Écrit par Andrea Cionci (31/05/2022) - Traduction française autorisée: père Walter Covens
Primum vivere, deinde philosophari disaient les Latins, c’est-à-dire : on pense d’abord aux choses concrètes, puis aux spéculations de la pensée philosophique. Dans le domaine des tradi-sédévacantistes ou chez les partisans de l'erreur substantielle, il semble cependant que cette maxime ne soit pas prise en grande considération.
La Declaratio du Pape Benoît
En fait, les questions posées par l'auteur aux partisans de cette théorie, qui fleurit surtout aux États-Unis, selon laquelle Benoît XVI a fait une Declaratio qui, en tant que renonciation à la papauté, n'était pas valide, mais cela parce qu'il avait prétendument une conception moderniste de la papauté, et croyait qu'elle pouvait légitimement être divisée en deux offices, l'un actif et l'autre contemplatif, restent constamment sans réponse.
Maintenant, en admettant que nous soyons tous d'accord sur le fait que la Declaratio ne peut pas être une renonciation valide, l'écrivain les a mis dans au moins 4 articles + une interview sous-titrée.
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La preuve en est que Benoît, mis à l'écart par les puissances mondialistes et la faction moderniste de l'Église qui soutenait Bergoglio, n'a pas du tout abdiqué en 2013, mais a "mis à l'épreuve" ses ennemis par une déclaration franche et sincère dans laquelle, renonçant à l'exercice du pouvoir, il s'est retiré in sede impedita, un statut canonique où le pape est prisonnier et incapable de communiquer librement. Ainsi, il est resté le pape à toutes fins utiles, bien que contemplatif et privé du pouvoir de gouverner, et ses ennemis, aveuglés par la soif de pouvoir, saisissant le premier acte qui parlait de "renonciation", sont devenus schismatiques et se sont invalidés en convoquant un conclave nul avec un pape qui n'est pas mort et qui n'a pas non plus abdiqué.
Le mystère de la double papauté
Ainsi, le mystère de la double papauté est révélé : "une sorte de ministère élarg!" entre deux papes, oui, mais dont l'un est légitime-contemplatif (Benoît XVI) et l'autre illégitime-actif (Bergoglio). Pour se distinguer de l'antipape, Benoît XVI est donc "l'émérite", non pas "le pape retraité" (canoniquement impossible et, en fait, inexistant), mais "celui qui mérite", qui "a le droit" d'être pape, du verbe emereo.
Or, cette réalité est explicitée par l'auteur de la Declaratio lui-même dans des dizaines et des dizaines de messages qu'il a parsemés pendant 9 années de lettres, d'interviews et de livres. C'est ce que nous avons appelé le "Ratzinger Code", un style de communication qui reproduit totalement celui de Jésus avec ses ennemis et qui est destiné à ceux qui "ont des oreilles pour entendre". Il y a des phrases si évidentes qu'elles ne nécessitent même pas une grande réflexion. Ou des gestes frappants comme la bénédiction apostolique, donnée par Benoît XVI encore en février, qui est la prérogative exclusive du pape régnant. S'il répète depuis neuf ans qu'il n'y a qu'un seul pape, il n'explique qui est ce pape et donne ensuite la bénédiction apostolique qui ne peut être donnée que par le pape régnant... Cela devrait nous amener à réfléchir.
Cette "encyclopédie des preuves" est le sujet du livre-enquête de l'écrivain "Codice Ratzinger" éditeur ByoBlu, qui vient de paraître : 400 exemplaires ont déjà été commandés en 4 jours.
Mais non : c'est peine perdue. Les partisans de l'erreur substantielle continuent de faire appel à des écrits pléistocènes des connaissances de Ratzinger qui semblent faire allusion à un effondrement de la papauté. L'un de ces "documents probants" serait la thèse d'un certain Miller dans laquelle sont citées quelques phrases de Ratzinger dans lesquelles il laisse entrevoir la possibilité d'un nouvel usage du ministerium, c'est-à-dire l'exercice pratique du pouvoir du pape, détenteur du munus, le titre divin. Bien sûr, bien sûr : il y a eu des papes sédentaires comme Pie XII et des papes voyageurs comme Jean-Paul II, et il y a eu des papes comme Benoît XVI qui ont même suspendu l'exercice du ministerium en y renonçant pour se retirer in sede impedita. Où lit-on la possibilité de deux papes légitimes avec deux munus ? Nulle part il n'est question d'un effondrement du munus de la papauté ou de son renouvellement. Cela en dit déjà long sur la mesure dans laquelle de tels écrits du passé peuvent être compris.
Le Ratzinger Code
Mais l'erreur est surtout de méthode : face à l'évidence flagrante du Ratzinger Code, où Benoît XVI répète sur tous les tons qu'il est empêché et que Bergoglio est le pape illégitime, les tenants de l'erreur substantielle préfèrent décortiquer des écrits d'il y a des années et refusent systématiquement de répondre aux passages du Code que nous leur avons soumis. Confrontés au caractère concret et flagrant des messages d'un pape criant depuis sa captivité, ils préfèrent se perdre dans des tâtonnements philosophiques qui ne prêtent PAS LA MOINDRE ATTENTION à la question juridique canonique et communicative. C'est-à-dire que, même en supposant, de façon absurde, que le Pape Benoît avait eu des idées étranges sur la papauté, lorsqu'il s'avère que la renonciation est canoniquement invalide et qu'il explique dans une myriade de messages qu'il l'a fait exprès afin de se retirer in sede impedita, vous pouvez bien comprendre que toutes les fadaises philosophiques doivent céder. C'est une question de méthode.
Je me réfère souvent au cas de Jeremiah Denton, ce prisonnier américain qui, en clignant des paupières, a épelé le mot "torture" en morse en récitant un discours devant les caméras imposées par ses tortionnaires. Quelqu'un de la marine américaine a vérifié que ces clignotements correspondaient au code morse et au mot torture. Les tenants de l'eurreur substantielle, dans ce cas, se seraient penchés sur les dossiers médicaux de Denton, déterrant un épisode au cours duquel il avait eu, à l'âge de 12 ans, une conjonctivite : "Là, vous voyez ? Ce clignement étrange est dû au fait qu'il avait souffert d'une conjonctivite dans son enfance, nous avons donc affaire à une "récidive".
Et ils refusent d'écouter cet officier qui, en criant, explique : "Mais bon Dieu, allez-vous prendre la peine de vérifier ? Ce qui ressemble à un clignotement aléatoire pour vous est un code morse précis !". Mais non : plus l'agent crie et bat le décodage sous leur nez, plus ils insistent sur les antécédents adolescents de Denton, et refusent de vérifier.
Galileo Galilei le soutenait
Exactement comme Galilée l'a dit : "Que peut-on dire des philosophes les plus célèbres de cette étude, qui, remplis de l'obstination de l'aspic, malgré le fait que plus de mille fois je leur ai offert ma volonté, n'ont voulu voir ni les planètes, ni la lune, ni le télescope ?" Vous avez peur de l'évidence, de la vérité, vous avez peur de regarder dans le télescope, car si vous y mettez l'œil, vous VOYEZ et vous devez alors admettre que vous aviez tort.
Exactement 400 ans se sont écoulés depuis le procès du scientifique, mais rien n'a changé. Et c'est précisément un professeur de philosophie d'un lycée italien qui a récemment publié un gros livre pour prouver que Ratzinger "était un moderniste et a donc commis une erreur substantielle". Pourtant, il était continuellement informé des nouvelles découvertes du Ratzinger Code, auxquelles il n'a jamais répondu. Une sacrée responsabilité historique.
Franchement, on peut aussi nourrir quelques doutes sur la capacité à comprendre la théologie de Ratzinger de la part de ceux qui, face à une énigme élémentaire qui dure depuis neuf ans telle que "il n'y a qu'un seul pape" (sans dire de nom), ne se sont pas posé une seule question. Une énigme à la portée d'un enfant de huit ans, comme nous l'avons déjà illustré. Et attendez-vous de ces philosophes qu'ils aient tout compris de la théologie de Ratzinger ? Certains d'entre eux prétendent que Benoît XVI faisait un clin d'œil au Nouvel Ordre Mondial maçonnique en citant un discours de Noël 2005 dans lequel, pourtant, le pape Benoît XVI a déclaré que le seul Nouvel Ordre Mondial souhaitable est celui qui prend l'enfant Jésus par la main. Comprenez-vous le niveau de déformation totale de la réalité ?
Mais justement, même si le "théologien bavarois", comme on l'appelle avec mépris, avait cru de manière absurde aux OVNIS et aux extraterrestres qui nous ont créés en inséminant des singes, cela n'invalide en rien la question juridique : l'invalidité de la renonciation et sa pleine conscience en annonçant un Siège empêché et donc l'anti-papauté de Bergoglio. Vous avez compris ? L'approche théologique de Benoît XVI n'a rien à voir avec l'aspect canonico-juridique et le Code.
Personne après Pie XII
Et c'est là qu'interviennent - à tort - les sédévacantistes pour qui aucun pape n'est valide après Pie XII. Ils décident quels papes sont valides : selon eux, le Christ aurait laissé l'Église sans vicaire pendant au moins 70 ans. Mais bon, admettons-le : parce que "Benoît XVI est un moderniste et croit aux OVNIS", il n'est pas un pape légitime. Mais ils utilisent cette hypothèse pour éluder la question une fois de plus. Au lieu de cela, s'ils étaient intellectuellement honnêtes, ils devraient encore admettre que "l'antipape moderniste Benoît XVI" a fait schisme avec l'antipape ultra-moderniste François en se retirant in sede impedita.
En effet, l'aspect canonico-juridique tiendrait même dans une structure dirigée par un monsieur habillé en blanc qu'ils ne reconnaissent pas comme pape. Et la langue et la logique italiennes ne sont pas diminuées dans leur sens si c'est un pape ou un anti-pape qui les utilise. "L'antipape Benoît XVI", lorsqu'il écrit de telles choses, montre explicitement qu'il est parfaitement conscient de s'être replié en un "siège antipapal empêché".
Ainsi, comme vous le voyez, nous sommes confrontés à des stratégies de contournement d'une évidence flagrante qui manquent totalement de correction scientifique.
De plus, les arguments de ces philosophes, dans de nombreux cas, veulent soit lire des choses que Ratzinger n'a jamais écrites, soit ils n'ont pas compris ce qu'il prépare depuis des décennies.
Premier exemple : certains disent que Benoît a menti en faisant des cartes. Sodano que le troisième secret de Fatima faisait référence à la tentative d'assassinat de Jean-Paul II. Allez vérifier le communiqué de l'époque.
Le troisième secret de Fatima
Benoît XVI dit que "pour les petits bergers", l'évêque vêtu de blanc était le pape. Point. "Pour les petits bergers" : c'est ce qu'ils pensaient, mais ils pourraient bien se tromper. Puis il dit, dans une autre phrase, que Jean-Paul II a fait don de la balle à Notre Dame de Fatima. Point. Et alors ? Lisez-vous une phrase comme : "le troisième secret de Fatima fait référence à la tentative d'assassinat de Jean-Paul II" ? NON.
Sodano-Ratzinger ajoute : "Bien que les situations auxquelles fait référence la troisième partie du secret de Fatima semblent désormais appartenir au passé, l’appel de la Vierge de Fatima à la conversion et à la pénitence, lancé au début du vingtième siècle, demeure encore aujourd’hui d’une ACTUALITÉ STIMULANTE. ". Ainsi, Ratzinger disait que malgré les apparences, le Troisième Secret n'avait pas du tout été réalisé, malgré ce que pensait Sœur Lucie et malgré la dédicace de la balle à Notre Dame de Fatima.
Pourtant, certains disent que Ratzinger a "menti" au sujet du Troisième Secret. Mais chacun veut lire ses mots comme ils lui conviennent. Le psaume 56 me vient à l'esprit :
"Ils tordent mes paroles tout le jour,
tous leurs plans à mon sujet sont mauvais".
Pour comprendre Ratzinger, il faut être germaniquement précis et éclairé par la raison, notamment en faisant attention à ce qu'il ne DIT PAS. Un exemple de ce style est la Declaratio elle-même, où il n'a jamais dit, en latin, qu'il abdiquerait.
D'autres de ses mesures, contestées par les traditionalistes, ne peuvent être comprises qu'a posteriori. Un exemple : lorsqu'il a été élu pape, Benoît XVI a retiré la tiare des armoiries papales et l'a remplacée par une mitre épiscopale. Les modernistes se sont réjouis (et ont chanté) : "Bien, la synodalité, le pape évêque primus inter pares", etc. Les traditionalistes leur ont apporté le diable, sous le coup de la colère : "Mais comment ! La tiare papale ! Le signe de la souveraineté du pape qui est utilisé depuis des siècles, etc.".
Aujourd'hui, avec le recul, on comprend que si Benoît avait pris la tiare, puis s'était retiré au siège "émérite" (comme il prévoyait de le faire depuis des décennies), il aurait alors été contraint de la SUPPRIMER des armoiries, donnant ainsi un signe explicite d'abandon de sa souveraineté. Au lieu de cela, avec une mitre d'évêque inoffensive, un profil bas parfait, il a pu dire en 2017 au cardinal di Montezemolo qui proposait un nouveau blason "émérite" : " Non, merci, je préfère ne pas changer mon blason". Vous avez compris ?
Du reste, nous avons montré que, dès 1983, Ratzinger avait emprunté le système anti-usurpation munus/ministerium au droit dynastique allemand et qu'en 1992, dans l'article 675, "son" catéchisme parlait déjà d'un possible coup d'État anti-christique au sein de l'Église. C'est ce qui s'est produit ensuite. Il est donc absolument essentiel de considérer l'ultra-diplomatie et la planification à long terme du cardinal Ratzinger, ensuite pape.
C'est sur ce "territoire vierge" que l'auteur s'apprête à enquêter : le "Proto-Ratzinger Code", un langage essentiel et subtil qui lui a permis de survivre pendant des décennies parmi les loups et de ne témoigner de la vérité qu'à ceux qui avaient des oreilles pour entendre.
Doucement, donc, avec des jugements tranchants sur le vrai pape et attention aux diétrologies philosophiques. Nous avons ici des quadragénaires diplômés en technique d'élevage qui traitent l'un des plus grands intellectuels du 20ème siècle et Vicaire du Christ de lâche et de "pire pape de tous les temps". Faites attention, pour l'amour du ciel. Et surtout, veuillez répondre aux questions qui vous sont posées au sujet du Ratzinger Code.