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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Adrienne von Speyr, Confession et mission

Publié par Walter Covens sur 27 Mars 2007, 20:10pm

Catégories : #la vache qui rumine (Années B - C)

    Celui qui s'est rendu compte que par la confession et la prière qui l'accompagne, il lui est non seulement possible de se débarrasser de son propre péché, mais d'aider en même temps les autres, s'aperçoit clairement qu'il existe un endroit où confession et mission se rencontrent, jusqu'à coïncider. Le Fils a une mission toute divine: même en tant qu'homme, il l'exécute à la manière de Dieu, et pour l'accomplir reste toute sa vie dans une attitude de parfaite ouverture envers son Père et envers l'Esprit Saint, dans l'attitude par conséquent de confession, qui lui permet constamment de faire la volonté de son Père dans l'Esprit Saint, et d'accomplir sa mission de manière à la fois aussi personnelle et obéissante que possible. Son attitude de totale ouverture et son action ne font qu'un. Même sur la croix où la présence du Père ne lui est plus sensible, mais où il porte en souffrant le fardeau de nos péchés, où il apporte à tous non seulement une délivrance abstraite et générale, mais la confession concrète, il se trouve au point culminant aussi bien de la confession que de la mission. Il accomplit le plus difficile de sa mission, la mort sur la croix, dans l'attitude de confession la plus ouverte. Et puisque toutes les missions particulières ont leur source dans la croix, elles découlent aussi toutes de l'attitude et de l'acte même de la confession. Si un saint n'avait jamais commis de péché, ou s'il n'en avait pas commis depuis longtemps, il se pourrait, en ce qui le concerne, que le péché ait perdu toute actualité. Il ne le verrait et ne le comprendrait que dans la perspective de la croix du Seigneur. Il resterait lui-même, par une grâce spéciale, exclu du royaume du péché. Et les péchés de son prochain, il les éprouverait comme une gêne, dans son entretien avec Dieu, mais non comme un obstacle sérieux. Mais les choses ne se passent pas ainsi. En contemplant la croix, il mesurera par rapport à celle-ci, combien le fardeau des péchés est accablant, et en s'apercevant de leurs effets, il en comprendra la virulence. Il verra aussi quels ravages ils ont causé chez ses frères, et il comprendra que toute sa mission consiste à venir en aide aux pécheurs.

    Il peut aussi arriver que le saint ait été lui-même un pécheur et qu'à cause de cela, il se prenne toujours pour un pécheur; alors il éprouvera sa rencontre avec le Seigneur comme la grâce parfaite de la confession. Soit qu'il rencontre le Seigneur directement comme Madeleine, soit qu'il le trouve à l'occasion d'une confession-conversion dans l'Église. Même dans ce cas, l'événement de la confession lui paraîtra inséparable de sa mission. Et si cet événement représente pour lui un des points culminants de sa vie, il essaiera de le tenir présent, sous une forme modifiée, non pas pour prolonger une sensation, mais pour se configurer à sa manière au Seigneur sur la croix, et pour se laisser envoyer vers les pécheurs dont il était, et parmi lesquels, au fond de son cœur, il continue de se compter. Pour d'autres envoyés du Seigneur qui cherchent à remplir leur tâche, la confession peut être un événement qui les replace chaque fois à nouveau au centre de leur mission, une boussole qui leur indique la direction, qui leur trace exactement l'itinéraire. Toujours sous le signe de la confession, il poursuivent leur chemin de crête. Il y a pour eux bien des dangers de chute, mais la confession leur montrera toujours à nouveau la voie étroite.

    Si la mission est comprise de cette façon, c'est-à-dire si l'envoyé sait n'être que passage et intermédiaire, alors il comprend que chaque sacrement le mettra dans une situation analogue. Le sacrement n'a de sens pour lui que pour autant qu'il le délivre de tout ce qui ne fait pas partie de sa mission, qu'il l'élargit et le rend plus transparent. S'il aime sa mission et veut vivre pour elle, si sa vie lui apparaît comme un service, il n'aura pas de désir plus ardent que de s'en acquitter selon la volonté de Dieu. Il essaiera de réaliser les deux articulations qui se présentent dans le sacrement aussi totalement que possible, c'est-à-dire d'accepter ce qui lui revient, pour que la part qui revient aux autres puisse leur être transmise aussi pure que possible. Il se confessera pour être à nouveau purifié pour sa tâche, pour voir avec des yeux neufs ce qui est essentiel à sa mission, et pour pouvoir transmettre intégralement ce qu'il a reçu par la confession.

    Il n'est point de mission qui ne dépende de façon décisive de cette attitude de confession. Et il n'est pas de sacrement qui exige aussi nettement la transparence de l'homme pour sa mission. Les scories qui obstruent l'écoulement sont dissoutes et balayées pour que la mission trouve de nouveau le passage libre. D'autre part un envoyé de Dieu ne doit pas devenir si avide de confession qu'il fasse pour ainsi dire tout dépendre d'elle; ce serait une erreur que de vouloir se confesser tous les jours pour être à la hauteur de sa mission. Dieu n'a pas mis la force de sa grâce dans les seuls sacrements, il l'accorde aussi dans la prière; et, par son appartenance à l'Église, un envoyé de Dieu est sans cesse purifié et aidé. S'il est vrai que dans une certaine mesure de communion des saints vit de lui, lui aussi vit par elle et est pour ainsi dire soutenu et stimulé par les besoins de la communion des saints. N'oublions pas que le sacrement reçu a aussi des effets ultérieurs: on reste dans ce qu'on a reçu. Les sacrements ne sont pas tout à fait comparables à la nourriture corporelle, qui ne nous réconforte que pour un certain temps. Il ne faut pas seulement vouloir se nourrir des sacrements, mais aussi de la grâce liée au ministère. On peut, à l'occasion, se confesser avant une entreprise difficile, pour être tout à fait pur, mais on ne peut pas recommencer quand la prochaine tâche se présentera. On oublierait les effets ultérieurs, on oublierait aussi la liberté de la grâce de Dieu. La confession ne veut pas faire de nous des mineurs dépendants, mais nous conduire à la maturité de ceux qui, par une obéissance toujours plus délicate, perçoivent de plus en plus délicatement ce que le Seigneur exige d'eux.

    Il existe aussi des missions plus modestes qui se manifestent souvent à l'occasion d'une confession. La confession est alors une espèce d'entraînement. Le confesseur remarque qu'il y à là quelque chose qui demanderait à être soigné et développé. Il le fait ressortir plus clairement dans la confession. Et le pénitent sent comment la confession le transforme.

La confession, Éd. Lethielleux, Collection Le Sycomore, 1981, p.187-189
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J
Merci mon Père, et que le Seigneur vous bénisse et vous garde<br /> Bonne journée
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