N.B.: Jürgen Moltmann vient de décéder.
DÉCÉDÉ À 98 ANS - Moltmann, le père des erreurs de la théologie contemporaine
Nous avons déjà vu le sens du mot eschata (derniers événements) et du mot parousie (présence, venue). Dans le Nouveau Testament, il désigne l'avènement du Seigneur Jésus à la fin des temps1.
Cette venue annoncée du Seigneur dans la gloire est le terme de l'eschatologie chrétienne. Il marquera sa victoire définitive sur le péché :
Le dernier ennemi qui sera anéanti, Et le dernier ennemi, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds. (1 Co 15, 26-27)
Ce sera la fin, c'est-à-dire l'achèvement définitif de l'oeuvre rédemptrice, de l'histoire du salut.
Peut-on parler avec Moltmann d'un "avenir du Christ2? De ce que nous avons vu à propos de la Providence, il résulte que ce n'est pas à proprement parler un avenir pour le Christ : la gloire qu'il a reçue définitivement à son exaltation ne recevra aucune augmentation, mais elle sera manifestée en tous les hommes, à ceux qui auront cru en lui et à ceux qui l'auront rejeté :
vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel.
Cette venue du Seigneur dans la gloire sera un événement pour l'Église par rapport au Christ : événement qui marquera la fin de l'histoire terrestre de l'Église.
Par contre, cet événement est l'extrême avenir de l'Église. En ce sens d'abord qu'il est pour elle dans l'avenir ; ensuite, qu'après cela il n'y aura plus d'histoire pour l'Église, mais l'épanouissement définitif et permanent de la vie qui est déjà en elle, mais encore croissante et fluctuante, soumise actuellement aux épreuves et aux changements de l'histoire.
On peut parfaitement dire avec les réformateurs que le Royaume de Dieu se trouve sub tectum et sub contrario3. Cela rejoint la grande idée paulinienne que le croyant est simultanément ici-bas crucifié avec le Christ et ressuscité avec le Christ, ce qui vaut d'abord de l'Église elle-même. Le "retard de la Parousie" qui, manifestement, a si fortement affecté les premières communautés chrétiennes, demeure, à toute époque, une épreuve et une tentation pour l'Église : épreuve de sa foi, car toutes les apparences sont contraires à la victoire du Christ qu'elle proclame (comme toutes les apparences étaient contraires, sur la croix, à la conscience que le Christ avait de sa filiation divine et de sa mission) ; une tentation : soit de s'installer dans ce monde où elle est contrainte de vivre son espérance, soit de s'en évader, alors qu'elle doit précisément être prête "à tout moment à présenter une défense devant quiconque" ... "demande de rendre raison de l’espérance" qui est en elle4.
C'est en parlant de sa "Parousie" que le Seigneur a dit :
Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges des cieux, pas même le Fils, mais seulement le Père, et lui seul. (Mt 24, 36 ; Mc 13, 32)
L'Église a reçu une mission :
Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. (Mt 28, 19-20)
Donc, présence invisible du Christ à son Église jusqu'à la fin du monde, laquelle sera marquée par la venue du Seigneur dans la gloire, sa "Parousie". En attendant, l'Église doit à la fois "être dans le monde" (De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.)5, et n'être pas "du monde" (Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde.)6
Elle vit dans l'attente de ce retour, tout en continuant à accomplir sa mission :
chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. (1 Co 11, 26)
Et celui qui donne ce témoignage déclare : « Oui, je viens sans tarder. » – Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! (Ap 22, 20)
1. Mt 24, 3.27.37.39 ; 1 Co 15, 23 ; 1 Th 2, 19 ; 3, 13 ; 4, 15 ; 2 Th 2, 1.8. ; 2 P 1, 16.
2. Théologie de l'espérance, ch. III.
3. "caché sous la croix et sous son contraire". (Moltmann, Théologie de l'espérance, p. 239.
4. 1 P 3, 15.
5. Jn 17, 18.
6. Jn 17, 16.