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Publié par Walter Covens

L'’intention d'’instaurer un repas

      

20-T.O.B-jpgLors de la dernière Cène, l’'intention fondamentale de Jésus était de donner à ses disciples un repas qui ne cesserait pas par la suite de nourrir spirituellement son Église. Certes, le Sauveur voulait par ce repas communiquer le fruit de son sacrifice, en accomplissant rituellement l’'offrande sacrificielle. Il désirait donner son corps et son sang qui allaient être immolés au calvaire, mais précisément il voulait les livrer en aliment et en breuvage, pour un repas d’une valeur unique. L'’institution de ce repas était son objectif.

       En choisissant comme signes sensibles de la présence de son corps et son sang le pain et le vin, il manifestait cette intention d'’instaurer un repas. Non content de refaire le sacrifice, il voulut, par le repas, que le fruit du sacrifice pénètre dans la vie humaine et la transforme.

       On ne peut s'’étonner de cette intention du Christ, car le repas est par excellence un acte de vie sociale, acte où s’'exprime la solidarité et le rapprochement des personnes dans l’'existence quotidienne. Comme le Christ voulait fonder une communauté animée par la foi et l’'amour, on comprend qu'’il ait voulu donner au repas un rôle important dans la formation et le développement de cette communauté. Les récits évangéliques nous montrent que dans la vie publique les repas étaient des moments où Jésus non seulement entretenait son amitié avec ses disciples mais cherchait à les instruire ; à l’'intention de ceux qui l'’invitaient, c'’étaient des moments où il formulait sa doctrine ou mettait en lumière des vérités de son message. À la différence de Jean Baptiste qui jeûnait, Jésus se plaisait à prendre des repas avec ses contemporains : Le Fils de l'’homme mange et boit (Mt 11, 19). Il mange et boit pour partager la vie de ceux qui l’'entourent : les repas font partie de ses multiples démonstrations d’'amour envers l'’humanité, essentielles au mystère de l'’incarnation.

Le repas sacré

       La décision de pourvoir par un repas spirituel au développement de l'’Église ne résulte pas simplement de l'’importance reconnue au repas dans la vie sociale.

       Dans la religion juive, le rôle du repas dans les relations avec Dieu n’'avait pas été ignoré. Il y avait des repas sacrés. C'’est ainsi que pour la conclusion de l’'alliance avec Dieu, le texte de l’'Exode nous rapporte une double tradition : l’'une décrit comme rite essentiel de l’'alliance le sacrifice, l’'autre montre l’'expression de l’'alliance dans le repas. En ce qui regarde cette dernière tradition, il nous est dit que les soixante-dix anciens d’'Israël, qui s’'étaient rendus avec Moïse sur la montagne, contemplèrent Dieu : Ils purent contempler Dieu. Ils mangèrent et ils burent (Ex 24, 11). En leur permettant cette contemplation, Dieu leur a fait une faveur exceptionnelle, puisque selon d’'autres textes il était impossible de voir Dieu sans mourir. À la contemplation s'’unit un repas, qui confirme l’'accès à l’'intimité divine. Manger et boire chez quelqu’'un, c’'est nouer des relations de familiarité avec lui.

       Le repas sacré prend donc sa valeur du fait qu'’il ouvre l’'accès à l'’intimité divine. C’'est la raison pour laquelle, dans l’'Ancien Testament, le repas doit être pris dans la demeure divine, à l’'endroit expressément choisi par Dieu. Vous n'’irez trouver Yahvé votre Dieu qu’'au lieu choisi par lui, entre vos tribus, pour y mettre son nom et en faire sa demeure. C’'est là que vous apporterez vos holocaustes et vos sacrifices, vos dîmes et les présents de vos mains, vos offrandes votives et vos offrandes volontaires, les premiers-nés de vos bœoeufs et de vos brebis. C’'est là que vous en mangerez en présence de Yahvé votre Dieu, et que vous vous réjouirez de tous les biens que votre main aura acquis, vous et vos familles, grâce à la bénédiction de Yahvé votre Dieu (Dt 12, 5-7).

       On constate dans cette prescription le lien qui existe entre les sacrifices et le repas. Les sacrifices doivent être offerts dans un sanctuaire choisi par Dieu, et c’'est également dans ce lieu consacré à Dieu que se tenaient les repas.

       Si les repas ont pour caractéristique de resserrer les liens communautaires, ceux qui se prennent dans la demeure de Dieu instaurent une plus profonde communauté de vie avec Dieu. C’'est d’ailleurs Dieu qui procure le repas : dans l’'établissement de relations d’'intimité ou d’'alliance, il a toujours l’'initiative. C’'est ainsi qu'’il convoque le peuple dans un sanctuaire pour l'’organisation du repas. Il demeure présent à tout le repas : manger, c’'est manger en présence de Dieu et c'’est développer par conséquent les rapports d’'amitié avec lui.

       Caractéristique, dans les prescriptions de repas, est l'’invitation à la joie. Vous vous réjouirez en présence de Yahvé votre Dieu, vous, vos fils et vos filles, vos serviteurs et vos servantes, et le lévite qui demeure chez vous (...…). Non seulement la famille est invitée à la joie mais tous ceux qui appartiennent au groupe familial, comme les serviteurs et les servantes. Tous participent à la joie du repas, joie considérée comme bénédiction divine.

       Pour favoriser le plus vivement cette joie, le conseil était donné d’'acheter, au lieu choisi par Dieu, tout ce que l’'on pouvait désirer pour un repas : Là tu achèteras tout ce que tu désireras, des bœoeufs, des brebis, du vin, des liqueurs fermentées, tout ce dont tu auras envie ; là tu mangeras en présence de Yahvé ton Dieu, et tu te réjouiras, toi et ta maison (Dt 14, 26). Par là se manifeste l'’intention de Dieu de répondre à tous les désirs de ceux qu'’il invite à sa table. Il y a une priorité de l’'amour divin qui souhaite réjouir son peuple.

       Loin d’'imposer des règles qui auraient restreint le choix des aliments et témoigné d’une méfiance à l’'égard des boissons enivrantes, Dieu veut révéler dans la profusion d'’un excellent repas son dessein le plus fondamental qui est de rendre l’'homme heureux. Les fêtes se célèbrent par des repas où Dieu se montre le plus généreux et fait en sorte de procurer la joie la plus appréciable.



Eucharistie, sacrement de la vie nouvelle, ouvrage préparé au nom du Conseil de Présidence du Grand Jubilé de l’'An 2000, 1999, p. 95-97

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P
J'ai vérifié : le forum fonctionne sans problème.
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R
            C'est ensemble que l'on prie, ensemble que l'on est nourrit, ensemble que l'on témoigne et évangélise, toujours dans un même CORPS, celui du Christ notre Seigneur! Que Tes oeuvres sont belles Seigneur!...Aller à l'encontre, c'est courir à la ruine. Tu ne nous a pas laissés seuls...
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