Le Père Jean-Côme About commente l'Évangile de ce XXI° dimanche du temps ordinaire.
EVANGILE - Matthieu 16, 13 – 20
Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle.
Ce 21ème dimanche du temps ordinaire nous relate la profession de foi de Pierre et la réponse de Jésus qui l’institue pierre sur laquelle il va fonder son Église.
Deux images vont dominer : celle du rocher et celle des clefs. Toutes deux ont leur origine dans l’Ancien Testament et trouvent leur accomplissement dans la fondation qu’est Jésus-Christ.
En premier lieu, le Rocher. C’est le fondement sur lequel on peut s’appuyer sans condition et de nombreux psaumes signifient que c’est Dieu lui-même : « Dieu seul mon salut, mon Rocher » dit le psaume 62.
Sa parole divine est ce qui est parfaitement sûr et quand elle devient homme et s’incarne, quand elle devient ainsi le sauveur du peuple, alors le force de Dieu, la force du Rocher devient visible à tous : « ce Rocher, c’est le Christ » proclamera St Paul dans la première lettre aux Corinthiens ( 1 Cor, 10,4).
Mais bien loin de conserver ce caractère unique et propre pour lui-même, Jésus, après la réponse de Pierre inspirée par le Père, va en donner part à celui-ci : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église ». L’Église aussi aura part à ce caractère sans condition : « Les portes de l’Hadès ne tiendront pas contre elle ». La transmission de cette propriété ne peut se réaliser que par la foi parfaite qui est due à la grâce du Père dans le ciel, et nullement par une bonne inspiration de Pierre. La foi en Dieu et dans le Christ, devient elle-même ferme comme le roc, uniquement par Dieu et le Christ eux-mêmes. C’est un fondement sur lequel non pas l’homme, mais le Christ bâtit son Église.
En second lieu, les Clefs. La propriété d’être le rocher-fondement contient déjà le pouvoir des clefs car celui qui est fondé en Dieu reçoit le pouvoir d’exercer en son nom et il ne peut être lui-même que sûr, par la grâce de Dieu. Ainsi la clef de la maison de David est mise sur l’épaule d’Eliakim, choisi par Dieu, dans la première lecture : « s’il ouvre, personne ne fermera, s’il ferme, personne n’ouvrira ». Désormais c’est le Christ, qui, ayant reçu ce pouvoir du Père, donne part à l’homme Pierre, sur qui l’Église est bâtie, à ce pouvoir qui pénètre désormais dans l’au-delà : ce qu’il lie ou délie sera lié ou délié dans le ciel.
Mais il nous faut remarquer qu’aussi bien dans l’Ancienne que dans la Nouvelle alliance, chez le Christ et Pierre, c’est toujours une personne bien déterminée qui reçoit les clefs. Il ne s’agit pas d’une fonction impersonnelle comme pour une présidence, où, à la place du titulaire, un autre peut être choisi. Dans la fondation du Christ, il s’agit toujours d’une personne très déterminée qui détient les clefs : nul ne peut se procurer un passe-partout ou une clef de rechange qui pourrait ouvrir ou fermer.
Cela s’applique aussi à tous ceux qui participent au ministère sacerdotal, dérivé des apôtres : dans une communauté, seul le curé (et ses auxiliaires ordonnés) détient la clef qu’il ne peut céder à personne, partager avec personne. Il peut répartir des tâches et des « ministères », mais ce n’est pas lui qui est bâti sur le rocher de la communauté. C’est la communauté, une partie de l’Église, qui est bâtie sur le rocher de Pierre, auxquels tous les ministres sacerdotaux ont part.
Seigneur, donne-nous d’aimer la place que tu nous donnes et d’aimer l’Église telle que tu l’as fondée en nous confiant à la richesse de ta grâce qui la fait vivre et en accueillant ses manifestations de faiblesse humaine comme nos propres faiblesses.