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Publié par dominicanus

 

25 TOA ev

 

 

Dans la parabole des ouvriers de la vigne, faisons attention à ce que Jésus veut nous dire. Ce qu’il veut nous dire d’abord, c’est que Dieu est souverainement libre :

« N’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon bien ? »

 

Le Royaume des cieux est le Royaume de Dieu, c’est son bien, pas le nôtre !

 

Ensuite, Jésus veut nous dire que Dieu est infiniment bon :

 

« Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que moi, je suis bon ? »

 

A qui ces deux questions sont-elles posées ? Qui remet en cause la souveraine liberté de Dieu ? Qui regarde Dieu de travers quand il fait preuve de bonté ?

 

D’après l’évangile, ce sont d’abord les scribes et les pharisiens qui reprochent à Jésus de manger et de boire avec les publicains et les prostituées, qui représentaient à leurs yeux les deux grandes catégories de pécheurs, de gens non fréquentables, de damnés…, qui n’ont aucun mérite à faire valoir, tandis que eux, ils ont toujours fidèlement observé la Loi, moyennant une ascèse impressionnante.

 

Mais ensuite, cette parabole s’adressera au peuple juif dans son ensemble, le peuple de la première alliance, appelé depuis Abraham à marcher dans les voies du Seigneur, qui ont accueilli Jésus comme Seigneur en devenant chrétiens à la Pentecôte. Après la Pentecôte, l’Esprit-Saint aura fort à faire pour leur faire admettre que les païens sont appelés à faire partie de l’Alliance eux aussi, sans qu’ils aient besoin d’observer toutes les prescriptions de la Loi de Moïse.

 

Enfin, cette parabole s’adresse à nous, chrétiens issus du paganisme, certes, mais baptisés de longue date, devenus, vaille que vaille, mais non sans peine, des chrétiens « militants », « engagés », « actifs » dans l’Eglise. C’est à nous que pensait S. Grégoire le Grand quand il disait :

 

« Les ouvriers sont appelés à la vigne à des heures différentes, comme pour signifier que l’on est appelé à la sainteté  au moment de son enfance, un autre dans sa jeunesse, un autre à son âge mûr, et un autre à un âge plus avancé. »

 

La parabole, en fin de compte, s’adresse donc à toutes les époques de l’histoire du Peuple de Dieu et à chaque peuple qui veut comprendre le fond de la pensée de Jésus. Et Jésus nous invite à penser comme Lui :

 

« Je vous le dis : si votre justice ne dépasse pas celles des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez sûrement pas dans le Royaume des cieux » (Mt 5, 20).

 

Attention ! Cela ne signifie certainement pas que Dieu, dans son amour miséricordieux, serait injuste. La justice, tout comme l’amour et la miséricorde, est un attribut de Dieu. Dans son discours sur la montagne, Jésus nous dit qu’il n’est pas venu abolir la Loi, mais pour l’accomplir, et qu’il n’y a pas la moindre prescription de la Loi qui ne passera, pour autant qu’elle vienne de Dieu. Toute présentation de la morale chrétienne qui oublie cela, est fausse. La justice de ce monde, qu’elle soit de nature publique ou privée, n’est pas abolie. Mais elle est dépassée par l’agir de Dieu dans le Christ et dans l’agir de la communauté de ceux qui le suivent.

 

La 1e lecture exprime combien la conception que Dieu se fait de la justice dépasse nos pauvres conceptions humaines : autant que le ciel est élevé au-dessus de la terre. Et la pensée et l’agir de Dieu portent précisément le sceau de la miséricorde et du pardon, qui comportent, bien entendu, une exigence de conversion. C’est cela qui est juste aux yeux de Dieu :

 

« Va, et ne pèche plus. »

 

(Voir aussi la parabole de dimanche dernier).

 

Dans la 2e lecture, S. Paul nous donne une magnifique illustration de ce que Jésus veut dire dans la parabole d’aujourd’hui. En quoi consiste pour lui la meilleure manière d’imiter la bonté de Dieu ? La plupart des hommes souhaitent une longue vie sur terre. Les vœux de Nouvel An comportent inévitablement des souhaits de bonne santé… Ce n’est pas ce que S. Paul souhaite. Il souhaite plutôt mourir pour être avec le Christ. Mais si Dieu veut qu’il reste encore sur la terre, pour travailler dans sa vigne, cela serait en opposition avec ce vœu ardent. Alors il ne choisit pas. Il laisse Dieu choisir ce qu’il y a de meilleur que lui et pour la communauté chrétienne.

 

De nouveau, ici, faisons bien attention ! Ce qu’il y a de mieux, ce n’est pas, comme beaucoup pourraient le penser, une accumulation de bonnes œuvres, une activité de plus en plus débordante, à la limite de la fébrilité, tout cela dans le but, bien entendu, de faire des conversions de plus en plus nombreuses et de remplir les églises. Non, le meilleur, c’est de faire la volonté de Dieu, dont les pensées et les projets dépassent infiniment les pensées et les projets de l’Apôtre, mais qui sont pourtant, pour lui et pour l’Eglise, les meilleures.

 

Pour S. Paul, concrètement, cela a pu être la prison. Pour tel ou telle parmi nous, cela peut être la maladie et l’hôpital, ou, en tout cas, l’une ou l’autre forme d’impuissance à travailler avec une efficacité humaine, dans l’entreprise « Eglise ».

 

Mais c’est alors, justement, que la fécondité devient la plus grande : quand, humblement, l’on accepte d’être réduit ainsi à l’impuissance en ce monde, alors même que l’on ne peut pas non plus déjà jouir de la plénitude du bonheur qui consiste à voir Dieu face à face. Le travail que Dieu nous demande, en fin de compte, c’est celui-là : mener « une vie digne de l’Evangile du Christ ».

 

Il leur dit : 'Allez, vous aussi, à ma vigne.'
Il leur dit : 'Allez, vous aussi, à ma vigne.'

Il leur dit : 'Allez, vous aussi, à ma vigne.'

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