Admirez lÉglise dans la vérité de ses membres, dans sa mystique et réelle unité. Elle est là, rassemblée par lEsprit de Dieu. Sancto congregata Spiritu. Cette unité, qui résulte non dune contrainte extérieure même légère, mais uniquement dune foi commune et dun même amour, réalise une vraie compénétration des âmes.
  Dans cette immense famille quest lÉglise, les fonctions sont nombreuses et variées. La plus importante est exercée par le Vicaire du Christ, le Serviteurs des serviteurs de Dieu. Tous les yeux sont affectueusement fixés sur le Pape. Cest à lui que Notre Seigneur pensait lorsquil disait à saint Pierre ; Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de lenfer ne prévaudront pas contre elle Jai prié pour toi afin que ta foi ne défaille point. Pais mes brebis.
  Que fait-il le Pape, sur son trône, en ce 1er novembre ? Selon la belle expression de saint Ignace dAntioche, il préside à lAssemblée de la charité. Praesidet caetui caritatis. Comme cest vrai ! Dans ce peuple chrétien, il ny a que de lamour, de lamour et de la joie.
  Que fait le Pape en ce 1er novembre ? Il prie devant la foule et avec la foule. Quest cette prière ? Dabord un silence religieux. Un silence qui est en contact avec Dieu. Un silence qui se communique à la multitude. Rien de plus impressionnant. Après ces minutes de recueillement, le Veni Creator, entonné par le Saint-Père, est chanté par tous. Cette invocation à lEsprit Saint par le Pape, les Évêques, le clergé et le peuple chrétien présente, à cette heure, une grande leçon : lEsprit Saint est la grande puissance de lÉglise.
  Que fait le Pape en ce 1er novembre 1950 ? Il exerce solennellement son Magistère infaillible : il déclare que lAssomption de Marie est une vérité révélée par Dieu.
  Cette définition nest ni un acte arbitraire, ni une décision prise à la légère. Attendue depuis des siècles, réclamée par le peuple chrétien, préparée par les théologiens, elle a été soumise au jugement de lÉpiscopat catholique. Elle est un acte de lEsprit de Vérité.
  Que fait le Pape en ce 1er novembre 1950 ? Il exhorte son peuple en des termes enflammés : il chante la joie de lÉglise et demande que des torrents de grâce déversent la sainteté dans les âmes.
  Le Pape est le chef suprême de lÉglise. Il nest pas toute la Hiérarchie. Ce nest pas à Pierre seulement que Jésus a confié son Église, cest au Collège apostolique sous la direction de Pierre. Sur le parvis de la Basilique vaticane, voici une partie du Collège apostolique de 1950, voici 40 cardinaux, voici 600 évêques, groupés autour du chef suprême de lÉglise. Ce sont eux aujourdhui, et eux seuls, qui tiennent du Christ le pouvoir denseigner, de gouverner et de sanctifier les âmes. La plus grande responsabilité qui soit leur est confiée : la Rédemption du monde pour la gloire du Père.
  Pour étendre le règne de Dieu, pour sauver les âmes, le Pape et les Évêques ne peuvent suffire ; il leur faut des auxiliaires. Les voici ! Les plus nécessaires, ceux qui participent au sacerdoce du Christ et à la charge pastorale des Évêques, ce sont les prêtres dont la formation et la sanctification est le plus grand souci du Saint-Père. Les autres collaborateurs de la Hiérarchie sont les religieux, les religieuses, les laïques dAction catholique.
  Tous les membres de lÉglise militante font partie de léquipe apostolique. Eux aussi doivent, comme Jésus, connaître la soif du salut des âmes. Sitio.
  Quelle doit être leur ambition ? Procurer aux autres leur propre bonheur : celui de vivre dans lÉglise du Christ, qui est à la fois société hiérarchique et présence de lEsprit de Dieu ; celui dappartenir à la grande famille du bon Dieu ; celui de rentrer dans lunité du Corps mystique.
  La joie dêtre des fils et des filles de lÉglise a été intensément goûtée par tous les chrétiens et toutes les chrétiennes qui, le 1er novembre, étaient rassemblés autour du Saint-Père. Ils ont senti par surcroît, toute leur fierté catholique.
  Non ! Non ! lÉglise ne meurt pas. Elle est plus vivante que jamais. Non ! Non ! lÉglise ne se sépare pas du Christ. Elle conduit à Jésus. Elle nous met en communion avec Dieu, en communion les uns avec les autres dans le Christ Jésus.
  Lorgueil humain voudrait supprimer les intermédiaires auprès de Dieu. Quelle fâcheuse entreprise !
  Certains nous disent : La Vierge est une médiatrice inutile : le Christ suffit. Mais lhistoire nous apprend que beaucoup, après avoir rejeté le culte marial, ont souvent fini par rejeter la divinité de Jésus-Christ. Au contraire, dans le catholicisme, la dévotion à Marie procure le triomphe de Jésus. Parce que Lourdes est une terre mariale, elle est par excellence aussi la cité de Dieu et de son Christ. Nulle part le Christ nest acclamé comme à Lourdes. Marie nous conduit au Christ. LÉglise aussi. Nous leur appartenons. Nous les aimons. Nous vivons sous leur dépendance dans lhumilité, la joie et laction de grâces. "