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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Orientation pastorale des évêques et des vicaires généraux de la Province Ecclésiastique des Antilles et de la Guyane : clarification vraiment ? (Suite)

Publié par dominicanus sur 24 Janvier 2024, 05:14am

 

Revue Thomiste
Fiducia supplicans face au sens de la foi - Emmanuel Perrier

 

Dans un premier article, j'ai voulu mettre le doigt sur un "malentendu" concernant l'.

 

Je voudrais maintenant attirer l'attention du lecteur sur l'affirmation pour le moins contestable selon laquelle

Tout homme, toute femme a droit à la bénédiction de Dieu.

Pour appuyer leurs dires, les auteurs citent Rm 12, 14 :

Bénissez, ne maudissez pas.

mais en escamotant le passage :

Bénissez ceux qui vous persécutent ; souhaitez-leur du bien, et non pas du mal.

 

Saint Paul ne parle pas ici de la bénédiction d'un prêtre, mais de la bénédiction de tout chrétien qui consiste à "souhaiter du bien, et non pas du mal", même à ses ennemis.

 

 Au verset 9 du même chapitre il avait dit :

Que votre amour soit sans hypocrisie. Fuyez le mal avec horreur, attachez-vous au bien.

 

Il nous enseigne que les relations homosexuelles sont un mal qu'il s'agit de fuir "avec horreur".

 

Au premier chapitre de la même lettre il fustige sévèrement les auteurs de telles actions :

24 Voilà pourquoi, à cause des convoitises de leurs cœurs, Dieu les a livrés à l’impureté, de sorte qu’ils déshonorent eux-mêmes leur corps.

25 Ils ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge ; ils ont vénéré la création et lui ont rendu un culte plutôt qu’à son Créateur, lui qui est béni éternellement. Amen.

26 C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions déshonorantes. Chez eux, les femmes ont échangé les rapports naturels pour des rapports contre nature.

27 De même, les hommes ont abandonné les rapports naturels avec les femmes pour brûler de désir les uns pour les autres ; les hommes font avec les hommes des choses infâmes, et ils reçoivent en retour dans leur propre personne le salaire dû à leur égarement.

28 Et comme ils n’ont pas jugé bon de garder la vraie connaissance de Dieu, Dieu les a livrés à une façon de penser dépourvue de jugement. Ils font ce qui est inconvenant ;

29 ils sont remplis de toutes sortes d’injustice, de perversité, de soif de posséder, de méchanceté, ne respirant que jalousie, meurtre, rivalité, ruse, dépravation ; ils sont détracteurs,

30 médisants, ennemis de Dieu, insolents, orgueilleux, fanfarons, ingénieux à faire le mal, révoltés contre leurs parents ;

31 ils sont sans intelligence, sans loyauté, sans affection, sans pitié.

32 Ils savent bien que, d’après le juste décret de Dieu, ceux qui font de telles choses méritent la mort ; et eux, non seulement ils les font, mais encore ils approuvent ceux qui les font.

 

Or, qu'on le veuille ou non, bénir, c'est approuver comme venant de Dieu

Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. (Eph 1, 3)

 

Selon le Catéchisme de l'Église Catholique :

Bénir est une action divine qui donne la vie et dont le Père est la source. Sa bénédiction est à la fois parole et don (bene-dictio, eu-logia). Appliquée à l’homme, ce terme signifiera l’adoration et la remise à son Créateur dans l’action de grâce." (1078)

On comprend alors la double dimension de la Liturgie chrétienne comme réponse de foi et d’amour aux "bénédictions spirituelles" dont le Père nous gratifie. D’une part, l’Église, unie à son Seigneur et "sous l’action de l’Esprit Saint" (Lc 10, 21), bénit le Père "pour son Don ineffable" (2 Co 9, 15) par l’adoration, la louange et l’action de grâces. D’autre part, et jusqu’à la consommation du Dessein de Dieu, l’Église ne cesse d’offrir au Père "l’offrande de ses propres dons" et de l’implorer d’envoyer l’Esprit Saint sur celle-ci, sur elle-même, sur les fidèles et sur le monde entier, afin que par la communion à la mort et à la résurrection du Christ-Prêtre et par la puissance de l’Esprit, ces bénédictions divines portent des fruits de vie "à la louange de gloire de sa grâce " (Ep 1, 6). (1083)

 

 

Pour compléter, voici quelques extraits de l'excellent article du frère Emmanuel Perrier o.p. qui vient de paraître dans la Revue Thomiste, et que je vous invite instamment à lire attentivement et en entier1 :

 

Il s'ensuit que :

Chacun est appelé à bénir Dieu et à l’appeler pour obtenir ses bénédictions. L’Église fait de même et intercède pour ses enfants. Mais entre un croyant individuel et l’Église, le sujet qui agit n’est pas de même nature, et cette différence a des conséquences importantes lorsqu’on envisage l’action de bénir. En leur racine, les bénédictions ecclésiales — et nous entendons par là les bénédictions de l’Église elle-même — émanent de la mystérieuse et indéfectible unité qui la constitue dans son être...

Il en résulte que les bénédictions ecclésiales sont de soi une œuvre sacrée. On peut même dire qu’elles forment l’essence de la liturgie chrétienne, comme en témoignent les sources historiques...

La Didachè est un témoin remarquable de cela. Plus largement, en étudiant les prières eucharistiques les plus anciennes, Louis Bouyer avait montré qu’elles avaient toutes la forme de bénédictions, inspirée du schéma hérité du judaïsme (cf. L. Bouyer, Eucharistie, Paris, 1990). De même, les premières défenses des bénédictions ecclésiales les présentent comme liturgiques. Cf. Saint Ambroise, De patr., II, 7 (CSEL 32,2, p. 128) : « benedictio [est] sanctificationis et gratiarum votiva conlatio ». Saint Augustin, Ep. 179, 4. Synodales des conciles de Carthage et de Milev de 416 (cf. Augustin, Ep 175 et 176)...

Dieu est la source de toute bénédiction et l’homme ne peut bénir au Nom de Dieu que de manière ministérielle. Le pouvoir de bénédiction concédé à Aaron et à ses fils (Nb 6, 22-27), puis aux apôtres (Mt 10, 12-13 ; Lc 10, 5-6) et aux ministres ordonnés est donc une concession assortie d’une exigence, celle de ne bénir au Nom de Dieu que ce que Dieu peut bénir. L’histoire de l’Église est là pour nous rappeler que l’usurpation par des prêtres de leur pouvoir de bénir a pour conséquence de défigurer durablement le visage de Dieu auprès des hommes. Cette gravité oblige donc à faire preuve de prudence dans la pastorale des bénédictions. De ce point de vue, la déclaration Fiducia supplicans a placé tant le Magistère que les pasteurs dans une situation intenable.

 

Conclusion

 

L'affirmation selon laquelle :

Les ministres de l'Église se doivent de bénir, sans condition préalable, toute personne qui demande individuellement une bénédiction spontanée

est donc erronée. Elle transformerait ces ministres en distributeurs automatiques de bénédictions comme de sacrements, et contredit la mission donnée par le Seigneur :

Recevez l’Esprit Saint.

À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. (Jn 20, 22-23)
 

Remettre ou maintenir : les ministres de l'Église se doivent plutôt de faire preuve de discernement, et de ne pas donner, sans condition préalable, une bénédiction qui ne peut être que liturgique.

 

 

 

1. La seule lacune de l'article est de nature canonique : la déclaration Fiducia Supplicans, ayant été proclamée par le préfet d'un "dicastère" créé par François du vivant de Benoît XVI, et donc alors qu'il était antipape, est nulle et non avenue. Je ne souscris pas à la conclusion de l'article :

Fiducia supplicans a eu lieu. Même en remontant plusieurs siècles en arrière (sic), ce document ne connaît pas d’équivalent. Le trouble dans le peuple de Dieu est arrivé et cela ne peut être défait. Il faut maintenant œuvrer pour réparer les dommages, et pour que leurs causes, dont celles que nous avons relevées, soient résorbées avant que la déflagration ne s’étende. Cela ne sera possible qu’en restant unis autour du Saint-Père et en priant pour l’unité de l’Église.

 

Cela ne sera, au contraire, possible qu'en souscrivant à l'initiative Sutri !

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