Au Ciel, tout est clarté, splendeur, et Marie, plus que tout autre saint, participe éternellement à la béatitude de Dieu. Cest le sens du dogme de lAssomption.
  Lauteur de ce livre a eu le privilège dassister, le 1er novembre 1950, à la définition de cette vérité. Il est heureux de reproduire ses impressions dil y a vingt-quatre ans.
  " Dans lhistoire de lÉglise, la triomphale et radieuse journée du 1er novembre 1950 est une date vraiment extraordinaire. Avec quelques pèlerins du diocèse (de Tarbes-Lourdes) prêtres, religieuses et simples fidèles votre évêque a assisté, à Rome, aux cérémonies de la proclamation du dogme de lAssomption. Il avoue, en toute simplicité, navoir jamais éprouvé des émotions ni aussi profondes, ni aussi douces, ni aussi exaltantes.
  Pour votre profit, il voudrait revivre devant vous ces heures inoubliables, dont certains témoins, très au courant des choses du passé, déclarent quelles sont les plus belles de lHistoire de lÉglise.
  Quavons-nous fait à Rome ? Nous avons vu deux choses : le magnifique triomphe de la Vierge et la puissante unité de lÉglise.
  Le spectacle quoffrait la place Saint-Pierre le 1er novembre, vers huit heures et demie, à larrivée du cortège pontifical était exactement décrit par saint Jean dans lépître de la Toussaint.
  Quy avait-il à Rome ? Une foule immense, une foule si nombreuse que personne naurait pu la compter : une foule de tous les pays, de toutes les classes et de toutes les langues de lunivers. Ils étaient tous debout devant le trône de lAgneau.
  Dieu a toutes les attentions : au-dessus de la multitude, dans le ciel dazur apparaissent le soleil et la lune, deux symboles de la Vierge, dont la liturgie nous dit quelle est pulchra ut luna, electa ut sol.
  Pourquoi cette foule sest-elle rassemblée à Rome, des quatre coins de lunivers ? Pour entendre le Pape dire ceci : Nous déclarons et définissons comme dogme révélé par Dieu : que lImmaculée Vierge, Mère de Dieu et toujours Vierge, a été au terme de sa vie terrestre, élevée, en corps et en âme, à la gloire céleste.
  Deux choses sont certaines désormais dune certitude absolue. La première : la Très Sainte Vierge, depuis son départ de la terre, est en corps et en âme glorifiée dans le Ciel ; la deuxième : Dieu lui-même nous enseigne cette vérité. Oui, mes frères, Dieu a pris la peine de nous faire savoir la glorification corporelle de la Très Sainte Vierge : Dieu a eu cette délicatesse de nous renseigner personnellement sur le sort de sa Mère et de notre mère depuis quelle a quitté ce monde.
  Mon Dieu, soyez remercié davoir plongé la Très Sainte Vierge en plein ciel de gloire. Mon Dieu, soyez remercié de nous lavoir dit et davoir précisé que la chair virginale de Notre-Dame est glorifiée aussi réellement que son âme immaculée. Mon Dieu, soyez remercié pour la joie que cette certitude apporte à lunivers catholique et à chaque âme chrétienne.
  Mon Dieu, nous vous louons de tout ce que vous avez fait pour Notre-Dame et nous vous bénissons de nous lavoir dit vousmême, en mettant cette vérité dans le dépôt de votre révélation.
  Nos curs sont dilatés de bonheur : vous récompensez votre mère magnifiquement et vous nous en faites la confidence.
  Mes bien chers frères, que Dieu est grand et comme sa bonté éclate dans lAssomption de la Très Sainte Vierge !
  Nous contemplerons ce mystère et nous dirons notre action de grâces à Dieu pour la gloire quIl a communiquée au corps et à lâme de Marie. Il ne pouvait en être autrement. Lunion indissoluble de Marie avec son Fils dans luvre rédemptrice est tellement intime que Marie doit être où se trouve Jésus : dans la gloire du Ciel. Elle doit y être personnellement, cest-à-dire, comme le note saint Bonaventure, avec son corps et son âme.
  Et parce que le Ciel glorifie Marie, la terre lui fait écho. Rome a commencé. Lunivers catholique continuera.
  En lhonneur de Notre-Dame de lAssomption, Rome a pavoisé. Rome a illuminé ses maisons, ses monuments et ses basiliques. Rome a organisé de triomphales processions. Rome a rassemblé dans ses murs des pèlerins du monde entier. Rome a poussé des clameurs enthousiastes. Rome a prié. La prière des pèlerins de Rome nétait pas une supplication intéressée. Elle nétait quune louange de Dieu et de la Vierge.
  Mais, par surcroît, les cérémonies romaines du 1er novembre auront ouvert de nouvelles sources de grâces. Qui dira les libéralités divines qui ont été la providentielle réponse du Ciel au vibrant hommage de la terre ?
  Et quelles sont opportunes les leçons que nous donne lAssomption ! Lhomme ne sait pas aimer son corps : il le déshonore quand il en fait un instrument de péché. Dieu exalte le corps humain et lui communique sa propre gloire après lavoir fait participer à luvre de notre sanctification.
  On parle beaucoup de la valeur humaine. Lexemple de Marie, dit le Saint-Père, nous rappelle que la grandeur de lhomme est dans la soumission à la volonté de Dieu et le service du prochain.
  Le monde aujourdhui est dans un état de désespérance et de tristesse. Aucun de ces sentiments neffleurait les pèlerins de Rome : chez tous il y avait lexplosion de la joie. Pourquoi ? Le bonheur que Marie ressent dans son corps et dans son âme sera un jour et pour léternité notre propre bonheur. Après lAssomption de la Mère, il y aura lAssomption des enfants : ce sera notre participation au bonheur du Christ et de Notre-Dame.
  Cette certitude nous libère. Elle nous détache. Elle nous dégoûte du péché et de tout ce qui y conduit. Elle nous inonde dune joie divine et nous fait regarder le Ciel, qui est pour nous le meilleur moyen de bien marcher sur la terre. La Vierge de lAssomption éclaire notre route. LÉglise aussi. "