Dieu est Roi ; il vient pour gouverner. Hérode a tremblé, parce qu’il le savait. Les Mages se sont réjoui, parce qu’ils le savaient.
Avant même que Jésus ne soit capable de parler, il nous enseigne une vérité très importante au sujet de nous-mêmes. Notre cœur est habité par deux réponses possibles à la venue de ce Roi : la réponse d’Hérode ou celle des Mages.
Hérode avait passé toute sa vie à massacrer, à extorquer et à édifier un royaume personnel qu’il puisse gouverner à sa convenance et pour sa propre gloire. Le Christ entre en scène, un Roi revêtu de l’autorité d’en haut. Hérode est immédiatement conscient du danger qui le menace : si le Christ n’est pas éliminé ou discrédité, cela pourrait signifier l’échec de tous ses efforts.
Les Mages, par contre, loin de craindre les exigences de ce nouveau Roi pour leur liberté personnelle, se réjouissent en sachant que le Sauveur envoyé par Dieu est enfin arrivé. Au lieu de mettre leurs trésors - les fruits du travail de toute une vie – en sécurité, ils les offrent généreusement au Christ pour rendre hommage à Celui qui est venu pour régner sur un Royaume éternel.
Chaque fois que le Christ entre dans notre vie - et il le fait chaque jour par la voix de notre conscience, les enseignements de l’Eglise et les desseins de sa Providence - nous avons à choisir quel exemple nous voulons suivre : celui d’Hérode ou celui des Mages. Allons-nous trembler, par peur de ce que Jésus pourrait nous demander, ou allons-nous nous réjouir, heureux de pouvoir suivre un tel Seigneur de gloire ? Nous portons les deux possibilités dans notre cœur. Nous sommes tous des Hérode ou des Mages en puissance.
Jésus espère bien sûr que nous allons nous réjouir. Il ne veut pas que nous tremblions de peur, puisqu’il est venu pour nous sauver.
L’obéissance est la vertu la plus difficile à pratiquer, mais c’est aussi la plus importante. La désobéissance est la cause de l’irruption du mal et de la souffrance dans le monde. L’obéissance du Christ a sauvé le monde. Notre obéissance au Christ nous permet de goûter aux fruits de la rédemption.
Alexandre le Grand, l’un des plus grands chefs militaires de l’histoire, avait conquis pratiquement le monde entier connu de son temps avec sa redoutable armée. Une nuit, alors qu’il était en campagne, il n’arrive pas à trouver le sommeil. Il sort de sa tente pour faire quelques pas dans le campement.
Voilà qu’en marchant, il rencontre un soldat en train de sommeiller, alors qu’il était censé monter la garde. C’était un manquement grave. La sanction qu’encourait un soldat surpris en train de dormir alors qu’il est de garde pouvait aller dans certains cas jusqu’à la peine de mort. Il est arrivé qu’un supérieur qui prenait un soldat de garde en flagrant délit de dormir l’arrose d’essence pour le brûler vif.
Mais voilà que le soldat qui dormait se réveille en entendant Alexandre le Grand s’approcher de lui. Le reconnaissant, le jeune homme craignait le pire.
- Sais-tu quelle est la sanction pour un soldat de garde qui s’est endormi ?
demande Alexandre le Grand au soldat.
- Oui, mon seigneur,
répond le soldat d’une voie tremblante.
- Soldat, quel est ton nom ?
lui demande Alexandre le Grand.
- Alexandre, mon seigneur.
Alexandre le Grand répète la question : "Quel est ton nom ?"
- Je m’appelle Alexandre, mon seigneur.
Une troisième fois, Alexandre le Grand demande au soldat quel est son nom. Pour la troisième fois, le soldat répond doucement : "Je m’appelle Alexandre, mon seigneur."
Alexandre le Grand regarde alors le soldat droit dans les yeux.
- Soldat, lui dit-il avec force, ou bien change ton nom, ou bien change ta conduite.
Nous tous qui portons le nom du Christ et qui nous disons chrétiens, nous devons faire en sorte de mériter de porter ce nom. Nous devons chercher le Christ pour le suivre, comme les Mages, et non pas l’ignorer, ou même, pire, supprimer sa vie dans notre cœur, comme Hérode, en désobéissant à sa volonté.
Qu’est-ce qui vous retient ? Quelle est la partie de votre vie où vous ne voulez pas que Jésus entre pour régner ? Quelle chambre de votre âme est toujours fermée à clé, alors que vous n’avez pas donné cette clé à Jésus ?
Cela peut être un but que vous vous êtes fixé. Peut-être pensez-vous que les grandes choses que vous accomplirez donneront un sens à votre vie. Non ! Seul le Christ peut donner un sens à votre vie. La seule chose qui ne passera pas consiste à accomplir sa volonté avec amour. Aujourd’hui, une fois pour toutes, déposez vos projets, les médailles d’or dont vous rêvez, aux pieds de l’Enfant Jésus, comme les Mages lui ont offert de l’or.
Peut-être ce seront les affections de votre cœur. Peut-être pensez-vous encore que telle relation puisse donner un sens à votre vie. Eh bien, non ! Il n’existe pas de bonnes relations sans le Christ. En fait, c’est lui qui confère à toute relation sa beauté durable, sa joie éternelle. Nous devons chercher de toutes nos forces à lui plaire d’abord à lui. Alors, il pourra rendre nos relations fructueuses au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer. Alors, en ce jour, déposons nos affections de notre cœur à ses pieds, tout comme les Mages ont offert au Seigneur la bonne odeur de leur encens.
Peut-être sont-ce nos souffrances. Peut-être êtes-vous encore fâché avec Dieu pour la blessure que vous portez dans votre cœur. Mais si le Seigneur a permis cela, c’est uniquement parce qu’il sait qu’il peut la guérir, la transformer en grâce. Déposez vos souffrances à ses pieds ; permettez-lui de conduire votre vie ; ne vous rebellez pas contre le Roi plein de sagesse. Donnez-lui votre vie, comme les Mages lui ont offert de la myrrhe, ce parfum épicé dont on se sert pour embaumer les corps pour l’ensevelissement.
Jésus veut être notre Roi, pour que nous puissions goûter la joie de pouvoir vivre et lutter pour son Royaume. Donnons-lui carte blanche.