Dans l'unité de la vie chrétienne, en effet, les différentes vocations sont comme les rayons de l'unique lumière du Christ " qui resplendit sur le visage de l'Église ". Les laïcs, en vertu du caractère séculier de leur vocation, reflètent le mystère du Verbe incarné surtout en ce qu'il est l'Alfa et l'Oméga du monde, fondement et mesure de la valeur de toutes les réalités créées. Les ministres sacrés, de leur côté, sont de vivantes images du Christ chef et pasteur, qui guide son peuple dans le temps du " déjà là et du pas encore ", en attendant sa venue dans la gloire. La vie consacrée a le devoir de montrer le Fils de Dieu fait homme comme le terme eschatologique vers lequel tout tend, la splendeur face à laquelle pâlit toute autre lumière, la beauté infinie qui peut seule combler le cur de l'homme. Dans la vie consacrée, il ne s'agit donc pas seulement de suivre le Christ de tout son cur, en l'aimant " plus que son père ou que sa mère, plus que son fils ou que sa fille " (cf. Mt 10,37), comme il est demandé à chaque disciple, mais de vivre et d'exprimer cela par une adhésion qui est " configuration " de toute l'existence au Christ, dans une orientation radicale qui anticipe la perfection eschatologique, selon les différents charismes et pour autant qu'il est possible d'y parvenir dans le temps.
  En effet, à travers la profession des conseils, la personne consacrée ne se contente pas de faire du Christ le sens de sa vie, mais elle cherche à reproduire en elle-même, dans la mesure du possible, " la forme de vie que le Fils de Dieu a prise en entrant dans le monde ". Embrassant la virginité, elle fait sien l'amour virginal du Christ et affirme au monde qu'Il est Fils unique, un avec le Père (cf. Jn 10,30; 14,11) ; imitant sa pauvreté, elle Le reconnaît comme Fils qui reçoit tout du Père et lui rend tout par amour (cf. Jn 17,7.10) ; adhérant par le sacrifice de sa liberté au mystère de son obéissance filiale, elle Le reconnaît comme infiniment aimé et aimant, comme Celui qui ne se complaît que dans la volonté du Père (cf. Jn 4,34), auquel Il est parfaitement uni et dont Il dépend tout entier.
  Par cette identification et cette " configuration " au mystère du Christ, la vie consacrée réalise à un titre spécial la confessio Trinitatis qui caractérise toute la vie chrétienne, reconnaissant avec admiration la sublime beauté de Dieu Père, Fils et Esprit Saint, et témoignant avec joie de sa condescendance aimante pour tout être humain.