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Publié par dominicanus

 

by Br. Alexis Bugnolo
MARK MALLET’S RIDICULOUS ESCAPADE INTO THE CONTROVERSY OVER BENEDICT XVI’S PAPACY

Écrit par le Frère Alexis Bugnolo (17/09/2022) - Traduction française autorisée par Louis Lurton

 

 

Quand vous voyez qu'un blogueur a, sur l'en-tête de son blog, une photo mode et très classe de lui-même à côté d'un rocher qui porte étrangement le symbole de la Loge Maçonnique, vous devez vous intéresser à ce que cette personne écrit, à ses motivations.

 

Dans son article du 16 septembre, Mark Mallet est cet écrivain : intitulé "Qui est le vrai pape ?", il s'agit d'un tour de force d'erreur, de désinformation, de désorientation, de désinformation, de mensonges et de raisonnement tout simplement erroné.

 

En tant que frère franciscain, je n'ai aucun désir de prendre plaisir à réduire en miettes son petit gâteau, mais je dois défendre la vérité depuis Rome, une vérité que Mallet soit ignore totalement (peut-être parce qu'il ne sait pas lire le latin ou l'italien), soit qu'il veut totalement et intentionnellement faire passer au second plan (comme l'agenda maçonnique, bien sûr fasciné par Bergoglio).

 

Voici donc ce que je pense de Mark Mallet.

 

J'ai pris connaissance de son post par une interview donnée sur la chaîne YouTube "Mother & Refuge of the End Times".  - Il est absolument hilarant qu'une chaîne qui parle toujours de l'Apocalypse veuille tellement que nous acceptions Bergoglio - le Franc-maçon, l'Hérétique, l'Apostat, l'Usurpateur de la papauté et l'Idolâtre impénitent - comme Pape et Vicaire du Christ !

 

On pourrait penser que la ou les personnes à l'origine de la chaîne doivent être complètement cinglées, ou que les Francs-maçons ont eu l'intention d'une telle tromperie lorsqu'ils ont lancé leur chaîne, puisque cela semble tellement contradictoire avec l'ensemble de leur projet vidéo. Ce que je veux dire, c’est que si vous voulez que les catholiques se réfugient en Notre Dame dans les temps derniers, pourquoi diable leur diriez-vous de rester dans le bateau avec des gens comme Bergoglio, qui, s'il n'est pas le Faux Prophète, est clairement un excellent candidat pour ce titre.

 

 

 

 

Mais c'est ainsi. Jugez-en par vous-même.

 

Les arguments d'ouverture à eux seuls montrent que Mallet n'a pas utilisé la moindre parcelle de son esprit critique (je concéderai arguendo qu'il en a) ou sa capacité à faire des recherches historiques ou canoniques (je présume qu'il le peut) pour juste vérifier un instant s'il comprend ce dont il parle ou s’il connaît son sujet et quels sont les arguments de la partie adverse.

 

Je ne crois pas qu'il l'ait fait, parce que je ne peux pas expliquer comment il a pu ignorer les 6000 articles de FromRome.Info, dont beaucoup ont traduit en anglais la signification des textes latins et italiens importants (voir mon Index sur la renonciation du pape Benoît ici https://www.fromrome.info/2019/11/26/an-index-to-pope-benedicts-renunciation/ ) qui sont au cœur de cette controverse. Aussi, parce que je m'attendrais à ce qu'un chercheur écrive au moins à quelqu'un, comme Cionci ou moi-même, qui sommes les principaux experts de cette controverse à Rome. Il ne m'a pas écrit, et Mallet semble être totalement inconscient du corpus d'écrits de Cionci traduits ici sur FromRome.Info ou sur Sfero.it. (et sur Praedicatho en français)

 

 

Ad initium

 

Il commence son argumentation en accusant ses adversaires de "flirter avec le schisme" !

 

Je fais de l'apostolat sur Internet depuis 1992, et je trouve donc extrêmement boiteux que quelqu'un utilise un jargon aussi stupide. C'est encore plus malhonnête, car comme le sait déjà tout catholique qui a étudié les catéchismes de l'Église, le schisme n'est pas le pire des péchés. Mais pour les collectivistes, qu'ils soient communistes ou fascistes, et pour leur patron, la Loge Maçonnique, le schisme est le pire des péchés, car il signifie que vous n'êtes pas sous un système de contrôle ou au moins que vous risquez de vous libérer de leur système de contrôle.

 

Le schisme n'est pas comme le divorce. On ne flirte pas avec lui. Les grands schismes dans l'Église ont tous été guéris sur la base de l'acceptation de la vérité, et non par crainte de flirts. Les catholiques, dans la cause de la vérité, n'ont jamais craint d'être appelés schismatiques, car il est absurde de dire que quelqu'un qui tient à la vérité sur quoi que ce soit est en schisme par rapport à l'Église de Jésus-Christ qui est le Pilier et le Soutien de la Vérité !

 

L'utilisation par Mallet d'un tel jargon montre qu'il veut être chic, mais qu'il ne connaît vraiment rien à la théologie, à l'ecclésiologie ou au droit canon. Ne soyons donc pas surpris s'il se trompe à peu près sur tout le reste, après ce commentaire, qui est tellement Skojecesque.

 

Ce qui a poussé Mallet à écrire, c'est le récent article, en traduction anglaise, de celui paru sur le blog de Marco Tosatti la semaine dernière, sur Tyconius, que j'ai critiqué ICI. Un article qui, dans les commentaires au mien, a été démontré comme fatalement défectueux par l'avocat Acosta, puisque le pape Benoît XVI a explicitement dit que l'ecclésiologie de Tyconius n'est PAS catholique. Donc la vision de Tyconius de la grande discessio ne peut pas être une vision catholique. J'ai expliqué dans ma critique pourquoi elle ne peut pas l'être, anticipant la propre position du Pape Benoît XVI à l'heure actuelle, puisque je ne la connaissais pas au moment où j'ai écrit.

 

 

La mafia de Saint-Gall

 

C'est un tour de force (en français dans le texte) de désinformation que de discuter de ce groupe et de citer le livre du biographe du Cardinal Danneels en tant que preuve qu'aucune conspiration électorale n'a eu lieu, alors que le livre cité par tous les Vaticanistes qui l'ont discuté, admet clairement les faits clés pour trouver ce groupe coupable de falsification électorale en violation du n. 81 d'Universi Domini Gregis, dont résulte non seulement leur excommunication ipso facto mais aussi l'invalidité de l'élection. Dire, comme le fait Mallet, que nous ne devrions pas prêter attention à une telle interprétation parce que les membres de la Mafia de Saint-Gall ont nié une telle accusation, est un principe d'argumentation qui, s'il était adopté, exonèrerait tout criminel devant un tribunal à tout moment et dans tous les cas : ce principe est le suivant : si l'accusé nie l'accusation, il est innocent. Taisez-vous. Et arrêtez d'enquêter !

 

Enfin, M. Mallet, est-ce vraiment là votre position ?

 

Mais son ignorance va plus loin, car il écrit :

 

De plus, lors de l'élection du cardinal Jorge Bergoglio pour succéder à Benoît XVI, il y avait 115 cardinaux qui ont voté ce jour-là, bien plus nombreux que la poignée de ceux qui formaient vaguement cette "mafia". Suggérer que ces autres cardinaux ont été comme par malchance influencés comme des enfants impressionnables est un jugement sur leur fidélité au Christ et à Son Église (si ce n'est une légère insulte à leur intelligence).

 

Extraordinaire. Vraiment extraordinaire. La Loi Papale concernant les élections stipule qu'un Conclave est invalide si quelque chose est fait en contradiction avec elle. S'il est vrai qu'une conspiration entre quelque 26 cardinaux pour faire un premier vote impressionnant devait conduire directement à leur propre punition, l'excommunication qui s'ensuivrait rendrait le décompte de leurs votes dans le vote final décisif de 72-74 en faveur de Bergoglio comme non comptabilisable, et invaliderait donc toute l'élection. Il y a des tentatives pour éviter l'application du canon sur les votes à compter dans une élection ecclésiastique, au motif que la loi papale est sui generis, mais même si, pour les besoins du débat, ce canon ne s'appliquait pas à l'élection spéciale du Pontife Romain, néanmoins, puisque le droit canonique dit expressément qu'ils ne peuvent innover en rien, si un cardinal ou son complice (canon 1329 §2) est excommunié, il perd immédiatement le droit de vote parce qu'il perd immédiatement la dignité du Cardinalat (canon 1331 §2, n. 4), et vous ne pouvez pas suspendre le canon 1331 jusqu'après le conclave, puisqu'il n'y a aucune disposition pour la suspension de ses effets sur la base d’une loi particulière ou spéciale : c'est pourquoi, les voix de tous les complices et auteurs du démarchage électoral ont perdu la dignité du Cardinalat et n'ont donc pas pu voter. Que ces non-votes ne puissent pas être comptabilisés est un sequitur canonique qui ne peut être rationnellement contesté.

 

En outre, l'invalidité de l'élection est fondée sur d'autres motifs : le 5ème tour de scrutin, alors que seuls 4 tours sont autorisés, et, pire que tout, la convocation d'un conclave alors que l'actuel occupant de la Papauté n'est ni mort ni n’a légalement abdiqué. Le fait qu'il ait été convoqué est aussi une connivence de la Mafia de Saint-Gall.

 

 

La Declaratio

 

Mallet commence par de la désinformation, en disant : "Il y a des gens qui débattent du fait que le langage réel que le pape Benoît XVI a utilisé dans sa démission est seulement une renonciation à son ministère (ministerium) et non à son office (munus)." - Non, Mr Mallet. Tous parlent de cela. Mais ils ne débattent au sujet de ce fait, dont vous semblez prétendre qu'il n'existe pas, puisque vous citez la traduction anglaise de la Declaratio - une traduction qui n'a aucune valeur juridique ou canonique - Un côté dit qu’il n’y a aucune correspondance entre ce que Benoît XVI a dit et le Canon 332.2. L'autre côté ne débat de rien, il ne répond pas, tout simplement.  Ce qui rend toute la discussion unilatérale, mais n’en fait pas un débat.

 

Et le fait, Mr Mallet, que vous disiez que la controverse n'a aucun fondement dans le texte est tout simplement une dérobade puérile.

 

Vous ne pouvez pas non plus faire appel aux actions du Pape en tant que preuve que votre interprétation de ses intentions en utilisant le mauvais mot n'était pas erronée, parce que s'il voulait dire munus quand il a dit ministerium, le canon 332.2 rendrait la renonciation invalide pour deux raisons : erreur substantielle et absence de manifestation régulière.

 

Vous pouvez argumenter autant que vous voulez jusqu'à ce que vous ayez le visage bleu, mais vous ne pouvez pas contester le fait et la loi correspondante.

 

Ensuite, Mr Mallet cite ceci pour prouver sa position, même si cela prouve le contraire :

 

Il n'y a absolument aucun doute sur la validité de ma démission du ministère Pétrinien. La seule condition de la validité de ma démission est la liberté totale de ma décision. Les spéculations concernant sa validité sont tout simplement absurdes... [Mon] dernier et ultime travail [est] de soutenir le pontificat [du Pape François] par la prière.26 février 2014 ; vaticannews.va 

 

Mallet lit cette déclaration comme si elle disait : "Il n'y a absolument aucun doute concernant la validité de ma renonciation au munus Pétrinien."

 

Qu'il ne se rende pas compte de ce qu'il fait, un lecteur moins respectueux pourrait supposer que c'est dû à un contrôle de la conscience ou à un blocage psychologique profond. Je détesterais insinuer quoi que ce soit de ce genre : je vais simplement le traiter de menteur et de fraudeur. Après 9 ans de controverse, cette erreur ne peut plus être pardonnée.

 

Que le Saint-Père ait consciemment choisi de renoncer au ministère et non au munus, il le dit très bien dans la citation faite par Mallet, qui suit :

 

Ce fut une décision difficile, mais je l'ai prise en pleine conscience, et je crois avoir bien fait. Certains de mes amis un peu "fanatiques" sont encore fâchés, ils n'ont pas voulu accepter mon choix. Je pense aux théories du complot qui ont suivi : ceux qui ont dit que c'était à cause du scandale Vatileaks, ceux qui ont dit que c'était à cause du cas du théologien conservateur lefebvriste Richard Williamson. Ils ne voulaient pas croire que c'était une décision consciente, mais ma conscience est claire. - 28 février 2021 ; vaticannews.va

 

Mais encore une fois, cela n'a rien à voir avec le fait qu'il a renoncé au ministère et non au munus.

 

En fait, en italien, renoncer au ministère plutôt qu'au munus, est ce qui fait la différence entre dire, Ho fatto le mie dismissioni, et Ho abdicato. C'est-à-dire, j'ai démissionné, vs, j'ai abdiqué.

 

Le Saint-Père est donc parfaitement cohérent. Son esprit est vraiment très clair. Je dois peut-être admettre que celui de Mallet ne l'est pas.

 

Vous pouvez lire le reste des gribouillages de Mallet ICI car je ne m'embêterai pas, ayant déjà prouvé tout cela.

 

La papauté est une monarchie. Comme le dit Saint Alphonse dans l'interprétation des lois, quand un monarque n'utilise pas le mot qui signifie ce que vous voulez tenir pour le sens du texte, vous devez avoir recours à lui pour le changer par décret écrit, sinon, votre interprétation n'est pas authentique, et elle ne lie personne.

 

Affaire classée.

 

L'élection du Pape François était-elle invalide ?

 Publié le lundi 26 novembre 2018

 Auteur / source : Mark Mallett

 

Un groupe de cardinaux connu sous le nom de « mafia de Saint-Gall » a apparemment voulu que Jorge Bergoglio soit élu pour faire avancer leur programme moderniste. L'information concernant ce groupe a émergé il y a quelques années et a conduit certains à continuer de prétendre que l'élection du Pape François est, par conséquent, invalide.

Dix réponses à cette allégation

1. Pas un seul cardinal "conservateur", y compris les cardinaux Francis Arinze, Robert Sarah [1], ou Raymond Burke, [2] n'a même insinué que le Conclave fût invalide du fait de l'ingérence d'un tel groupe. Au contraire, ils ont réaffirmé leur allégeance au Pape François malgré tous les différends qu'ils peuvent avoir.

2. Le Pape Émérite Benoît XVI, plus que quiconque, interviendrait certainement d'une manière ou d'une autre s'il soupçonnait lui aussi qu'un anti-pape avait pris sa place. Mais il a toujours réaffirmé sa solidarité avec François et la validité absolue de sa démission. [3]

3. Les cardinaux qui participent à un Conclave prêtent serment de discrétion sous peine d'excommunication. Personne ne sait ce qui s'y est passé (ou du moins personne ne le devrait). Aussi, le fait de prétendre que certaines personnes de l'extérieur puissent détenir des informations "confidentielles" selon lesquelles le conclave aurait enfreint les règles n'est, à mon sens, rien d'autre que de la spéculation imprudente.

4. Cela importerait peu que le diable lui-même puisse avoir proposé Jorge Bergoglio comme "son candidat". Une fois que le nouveau pontife a été élevé à l'Office Pétrinien, lui seul détient les clés du Royaume et tombe sous les promesses pétriniennes du Christ. Autrement dit, le Christ est plus fort que Satan et peut faire en sorte que tout concoure au bien de Son Église. Rien n'est impossible à Dieu — malgré les "caprices personnels" de tel ou tel pape.

5. La rumeur selon laquelle le "groupe de Saint-Gall", ou "mafia" (tels que se nommaient certains de ses membres) aurait fait pression pour faire élire François d'une manière illégale avant le conclave, a été clarifiée par les biographes du Cardinal Godfried Danneels (l'un des membres du groupe) qui avait initialement insinué cela. En réalité, ont-ils déclaré, « l'élection de Bergoglio correspondait au but poursuivi par Saint-Gall, ça ne fait aucun doute. Et les grandes lignes de son programme sont celles dont Danneels et ses confrères discutaient depuis plus de dix ans. » [4] (Sans doute de nombreux cardinaux ont estimé que l'élection de Jean-Paul II ou de Benoît XVI correspondait également à leurs objectifs). Le groupe de Saint-Gall a apparemment été dissous après le conclave de 2005 qui a élu le Cardinal Joseph Ratzinger à la papauté. Bien que ce groupe était apparemment connu pour s'opposer à l'élection de Ratzinger, le Cardinal Danneels a par la suite rendu publiquement hommage au Pape Benoît XVI dont il a salué la compétence en matière de théologie et le service rendu à l'Église. [5]

6. Il est extrêmement dangereux pour des catholiques de semer ce genre de doute sur la légitimité de la papauté. Ce serait une chose pour les cardinaux eux-mêmes d'élever la voix pour avertir les fidèles que l'élection n'est pas valide, ce qui serait leur devoir… il en est une autre pour des laïcs ou religieux de propager ce genre d'allégations, qui ne peuvent que nuire à l'unité de l'Église et saper la confiance de ceux qui ont une foi faible. « Ne mets rien devant ton frère si cela risque de le faire trébucher. », a exhorté saint Paul (Rm 14: 13-23).

7. Même si ce petit groupe souhaitait l'élection de Bergoglio, 115 cardinaux ont voté ce jour-là, dépassant de loin le nombre de ceux qui avaient constitué cette « mafia » informelle. Suggérer que ces autres cardinaux furent, de façon malheureuse, influencés tels des enfants impressionnables incapables d'avoir leurs propres opinions personnelles, est une insulte à leur intelligence et un jugement envers leur fidélité au Christ et à Son Église.

8. Si le groupe de Saint-Gall voulait un réformateur, il est probable qu'ils soient aujourd'hui déçus de constater que le Pape François ait jusqu'à ce jour fidèlement transmis la doctrine morale de l'Église (lire L'enseignement du Pape François). En fait, comme je l'ai souligné dans Les cinq corrections, le Pape François n'a pas mâché ses mots en parlant de ceux ayant la mentalité des membres du groupe de Saint-Gall, les qualifiant de « libéraux » et « progressistes », en ajoutant :

Le Pape, dans ce contexte, n'est pas le seigneur suprême mais plutôt le suprême serviteur — le « serviteur des serviteurs de Dieu »; le garant de l'obéissance et de la conformité de l'Eglise à la volonté de Dieu, à l'Evangile du Christ et à la Tradition de l'Eglise, en mettant de côté tout arbitraire personnel, tout en étant — par la volonté du Christ lui-même — le « Pasteur et Docteur suprême de tous les fidèles » et bien que possédant « dans l'Eglise le pouvoir ordinaire, suprême, plénier, immédiat et universel. »

— PAPE FRANCOIS, discours à la 15è Congrégation Générale, salle du Synode, 18 octobre 2014, Vatican.va

C'est-à-dire que leur prétendu "complot" a apparemment échoué pour ce qui est de toutes les "réformes" significatives — bien qu'un programme contraire à l'Évangile tente clairement de s'imposer, comme l'ont révélé jusqu'ici deux synodes. Cela ne veut pas dire que l'approche pastorale de François ne soit pas sujette à controverse ou ne justifie pas certaines critiques légitimes. Ce qui est vrai, c'est que les loups qui ont un programme libéral sont en train de sortir du bois, ce qui, à mon avis, est une bonne chose. Il vaut mieux savoir qui sont les loups que, pour eux, de continuer d'agir dans l'ombre, sous le couvert des bois de la bureaucratie.

9. En tant que chrétiens de foi, nous ne pouvons pas agir comme si François occupait une position politique dans l'Église. Sa fonction et son élection sont d'ordre divin et, par conséquent, le Christ lui-même reste le gouverneur en chef et le bâtisseur de Son Église. C'est là un signe de mauvaise catéchèse ou un manque de foi lorsque nous agissons comme si Jésus-Christ était soudainement impuissant face à la direction prise par la Barque de Pierre. Comme je l'ai déjà dit, le Seigneur pourrait très bien rappeler François à Lui cette nuit même ou lui apparaître dans une vision — s'Il estimait que cet homme était sur le point de détruire les fondements mêmes de l'Église. Cependant, aucun homme ne sera autorisé à le faire. Même les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre l'Église. Une fois que le successeur de Pierre détient les clés du Royaume, il devient lui aussi un "rocher", agissant au nom de Saint Pierre — en dépit des faiblesses et de la nature pécheresse de l'homme habitant cette fonction.

Le Pierre post-Pentecôte… est ce même Pierre qui, par crainte des Juifs, a contredit sa liberté chrétienne (Galates 2 11-14) ; il est à la fois un rocher et une pierre d'achoppement. Et cela n'a-t-il pas été ainsi à travers toute l'histoire de l'Église que le Pape, successeur de Pierre, a été à la fois Petra et Skandalon — à la fois le rocher de Dieu et une pierre d'achoppement ?

— PAPE BENOIT XVI, de Das neue Volk Gottes, p. 80ff

10. Comme le souligne l'apologiste Tim Staples au sujet de telles suspicions injustifiées, « une fois que la colère éclate contre le Pape, vous rencontrez inévitablement des personnes qui se joignent à la mêlée pour analyser chaque geste et parole du Saint Père (ou de toute autre "cible") avec un objectif unique en tête : dévoiler le mal et protéger le peuple de Dieu de ce mal associé à l'enseignement du Pape François. Et cela devient pour le moins extrêmement malsain. » [6] J'appelle cela une "herméneutique de la suspicion", qui commence à considérer tout ce que fait le Pape comme de la sournoiserie ou de la duplicité, ou à voir la langue du Démon derrière chacune de ses paroles.

Ainsi, est damné celui qui agit ou parle, et damné celui qui n'agit pas ou se tait... et Satan commence à remporter une victoire extraordinaire, lorsque le "signe perpétuel d'unité" de la papauté est totalement ébranlé, et qu'au sein du peuple de Dieu l'on commence à s'enflammer les uns contre les autres — les brebis n'agissant à leur tour pas autrement que des loups.

Mark Mallett
Was Pope Francis' Election Invalid ?

https://www.markmallett.com/blog/was-pope-franciss-election-invalid/

 

[1] cf. That Pope Francis – Part II
[2, 3] cf. Se tromper de cible
[4] cf. levif.be
[5] cathobel.be
[6] cf. timstaples.com

 

 

Il sera intéressant de noter que Mark Mallett s'appuie sur une source particulièrement mal avisée, celle de Ryan Grant, qui écrit dans One Peter Five, un blog très renommé dont les positions sur la Magna Quaestio ne marqueront pas l'histoire de l'Eglise. 

Ce monsieur accuse ceux qu'il appelle les "Bénévacantistes" (tous des incompétents, bien sûr) de chercher des problèmes là où il n'y en a pas, preuve qu'ils ont des faiblesses psychologiques... Il se dit latiniste, mais a un petit problème de compétence à ce niveau-là : il n'arrive pas à la cheville du Fr. Alexis, et a donc peu de chances de lui donner des leçons de traduction au sujet de la Declaratio.

En outre il manie le droit canonique avec une maladresse qui devrait le confondre, estimant par exemple que "munus" et "ministerium" sont peu ou prou les mêmes termes ( "The conclusion we can draw is that munus and ministerium were meant by Pope Benedict to mean the same thing") sur le plan du droit, ce qui est totalement faux. Ou bien estimant que la constitution d'un groupe de pression (la fameuse Mafia de St Gall) n'était peut-être pas si contraire aux règles juridiques encadrant l'élection du pape. Ben voyons !

Accumulant des erreurs factuelles et de raisonnement, il en arrive à la conclusion que ceux qui soutiennent que Benoît XVI est encore le pape sont des "schismatiques" ! Là, excusez l'expression, c'est le pompon !

Ceux qui soutiennent sans broncher l'antipape et ses hérésies seraient donc de fidèles catholiques, mais ceux qui défendent l'enseignement constant de l'église et celui dont l'élection ne fait aucun doute seraient donc des "schismatiques".

Voilà pourquoi on pourchasse les uns et favorise l'expression des autres : c'est tout dans l'intérêt des bergogliens, qui habituent ainsi de très nombreux catholiques à souffrir en silence, certains que c'est dans l'obéissance aveugle qu'ils trouveront le salut.

L'enfer est, dit-on, pavé de bonnes intentions.

Et la blogosphère catholique encombrée de trolls.

Prions pour qu'une certaine intelligentsia nord-américaine se réveille de son profond sommeil entretenu par de vrais-faux catholiques !

 

Source : Rise of the Benevacantists: Who Is Pope? - OnePeterFive

La montée des bénevacantistes : Qui est le pape ?

Ryan Grant 14 décembre 2018

 

La papauté du pape François a fixé de nombreux nouveaux standards pour l'Église. Nombre d'entre nous, qui sont des catholiques fidèles, ont été choqués et consternés alors qu'il nommait des clercs et des prélats hétérodoxes ; promulguait des documents très ambigus qui semblent remettre en question l'enseignement formel ; et nous terrifiait avec un langage non gardé du dernier presser d'avion comme un éclair de la main de Zeus, prêt à frapper à tout moment. "Qui suis-je pour juger" et la réticence à traiter les problèmes découlant de l'homosexualité dans le clergé ont causé à de nombreux fidèles une consternation encore plus grande.

Il n'est pas étonnant que certaines personnes souhaitent que tout cela disparaisse. Ces dernières années, certaines personnes ont décidé d'agir en ce sens. Comment ? En mettant leur argent dans un chapeau et en faisant sortir un lapin nommé Benoît. Ces personnes, estimant que le pape Benoît n'a pas abdiqué correctement du trône papal (pour une raison ou une autre, toutes fausses, comme nous le verrons), soutiennent que c'est lui et non le pape François qui est le vrai pape. Par conséquent, toute la folie disparaît, le problème est résolu, hurrah ! Certains ont inventé un terme pour eux : "Bénévacantistes". J'utiliserai ce terme comme une référence facile pour ces individus qui tiennent pour certain que Benoît est le pape, alors que François ne l'est pas.

Le grand problème des bénevacantistes est qu'ils ont inventé les principes et les ont ensuite imposés à l'Église comme s'ils liaient le pape lui-même. Ils déclarent ensuite que le pape François n'est pas le pape et que Benoît XVI l'est. Ils décrivent sa démission comme une "tentative d'abdication" ou une "tentative de démission" dans un sens définitif, généralement sur la base de diverses théories des événements ou sur une certaine tournure perçue du latin de la démission, sans aucun fait concret. Ce qui est particulièrement exaspérant, c'est que, bien qu'il s'agisse d'un domaine dans lequel les anges ont peur de s'aventurer, des personnes n'ayant aucune compétence fondamentale en latin ou en théologie entreprennent de nous dire ce que signifie réellement le latin de la démission, ou ce que sont ces lois inexistantes sur les démissions.

Mis à part la personnalité de certaines personnes impliquées dans la perpétuation de cette thèse, qu'un prêtre a qualifié à juste titre de folie, nous pouvons réduire les propositions aux suivantes, qui sont tenues séparément ou ensemble, selon la personne à qui vous parlez :

- Le latin change de terminologie pour prouver que Benoît XVI n'a démissionné que d'une partie de la papauté et pas d'une autre, ce qui rend l'ensemble invalide.

- Le latin de la démission de Benoît XVI est grammaticalement incorrect.

- Le pape Benoît était soumis à une contrainte grave, sa démission n'était donc pas libre.

- La "mafia de Saint-Gall", comme l'a révélé le cardinal Danneels, a fait du démarchage électoral et a arrangé les choses pour élire le cardinal de l'époque, Bergoglio, de sorte que toute l'élection de François est invalide.

Que dit vraiment la démission ?

Le premier point sur lequel il faut se concentrer est la question de la démission. Je n'en ai jamais lu de traduction, seulement l'original latin. Comme toujours, il faut vraiment faire attention à la correction du langage et de la syntaxe lorsqu'on aborde des documents ecclésiastiques, et encore plus lorsqu'on tente d'argumenter à partir d'un document sur une question de grande importance pour toute l'Église.

L'un des partisans les plus notables du bénevacantisme a tenté, dans un article de blog, de démontrer que l'utilisation du subjonctif pour vacare - à savoir vacet - par le pape Benoît pour indiquer que le siège de Pierre sera rendu vacant était un subjonctif potentiel qui signifiait "peut devenir vacant" mais pas qu'il le sera - il ne pouvait donc pas avoir démissionné ! Mais c'est totalement erroné, car la clause dans laquelle il apparaît, à la fin du deuxième paragraphe, dit (je souligne) : "declaro me ... renuntiare ita ut a die 28 februarii MMXIII, hora 20, sedes Romae, sedes Sancti Petri vacet". La clause employée ici est ce que l'on appelle en grammaire une clause de résultat. Cela signifie qu'en anglais, elle a une consonance indicative, indiquant le résultat de l'action, et signalée par l'utilisation de ita (so) et de la particule ut. Ainsi, littéralement, elle se traduit par "Je déclare que je renonce ... à ce qui m'a été confié par les cardinaux au point qu'à partir du 28 février 2013, à 20 heures, le siège de Rome, le siège de Saint-Pierre sera vacant."

Lorsque cette erreur dans l'argument du vacet a été signalée à la commentatrice ci-dessus, elle a tenté de se couvrir en disant qu'un professeur de latin quelque part lui avait dit que la plupart des étudiants faisaient cette erreur. C'est justement le problème : les étudiants font ces erreurs, et nous pouvons nous y attendre. Dans ce cas, l'idée que le subjonctif latin a toujours un sens potentiel est l'un de ces mythes qui affligent les personnes inexpérimentées. C'est plutôt le contraire : le subjonctif est le plus souvent employé dans une clause dépendante reliée à un verbe indicatif qui a un sentiment ou un sens indicatif, et non potentiel [1]. Ce concept devrait être l'épine dorsale de la compréhension pour toute personne compétente en latin. Le fait que la commentatrice en question ait commis une telle erreur démontre qu'elle n'a pas la compétence fondamentale en latin pour argumenter à partir du texte, et encore moins la prudence nécessaire pour aborder la question. Si vous vous engagez dans un acte potentiellement (sic) schismatique, vous devez être sûr d'avoir mis les points sur les i et les barres sur les t, et non l'inverse.

Reprenons maintenant l'argument principal : Benoît, qu'il le veuille ou non, a essayé de diviser la papauté en renonçant à une seule partie de la potestas, ou du pouvoir papal, afin que François puisse la prendre, ce qui est impossible ; par conséquent, la démission n'était pas valide, et Benoît est toujours pape. En fait, il aurait dû utiliser le mot munus (office), mais il a préféré utiliser le mot ministerium (ministère), de sorte qu'il ne pouvait pas vraiment renoncer à la papauté.

Examinons d'un peu plus près le latin, dont nous venons de citer une partie. Les bénevacantistes soutiennent qu'après avoir utilisé deux fois le mot munus (munus Petrinum et hoc munus dans le premier et le deuxième paragraphe, respectivement), il utilise ensuite le mot ministerium, ce qui implique qu'il renonce à autre chose qu'à la fonction pétrinienne. Après avoir exposé qu'il n'a plus la force de remplir les obligations de la papauté, il déclare (je souligne) :

Quapropter bene conscius ponderis huius actus plena libertate declaro me ministerio Episcopi Romae, Successoris Sancti Petri, mihi per manus Cardinalium die 19 aprilis MMV commisso renuntiare, etc.

L'argument d'une différence entre munus et ministerium ne tient pas la route pour plusieurs raisons. La première est qu'ils sont plus ou moins synonymes. Munus peut signifier un don, mais même dans ce cas, il n'est pas déconnecté de la notion que c'est un don qui comporte une responsabilité. Dans le langage ecclésiastique, il signifie généralement une fonction ou un devoir. Ainsi, l'épiscopat, et la papauté, sont considérés comme un munus, à proprement parler. Dans ce sens, il est à peu près synonyme d'officium, qui est le mot romain pour devoir. Ministerium peut signifier un ministère ou un service, mais il signifie également office ou devoir, dans le sens de l'essence de ce que le munus implique. En fait, Forcellini utilise le mot munus pour décrire le ministerium dans le Lexicon Totius Latinitatis : "MINISTERIUM, -ii, n. 2 (<ministre), opera et munus ministri et famuli" (je souligne) [2]. Cicéron montre que munus peut signifier le travail même qui est effectué dans un office, tout comme ministerium[3]. Le dictionnaire de latin ecclésiastique de Stelton cite pour ministerium : "ministère, service, office, devoir" [4]. Saint Thomas fait référence à l'utilisation de ministerium pour désigner le pouvoir et l'office de la papauté : " Un certain pouvoir a également été conféré aux ministres de l'Église, qui dispensent les sacrements, pour lever l'obstacle, non pas de lui-même, mais par le pouvoir divin et le pouvoir de la passion du Christ, et ce pouvoir est métaphoriquement appelé la clé de l'Église (clavis ecclesiae), qui est la clé du service (clavis ministerii) " [5].

La conclusion que l'on peut tirer est que munus et ministerium ont été entendus par le Pape Benoît pour signifier la même chose. Il n'est pas inhabituel dans le langage vernaculaire moderne d'utiliser office et ministère comme un seul et même mot. Il se peut qu'il n'y ait pas de raison particulière pour laquelle Benoît XVI utilise le mot ministerium à la place de munus, même après avoir utilisé le premier ; les écrivains utilisent fréquemment des synonymes pour mettre fin à la surutilisation de mots spécifiques. Ou bien, il se pourrait simplement que le pape soit bien plus lisible en latin que les bénevacantistes. L'essentiel de ce que saint Thomas dit ci-dessus est que la clé de l'Église, que l'on appelle aussi la clé du ministère ou du service, est l'autorité de discerner et le pouvoir de juger [6]. Sur quelle planète, demandons-nous, si c'est à cela que le pape émérite a renoncé, cela ne peut-il pas être compris comme la fonction et le pouvoir de la papauté ?

De plus, étant donné que les termes peuvent être utilisés comme synonymes dans la langue vernaculaire aussi bien qu'en latin, et étant donné les actions ultérieures du Pape Benoît, il incombe au bénevacantiste de lire les pensées du Pape pour nous et de nous montrer ce qu'il avait à l'esprit. Comme il s'agit d'un fardeau impossible à porter, nous devons le rejeter en faveur de l'évidence : Benoît voulait démissionner de la totalité de la papauté, et le fait qu'il ait libéré la fonction et permis la tenue d'un autre conclave est l'interprétation correcte de ses intentions.

Mais que se passerait-il si les arguments latins des bénevacantistes avaient une réelle validité ? Même dans ce cas, nous sommes confrontés au fait que l'Église n'exige pas de formule prescrite pour la démission du pape et qu'il n'existe pas de modèle spécifique à suivre. Dans le droit canonique, il est dit à la place :

"S'il arrive que le Pontife romain démissionne de sa charge, il est requis pour la validité qu'il fasse cette démission librement et qu'elle soit dûment manifestée, mais pas qu'elle soit acceptée par qui que ce soit" [7]. L'accent est mis ici sur rite manifestetur, ou dûment manifesté. Le mot rite est un adverbe qui signifie en bonne et due forme, correctement, ou de manière appropriée. Ici, il modifie manifestare, qui est comme en anglais. Cela signifie que le pape n'a qu'à manifester comme il se doit - c'est-à-dire à faire comprendre dans le forum extérieur - qu'il démissionne. En outre, il l'a fait. Quelle manifestation plus claire de sa volonté pourrait-il y avoir ? Ainsi, même si le pape a fait une erreur grammaticale dans son document de démission (comme certains le soutiennent), ou s'il a utilisé un mot imprécis, ses actions ont prouvé ce qu'il voulait.

Forum externe

Ceci nous amène à la considération suivante. La papauté est une fonction publique. Sa réception est publique, et une démission de cette fonction est manifestée publiquement. Cela signifie que la présomption est sur la validité de la démission jusqu'à ce qu'il soit prouvé autrement dans le forum externe. En d'autres termes, il faut démontrer que la démission est fausse devant les tribunaux ecclésiastiques - pas sur un blog, pas sur Facebook, et pas dans la déclaration formelle d'un laïc ou même d'un clerc.

Propter metum

Examinons maintenant l'argument de la peur ou de la contrainte qui est souvent invoqué. Les partisans de cet argument peuvent citer le canon 188 : " Une démission présentée à cause d'une peur grave, injustement infligée, ou à cause d'une fraude, d'une erreur substantielle ou d'une simonie est invalide de par la loi elle-même " [8]. La difficulté est que dans tous les actes accomplis par crainte, il y a en fait un consentement à l'acte qui est, en principe, un consentement réel.

C'est ce qu'atteste également le droit canonique : " Un acte posé en raison d'une crainte grave, injustement infligée, ou en raison d'une fraude, est valable, à moins que la loi ne prévoie autre chose ; mais un tel acte peut être annulé par la décision d'un juge, soit à la diligence de la partie lésée, soit à celle de son ayant droit, soit d'office " [9]. L'importance de ceci est que si le pape était poussé par une peur nébuleuse, découlant d'une menace nébuleuse, comme certains blogs l'ont opiné, il serait nécessaire que ceci soit démontré dans un tribunal canonique, par cette partie ou quelqu'un succédant à ses revendications, et à ce moment-là, quand cette peur est démontrée dans le forum externe, alors, et seulement alors, nous pourrions avoir une telle confirmation.

Le résultat de ceci est que, à moins que les Bénévacantistes ne veuillent retourner au Gallicanisme ou au Conciliarisme, il n'y a qu'une seule personne qui pourrait mettre en œuvre un procès canonique sur cette question, et c'est le Pape François.

Pour résumer les questions relatives à l'abdication complète et confirmée du Pape Benoît, nous pouvons faire cette sorte d'analogie. La conséquence d'un laïc individuel "déclarant définitivement" que la démission de Benoît XVI est invalide, de sa propre autorité, n'est pas du tout différente de celle d'un homme qui découvre que son mariage est invalide en raison d'un empêchement quelconque. Même s'il avait raison à cent pour cent et que cet empêchement était aussi clair que le soleil d'été, il ne peut pas simplement s'enfuir et épouser une autre femme à moins que l'Église ne lui ait accordé une déclaration de nullité, qui est un jugement dans le forum externe. En d'autres termes, étant donné que le sacrement du mariage est un acte public, un peu comme le fait de prendre la charge de la papauté ou d'y renoncer, tout défaut affectant la validité doit être jugé publiquement par l'Église par le biais du processus d'annulation afin qu'un jugement définitif soit rendu et que les personnes concernées aient une certitude morale sur la question.

Pour rendre la chose encore plus évidente, Benoît XVI lui-même a affirmé à plusieurs reprises qu'il avait effectivement démissionné, et il a même défendu son abdication auprès du cardinal Brandmüller, qui avait mis en doute sa prudence. Mais alors, diront certains, qu'en est-il de Monseigneur Gänswein, le secrétaire personnel du pape, qui a dit : "Nous avons deux papes" ? Cette déclaration est souvent utilisée par les bénevacantistes comme une preuve irréfutable. Encore une fois, quelle que soit la déclaration d'un tiers, elle devrait être déterminée dans le forum externe d'un tribunal ecclésiastique. Mais plus encore, Mgsr. Ganswein a également clarifié exactement ce qu'il voulait dire, et cela ne correspond pas à l'imagination des bénevacantistes.

CRUX : Il y a un certain nombre de cardinaux, a dit Paul Badde au cours de l'interview, qui sont "bouleversés d'entendre que l'Eglise a actuellement deux successeurs vivants de Pierre". Récemment, vous avez parlé d'un élargissement de la fonction pétrinienne, que le Pape Benoît aurait introduit. Pourriez-vous nous en dire un peu plus?

GÄNSWEIN : J'ai vu parmi les réactions que l'on m'impute d'avoir dit un certain nombre de choses que je n'ai pas dites. Bien sûr, le pape François est le pape légitime et légitimement élu. Toute discussion sur deux papes, l'un légitime, l'autre illégitime, est donc incorrecte.

Ce qu'il a dit en fait, a ajouté M. Gänswein, c'est que Benoît XVI continue d'être présent dans la prière et le sacrifice, ce qui porte des fruits spirituels.

"En appliquant le bon sens, la foi et un peu de théologie, cela devrait être clair", a-t-il déclaré.

Mais qu'en est-il de la mafia saint-galloise ? Le cardinal Godfried Danneels, de Belgique, a avoué dans un livre que lui et d'autres cardinaux faisaient activement du démarchage pour que Bergoglio, alors cardinal, soit élu pape. Par conséquent, disent les bénevacantistes, tous les participants ont été excommuniés, et Bergoglio ne peut pas être pape. Quoi qu'il en soit, encore une fois, selon les principes canoniques que nous avons notés plus haut, une enquête devrait être menée pour déterminer la vérité ou la fausseté de l'affaire, car, naturellement, de telles procédures sont secrètes.

Je ne doute pas que le cardinal Danneels doive être excommunié pour une multiplicité de raisons. Mais vraiment, un cardinal qui écrit un livre n'est pas une preuve irréfutable ; c'est plutôt quelque chose qui demande une enquête. Et la personne qui doit mener cette enquête est le pape François ou un pape ultérieur.

En conclusion, nous avons vu qu'il n'y a pas de forme prescrite pour qu'un pape démissionne de la papauté, si ce n'est qu'il doit faire connaître sa volonté et la faire suivre d'actes. S'il existe une pression, une menace ou une contrainte, quelle que soit la théorie que l'on veut invoquer, selon les principes canoniques, cet acte reste valide jusqu'à ce qu'un tribunal ecclésiastique démontre le contraire. La présomption de validité repose sur le titulaire actuel de la fonction jusqu'à preuve du contraire, tout comme dans un mariage, la présomption de validité repose sur le lien jusqu'à preuve du contraire.

Renverser la procédure régulière, le don de l'Église aux systèmes juridiques du monde, et réduire le jugement sur l'identité du pape à des blogueurs et à des messages sur Facebook qui opèrent à partir d'un jugement privé, c'est non seulement attaquer la visibilité de l'Église, mais aussi inviter le schisme à des niveaux jamais atteints depuis le Moyen Âge. Cinq siècles de protestantisme ont émoussé nos sens au mal du schisme, mais c'est quelque chose à craindre plutôt qu'à accueillir.

La réalité est qu'il y a des gens qui ne sont tout simplement pas prêts à souffrir sous le pape François. Bien que cet auteur n'apprécie pas le pontife actuel, il n'hésite pas à affirmer sans ambages qu'il est pape, même si le même auteur ne considère pas sa papauté comme favorable à l'Église, pour ne pas dire plus. Mais vu l'état de tant de catholiques dans leur vie morale et spirituelle, et l'attention malsaine accordée à chaque acte papal, il semble qu'il soit le pape que nous méritons. Certains pensent que tout irait mieux si Benoît était de retour, mais il ne faut pas oublier que si le témoignage d'un récent critique papal est vrai, alors le pape Benoît a simplement placé l'infâme cardinal McCarrick sous des sanctions privées de pénitence et de prière. Et si cette histoire n'est pas vraie, nous en connaissons une qui l'est certainement : le placement de Marcial Maciel Degollado, l'infâme coureur de jupons qui a sodomisé son propre fils et fondé les Légionnaires du Christ, en isolement, en pénitence et en prière. En d'autres termes, le pape Benoît a participé à la corruption ecclésiastique qui nous a conduits là où nous en sommes dans les scandales actuels. Il existe un large fossé entre un pape véritablement réformateur et le pape Benoît, même si la postérité lui sera sans doute redevable de Summorum Pontificum.

Enfin, s'il s'avère que Benoît XVI est toujours pape et que François ne l'est pas, l'Église en décidera, sous l'égide du pontificat actuel ou d'un pontificat ultérieur. Déclarer formellement, et non pas simplement opiner, ressentir ou s'interroger secrètement, mais déclarer définitivement que la démission de Benoît XVI n'est pas valide et que François ne l'est pas, n'est rien de moins que schismatique et doit être évité par tous les vrais catholiques.

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[1] Pour clarifier pour ceux qui ne connaissent pas bien le latin, le subjonctif (conjunctivum) est un mode (modus) du verbe qui est employé pour joindre (d'où son nom latin) certains types de clauses dépendantes avec des clauses indépendantes de mode indicatif. Il s'agit de sa fonction principale et propre, tandis que, beaucoup moins souvent, il est utilisé pour indiquer des résultats hypothétiques ou potentiels.

[2] “MINISTERIUM, etc., the work and office of a minister and servant.” Op. cit., vol. 3, pg. 249.

[3] “Nulla ejus ingenii monumenta mandata litteris, nullum opus otii nullum solitudinis munus exstat.” de Officis, 1, 4.

[4] Op. cit., pg. 162.

[5] [E]tiam ministris ecclesiae, qui sunt dispensatores sacramentorum, potestas aliqua ad praedictum obstaculum removendum est collata, non propria, sed virtute divina et passionis Christi, et haec potestas metaphorice clavis ecclesiae dicitur, quae est clavis ministerii. 4 Sent. 18, 1. 1. 1c.

[6] Cf. 4 Sent. 19. 1. 1. 2c, Summa Contra Gentiles, 4, 72.

[7] Si contingat ut Romanus Pontifex muneri suo renuntiet, ad validitatem requiritur ut renuntiatio libere fiat et rite manifestetur, non vero ut a quopiam acceptetur. Canon 332 §2.

[8] Renuntiatio ex metu gravi, iniuste incusso, dolo vel errore substantiali aut simoniace facta ipso iure irrita est.

[9] Canon 125, §2.

 

 

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