La consécration de veuves, ou plus exactement la Bénédiction des veuves est encore très peu répandue dans l'Église, bien que très ancienne de tradition. Très tôt dans l'Église, l'Ordo viduarum a existé en parallèle à l'Ordo virginum. Ce n'est que plus tard que les veuves, qui vivent seules dans leurs maisons, ont été placées dans les monastères, mesure rendue nécessaire au moment des grandes invasions. Petit à petit on les a assimilées aux vierges et consacrées avec elles, ce qui crée une confusion regrettable au niveau de la symbolique spirituelle. Mais dans les Églises orientales, l'Ordo Viduarum a subsisté plus longtemps, lié, semble-t-il, à l'ordination des diaconesses.
Actuellement, rien n'est institutionnel en ce domaine. Il existe des groupes de veuves reconnus comme instituts séculiers, mais aussi des veuves reliées directement à l'évêque, comme le sont les "vierges consacrées". Pour la première fois, à ma connaissance, il est fait mention officiellement de la consécration des veuves comme d'une tradition très ancienne et toujours actuelle, dans l'Exhortation Apostolique Vita Consecrata (Mars 1996) et dans la récente mise à jour du Catéchisme de l'Église Catholique (...).
"De l'acceptation à l'offrande"
L'essentiel est de bien voir de quoi il s'agit. Il semble bon de distinguer deux niveaux, le niveau de l'aide à apporter sur le plan spirituel à des femmes confrontées à cette dure épreuve, comme le fait par exemple le mouvement "Espérance et Vie" et l'appel à une consécration définitive dans l'état de veuvage, démarche "religieuse" correspondant à un appel précis dans l'Église.
Certes, on n'a pas "la vocation" d'être veuve, comme d'être religieuse, prêtre ou diacre. Demander la Bénédiction des veuves relève d'une démarche personnelle d'accueil d'une réalité difficile, que l'on n'aurait pas choisie, mais qui est investie par la grâce de Dieu, au travers de l'épreuve de la séparation, accueil qui implique offrande de soi à Dieu en réponse: ce qui comporte la promesse ou le voeu de "chasteté perpétuelle". C'est finalement appeler la bénédiction de Dieu sur un état de vie que l'on n'a ni voulu ni cherché, mais qui amène à passer de l'acceptation à l'offrande. Jésus a admiré l'offrande de la pauvre veuve, qui "a donné de son nécessaire, tout ce qu'elle avait pour vivre" (Lc 21, 1-4), en le versant dans le Trésor du Templs. Dans le "deuil", se vit une expérience de "pauvreté" radicale, de dépouillement, (la liturgie parle de "l'humiliation" du veuvage, au sens étymologique du terme). Qu'offrir de plus que la brisure du pauvre amour humain qui nous était si nécessaire et nous faisait vivre!...