" À partir de ce moment ", où Pierre avait reconnu en Jésus " le Messie, le Fils du Dieu vivant ", celui-ci " commença à montrer à ses disciples qu'il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup (...), être tué et le troisième jour ressusciter " (Mt 16,21). Cette annonce fut refusée par Pierre, qui montrait ainsi qu'il avait encore beaucoup à découvrir de la révélation qu'il avait reçue du Père. C'est alors que les évangiles situent l'épisode de la transfiguration de Jésus sur la montagne, devant trois témoins, Pierre, Jacques et Jean (cf. Mt 17,1-9 ; Mc 9,2-10 ; Lc 9,28-36). À côté de Jésus, environné de lumière, apparaissent ces deux témoins de l'Alliance que sont Moïse et Élie.
  La seconde lettre de Saint Pierre gardera l'écho émerveillé de cet événement : " Pour vous faire connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, nous n'avons pas eu recours aux inventions des récits mythologiques, mais nous l'avons contemplé lui-même dans sa grandeur. Car il a reçu du Père l'honneur et la gloire quand est venue sur lui., de la gloire rayonnante de Dieu, une voix qui disait: Celui-ci est mon Fils bien-aimé. En lui j'ai mis tout mon amour " (2 P 1,16-17).
  Jésus a donc manifesté, pendant quelques instants, sa gloire de Fils, et a confirmé la confession de foi de Pierre. Mais la Transfiguration prélude aussi à " l'exode " que sera la passion de Jésus à Jérusalem (cf. Lc 9,30-31), et prépare les disciples à mieux traverser cette épreuve.
  La Transfiguration, enfin, anticipe en quelque sorte la venue du Christ en gloire, " qui transformera nos pauvres corps à l'image de son corps glorieux " (Ph 3,21).
  Le mystère de la Transfiguration occupe une place importante dans la tradition des Églises d'Orient, dont la piété s'est toujours nourrie avec prédilection de la figure du Christ rayonnant la lumière de sa divinité.
193. L'agonie de Jésus
  Après ce dernier repas Jésus entre en agonie, c'est-à-dire en une lutte intérieure entre le désir de ne pas être livré à la " domination des ténèbres " (Lc 22,53), d'échapper à la mort sanglante qui s'annonce, et celui d'accomplir jusqu'au bout la volonté du Père et la mission reçue. Jésus avoue qu'il est " triste à en mourir " (Mt 26,38), il demande alors l'aide de la présence et de la prière de trois des siens. Ceux qui avaient été les témoins de sa transfiguration deviennent aujourd'hui les témoins de sa défiguration. En cette scène douloureuse de combat et de tentation, en cette heure d'angoisse, Jésus partage la détresse de tout homme devant la mort.
  Ainsi, nous parlons " d'agonie " pour désigner les heures douloureuses de souffrance physique et morale qui précèdent immédiatement la mort.
  Gethsémani est surtout à comprendre dans la perspective de ce qui est l'enjeu même de la passion : le salut de l'humanité. L'agonie de Jésus révèle à la fois sa souffrance devant le refus opposé par l'homme à l'Alliance que Dieu lui offre, et son union avec le Père dans sa volonté de racheter le monde.
  À la différence de ses disciples, qui ne peuvent s'empêcher dormir, Jésus donne l'exemple d'une prière incessante, répétant mêmes paroles : " Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite " (Mt 26,42).