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Publié par Walter Covens

Il est indéniable; il ne fait aucun doute qu'il y a deux races de saints dans le ciel.
Deux sortes de saints.
(Heureusement qu'ils font bon ménage ensemble.)
De même que les soldats du roi et les capitaines
Sont d'une race ou d'une autre mais sont tous des Français.
Et ils font tout de même une seule armée.
Et ils sont tous les soldats (de l' armée) du roi, et les capitaines.
Mais enfin ils proviennent d'une province ou d'une autre.
Ou d'une marche. Les uns de l'une, les autres de l'autre.
Ou d' Outre-Loire ou de par ici de la Loire.
Ainsi, (et autrement), il faut le dire il y a, il faut dire le mot il y a deux races de saints dans le ciel.
Deux races temporelles. Deux sortes de saints.
Tout le monde est pécheur. Tout homme est pécheur.
Mais enfin il y a deux grandes races, il y a deux recrutements.

Il y a un double recrutement des saints qui sont dans le ciel.
Il y a ceux qui viennent, il y a ceux qui sortent des justes. Et il y a ceux qui sortent des pécheurs.
Et c'est une entreprise difficile.
C'est une entreprise impossible à l'homme.

Que de savoir quels sont les plus grands saints. Ils sont tellement grands les uns et les autres.

Il y a deux extractions (et tous pourtant, ensemble, également ils sont des saints dans le ciel. Sur le même pied) (Des saints de Dieu)
Il y a deux extractions, ceux qui viennent des Justes et ceux qui viennent des pécheurs.
Ceux qui n'ont jamais inspiré d'inquiétudes sérieuses
Et ceux qui ont inspiré une inquiétude
Mortelle.
Ceux qui n'ont pas fait jouer l'espérance et ceux qui ont fait jouer l'espérance.

Ceux dont on n'a jamais rien craint, rien redouté de sérieux, et ceux dont on a failli désespérer, Dieu nous en garde.
Quel grand combat.
Ceux dont on n'a jamais rien entendu dire. Et ceux dont on a entendu dire
La parole
Mortelle.
Il y a deux formations, il y a deux extractions, il y a deux
races de saints dans le ciel.
Les saints de Dieu sortent de deux écoles. De l'école du juste et de l'école du pécheur.
De la vacillante école du péché.
Heureusement que c'est toujours Dieu qui est le maître d'école.
Il y a ceux qui viennent des justes et il y a ceux qui viennent des pécheurs.
Et ça se reconnaît.
Heureusement qu'il n'y a aucune jalousie dans le ciel. Au contraire.
Puisqu'il y a la communion des saints.
Heureusement qu'ils ne sont point jaloux les uns des autres. Mais tous ensemble au contraire ils sont liés comme les doigts de la main.
Car tous ensemble ils passent tout leur temps toute leur sainte journée ensemble à comploter contre Dieu.
Devant Dieu.
Pour que pied à pied la Justice
Pas à pas cède le pas à la Miséricorde.
Ils font violence à Dieu. Comme des bons soldats ils luttent pied à pied,
(Ils font la guerre à la justice.
Ils sont bien forcés)
Pour le salut des âmes périclitantes.
Ils tiennent bon. Tout mus, tout animés d'espérance,
Hardis contre Dieu,
(Mais aussi ils en ont un appui, un patronage, une haute protection.
Quel patron, mes enfants, et quelle patronne.)
Quel (autre) complot au-dessus d'eux, couvrant leur grand complot,
Patronnant leur grand complot.

Quelle avocate auprès de Dieu. (Advocata nostra).
Car nos patrons et nos saints, nos patrons les saints
Ont eux-mêmes un patron et une patronne.
Un saint et une sainte.
Qui est autant
(Et septante fois autant) au-dessus d'eux qu'ils sont au­ dessus de nous
Eux-mêmes.
Qui est pour eux ce qu'ils sont pour nous, et septante fois ce qu'ils sont pour nous.
Telle est la folie de l'espérance.
Et couverts, encouragés par ce haut complot,
Par la protection de ce haut complot,
Tout nourris d'espérance ils tiennent bon comme des bons soldats.
Ils luttent pied à pied, ils défendent le terrain pied à pied.
On ne peut imaginer tout ce qu'ils font, tout ce qu'ils inventent
Pour le salut des âmes périclitantes.
Lambeau à lambeau ils vous arrachent
Au royaume de perdition
Une âme en danger.

Ainsi Dieu n'a pas voulu, Il ne lui a pas plu,

Que dans le concert il n'y eût qu'une voix.
Il n'a pas plu à sa sagesse.
Et à son contentement.

Il n'a pas voulu être loué d'une seule voix. Par un seul chœur
Et combattu.
Mais comme dans une église de campagne il y a plusieurs voix
Qui louent Dieu.
Par exemple les hommes et les femmes. Ou encore les hommes et les enfants.
Ainsi dans le ciel il a plu, il a été agréable à sa sagesse.
Et à son contentement.
D'être loué, d'être chanté, d'être combattu par deux voix.
Par deux langages, par deux chœurs.
Par les anciens justes et par les anciens pécheurs.
Pour que pied à pied la Justice reculât
Devant la Miséricorde.
Et que la Miséricorde avance. Et que la Miséricorde gagne.
Car s'il n'y avait que la justice et si la Miséricorde ne s'en mêlait pas,
Qui serait sauvé.

Ou quelle femme ayant dix drachmes
(C’est encore selon saint Luc, mon enfant, Si elle a perdu une drachme,
Si elle en perd une,
Est-ce qu'elle n'allume pas sa chandelle,
Et balaye sa maison,
Et cherche diligemment,
Jusqu’à ce qu’elle trouve ?

Et quand elle a trouvé,
Elle convoque ses amies et ses voisines,
(Ils convoquent tout le temps leurs amis et leurs voisins, dans ces paraboles),
Disant:
Réjouissez-vous avec moi,
Parce que j'ai trouvé la drachme que j'avais perdue.

Ainsi je vous le dis,
Il y aura de la joie devant les anges de Dieu,
 Sur un pécheur faisant pénitence.
Il y avait une grande procession; en tête s'avançaient les trois Similitudes;
la parabole de la brebis égarée;
la parabole de la drachme égarée;
la parabole de l'enfant égaré.

Or autant qu'un enfant est plus cher qu'une brebis,
Et infiniment plus cher qu'une drachme,
Autant qu'un enfant eSt plus cher au cœur du père,
(De son père qui est en même temps, qui est déjà, d'abord, qui est premièrement son pasteur),
Qu’une brebis même n'est chère au cœur du (bon) pasteur,
Autant la troisième Similitude,
Autant la parabole de l'enfant égaré
Est encore plus belle si possible et plus chère,
Est encore plus grande que les deux Similitudes antécédentes,
Que la parabole de la brebis égarée,
Et que la parabole de la drachme égarée.

Toutes les paraboles sont belles, mon enfant, toutes les paraboles sont grandes, toutes les paraboles sont chères.
Toutes les paraboles sont la parole et le Verbe,
La parole de Dieu, la parole de Jésus.
Elles sont toutes également, elles sont toutes ensemble
La parole de Dieu, la parole de Jésus.
Sur le même pied.
(Dieu s'est mis dans ce cas, mon enfant, Dans ce mauvais cas,
D'avoir besoin de nous)
Toutes elles viennent du cœur, également, et elles vont au cœur,
Elles parlent au cœur.
Mais entre toutes les trois paraboles de l'espérance.
S'avancent,
Et entre toutes elles sont grandes et fidèles, entre toutes elles sont pieuses et affectueuses, entre toutes elles sont belles, entre toutes elles sont chères et près du cœur.
Entre toutes elles sont près du cœur de l'homme, entre toutes elles sont chères au cœur de l'homme.
Elles ont on ne sait quelle place à part.
Elles ont peut-être en elles on ne sait quoi qui n'est pas, qui ne serait pas dans les autres.
C'est peut-être qu'elles ont en elles comme une jeunesse, comme une enfance ignorée.
Insoupçonnée ailleurs.
Entre toutes elles sont jeunes, entre toutes elles sont fraîches, entre toutes elles sont enfants, entre toutes elles sont inusées.
Invieillies.
Non usées, non vieillies.

Depuis treize et quatorze siècles, qu'elles servent, et depuis deux mille ans, et dans les siècles des siècles Jeunes comme au premier Jour.
Fraîches, innocentes, ignorantes,
Enfants comme au premier jour.
Et depuis treize cents ans qu'il y a des chrétiens et quatorze cents ans,

Ces trois paraboles, (que Dieu nous pardonne), Ont une place secrète dans le cœur.

Et que Dieu nous pardonne tant qu'il y aura des chrétiens,
Aussi longtemps c'est-à-dire éternellement,

Dans les siècles des siècles il y aura pour ces trois paraboles
Une place secrète dans le cœur.

Et toutes les trois elles sont les paraboles de l'espérance.
Ensemble.
Également jeunes, également chères.
Entre elles.
Sœurs entre elles comme trois enfants toutes jeunes.
Également chères, également secrètes.
Secrètement aimées.
Également aimées.
Et comme plus intérieures que toutes les autres.
Répondant comme à une voix intérieure plus profonde:
Mais entre toutes; entre toutes les trois voici la troisième parabole qui s'avance.
Et celle-là, mon enfant, cette troisième parabole de  l'espérance,
Non seulement elle est neuve comme au premier jour.
Comme les deux autres
Ses sœurs.
Et dans les siècles elle sera neuve,
Aussi neuve jusqu'au dernier jour.
Mais depuis quatorze cents, depuis deux mille ans qu'elle  sert,
Et qu'elle fut contée à des hommes innombrables, (Depuis cette première fois qu'elle fut contée),
A des chrétiens innombrables,

A moins d'avoir un cœur de pierre, mon enfant, qui l'entendrait sans pleurer.  




Depuis quatorze cents, depuis deux mille ans elle a fait
pleurer des hommes innombrables.
Dans les siècles et dans les siècles.
Des chrétiens innombrables.
Elle a touché dans le cœur de l'homme un point unique,
un point secret, un point mystérieux.
(Elle a touché au cœur.)
Un point inaccessible aux autres.
On ne sait quel point comme plus intérieur et plus profond.
Des hommes innombrables, depuis qu'elle sert, des chrétiens innombrables ont pleuré sur elle.
(A moins d'avoir un cœur de pierre.)
Ont pleuré par elle.
Dans les siècles des hommes pleureront.
Rien que d'y penser, rien que de la voir qui pourrait,
Qui saurait retenir ses larmes.
Dans les siècles, dans l'éternité des hommes pleureront
sur elle; par elle, Fidèles, infidèles.
Dans l'éternité jusqu'au jugement.
Au jugement même, dans le jugement. Et
C'est la parole de Jésus qui a porté le plus loin, mon enfant.
C'est celle qui a eu la plus haute fortune
Temporelle. Éternelle.
Elle a éveillé dans le cœur on ne sait quel point de répondance Unique.
Aussi elle a eu une fortune
Unique.
Elle est célèbre même chez les impies.
Elle y a trouvé, là-même, un point d'entrée.
Seule peut-être elle est restée plantée au cœur de l'impie
Comme un clou de tendresse.
Or il dit: Un homme avait deux fils:
Et celui qui l'entend pour la centième fois,
C’est comme si c’était la première fois.
Qu’il entendrait.
Un homme avait deux fils. Elle est belle dans Luc. Elle est belle partout.
Elle n'est que dans Luc, elle est partout.
Elle est belle sur la terre et dans le ciel. Elle est belle partout.
Rien que d'y penser, un sanglot vous en monte à la gorge.
C'est la parole de Jésus qui a eu le plus grand retentissement
Dans le monde.
Qui a trouvé la résonance la plus profonde
Dans le monde et dans l'homme.
Au cœur de l'homme.

Au cœur fidèle, au cœur infidèle.

Quel point sensible a-t-elle trouvé
Que nulle n'avait trouvé avant elle
Que nulle n'a trouvé, (autant), depuis.
Quel point unique,
Insoupçonné encore,
Inobtenu depuis.
Point de douleur, point de détresse, point d'espérance.
Point douloureux, point d'inquiétude.
Point de meurtrissure au cœur de l'homme.
Point où il ne faut pas appuyer, point de cicatrice, point de couture et de cicatrisation.
Où il ne faut pas que l'on appuie .

Point unique, fortune unique, force unique d'attache.
Attachement unique, liaison du cœur fidèle.
Et du cœur infidèle.
Toutes les paraboles sont belles, mon enfant, toutes les paraboles sont grandes.
Et notamment les trois paraboles de l'espérance.
Et toutes les trois paraboles de l'espérance en outre sont jeunes, mon enfant.
Mais sur celle-ci des centaines et des milliers d'hommes ont pleuré.
Des centaines de milliers d'hommes.
Par celle-ci.
Battus des mêmes sanglots pleuré les niêmes larmes.
Fidèles, infidèles.
Se recommençant les unes les autres.
Les mêmes.                                    
Roulés des mêmes sanglots. Dans une communion de larmes.
Couchés, penchés, soulevés des mêmes sanglots pleuré
les mêmes larmes.
Fidèles, infidèles.
Secoués des mêmes sanglots.
Pleuré comme des enfants.

Un homme avait deux fils. De toutes les paraboles de Dieu
C'est celle qui a éveillé l'écho le plus profond.
Le plus ancien.
Le plus vieux, le plus neuf.
Le plus nouveau.
Fidèle, infidèle.
Connu, inconnu.
Un point d'écho unique.
C'est la seule que le pécheur n'a jamais fait taire dans son cœur.
Quand une fois cette parole a mordu au cœur
Le cœur infidèle et le cœur fidèle,
Nulle volupté n'effacera plus
La trace de ses dents.
Telle est cette parole.
C'est une parole qui accompagne.
Elle suit comme un chien
Que l'on bat, mais qui reste.
Comme un chien maltraité, qui revient toujours.
Fidèle elle reste, elle revient comme un chien fidèle.
Vous avez beau lui donner des coups de pied et des coups de bâton.
Fidèle elle-même d'une fidélité Unique,
Ainsi elle accompagne l'homme dans ses plus grands
Débordements.
C'est elle qui enseigne que tout n'est pas perdu.
Il n'entre pas dans la volonté de Dieu
Qu' un seul de ces petits périsse.
C'est un chien fidèle
Qui mord et qui lèche
Et les deux retiennent
Le cœur inconstant.
Quand le pécheur s'éloigne de Dieu, mon enfant,
A mesure qu'il s'éloigne, à mesure qu'il s'enfonce dans les pays perdus, à mesure qu'il se perd.
Il jette au bord du chemin, dans la ronce et dans les pIerres
Comme inutiles et embarrassants et qui l'embêtent les
biens les plus précieux.
Les biens les plus sacrés.
La parole de Dieu, les plus purs trésors.
Mais il y a une parole de Dieu qu'il ne rejettera point.
Sur laquelle tout homme a pleuré tant de fois.
Sur laquelle, par la vertu de laquelle. Par laquelle
Et il est comme les autres, il a pleuré aussi.
Il est un trésor de Dieu, quand le pécheur s'éloigne
Dans les ténèbres grandissantes,
Quand des ténèbres
Croissantes
Voilent ses yeux il est un trésor de Dieu qu'il ne jettera point aux ronces de la route.     .
Car c'est un mystère qui suit, c'est une parole qui suit
Dans les plus grands
Éloignements.
On n'a pas besoin de s'occuper d'elle, et de la porter.
C'est elle.
Qui s'occupe de vous et de se porter et de se faire porter.
C'est elle qui suit, c'est une parole à la suite, c'est un  trésor qui accompagne
Les autres paroles de Dieu n'osent pas accompagner l'homme
Dans ses plus grands Débordements.
Mais en vérité celle-ci est une dévergondée.
Elle tient l'homme au cœur, en un point qu'elle sait, et ne le lâche pas.
Elle n'a pas peur. Elle n'a pas honte.
Et si loin qu'aille l'homme, cet homme qui se perd,
En quelque pays
En quelque obscurité,
Loin du foyer, loin du cœur,
Et quelles que soient les ténèbres où il s'enfonce,
Les ténèbres qui voilent ses yeux,
Toujours une lueur veille, toujours une flamme veille, un point de flamme.
Toujours une lumière veille qui ne sera jamais mise sous le boisseau. Toujours une lampe.
Toujours un point de douleur cuit. Un homme avait deux fils. Un point qu'il connaît bien.
Dans la fausse quiétude un point d'inquiétude, un point d'espérance. Toutes les autres paroles de Dieu sont pudiques. Elles n'osent point accompagner l'homme dans les hontes du péché.
Elles ne sont pas assez avant.
Dans le cœur, dans les hontes du cœur. Mais celle-ci en vérité n'est pas honteuse. On peut dire qu'elle n'a pas froid aux yeux.
C'est une petite sœur des pauvres qui n'a pas peur de manier un malade et un pauvre.
Elle a pour ainsi dire
Et même réellement porté un défi au pécheur.
Elle lui a dit: Partout où tu iras, j'irai.
On verra bien.
Avec moi tu n'auras pas la paix.
Je ne te laisserai pas la paix.
Et c'est vrai, et lui le sait bien. Et au fond il aime son persécuteur.
Tout à fait au fond, très secrètement.
Car tout à fait au fond, au fond de sa honte et de son péché il aime (mieux) ne pas avoir la paix. Cela le rassure un peu


Un point douloureux demeure, un point de pensée, un point d'inquiétude. Un bourgeon d'espérance.
Une lueur ne s'éteindra point et c'est la Parabole troisième,
la tierce parole de l'espérance. Un homme avait deux fils. 

Il y avait une grande procession. En tête les trois Similitudes
s'avançaient. La foi, dit Dieu, ça n'est pas malin.      
Tout le monde croit. Je voudrais bien voir comment ils feraient autrement.
Oui je voudrais savoir comment ils feraient pour ne pas croire     
Comment ils s'y prendraient.      
J'éclate tellement dans ma création.    
Jusque dans les gouffres de la mer et dans les abîmes salés.
Dans les profondeurs des gouffres.
Dans les éclairs et dans la foudre d'un ciel d'orage, Quand le ciel est lourdement chargé,
Qui sont comme une déchirure du ciel.
En zig-zag.
Et dans le fracas du tonnerre qui est un déchirement du ciel.
Et dans le roulement d'un tonnerre lointain.
Dans le roulement et le déroulement d'un tonnerre
Et dans les jours si beaux quand il ne fait pas un souffle de vent
En mai.

A moins d'être aveugles comment feraient-ils pour ne pas me voir.
La charité, dit Dieu, ça n'est pas malin. Ça ne m'étonne pas non plus.
Ces pauvres enfants sont si malheureux qu'à moins d'avoir un cœur de pierre
Comment n'auraient-ils pas charité de leurs frères. Comment n'auraient-ils pas charité les uns des autres.

Mais }' espérance, dit Dieu, (un homme avait deux jils)) que ces pauvres enfants voient tous les jours comme ça va.
Et que tous les jours ils croient que ça ira mieux le lendemain matin.
Justement le lendemain matin.
Tous les jours depuis qu'il y a des jours.
Et qu'un soleil se lèvera meilleur.
Que tous les matins en se levant ils croient que la journée sera bonne.
Cette journée.
Et que tous les soirs en se couchant ils croient que le lendemain.
Que justement le lendemain, que le jour du lendemain
Sera, fera une bonne journée.
Depuis tant de temps qu'il y a des jours. Et que ça recommence.
Que tous les démentis ne comptent pas, tant de démentis qu'ils reçoivent précisément tous les jours.

Que les démentis ne soient comme rien, ne les arrêtent pas, que les démentis de tous les jours,
Innombrables comme les jours,
Innombrables dans les innombrables jours que les démentis
Ne les désabusent pas de cette idée, de cette conviction absurde
Que le jour d'aujourd'hui sera un jour meilleur,
Un autre jour, un jour nouveau, un jour frais, un jour neuf,
Un jour levant,
Bien lavé,
Un jour enfin, une bonne journée,
Enfin,
Un jour pas comme les autres,
Après tant d'autres qui étaient tous les uns comme les autres,
Qu'il a même oubliés.
Oubliés aussitôt que passés.
Oubliés aussitôt que touchés.
Oubliés aussitôt que eus.
Qu'ils croient que ce matin eh bien ça va marcher.
Que ça va aller.
Qu'ils croient quand même, que ce matin, ça va bien, Ça ça me confond.
Ça ça me passe.
Et je n'en reviens pas moi-même.
Et il faut que ma grâce soit tellement grande.

Oeuvres poétiques complètesÉd. Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1967, Le Porche de la deuxième Vertu, p. 617-630
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