Toute vocation chrétienne vient de Dieu, est don de Dieu; mais elle n'est jamais donnée en dehors ou indépendamment de l'Église. Elle passe toujours dans l'Église et par l'Église, parce que, comme le rappelle le Concile Vatican II, «il a plu à Dieu que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément hors de tout lien mutuel; il a voulu au contraire en faire un peuple qui le reconnaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté».
Non seulement l'Église accueille en elle toutes les vocations que Dieu lui donne sur son chemin de salut, mais elle prend elle-même les traits d'un mystère de vocation, lumineux et vivant reflet du mystère de la sainte Trinité. En réalité, l'Église, «peuple réuni par l'unité du Père, du Fils et de l'Esprit Saint», porte en elle le mystère du Père qui, sans être appelé ou envoyé par personne (cf. Rm 11, 33-35), appelle tout le monde à sanctifier son nom et à accomplir sa volonté; l'Église garde en elle-même le mystère du Fils, qui est appelé et envoyé par le Père pour annoncer à tous le Royaume de Dieu, en les appelant tous à le suivre. L'Église enfin est dépositaire du mystère de l'Esprit Saint qui consacre pour la mission ceux et celles que le Père appelle par son Fils Jésus Christ.
L'Église qui, par nature, est «vocation», est génératrice et éducatrice de vocations. Elle l'est dans son être de «sacrement» en tant que «signe» et «instrument», dans lequel retentit et s'accomplit la vocation de tout chrétien; elle l'est dans son action, c'est-à-dire dans l'exercice de son ministère d'annonce de la Parole, de célébration des sacrements, de service et de témoignage de la charité.
On peut dès lors saisir à quel point la vocation chrétienne a, par avance, une dimension ecclésiale. Non seulement la vocation dérive «de» l'Église et de sa médiation; non seulement elle se fait reconnaître et s'accomplit «dans» l'Église; mais - dans le service fondamental qu'elle rend à Dieu - elle se présente aussi et nécessairement comme rendant service «à» l'Église. La vocation chrétienne, dans toutes ses formes, est un don destiné à l'édification de l'Église, à la croissance du Règne de Dieu dans le monde.
Ce que nous disons de toute vocation chrétienne trouve une réalisation particulière dans la vocation sacerdotale. Cette vocation est un appel, par le sacrement de l'Ordre reçu dans l'Église, à se mettre au service du peuple de Dieu avec une appartenance spéciale et une configuration à Jésus Christ, comportant l'autorité d'agir «au nom et dans la personne » de celui qui est la Tête et le Pasteur de l'Église.
Dans cette perspective, on comprend ce qu'écrivent les Pères synodaux: «La vocation de chaque prêtre existe dans l'Église et pour l'Église: c'est par elle que s'accomplit cette vocation. Il s'ensuit que tout prêtre reçoit la vocation du Seigneur, par l'intermédiaire de l'Église, comme un don gracieux, une grâce gratis data (charisme). Il appartient à l'évêque ou au supérieur compétent non seulement de soumettre à examen l'aptitude et la vocation du candidat, mais aussi de la reconnaître. Une telle intervention de l'Église fait partie de la vocation au ministère presbytéral comme tel. Le candidat au presbytérat doit recevoir la vocation sans imposer ses propres conditions personnelles, mais en acceptant aussi les normes et les conditions posées par l'Église elle-même, selon sa propre responsabilité».