Tous les jours les informations font état de guerres, d'attentats, de meurtres. Des femmes sont battues par leur mari, des enfants sont tués par leur maman et violés par leur papa, des ministres sont assassinés par des services secrets, des agents de police agressés par des supporters de football et par les jeunes des cités. Tout cela se passe pratiquement sous nos yeux, à notre porte. Et chaque fois que l'opinion s'émeut d'un acte estimé grave on procède sur les plateaux de télévision, dans les studios de la radio et dans les salles de rédaction des journaux, à de nombreux commentaires. Des experts sont invités pour faire de savantes analyses. Des hommes politiques prennent des mesures et font voter des lois. Des candidats aux élections assurent qu'ils feront mieux que les autres.
Aujourd'hui l'Église nous dit: la seule solution c'est d'accepter le Christ, non seulement comme roi de nos coeurs dans notre vie privée, mais comme Roi de l'Univers. Pourquoi la solennité du Christ-Roi peut-elle apporter une réponse valable (la seule réponse) aux calamités qui s'abattent sur le monde encore aujourd'hui? Pie XI répond: premièrement parce que ce débordement de maux sur l'univers provient justement de ce que la plupart des hommes ont "écarté Jésus-Christ et sa loi très sainte des habitudes de leur vie individuelle aussi bien que de leur vie familiale et de leur vie publique"; et deuxièmement parce que il faut "chercher la paix du Christ par le règne du Christ" et parce que pour ramener et consolider la paix, il n'y a "pas de moyen plus efficace que de restaurer la souveraineté de Notre Seigneur".
Car il faut bien se rendre à l'évidence: comment s'étonner que les lois soient bafouées et les hommes de loi attaqués, alors que, dans le même temps, des lois sont votées qui attaquent, qui bafouent la dignité humaine? Des lois attaquent la vie humaine en son germe comme à son terme par l'avortement et l'euthanasie; des lois bafouent le fondement de la société, la famille, en légalisant les unions homosexuelles au même titre que le mariage et en instaurant le divorce et même la polygamie (comme aux Pays-Bas, où, maintenant il est devenu possible de combiner le mariage et un "contrat d'union" avec une tierce personne!). Tout cela sont des symptômes qui ne trompent pas. Ces symptômes sont le signe certain d'une maladie qui s'appelle le laïcisme, "la peste de notre époque" (Pie XI).
Il y a quelques années j'avais été nommé aumônier d'un campus universitaire. Mon dernier prédécesseur en date avait quitté son poste depuis déjà une dizaine d'années. Pendant une année, avec l'appui de l'archevêque, j'avais sollicité auprès des autorités universitaires un local pour pouvoir recevoir les étudiants dans l'enceinte même du campus. Malgré de belles promesses, je n'ai jamais pu en obtenir un. Et lorsqu'on m'avait objecté le "dogme" de la laïcité, j'avais répondu que s'ils ne voulaient pas d'un aumônier pour les étudiants, bientôt ils seraient obligés d'appeler les gendarmes. Et c'est ce qui est arrivé ... à peine une année plus tard. Oui, comment espérer avoir la Paix du Christ si on rejette le Règne du Christ?
Et pourquoi rejette-t-on le Règne du Christ? De quoi a-t-on peur? Non seulement Jésus n'a pas eu de gardes qui se sont battus pour qu'il ne soit pas livré aux Juifs, mais quand les Juifs voulaient s'emparer de lui pour en faire leur roi, il s'est enfui. Devant Pilate il affirme clairement: "Ma royauté ne vient pas de ce monde". Hérode, alors que Jésus n'était encore qu'un nourrisson, se sentait déjà menacé. Une hymne pour la fête de l'Épiphanie (Crudelis Herodes) dit à l'adresse d'Hérode et de tous ceux qui redoutent le règne du Christ:
La Royauté du Christ ne remet nullement en cause la séparation de l'Église et de l'État ni le principe de laïcité bien compris. On entre dans le Royaume du Christ librement, par le baptême. Le Royaume de Jésus ne s'oppose pas aux royaumes du monde. Il ne s'oppose qu'au royaume de Satan par le sang versé de l'Agneau vainqueur. Mais à ceux qui sont baptisés Jésus demande de témoigner sans peur jusqu'à verser leur propre sang, s'il le faut. Et l'Église demande aux États de pouvoir librement témoigner de sa foi.
Devant Pilate le Christ proclame qu’il est "venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité". Le devoir des chrétiens de prendre part à la vie de l’Église les pousse à agir comme témoins de l’Évangile et des obligations qui en découlent. Ce témoignage est transmission de la foi en paroles et en actes. Le témoignage est un acte de justice qui établit ou fait connaître la vérité:
Ainsi comprise, la solennité du Christ, Roi de l'Univers, est une invitation pressante à passer de l'apostasie au témoignage:
"Le martyre est le suprême témoignage rendu à la vérité de la foi; il désigne un témoignage qui va jusqu’à la mort. Le martyr rend témoignage au Christ, mort et ressuscité, auquel il est uni par la charité. Il rend témoignage à la vérité de la foi et de la doctrine chrétienne. Il supporte la mort par un acte de force. 'Laissez-moi devenir la pâture des bêtes. C’est par elles qu’il me sera donné d’arriver à Dieu' (S. Ignace d’Antioche, Rom. 4, 1). (...)
Oui, vraiment, si l'apostasie est la racine de tous les maux, la couronne des martyrs est le gage de la paix: