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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Adrienne von Speyr, Confession et prière

Publié par Walter Covens sur 28 Mars 2007, 20:38pm

Catégories : #la vache qui rumine (Années B - C)

    Puisque le Fils se tient sans cesse devant le Père dans une attitude de confession, tout contact du croyant avec le Seigneur lui transmet quelque chose de cette attitude. Ce peut être très proche de la confession sacramentelle, mais cela peut aussi en paraître éloigné, et ce n'est que lorsqu'on l'examine de plus près que ce quelque chose révèle son appartenance à l'atmosphère de la confession. Dans la foi, toute affaire avec le Seigneur appartient déjà à la prière. Le croyant ne peut pas s'occuper du Seigneur dans un état d'esprit étranger à la prière. Par exemple un état d'esprit si purement scientifique ou historique qu'il serait opposé à la prière. Il doit être plutôt une sorte d'élargissement de la prière, qui la vivifie quelquefois de façon plus périphérique, quelquefois plus centrale. La prière, dans toute sa pureté, serait la participation à l'échange du Seigneur avec son Père dans l'Esprit Saint, à l'entretien de la Trinité avec le monde et avec nous. L'entretien trinitaire est universel. Le maximum que nous pouvons en saisir s'étend à ce qui est intelligible pour nous, comme par exemple les propos du Seigneur sur terre, ses relations avec l'Église, l'institution des sacrements, les commandements et les conseils. Aussi ne faut-il pas que les éléments se distinguent nettement: l'on peut prier en vue de la confession, soit en s'y préparant, soit en faisant sa pénitence; ici, les choses se tiennent. D'autre part on peut choisir la confession comme objet de sa prière, prier pour mieux répondre dans l'acte et dans l'état de la confession. Mais on peut aussi tout simplement prier et adorer Dieu sans envisager explicitement la confession ; même cette prière-là ne restera pas sans rapports avec la confession, car toute prière bien faite nous rapproche de l'attitude du Seigneur et nous en transmet quelque chose. Cette attitude du Seigneur, toute simple en soi, est pour notre entendement différenciée et complexe, parce qu'abordable par des biais différents, mais de partout nous trouverons l'accès au centre: son ouverture totale devant le Père, au service de la rédemption du monde. Ainsi toute prière que nous faisons et qui enrichit le trésor de prières de l'Église, nous initie à cette attitude du Fils et est en relation avec la rédemption du monde. C'est la raison pour laquelle la confession est si proche. Ce caractère central de la prière explique aussi pourquoi l'Église permet tant de formes de prières et de dévotions différentes, où chacun peut choisir celle qui lui convient. S'il en était autrement, nous serions obligés de prier selon un système déterminé, ou encore selon une répartition exacte où chacun aurait une part : les âmes du purgatoire, les pénitents, les communiants, l'œuvre apostolique de l'Église, etc. Puisqu'il n'en est pas du tout ainsi, nous pouvons, d'un point de vue extérieur, prier unilatéralement. Il est certes désirable que nous saisissions clairement l'essentiel de la prière, et, quelle qu'en soit la forme ou le sujet, quelles qu'en soient les dévotions ou les intentions, que nous l'abandonnions à Dieu afin qu'il puisse en disposer librement. Car toute prière chrétienne est en fin de compte une insertion dans cette volonté du Père que le Fils accomplit. Comme le Fils, dans chacune de ses actions, fait entièrement la volonté de son Père de même chacune de nos prières chrétiennes a une part totale à la volonté du Père.

    Dieu sait tout. Ce dont nous nous accusons au prêtre, Dieu le sait déjà. Nous lui disons des choses connues, nous essayons de lui dire ce qui est vrai, mais en le faisant, nous reprenons conscience de l'omniscience de Dieu. Aussi quand nous prions, il faut nous rappeler que Dieu sait ce dont nous avons besoin, s'il s'agit d'une prière de demande, et comment nous aimerions l'adorer, s'il s'agit d'une prière d'adoration. Cette connaissance ne doit pas rester purement théorique, elle doit nous servir de stimulant et nous aider à nous présenter nus devant Dieu, à prier dans une ouverture totale qui ne fait aucune réserve, et qui là où il y en aurait, cherche à les dévoiler devant Dieu. Une telle ouverture est une partie de l'attitude de la confession, et celle-ci comprend en outre une entière disponibilité, un mouvement d'attente et d'acceptation à l'égard de Dieu. Se contenter de reconnaître simplement ses fautes ne suffirait pas, si on avait le sentiment d'avoir fait ce qu'il faut et de pouvoir se retirer dans sa coquille. L'aveu des fautes est un mouvement vers Dieu et un abandon à ce qu'il donnera. De même pour la prière: elle n'est pas seulement une parole adressée à Dieu, elle est en même temps, et bien plus encore, une écoute de sa parole, une disponibilité à faire ce qu'il dit. La prière n'est pas un monologue, c'est un dialogue, elle n'est pas seulement l'expression des besoins de l'homme et de ses opinions, mais la disposition ouverte à tout ce que Dieu dit et à tout ce dont il a besoin.

    De plus, le pénitent veut, selon la volonté du Seigneur, que sa confession dépasse l'acte même de la confession, qu'elle reste efficace et vivante pendant tout le temps qui suivra. De même, celui qui prie devrait aussi, en dehors de la prière explicite, pouvoir vivre de la prière. La prière devrait englober et exprimer tout ce qui, au long de la vie, est vrai, tout ce qui se passe. Elle devrait témoigner que nous avons établi notre demeure en Dieu. Et comme, d'une confession à l'autre, il y a des changements qui sont peut-être davantage constatés par le confesseur que par le pénitent, il ya aussi une sorte d'évolution d'une prière à l'autre, parce que le croyant ne connaît pas d'arrêt dans sa vie, pas plus que le Fils qui, parti du Père et retourné vers le Père, ne s'est jamais arrêté dans son cheminement. Celui qui prie comme celui qui se confesse (celui-ci est à la fois l'un et l'autre) se trouvent à la suite du Fils, et sont entraînés dans son passage au Père, mouvement qui inclut toujours celui qui vient du Père. Notre vie tout entière, dans l'unité d'attitude de prière et de confession, est marquée par l'unité de l'attitude adoptée par le Fils.

    Confession et prière ont encore ceci en commun : en elles sont exprimées des questions, des problèmes et des difficultés particulières de la vie. Que le chrétien laissé à lui-même n'est pas à la hauteur de sa situation, qu'il a besoin de l'aide de Dieu et de l'Église, cela apparaît à l'évidence dans l'une comme dans l'autre. Dans la confession, plutôt après la chute, dans la prière, avant la chute. Dans la confession, plutôt de manière concluante, dans la prière, de manière préventive. Mais le fait d'être tombé, et le fait de se trouver en danger de chute, ne s'excluent pas, les deux situations sont si intimement liées chez le croyant, qu'elles appartiennent toutes les deux aussi bien au domaine de la prière qu'à celui de la confession. Un chrétien peut se confesser parce qu'il est exposé à une grande tentation. Et prier, chacun peut le faire après sa chute.

La confession, Éd. Lethielleux, Collection Le Sycomore, 1981, p.189-192
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