Louis de Gonzague est très différent; il ressemble plutôt à Catherine de Sienne. Le péché le fait souffrir et il ne se soustrait pas à cette souffrance. Il peut considérer le péché de façon objective et réelle. Il n'y prend aucune part, il n'est pas lié au péché par le péché, mais il le connaît. Il veut savoir ce qu'il est. Et ce qui est insupportable pour lui passe immédiatement dans ce qui est insupportable pour le Seigneur. Il n'est pas porté à fixer ses propres limites et à voir jusqu'à quel point il est impliqué ou non. Son passé ne joue pas un grand rôle. Il remercie le Seigneur de pouvoir faire ce que Dieu attend de lui à l'heure actuelle. S'il avait commis un péché mortel, eh bien! ce serait fait et il en serait terriblement affligé, mais il s'en confesserait et irait de l'avant. Mais s'il sait qu'il n'en a pas commis, il en remercierait sans doute Dieu brièvement, mais sans y attacher une grande importance. Lui aussi s'accuse d'être distant de Dieu, mais sans s'occuper de l'origine de ce décalage. Il fixe intensément ce «toujours plus» de Dieu et de sa grâce, et il confesse ce qui lui manque. Et ce n'est rien de théorique. En cela il est très proche de François. Mais il ne se construit pas non plus une théologie du péché qu'il constate chez les autres. Ce sont, à son avis, des croyants comme lui, des frères même qui n'aiment pas assez, mais lui non plus n'aime pas suffisamment. Aussi, quoiqu'il puisse désigner leurs péchés par un nom approprié, il égale ses frères dans ce manque d'amour. Et pour lui il n'est pas essentiel que ce manque d'amour ait causé tels péchés précis ou, comme dans son cas, qu'il ait fait obstacle à un amour plus ardent. Son repentir naît là où il reconnaît combien il est loin de répondre aux exigences de l'amour. On ne peut donc pas dire, pour lui ou pour des cas semblables, qu'il n'y aurait pas « matière» à confession et par conséquent point d'absolution. Il éprouve la grâce de l'absolution avec beaucoup d'acuité, plus que la Petite Thérèse. Et cette grâce lui donne une nouvelle impulsion pour aimer.
La Mère de Dieu ne se sent pas exclue de la communion des pénitents, parce qu'elle participe au plus haut degré à l'attitude de confession de son Fils. Elle est impliquée dans la confession de tous les pécheurs, en ce lieu où le Fils en tant qu'homme est parfaitement transparent devant son Père, où il confère à sa propre humanité sa transparence divine. La Mère voit cette transparence infinie et, malgré sa perfection, ne cesse d'aspirer à cette transparence inaccessible. Elle y aspire sans se soucier du résultat. L'essence de l'attitude de confession chez elle est d'être assimilée au Fils. Il n'y a pas d'absolution pour elle, mais la plus profonde proximité avec le Fils Rédempteur et Purificateur de tous les pécheurs, et cette proximité, elle la communique dans un sens eucharistique.