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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


André Feuillet, Jésus-Sagesse, Jésus Pain de Vie

Publié par Walter Covens sur 16 Août 2012, 21:14pm

Catégories : #la vache qui rumine (Années B - C)

20 TOB 1lecJe passe maintenant du prologue au reste de l'Évangile de Jean. Non seulement la christologie du prologue johannique est sous l'influence des écrits de sagesse, mais il faut en dire autant de la christologie de l'ensemble du Quatrième Évangile. Je pourrais vous donner de multiples indices en ce sens.

       La Sagesse divine nous dit qu'elle est d'en-haut, qu'elle a son habitation dans les hauteurs (Si 24, 4). Pareillement, Jésus est d'en-haut (3, 31 ; 8, 29). Et c'est ce qui nous explique, pour le dire en passant, que nous aussi nous devons renaître d'en-haut, nous devons être conformés au Christ. D'après le livre de Baruch (3, 29) - qui, vous le savez peut-être, ressortit en partie aux écrits de sagesse - : "Nul n'est monté au ciel et n'a saisi la Sagesse pour la faire descendre des nuées". De même, Jésus nous dit (Jn 3, 13) : "Nul n'est monté au ciel hormis celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme qui est au ciel". Dans le discours sur le pain de vie, le Christ se donne avec insistance comme un être descendu du ciel (vv. 33, 38, 41, 42, 50, 51, 58). Quelle est l'origine de cette donnée? Elle n'est pas exprimée formellement chez les Synoptiques. Ce n'est pas non plus parce que Jésus est la véritable manne qu'il peut se dire descendu du ciel. C'est bien plutôt le contraire qui est vrai. C'est la descente du ciel du Fils de Dieu par l'Incarnation qui justifie son appellation de Pain céleste, de Pain descendu du ciel. Or, dans les écrits de sagesse, la Sagesse divine descend des hauteurs du ciel, où se trouve sa demeure, pour se faire le guide des hommes et leur procurer les biens divins, se donner à eux en nourriture. Rappelez-vous notamment le chapitre 24 de l'Ecclésiastique.

       Fréquentes sont, dans le Quatrième Évangile, les formules christologiques avec "Je suis" par lesquelles Jésus se présente comme la source suprême du salut.

             Je suis le Pain de la vie descendu du ciel (6, 35.41.48.51).
             Je suis la Lumière du monde (8, 12 ; 9, 5).
             Je suis la Porte des brebis (10, 7-9).
             Je suis le Bon Pasteur (10, 11, 14).
             Je suis la Résurrection et la Vie (11, 25).
             Je suis la vraie Vigne (15, 1-5).
             Je suis la Voie, la Vérité et la Vie (14, 6).

       Quelle est l'origine de ce langage ? Il n'a pas de correspondant chez les Synoptiques. Pour cette raison, ce langage a été regardé, par certains critiques indépendants, comme un emprunt au monde païen, un emprunt à l'hellénisme ou aux religions orientales où les dieux et les souverains païens, dans le désir orgueilleux de révéler leur dignité, disent souvent : "je suis" suivi d'un attribut : "Je suis la Reine de l'univers ; je suis la mère du roi Horus...". En réalité, les discours de révélation avec "je suis" du Quatrième Évangile se distinguent par leur structure de tous les parallèles des religions païennes orientales: au lieu de n'avoir pour but que la glorification du Révélateur et de se caractériser par l'accumulation d'épithètes et d'orgueilleux titres d'honneur, ces discours de révélation, dans leur brièveté lapidaire, sont essentiellement destinés à servir de base à des promesses de salut. Voilà ce que Je suis... Venez à moi. C'est la structure même des développements de l'Ancien Testament sur la Sagesse personnifiée, tels que je vous les ai expliqués. Voilà l'unité admirable des deux Testaments.

       Il nous faut accorder une particulière attention aux trois formules avec Je suis du discours sur le pain de vie:

       Je suis le pain de vie. Qui vient à moi n'aura jamais faim Qui croit en moi n'aura jamais soif (6, 35).
       Je suis le pain de vie. Ce pain est celui qui descend du ciel pour qu'on le mange et ne meure pas (6, 48-50).
       Je suis le pain vivant descendu du ciel. Qui mangera de ce pain vivra à jamais (6, 51)

       Ces trois formules "Je suis le pain de vie" sont toutes les trois accompagnées d'une invitation, soit à croire en Jésus, soit à venir à Jésus, soit à se nourrir de ce pain céleste qu'il est lui-même en personne : ce sont là autant de formules qui sont en partie, mais en partie seulement, équivalentes. Ces formules ressemblent aux développement des chapitres 8 et 9 des Proverbes et du chapitre 24 de l'Ecdésiastique. Dans ces passages, l'éloge que fait d'elle-même la Sagesse, souvent en mettant son moi en avant (Pr 8, 12.17 ; Si 24, 17.19), est invariablement suivi de l'invitation à l'écouter, à venir à elle, à se nourrir d'elle. "Et maintenant, mes petits enfants, écoutez-moi (Pr 8, 32). Venez à moi, vous qui me désirez, et rassasiez-vous de mes fruits" (Si 24, 19).

       Les Paroles du Christ au v. 35 : "C'est moi qui suis le pain de la vie, celui qui vient à moi n'aura plus jamais faim, celui qui croit en moi n'aura jamais soif " rappellent plus particulièrement Si 24, 19-21191 : "Venez à moi, vous tous qui me désirez... Ceux qui me mangent auront encore faim et ceux qui me boivent auront encore soif". Au premier abord on dirait que ces paroles de Jésus prennent le contre-pied de l'Ecclésiastique. En ce qui touche le fond des choses, il est clair qu'il n'y a pas de contradiction : les disciples de la Sagesse en auront toujours faim et soif parce qu'il s'agit là d'une nourriture qui n'engendre jamais le dégoût ; les disciples de Jésus n'auront plus faim ni soif, parce que leur Maître, qui se donne à eux dans le mystère eucharistique, est capable de satisfaire toutes leurs aspirations religieuses et de les conduire jusqu'à l'immortalité bienheureuse.

       Mais il est permis de creuser davantage et de chercher le motif pour lequel la formule du Quatrième Évangile diffère de celle de l'Ecclésiastique. C'est qu'elle rappelle en même temps l'annonce eschatologique du nouvel Exode dans le livre d'Isaïe; il y est dit que les rapatriés n'auront ni faim ni soif, donnée qui fait également partie des descriptions du festin messianique (is 55, 1 ; 65, 13). Ainsi donc le texte de Jn 6, 35 est comme la synthèse de deux thèmes complémentaires : le festin messianique des prophètes et le festin de la Sagesse ; le rassasiement total excluant la faim et la soif lui donne une coloration prophétique, une coloration nettement messianique ; pourtant, il est incontestable que c'est le passage de l'Ecclésiastique qui est le parallèle le plus proche.

       Ici, je voudrais vous faire admirer la grandeur du mystère eucharistique. Dieu le préparait de très longue date. Dès les temps les plus lointains de l'Ancien Testament, l'Esprit Saint préparait la révélation de ce mystère.

       Tous les grands courants de l'Ancien Testament préparent le Christ, qui, en sa personne, réunit et synthétise les formes les plus variées de l'espérance messianique d'Israël. Jésus est tout à la fois le Messie davidique, l'Emmanuel de la première partie du livre d'Isaïe, le Serviteur de Yahvé de la seconde partie de ce même livre d'Isaïe, le Fils de l'homme de Daniel. (Nous avons développé longuement ces préparations et montré comment Jésus les accomplit dans notre ouvrage L'accomplissement des prophéties, Desclée, Paris, 1991).

       Les grandes traditions de l'Ancien Testament préparent de la même façon le mystère eucharistique : la tradition très ancienne des repas sacrés pris dans des sanctuaires, les merveilles de l'Exode au cours duquel Dieu nourrit le peuple choisi, le festin messianique annoncé par les prophètes, le festin de la Sagesse. Assurément vous pouvez connaître le Mystère eucharistique en ignorant toutes ces préparations. Que d'âmes très humbles communient avec ferveur sans connaître tout cela ! Mais vous ne pouvez pas pénétrer en profondeur les textes du Nouveau Testament qui concernent l'Eucharistie, et en particulier le chapitre 6 de saint Jean, sans vous référer à ces préparations de l'Ancien Testament.

       Et nous devons toujours progresser dans l'intelligence du mystère eucharistique. Il faut étudier ces préparations avec un grand esprit religieux. On ne peut qu'admirer la progression constante du plan divin et sa merveilleuse unité sous l'extrême diversité de ses manifestations : ce que Dieu veut depuis toujours, c'est nous faire participer à sa vie et à son bonheur ; depuis toujours Dieu a par conséquent songé à l'Eucharistie. Les merveilles du plan divin de salut : voilà un aliment privilégié de votre contemplation.



En prière avec la Bible, Téqui 1995, p. 62-66
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V
                         La Sagesse, était Dieu. <br />                    Merci de nous re- catéchiser
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W
La Sagesse EST Dieu. Moi aussi, je rends grâce à Dieu (cf. 1 Th 2, 13).
R
                    Cher père Covens,<br /> La lettre que je vous avais écrite ce soir, posément...est mahleureusement partie en fumée avec l'envoi du commentaire.<br /> Je vous l'enverrai donc par courrier.<br /> Je vous envoie mes salutations et le témoignage de mon affection en Dieu.<br />       Florence
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