Dieu sait tout. Ce dont nous nous accusons au prêtre, Dieu le sait déjà. Nous lui disons des choses connues, nous essayons de lui dire ce qui est vrai, mais en le faisant, nous reprenons conscience de l'omniscience de Dieu. Aussi quand nous prions, il faut nous rappeler que Dieu sait ce dont nous avons besoin, s'il s'agit d'une prière de demande, et comment nous aimerions l'adorer, s'il s'agit d'une prière d'adoration. Cette connaissance ne doit pas rester purement théorique, elle doit nous servir de stimulant et nous aider à nous présenter nus devant Dieu, à prier dans une ouverture totale qui ne fait aucune réserve, et qui là où il y en aurait, cherche à les dévoiler devant Dieu. Une telle ouverture est une partie de l'attitude de la confession, et celle-ci comprend en outre une entière disponibilité, un mouvement d'attente et d'acceptation à l'égard de Dieu. Se contenter de reconnaître simplement ses fautes ne suffirait pas, si on avait le sentiment d'avoir fait ce qu'il faut et de pouvoir se retirer dans sa coquille. L'aveu des fautes est un mouvement vers Dieu et un abandon à ce qu'il donnera. De même pour la prière: elle n'est pas seulement une parole adressée à Dieu, elle est en même temps, et bien plus encore, une écoute de sa parole, une disponibilité à faire ce qu'il dit. La prière n'est pas un monologue, c'est un dialogue, elle n'est pas seulement l'expression des besoins de l'homme et de ses opinions, mais la disposition ouverte à tout ce que Dieu dit et à tout ce dont il a besoin.
De plus, le pénitent veut, selon la volonté du Seigneur, que sa confession dépasse l'acte même de la confession, qu'elle reste efficace et vivante pendant tout le temps qui suivra. De même, celui qui prie devrait aussi, en dehors de la prière explicite, pouvoir vivre de la prière. La prière devrait englober et exprimer tout ce qui, au long de la vie, est vrai, tout ce qui se passe. Elle devrait témoigner que nous avons établi notre demeure en Dieu. Et comme, d'une confession à l'autre, il y a des changements qui sont peut-être davantage constatés par le confesseur que par le pénitent, il ya aussi une sorte d'évolution d'une prière à l'autre, parce que le croyant ne connaît pas d'arrêt dans sa vie, pas plus que le Fils qui, parti du Père et retourné vers le Père, ne s'est jamais arrêté dans son cheminement. Celui qui prie comme celui qui se confesse (celui-ci est à la fois l'un et l'autre) se trouvent à la suite du Fils, et sont entraînés dans son passage au Père, mouvement qui inclut toujours celui qui vient du Père. Notre vie tout entière, dans l'unité d'attitude de prière et de confession, est marquée par l'unité de l'attitude adoptée par le Fils.
Confession et prière ont encore ceci en commun : en elles sont exprimées des questions, des problèmes et des difficultés particulières de la vie. Que le chrétien laissé à lui-même n'est pas à la hauteur de sa situation, qu'il a besoin de l'aide de Dieu et de l'Église, cela apparaît à l'évidence dans l'une comme dans l'autre. Dans la confession, plutôt après la chute, dans la prière, avant la chute. Dans la confession, plutôt de manière concluante, dans la prière, de manière préventive. Mais le fait d'être tombé, et le fait de se trouver en danger de chute, ne s'excluent pas, les deux situations sont si intimement liées chez le croyant, qu'elles appartiennent toutes les deux aussi bien au domaine de la prière qu'à celui de la confession. Un chrétien peut se confesser parce qu'il est exposé à une grande tentation. Et prier, chacun peut le faire après sa chute.