Cette éolution nous met face à une multitude d'interrrogations. L'unité devient-elle uniformité? Uniformité de la civilisation occidentale, imputable aux techniques développées? La force de la foi va-t-elle pouvoir agir comme ferment de cette unité aux formes variées entre les peuples et les hommes? Il semble manifeste qu'un monde qui se rétrécit au point de devenir un village global fasse réfléchir l'Église à l'unité de sa foi.
L'unité est un des principaux attributs de l'Église, puisqu'elle est « une, sainte, catholique et apostolique ». Il n'y a qu'une foi, dit saint Paul, comme il n'y a qu'un seul baptême et qu'un seul Seigneur (voir Ép 4, 5). « L'unité dans la foi » (livre publié par l'auteur sous le titre: « Einheit im Glauben », Einsiedeln, 1984)) fut le précepte qui motiva la conviction unanime des évêques du synode de 1985 qu'un livre de la foi, un catéchisme de toute l'Église, était non seulement souhaitable de nos jours, mais encore qu'il devait être écrit de toute urgence.
Un regard rétrospectif sur les vingt ans écoulés depuis la fin du Concile révéla qu'il restait encore beaucoup à comprendre et à réaliser de la grande manifestation de l'Église au grand jour au cours de Vatican II. Le Concile avait dit que l'Église universelle paraissait être « le peuple uni de l'unité du Père et du Fils et de l'Esprit Saint » (Cyprien) (LG 4). Le catéchisme a pour devoir de consolider cette unité qui ne présente en rien les traits fades de l'uniformité, mais qui afflue vers l'Église issue de l'unité vivante de Dieu en trois personnes.
Le prologue définit les visées du catéchisme comme suit: « Ce catéchisme a pour but de présenter un exposé organique et synthétique des contenus essentiels et fondamentaux de la doctrine catholique tant sur la foi que sur la morale, à la lumière du concile Vatican II et de l'ensemble de la Tradition de l'Église » (11).
Un catéchisme est le résumé du contenu essentiel de la foi. Mais une telle synthèse est-elle encore possible aujourd'hui? J'ai l'impression que la majorité des critiques adressées au nouveau catéchisme tient à ce que l'on récuse l'idée même du catéchisme. Dans ses célèbres discours à la cathédrale Notre-Dame de Paris et à la basilique Notre-Dame de Fourvière à Lyon, en 1983, le cardinal Ratzinger insista sur ce point: « Le fait qu'on n'avait plus le courage de présenter la foi comme un tout organique en soi, mais seulement comme des reflets choisis d'expériences anthropologiques partielles, reposait en dernière analyse sur une certaine défiance à l'égard de la totalité. Il s'expliquait finalement par une crise de la foi, mieux: de la foi commune à l'Église de tous les temps. »
Un regard dans divers manuels religieux suffit à susciter le sentiment qu'une synthèse ou présentation globale de la foi n'est plus possible. On y trouve expériences et impressions éparses, sans contours ni structure organique, presque dans le style de spots ou de clips vidéo. Il est vrai qu'une idée claire et synthétique de la dogmatique et de l'éthique catholiques est difficilement exposable. Le catéchisme a cru devoir relever ce défi. (à suivre)