On ne peut pas commencer par juger les motifs avant d’enquêter sur les indices
Andrea Cionci
Traduction française autorisée : Giaguara
Alors que Bergoglio fait table rase de la « classe intellectuelle » au sein de l’Église en décapitant les mouvements ecclésiastiques les plus dynamiques et procède à ce qui apparaît à beaucoup comme une « fichage du personnel » du Vatican, nous avons reçu un article d’un monsieur américain, Steven O’Reilly, contestant la théorie du désormais connu Plan B ICI . Cependant, son ton dédaigneux (il appelle notre travail « ridicule ») n’est pas très enclin au dialogue et nous allons donc nous limiter à une seule réponse.
Bien qu’il critique très âprement François, il le reconnaît absolument comme pontife. C’est légitime, mais, à la base de toute sa contestation, il y a une erreur de méthode, car l’interlocuteur ne part pas d’où nous sommes partis, c’est-à-dire de la constatation de certaines DONNÉES DE FAIT OBJECTIVES AINSI QU’INEXPLICABLES. Nous avons été « CONTRAINTS » PAR LA LOGIQUE de soulever l’hypothèse très inconfortable et choquante du Plan B qui est la seule à fournir un encadrement cohérent à une série de faits que ce monsieur évite d’analyser en bloc. (Croyez-le, nous aurions préféré ne pas, car ce "un contre tous" n’est qu’une source de tracas, un véritable calice amer). Les principales raisons qui ont conduit à cette thèse, nous les avons énumérés ICI et qui se sont traduites par un curieux silence de la part d’un journaliste du niveau de Massimo Franco ICI qui, comme seule réponse, nous a invités à écrire un livre.
Ce n’est pas que nous sommes partis d’un objectif et que nous avons ensuite rafistolé une théorie en trouvant ici et là quelques points d’appui pour « destituer » quiconque, comme le prétend le docteur Riccardo Petroni dans son défi kamikaze ICI. (D’ailleurs, le fait que Petroni, négationniste de la divinité du Christ, s’est « massacré » par lui-même de cette manière grâce précisément à un ancien hommage du Saint-Père Benoît XVI est un événement très suggestif, qui fait réfléchir).
C’est exactement le contraire: la théorie du Plan B s’est formulée toute seule, petit à petit, de façon organique et ordonnée, comme si elle avait sa propre vie, sur la base de quelques « briques » constituées de documents et de données factuelles étudiées en détail.
Que fait , au contraire, notre interlocuteur américain? Il part de la fin, en disant: « Comment est-il possible que Ratzinger voulait faire ceci ou cela »? C’est comme nier que Luigino a volé de la confiture parce qu’il « sait que maman se met en colère ». Le problème est que nous avons surpris Luigino dans le garde-manger avec les doigts sales d’une matière sucrée et collante au goût de fruits... Et nous essayons de comprendre ce qui s’est passé ...
On ne peut exclure qu’un fait se soit passé, indépendamment, en jugeant si les motivations éventuelles du responsable peuvent être plus ou moins réalistes. Le motif s’avère finalement. En attendant, on enquête sur ce qui a été fait: la chose, le comment et le quand. Ensuite, vous découvrirez pourquoi.
Cependant, dans le désert intellectuel où le Plan B – pour l’instant, du moins – trône sans opposition valable, nous recueillons aussi, avec gourmandise, les objections de ce monsieur.
Objection 1: « Si Benoît XVI voulait simuler sa démission, cela signifierait qu’il a permis à un moderniste d’être « apparemment » élu pape, dans ce cas, ce pape serait certainement un véritable antipape, conduisant potentiellement des millions et des millions de catholiques dans la perdition par ses fausses doctrines . Comment Benoît XVI pourrait-il le justifier pour quelque raison que ce soit ? La fin ne justifie pas les moyens! Benoît serait moralement responsable d’avoir permis aux loups de dévaster les brebis sans la protection de leur berger en chef ici sur la terre, Benoît lui-même! C’est une chose de suggérer qu’un berger peut se cacher, apparemment abandonner les brebis pour se cacher dans l’obscurité et tendre une embuscade à un loup quand il rôde parmi le troupeau avant que le loup attaque. Cependant, c’est une autre affaire que de suggérer qu’un bon berger puisse laisser libre cours au loup - et ce depuis huit ans ! C’est impossible. Benoît n’est pas un tel monstre. »
Réponse 1: en réponse à cette affirmation le philosophe italien le plus connu, le Professeur Giorgio Agamben, cité par Peter Seewald, a dit que la véritable raison de la démission de Benoît XVI était le désir d'éveiller la conscience eschatologique (concernant le destin ultime de l'homme) des croyants : "Dans le plan divin du salut, l'Église aurait aussi la fonction d'être à la fois "Église du Christ et Église de l'Antéchrist". La démission serait une préfiguration de la SÉPARATION entre "Babylone" et "Jérusalem" dans l'Église. Au lieu de s'engager dans la logique du maintien du pouvoir, Ratzinger a, par sa démission, souligné son autorité spirituelle, contribuant ainsi à son renforcement".
Confirmant le concept, dans le livre d'entretiens "Ein Leben", Ratzinger lui-même déclare : "Mon intention n'était pas simplement et principalement de faire le ménage dans le petit monde de la Curie, mais dans l'Église dans son ensemble". What else, cher monsieur?
Dans le plan B, Ratzinger a choisi une stratégie qui consiste en céder du terrain à son adversaire. Comment juger un général (qui devrait d’ailleurs être assisté par l’Esprit Saint) qui opte pour une retraite stratégique en disant « mais cet homme est-il fou de céder autant de terrain à l’ennemi? ». Laissez-le faire: si le plan B est vrai, il est conçu pour être une sorte de bombe nucléaire pour le modernisme passé, présent et futur. Sa durée ne dépend pas de Ratzinger, qui continue encore aujourd’hui à envoyer des commentaires, mais de l’apathie des catholiques et du clergé qui n’examinent pas les faits inexpliqués qui ont été patiemment illustrés. Certaines choses auraient pu être comprises tout de suite puisque, dès 2013, quelqu’un avait déjà remarqué que quelque chose clochait dans la renonciation.. Mais il était évidemment nécessaire d’arriver à Pachamama et à l’abolition de la messe en latin pour que quelqu’un commence à rassembler les premières pièces. Il faudra probablement encore quelques arrêts du train moderniste, et les catholiques orthodoxes devront se faire pincer quelques fois de plus avant de se réveiller du cauchemar et d’essayer de changer de paradigme en se posant la question tragique : « Peut-être que Bergoglio n’a pas les cartes en main pour être pape ? »
De plus, d’un point de vue théologique, il faut se rappeler que le pontife n’est pas le « baby-sitter de l’humanité ». Chaque homme a le libre arbitre de choisir la vérité en fonction des éventualités, et Dieu reconnaît infailliblement qui, consciemment, a pris la voie large, celle du monde, et qui, sans le savoir, amené par de mauvais maîtres, a pris le mauvais chemin. Dieu regarde le cœur de l’homme et donnera à chacun, selon une justice parfaite.
Par ailleurs, notre interlocuteur a des mots très durs pour François, il l’appelle le loup dévoreur du troupeau, et très difficilement un vrai pape pourrait être un loup pour ses brebis, car cela irait à l’encontre des paroles du Christ: « l’enfer ne prévaudra pas ». Soit le Christ avait tort, soit l’interlocuteur se contredit lui-même et Bergoglio n’est pas le pape.
Objection 2) Si Benoît XVI voulait simuler sa démission, cela aurait été très présomptueux de sa part. Benoît XVI n’aurait pas pu savoir à l’avance qu’il survivrait assez longtemps, compte tenu de son âge avancé, même pour tendre son « piège » à l’antipape et ses sbires modernistes . Et s’il mourait avant de faire fonctionner le piège ? Dans ce cas, il abandonnerait le troupeau incontestablement à l’ennemi. Huit longues années se sont écoulées et Benoît devient de plus en plus faible physiquement et mentalement. Pourquoi n’a-t-il pas tendu son piège ? Il n’y a pas une seule bonne réponse sensée.
Réponse 2) Combien de temps Ratzinger puisse rester en vie n’a rien à voir avec ça. Par ailleurs, on ne peut pas savoir s’il y aura des surprises à sa mort, comme “soupape de sécurité”. Benoît XVI, selon le Plan B, a consigné dans l’histoire et dans le droit canonique une renonciation dans laquelle il sépare POUR TOUJOURS LES LIGNES SUCCESSOIRES: l'une papale, la sienne, et l'autre d’antipape, celle de Bergoglio, comme deux familles, deux A.D.N différents. Soit que la vraie Église récupère son siège, soit qu’elle doive renaître dans les catacombes, comme le prophétise Ratzinger lui-même, nous ne savons pas encore. Le munus pétrinien, le titre de pape conféré par Dieu, semble-t-il, Benoît XVI l’emmènera avec lui dans la tombe (nous souhaitons le plus tard possible) et donc une Église catholique réorganisée, peut-être de manière clandestine, comme plusieurs prophéties ont annoncé, devra élire de manière autonome un nouveau vrai pape, successeur de Benoît XVI (pas de Bergoglio) comme au début du christianisme. Ainsi, son plan B est fait pour résister aux siècles, il est conçu pour séparer le bon grain de l’ivraie sur le long terme avec un document qui est désormais sculpté dans l’histoire de l’Église, accompagné de ses fantastiques erreurs de syntaxe.
Objection 3) Si Benoît XVI voulait simuler sa démission, comment pourrait-il vraiment s’attendre à ce qu’un tel plan fonctionne? Bien que faible comme chef au pouvoir, avant son annonce apparente de démission, il était certainement plus fort à l’époque qu’il ne l’est aujourd’hui, huit ans plus tard. C’est-à-dire qu’il a donné à son successeur huit ans pour nommer plus de cardinaux - plus de 50% de l’ensemble du collège cardinal, et plus d’évêques et d’archevêques, etc. En outre, les alliés de Benoît XVI aux postes clés de la curie ont été progressivement éliminés (par exemple, Burke, Müller, Sarah, etc.). Par conséquent, Benoît XVI est aujourd’hui dans une position de pouvoir plus faible pour lancer une contre-attaque, que lorsqu’il a apparemment démissionné .
Réponse 3) C’est pour ça qu’il a ajouté les erreurs de latin dans la Declaratio, pour maintenir l’attention sur ce document pour les siècles à venir. Et SON PLAN FONCTIONNE, en effet, bien qu’avec un retard de six ans, quelqu’un l’a remarqué et d’autres ont divulgué et développé la découverte, en identifiant toujours plus de nouveaux éléments circonstanciels, par exemple ICI, dont l’interlocuteur ne fait aucun état. Benoît XVI a permis à l’antipape de nommer quelque 80 cardinaux qui invalident le prochain conclave, précisément: un coup de génie. Si Bergoglio n’en avait nommé aucun, paradoxalement, le prochain conclave pourrait être valable. Penser que Benoît XVI, 94 ans, pourrait également reprendre la gestion du ministerium, c’est-à-dire les fonctions pratiques auxquelles il a déclaré vouloir renoncer, n’est qu’une des options. À partir du moment où le haut clergé examine la renonciation, en certifiant qu’elle est invalide, et où Bergoglio est mis à la porte, Benoît pourrait, soit revenir pour gouverner jusqu’à la fin, comme Jean-Paul II a fait, ou bien signer une renonciation valide, ou encore nommer un évêque vicaire pour le ministerium. Le plan B sera activé de façon plus réaliste après sa mort (si vous voulez, c’est peut-être la sortie annoncée du Katechon, celui qui retient l’Antéchrist) quand, avec l’élection d’un nouvel antipape, l’Église moderniste prendra une telle accélération vers le ravin que, forcément, certains catholiques (ceux qui sont intéressés à le rester) devront se réveiller. Les prochaines étapes seront probablement l’abolition de la Transsubstantiation et la création d’une conférence interreligieuse internationale, ou quelque chose de similaire vers la religion universelle pour le nouvel ordre mondial que Bergoglio a ouvertement souhaité dans une interview à La Stampa le 15 mars 2021. Et alors, très probablement, puisque les prophéties deviennent réalité l’une après l’autre, viendra un grand prélat, un homme de foi, mais surtout de caractère et de poigne.
On se souvient que saint Bernard de Clairvaux a réussi à renverser l’antipape Victor IV qui a succédé en 1138 à l’antipape Anaclet II après huit ans d’antipapisme. Donc, nihil sub sole novum.
Pour l’instant, d’après nous, la théorie du plan B tient encore. Au suivant.