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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


S. François de Sales, La volonté de Dieu signifiée par les inspirations

Publié par Walter Covens sur 14 Octobre 2012, 10:02am

Catégories : #la vache qui rumine (Années B - C)

28 TOB ev    Les rayons du soleil éclairent en échauffant et échauffent en éclairant; l'inspiration est un rayon céleste qui porte dans nos coeurs une lumière chaleureuse, par laquelle il nous fait voir le bien et nous échauffe au pourchas d'icelui. Tout ce qui a vie sur terre s'engourdit au froid de l'hiver, mais au retour de la chaleur vitale du printemps tout reprend son mouvement: les animaux terrestres courent plus vitement, les oiseaux volent plus hautement et chantent plus gaiement, et les plantes poussent leurs feuilles et leurs fleurs très agréablement. Sans l'inspiration nos âmes vivraient paresseuses, percluses et inutiles; mais à l'arrivée des divins rayons de l'inspiration, nous sentons une lumière mêlée d'une chaleur vivifiante, laquelle éclaire notre entendement, réveille et anime notre volonté, lui donnant la force de vouloir et faire le bien appartenant au salut éternel. Dieu ayant formé le corps humain du limon de la terre, ainsi que dit Moïse (Gn 2, 7), il inspira en icelui la respiration de vie, et il fut fait en âme vivante, c'est-à-dire en âme qui donnait vie, mouvement et opération au corps; et ce même Dieu éternel souffle et pousse les inspirations de la vie surnaturelle en nos âmes, afin que, comme le dit le grand Apôtre (1 Co 15, 45), elles soient faites en esprit vivifiant, c'est-à-dire en esprit qui nous fasse vivre, mouvoir, sentir, et oeuvrer les oeuvres de la grâce, en sorte que Celui qui nous a donné l'être nous donne aussi l'opération. L'haleine de l'homme échauffe les choses esquelles elle entre: témoin l'enfant de la Sunamite, sur la bouche duquel le prophète Elisée ayant mis la sienne et haleiné sur icelui, sa chair s'échauffa (2 R 4, 34), et l'expérience est toute manifeste. Mais quant au souffle de Dieu, non seulement il échauffe, ains il éclaire parfaitement, d'autant que l'esprit divin est une lumière infinie, duquel le souffle vital est appelé inspiration, d'autant que par icelui cette suprême Bonté haleine et inspire en nous les désirs et intentions de son coeur.

    Or, les moyens d'inspirer dont elle use sont infinis. Saint Antoine, saint François, saint Anselme, et mille autres recevaient souvent des inspirations par la vue des créatures. Le moyen ordinaire c'est la prédication; mais quelquefois, ceux auxquels la parole ne profite pas sont instruits pas la tribulation, selon le dire du Prophète: L'affliction donnera l'intelligence à l'ouïe (Is 28, 19); c'est-à-dire: ceux qui par l'ouïe des menaces célestes sur les méchants ne se corrigent pas, apprendront la vérité par l'événement et les effets, et deviendront sages sentant l'affliction. Sainte Marie Egyptienne fut inspirée par la vue d'une image de Notre-Dame, saint Antoine, oyant l'Evangile qu'on lit à la Messe; saint Augustin, oyant le récit de la vie de saint Antoine; le Duc de Gandie, voyant l'Impératrice morte; saint Pacôme, voyant un exemple de charité; le bienheureux Ignace de Loyola, lisant la vie des Saints; Saint Cyprien (ce n'est pas le grand évêque de Carthage, ains un autre qui fut laïc, mais glorieux martyr) fut touché voyant le diable confesser son impuissance sur ceux qui se confient en Dieu. Lorsque j'étais jeune, à Paris, deux écoliers, dont l'un était hérétique, passant la nuit au faubourg Saint-Jacques, en une débauche déshonnête, ouïrent sonner les Matines des Chartreux; et l'hérétique demandant à l'autre à quelle occasion on sonnait, il lui fit entendre avec quelle dévotion on célébrait les offices sacrés en ce saint monastère: Ô Dieu, dit-il, que l'exercice de ces religieux est différent du nôtre! Ils font celui des Anges, et nous celui des bêtes brutes. Et voulant voir par expérience, le jour suivant, ce qu'il avait appris par le récit de son compagnon, il trouva ces Pères dans leurs formes, rangées comme des statues de marbre en une suite de niches, immobiles à toute autre action qu'à celle de la psalmodie, qu'ils faisaient avec une attention et dévotion vraiment angélique, selon la coutume de ce saint Ordre: si que ce pauvre jeune homme, tout ravi d'admiration, demeura pris en la consolation extrême qu'il eut de voir Dieu si bien adoré parmi les Catholiques, et se résolut, comme il fit par après, de se ranger dans le giron de l'Eglise, vraie et unique Epouse de Celui qui l'avait visité de son inspiration, dans l'infâme litière de l'abomination en laquelle il était.

    Ô que bienheureux sont ceux qui tiennent leurs coeurs aux saintes inspirations! car jamais ils ne manquent de celles qui sont nécessaires pour bien et dévotement vivre en leurs conditions, et pour saintement exerce les charges de leurs professions. Car, comme Dieu donne, par l'entremise de la nature, à chaque animal les instincts qui lui sont requis pour sa conservation et pour l'exercice de ses propriétés naturelles, aussi, si nous ne résistons pas à la grâce de Dieu, il donne à un chacun de nous les inspirations nécessaires pour vivre, opérer et nous conserver en la vie spirituelle. Hé, Seigneur, disait le fidèle Eliézer, voici que je suis près de cette fontaine d'eau, et les filles des habitants de cette cité sortiront pour puiser de l'eau; la jeune fille, donc, à laquelle je dirai: Penchez votre cruche afin que je boive, et elle répondra: Buvez, ains je donnerai encore à boire à vos chameaux, c'est celle-là que vous avez préparée pour votre serviteur Isaac (Gn 24, 12-14). Théotime, Eliézer ne se laisse entendre  de désirer de l'eau que pour sa personne, mais la belle Rébecca, obéissant à l'inspiration que Dieu et sa débonnaireté lui donnaient, s'offre d'abreuver encore les chameaux (Gn 24, 17-19); pour cela elle fut rendue épouse du saint Isaac, belle-fille du grand Abraham et grand-mère du Sauveur. Les âmes, certes, qui ne se contentent pas de faire ce que par les commandements et conseils le divin Epoux requiert d'elles, mais sont promptes à suivre les sacrées inspirations, ce sont celles que le Père éternel a préparées pour être épouses de son Fils bien-aimé. Et quant au bon Eliézer, parce qu'il ne peut autrement discerner entre les filles de Haran, ville de Nachor, celle qui était destinée au fils de son maître, Dieu le lui fait connaître par inspiration. Quand nous ne savons que faire et que l'assistance humaine nous manque en nos perplexités, Dieu alors nous inspire; et si nous sommes humblement obéissants, il ne permet point que nous errions. Or je ne dis rien de plus de ces inspirations nécessaires, pour en avoir souvent parlé en cette oeuvre, et encore en l'Introduction à la vie dévote.

 (Traité de l'Amour de Dieu, Livre VIII, ch. VIII-X)
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