C'est cette présence joyeuse de Dieu arrivant dans le monde qui a fait tressaillir Jean d'allégresse, à six mois, dans le sein de sa mère. Et c'est cette présence manifestée à lui par la Parole de Jésus qui le met en état de ravissement, conscient de la Présence divine: "L'ami de l'Époux qui se tient là et qui l'entend est ravi de joie à la voix de l'Époux. Voilà ma joie, elle est maintenant parfaite!" (Jn 3, 29). Jean crie la joie de Dieu qui est là pour sauver les hommes (...).
Mais cette joie est si essentielle, que toute l'existence de Jean a été un "creuset" pour que la joie de Dieu qui l'avait baptisé par Marie, à Aïn-Karim, puisse arriver à la plénitude. Plénitude qui n'est en fait que la plénitude de la joie même de Dieu, participée par sa créature. Non pas que Jean ait dû "payer" cette joie dont il est témoin, car elle lui a été donnée gratuitement. Mais il a dû y correspondre, être cohérent avec l'Essentiel, par l'austérité de sa vie, sa solitude.
Quelle révélation merveilleuse de la joie divine qui nous attend demain et que nous devons vivre aujourd'hui! Pas de protocole! Pas de cérémonie! Une familiarité toute simple, mais toute inondée de l'Amour, de la Présence de Dieu: Dieu heureux de se répandre, de répandre sa vie, sa joie en nous tous.
Nous, heureux, joyeux de ce Dieu qui se donne à nous, s'offre à tous si pleinement. La naissance et le cri de Jean sont bien la révélation que la joie de Dieu est à nous. Mais nous ne pouvons la goûter comme joie de Dieu que si nous choisissons la Présence divine comme cadeau essentiel.
La vérité de Jean n'a éclaté parfaitement que parce qu'il n'a pas éparpillé son être, mais qu'il est resté centré sur la Présence qui s'était donné à lui dès le premier contact avec le Sauveur.
Sa fidélité a été de rester dans cette joie essentielle, de refuser de vivre pour lui, pour ne vivre que pour cette joie de Dieu.
Dieu est fidèle. Il nous donné son Onction de joie pour nous mener, nous aussi, vers sa Joie, sa Présence de Sauveur. À nous de nous abandonner à cet Esprit, Onction de joie répandue en nous, et de le laisser nous pousser à gaspiller, à perdre ce qui n'est pas la joie essentielle, ce qui n'est pas le Seigneur; le laisser nous centrer sur le Seigneur et sa Joie à lui.
Et sans doute est-ce cela même, ce regard tourné vers la Présence aimante du Seigneur et sa Joie à lui, qui nous transformera en joie.
La vérité de notre joie est en Dieu, et c'est Jésus qui nous la donne en répandant sur nous son Esprit. De cela, Jean Baptiste est le témoin: sa joie est venue de Dieu par Jésus présent en Marie. Et sa joie est devenue parfaite, jusqu'à n'être qu'un cri dans le désert, par l'Esprit de vérité qui a mené sa joie jusqu'à la joie de Dieu même.
Là est notre joie chrétienne: celle qui vient de Dieu et qui retourne à Dieu, en habitant un coeur totalement pauvre de lui-même, totalement transparent à l'Esprit.
Esprit Saint, allume en nous ta clarté, emplis nos coeurs de ton amour et fortifie nos corps de ta vigueur éternelle... Marie, conserve-nous en cette joie essentielle dont tu as été Médiatrice pour Jean, par ton coeur transparent et pauvre."
Reproduit en annexe par Daniel-Ange, dans son livre:
Jean-Baptiste, Éd. des Béatitudes, 2000, p. 496-497