Toutes ces grandeurs de hiérarchie passeront, n'existeront plus. Il y aura les grandeurs de sainteté (...), à savoir, les options qui se font intérieurement pour la lumière ou contre la lumière, cette lutte de la lumière et des ténèbres, qui est, extérieurement, jetée au cours des siècles dans une grande bataille où s'affrontent, d'une part Satan qui envoie les Bêtes sur la terre, c'est-à-dire "les puissances temporelles déviées", et puis, d'autre part, le Christ qui envoie sur la terre "son Eglise, son Epouse". Et il l'envoie, non pas avec des armes matérielles, mais comme des agneaux au milieu des loups (Mt 10, 16). Et puis, le miracle c'est, qu'après vingt siècles, l'Eglise existe toujours.
Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre viendront lui porter leurs trésors (Ap 21, 24). Les rois de la terre, bien sûr, seront ceux qui sont rois dans le Royaume, c'est-à-dire ceux sont le coeur aura été le plus illuminé par Dieu, ceux qui seront comme tirant après eux la masse de tous ceux qui n'auront pas dit non, ceux qui tendent la main.
Péguy, dans un très beau passage, dit: - Qu'est-ce qu'un chrétien? Un chrétien, c'est un pauvre pécheur, mais qui prend la main. Et les grands saints, pourquoi sont-ils faits? Ils sont faits pour nous donner la main. Il dit: - Si vous prenez la main qui vous est tendue, vous êtes chrétien. Si vous ne prenez pas la main qui vous est tendue, vous pourrez avoir toutes les qualités que vous voudrez, pour moi, vous n'êtes pas chrétien. Cela veut dire que notre salut ne vient pas d'un effort que nous pourrions faire, si brillant pourrait-il paraître, mais il vient d'une mendicité. Il faut être mendiant pour être sauvé. Et les plus riches, les plus merveilleux, un saint Paul, par exemple, et après lui, un saint Thomas d'Aquin, une sainte Thérèse d'Avila, quelle richesse ils avaient! Leur grandeur, et toute leur grandeur, c'est d'avoir été des mendiants. Et plus ils ont reçu, plus ils sentent cette dépendance totale, radicale, à l'égard de Celui qui donne, et qui donne non pas en raison de nos propres mérites, mais en raison de ses miséricordes, sans lesquelles miséricordes personne de nous ne serait sauvé, mais avec lesquelles il est impossible de désespérer, quel que soit notre passé. Impossible de désespérer quand on pense à l'amour miséricordieux, à la parole de Jésus au bon larron: Aujourd'hui..., avec moi, en Paradis (Lc 23, 43). Après toute une vie désaxée, il est maintenant converti, retourné.