apparus : Benoît XVI lui-même, dans le livre d'entretiens de Peter Seewald "Dernières Conversations" (Fayard 2016, p. 35), a écrit quelque chose de très clair sur sa propre démission présumée :

"Après mille années sans qu'aucun pape se soit retiré et alors que le cas était déjà exceptionnel au cours du premier millénaire, c'est une décision que l'on ne prend pas aisément et que l'on est bien obligé de tourner et retourner dans sa tête".

 

Or, étant donné qu'au cours du premier millénaire, six papes ont démissionné et qu'au cours du deuxième millénaire, quatre l'ont fait, Ratzinger ne peut se référer qu'aux très rares papes qui, au cours du premier millénaire, chassés par les antipapes, n'ont été contraints de renoncer uniquement à leurs fonctions pratiques, le ministerium, restant papes à part entière, comme ce fut le cas de Benoît VIII. De plus, selon la Declaratio de 2013, Benoît XVI conserve toujours le munus petrino, le titre de pape. Par conséquent, si, comme le dit le livre de Seewald, il n'a démissionné qu'en ce qui concerne les fonctions pratiques, il n'a pas abdiqué et il n'y a qu'un pape : lui. ICI

 

Nous avons déjà reconstitué l'hypothèse, émise par divers auteurs, selon laquelle tout ceci a pu être fait exprès, ICI.

 

Il semble que ces démissions prennent l'eau de partout : pratiquement tous les aspects canoniques qui auraient pu les invalider ont été évoqués et, certes, Benoît XVI dans ses dernières années en tant que "pape émérite" n'a pas aidé à clarifier les choses, déclarant toujours : "il n'y a qu'un pape", sans jamais préciser son nom, malgré le forcing de la presse mainstream (NDT : en anglais dans le texte) ICI.

 

Nous avions demandé des éclaircissements à 20 canonistes de la Rote romaine, mais aucun d'entre eux n'a répondu. ICI Un signe peu encourageant.

 

Enfin, un expert en droit canonique a accepté de répondre à certaines questions. Il est l'avocat Francesco Patruno, docteur en sciences canoniques et ecclésiastiques, auteur de plusieurs publications dans le domaine juridique.

 

D. Maître, parlons tout d'abord de ces étranges erreurs de latin dans la Declaratio, déjà identifiées par d'éminents philologues, en 2013. Trois ans plus tard, Ratzinger a déclaré au Corriere qu'il avait écrit la Declaratio en latin en une quinzaine de jours parce qu'il connaissait parfaitement cette langue et qu'il avait peur de faire des erreurs. ICI Si cela ne suffisait pas, le document a également passé l'examen du Secrétariat d'État. ICI Ces erreurs font-elles en sorte que la Declaratio di rinuncia écrite n'est pas "rite manifestetur", c'est à dire dûment manifestée ?

R. "Le "rite manifestetur" du can. 332 § 2 C.I.C., à mon avis, n'est pas destiné à se référer à la circonstance qu'une déclaration de renonciation est manifestée sans aucune erreur syntaxique ou grammaticale : la canonologie, en effet, l'a toujours compris dans le sens que la décision grave prise par un Pape doit être manifestée, dûment extériorisée de sorte que, du point de vue du droit, elle soit potentiellement connaissable par l'Église, afin de pouvoir déterminer la vacance du Siège Apostolique et, par conséquent, le début de la procédure pour l'élection d'un successeur dans la fonction. En bref, pour que la renonciation soit valide, elle ne doit pas être formalisée d'une certaine manière : l'important est qu'elle soit extériorisée et que la modalité convienne à cet effet.

Je ne sais pas si la présence d'erreurs grammaticales ou syntaxiques est de nature à suggérer un manque de clarté. Peut-être devrais-je penser qu'un sujet a pu écrire sur un coup de tête, sans relire et réviser la forme. Si, toutefois, le manque de lucidité du sujet était prouvé - ce qui est très difficile à prouver - on pourrait, à mon avis, reconnaître un défaut de liberté interne du déclarant, entraînant la nullité de son acte".

 

D. Donc, à tout le moins, ces erreurs pourraient avoir été insérées juste pour attirer l'attention sur les aspects juridiques du document. En entrant dans le détail, que pensez-vous de la question débattue sur l'inversion entre la renonciation au ministerium, (exercice pratique) plutôt qu'au munus (titre divin) ?

R. "Peut-être qu'avec d'autres arguments, cela peut prendre de l'importance, bien que pour moi ce ne soit pas décisif. Les deux termes ont parfois été utilisés comme synonymes et peut-être Ratzinger a-t-il utilisé l'un ou l'autre pour éviter les répétitions. Personnellement, plutôt que de parler de ministerium et de munus, je préfère parler de papauté active et passive, en utilisant la même terminologie que celle utilisée par Benoît XVI lors de sa dernière audience générale en février 2013".

 

D. Et le fait que Benoît écrive "Je déclare que je renonce", au lieu de "Je renonce", a-t-il une quelconque signification juridique ?

R. "Je pourrais faire remarquer que dire "je déclare que je renonce" est une simple annonce, tandis qu'utiliser l'expression "je renonce" est la concrétisation de ce qui a été annoncé. Dans le jargon des juristes, on trouve parfois de telles subtilités dans les actes lorsqu'on lit "Tizio a l'intention de proposer, car il propose" ou "Caio déclare accepter, car il accepte ...." ou d'autres expressions similaires, précisément pour éviter qu'une annonce reste en tant que telle sans effet.

 

D. Mais le nœud que vous contestez - comme le théologien Carlo Maria Pace - est avant tout l'ajournement de la renonciation. ICI En fait, le 11 février 2013, Benoît XVI a déclaré que sa démission prendrait effet le 28 février, à partir de 20 heures.

R. "Ma position - en tant que juriste et non en tant que théologien - est que l'acte de renonciation, ainsi que l'acceptation de la papauté, appartiennent au groupe des actes dits juridiques purs, c'est-à-dire à cette catégorie d'actes qui n'admettent pas l'apposition d'un terme et/ou d'une condition. En bref, il s'agit d'actes qui prennent effet immédiatement et ne tolèrent aucun report à un moment futur déterminé ou à la survenue d'événements futurs et incertains. Un cardinal qui accepte l'élection papale ne peut pas dire "J'accepte l'élection, mais elle prendra effet dans trente jours" ou à partir d'une certaine date. De même pour la "renonciation".

 

D. Aussi l'institution de PAPE ÉMÉRITE, selon vous, n'a aucune raison d'exister, pourquoi ?

R. "Je ne suis pas le seul à le dire, mais aussi des canonistes qui font beaucoup plus autorité que moi. Je pense - pour ne citer que quelques noms - aux professeurs Carlo Fantappiè de l'Université de Roma Tre et Geraldina Boni de l'Université de Bologne qui, dans leurs écrits, ont souligné à plusieurs reprises comment l'institution de l'émérite ne peut s'appliquer au pape. Même l'éminent professeur Francesco Margiotta Broglio, professeur émérite de droit ecclésiastique, interviewé par Radio Radicale au début de l'année dernière, a mis en évidence cette "confusion", soulignant que "cette histoire de pape émérite n'est pas envisagée par les canons sacrés, qui prévoient des évêques émérites, pas des papes. Et la deuxième erreur est de les avoir mis tous les deux dans l'enceinte du Vatican : si l'un était allé à Castel Gandolfo et l'autre au Vatican, c'était différent, mais à moins d'un kilomètre de distance, c'était une erreur fondamentale'".

 

D. Ces démissions confuses peuvent-elles être considérées comme douteuses et donc invalides ?

R. "Je me réfère au can. 124 - §1 : 'Pour qu'acte juridique soit valide, il est requis qu'il soit posé par une personne capable, qu'i réunisse les éléments constitutifs qui lui sont essentiels et que soient respectées les formalités et exigences imposées par le droit pour sa validité'. Cependant, si la renonciation est douteuse ou partielle - comme dans le cas de Benoît XVI (je parle de renonciation partielle parce qu'il s'est réservé certains aspects de la fonction papale) - elle est sans aucun doute invalide, puisque la fonction papale, par sa nature même, n'est pas divisible. C'est un "paquet" que l'on accepte ou rejette tel quel, puisqu'on ne peut pas dire "je renonce à cette faculté, mais je conserve cette autre". Soit on renonce entièrement, soit on ne renonce pas. Les renonciations partielles ne sont pas concevables. Il est certain, cependant, que le sujet doit encore être étudié et approfondi par les canonistes et les historiens".

 

D. Benoît XVI pourrait-il légitimement continuer à porter la soutane blanche, à vivre au Vatican, à utiliser le pluriel de majesté, à signer P.P.-Pater Patrum, à donner la bénédiction apostolique ? Déjà le cardinal Pell a exprimé diverses perplexités à propos de cela ICI . Pourquoi fait-il cela ?

R. "Parce qu'il a retenu certaines facultés, alors qu'il ne le pouvait pas. Cela rend le renonciation partielle et, par conséquent, douteuse et, par conséquent, invalide. Bien sûr, il y a eu des cas dans l'histoire de l'Église de papes renonçants qui, même après la renonciation, ont conservé certaines prérogatives particulières (par exemple, l'utilisation de l'anneau du pêcheur, le parapluie papal, etc.) Je pense aux cas de Grégoire XII ou de l'antipape Félix V. Mais il s'agissait de concessions accordées soit par le Conseil (de Constance, dans le cas de Grégoire XII), soit par un pape (de Nicolas V, dans le cas de l'antipape Félix). Et de toute façon, même dans ces cas, on ne conservait ni la soutane papale, ni le nom du pape, ni aucune autre appellation susceptible de prêter à confusion, puisqu'il était clair qui devait être le pape et que ceux qui avaient renoncé ne pouvaient plus être le pape".

 

D. Donc, en substance, vous niez que le Pape Ratzinger a validement renoncé à la papauté, vous pensez cependant qu'il l'a fait inconsciemment, donc lui demander son avis serait inutile ?

R. "En substance, oui, je crois que la renonciation de Benoît XVI présente de nombreuses questions critiques d'un point de vue juridique. Après tout, c'est un théologien, pas un juriste ou un canoniste, il est donc plus que naturel qu'il ait une mentalité différente. D'autre part, je ne pense pas qu'il soit utile de lui demander son avis, notamment parce que les papes, lorsqu'ils se sont prononcés sur leur propre légitimité ou celle des autres, se sont toujours trompés. Par exemple, Martin V se considérait comme le successeur de Jean XXIII Cossa, qui était en fait un antipape, et il considérait au contraire Grégoire XII - le pape légitime - comme "l'antipape".

 

D. Ne vous semble-t-il pas que, statistiquement, ces critiques juridiques sont un peu trop nombreuses, combinées aux déclarations du pape Ratzinger qui, en huit ans, n'a jamais apporté la moindre certitude quant à l'identité du pape ?

R. "Il est plausible, en parlant en tant que croyant, qu'il y ait une sorte d''intelligence' derrière tout cela visant à rendre la démission de Benoît XVI invalide. Je ne suis pas en mesure de dire si cette stratégie relève du pur hasard, de l'esprit de Benoît XVI, ou d'une forme d'"intelligence supérieure". Je laisse à d'autres le soin de l'évaluer".

 

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