Écrit par fr Alexis Bugnolo (05/01/2024) - Traduction française autorisée : père Walter Covens
Dès la première année de catéchisme, nous apprenons que Dieu a donné à Moïse, sur le mont Sinaï, dix lois ou commandements qui s'imposent à tous les hommes, femmes et enfants, en tout lieu et en tout temps. L'observation des 10 commandements - également connus sous le nom de Décalogue, du grec "les 10 paroles" - est la condition la plus fondamentale pour être un ami de Dieu, comme l'enseigne le Christ Jésus : "Si vous m'aimez, gardez mes commandements" (Jean 14, 15).
Le 2ème commandement révélé à Moïse
Le texte des dix commandements se trouve à deux endroits dans l'Ancien Testament : dans le livre de l'Exode 20, 2-17, que Moïse a écrit pour consigner la Pâque des Hébreux, de l'esclavage en Égypte à la liberté religieuse de la Terre promise ; et dans le livre du Deutéronome 5, 6-21, où Moïse les écrit une seconde fois, alors qu'il raconte, dans ses dernières années, les merveilles que le Seigneur a accomplies.
Dans l'Église catholique, nous numérotons les commandements de manière synthétique, sans suivre l'ordre numérique du livre de l'Exode ni celui du livre du Deutéronome, car les docteurs et les pères de l'Église les ont réordonnés dans l'ordre théologique approprié, par souci de mémoire, comme méthode didactique.
Ainsi, le deuxième commandement se lit dans nos catéchismes comme suit : "Tu ne prononceras pas le nom du Seigneur en vain". - Cela correspond à Exode 20, 7, qui se lit dans la traduction française liturgique :
Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque en vain son nom.
Et au Deutéronome 5, 11, qui se lit dans la même traduction :
Tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque son nom pour le mal.
Pourquoi Dieu ordonne-t-il le bon usage de son propre nom ?
Les deux versets bibliques nous montrent que l'interdiction universelle d'utiliser le nom divin à mauvais escient est fondée sur le même principe moral : Yahvé, le seul vrai Dieu, est notre Dieu et notre Seigneur, et nous devons donc faire preuve de l'obéissance de la foi dans le respect de la Parole qui le désigne comme tel.
Comme l'explique saint Bonaventure dans son commentaire du Premier Livre de Maître Pierre Lombard, Dieu est appelé "Dieu" parce que ce mot le nomme, Lui, l'Être éternel et infini. En anglais, le mot "God" le désigne non pas comme l'être éternel infini, mais comme celui que l'on invoque dans la prière - c'est l'origine du mot germanique ancien "God".
De même, comme l'enseigne saint Bonaventure au même endroit, Dieu est appelé "Seigneur" non pas parce qu'il est Dieu, mais parce qu'il a créé des créatures, car il n'y a personne en Dieu qui soit soumis à un autre, comme un serviteur l'est à un Seigneur, ou qui ait une supériorité comme un Seigneur l'a à l'égard d'un serviteur. Ainsi, avant que Dieu ne crée, il n'a jamais été appelé Seigneur. Mais avec la création des anges et des hommes, Dieu est désormais appelé "le Seigneur" parce qu'il est celui qui a fait toutes choses.
C'est pourquoi Dieu dit à Moïse : "Je suis l'Éternel, ton Dieu. ... Tu ne prendras pas le nom du Seigneur ton Dieu en vain".
L'usage abusif du nom divin est le pire des péchés
D'après les deux passages de l'Écriture, nous pouvons voir que l'usage abusif du Nom de Dieu ne peut jamais être sans culpabilité et ne restera jamais impuni. À partir de cet enseignement, les saints et les docteurs de l'Église expliquent que le blasphème contre Dieu est puni par Dieu plus durement et plus sévèrement que tous les autres péchés. Cela signifie que c'est un péché bien plus grave que l'adultère, le meurtre ou le vol. Et ce, parce qu'il s'agit d'un péché contre Dieu lui-même, qui est d'une dignité, d'une majesté et d'une sainteté infinies.
Or, prendre le nom du Seigneur "en vain" signifie le faire inutilement, c'est-à-dire lorsqu'il n'est pas nécessaire de le nommer. En effet, on ne doit pas utiliser le nom d'une chose si ce n'est pour la nommer ; de même, on ne doit pas utiliser le nom d'une personne si ce n'est pour la nommer. - Par exemple, personne ne s'écrie "Thomas d'Aquin" lorsqu'il s'écrase le doigt, accidentellement, en se servant mal d'un marteau. Car il n'y a pas lieu de nommer le saint dominicain à ce moment-là.
A plus forte raison, nous ne devrions JAMAIS prononcer le nom de Dieu sans avoir l'intention de nous y référer ou de l'invoquer. C'est si important que dans le livre de Job, Dieu loue Job et non ses amis érudits qui ont parlé avec tant d'éloquence de Dieu et de sa justice. Comme le dit Peter Kreeft, c'est parce que les amis de Job nommaient Dieu pour parler de lui, alors que Job nommait Dieu pour lui parler.
Invoquer le nom de Dieu pour approuver le mal est un péché encore plus grave que de l'utiliser à mauvais escient
Nous pouvons donc imaginer à quel point le péché est grand, si nous devions utiliser le Nom de Dieu dans quelque chose qui n'est pas seulement inutile, mais mauvais, peccamineux, ou même pire pour approuver le mal ou le péché !
C'est l'équivalent spirituel de souiller le visage divin dans la boue de la dépravation morale.
Et ce péché devient d'autant plus grand si l'on ne nomme pas seulement Dieu avec le mot "Dieu" ou son équivalent, mais si l'on utilise les noms révélés de Dieu, tels que "Yahvé" ou "Jésus" ou un autre nom révélé comme "Sabaoth", "El Shaddai".
Et ce péché serait encore plus grand si la personne qui utilise le nom de Dieu pour approuver le péché ou le mal avait la dignité d'un ambassadeur de Dieu, comme c'est le cas de tous les évêques et prêtres de l'Église catholique.
Mais Fiducia supplicans est le pire péché jamais commis dans l'histoire du monde contre le Nom divin
Bien que nous puissions imaginer la perpétration d'un péché aussi horrible et monstrueux, Fiducia supplicans va bien au-delà en termes de dépravation morale.
En effet, dans Fiducia supplicans, nous avons non seulement préconisé que les évêques et les prêtres catholiques approuvent des unions ou des désespoirs pécheurs en imposant une bénédiction qui invoque le Nom divin par ses ambassadeurs sacrés, mais nous avons également tenté, par les arguments qu'elle contient, de convaincre le monde que cela n'est pas seulement moralement licite, mais que c'est l'accomplissement le plus parfait de l'Évangile de Notre-Seigneur Jésus-Christ !
Fiducia supplicans est donc un document tout droit sorti de l'enfer. Il s'agit d'une violation flagrante du deuxième commandement du Décalogue et il est certainement digne de l'Antéchrist dans sa tentative universelle de renverser la Maison de Dieu et le pilier de la Vérité qu'est l'Église.
C'est pourquoi Fiducia supplicans doit non seulement être entièrement rejeté et condamné, mais tous ceux qui y adhèrent de quelque manière que ce soit doivent être sévèrement avertis de leur damnation éternelle et de la vengeance divine imminente qu'ils ont méritée en l'acceptant, en l'approuvant, en la louant ou en la tolérant.
Crédits : L'enfer représenté en mosaïque dans le baptistère de la cathédrale catholique de Florence, en Italie. L'image montre Satan dévorant les âmes et les corps dans l'Enfer.