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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Raniero Cantalamessa, Jésus-Christ le Saint de Dieu, Éd. Mame, 1993, p. 72-77 (1e partie)

Publié par Walter Covens sur 9 Juillet 2006, 19:16pm

Catégories : #la vache qui rumine (Années B - C)

La divinité du Christ est la cime la plus élevée, l’Everest de la foi. C’est un acte beaucoup plus difficile que de simplement croire en Dieu. Si donc, d’un point de vue objectif, à savoir, celui du donné de la foi, elle constitue pour le Nouveau Testament – comme nous l’avons vu jusqu’ici – ce qu’il y a de plus important à croire et l’œuvre de Dieu par excellence, d’un point de vue subjectif, à savoir, celui de notre acte de foi, elle est ce qu’il y a de plus difficile à croire. Cette difficulté est liée à la possibilité et, même, au caractère inéluctable du " scandale " : " Heureux – dit Jésus – celui qui ne se scandalise pas à cause de moi ! " (Mt 11, 6). Le scandale provient du fait que celui qui se proclame Dieu est un homme dont chacun connaît tout : " Celui-là, nous savons d’où il est ", disent les pharisiens (Jn 7, 27). " Fils de Dieu – s’exclamait Celse – un homme qui vivait il y a quelques années ? " Un quidam " d’hier ou d’avant-hier ", un homme " né dans une bourgade de Judée, d’une pauvre fileuse " ? Seule la foi peut surmonter le scandale. Il est illusoire de songer à l’éliminer, en accumulant des preuves historiques de la divinité du Christ et du christianisme. Pour ce qui est de la foi véritable, nous sommes dans la situation des gens que Jésus rencontra, durant sa vie, ou mieux peut-être, dans la situation de ceux qui, après la Pâque, écoutaient Jean et les autres apôtres proclamer que Jésus de Nazareth – cet homme " né dans une obscure bourgade de Judée ", renié par tous et crucifié – était le Fils de Dieu et Dieu lui-même. On ne peut vraiment croire – a-t-on écrit – qu’en situation de contemporanéité, en se rendant contemporain du Christ et des apôtres. Mais l’histoire, le passé ne nous aident-ils pas à croire ? Ne s’est-il pas écoulé mille huit cents ans – a écrit Kierkegaard – depuis que le Christ a vécu ? Son nom n’est-il pas annoncé et n’est-il pas objet de foi dans le monde entier ? Sa doctrine n’a-t-elle pas changé la face de la terre, n’a-t-elle pas pénétré victorieusement dans tous les milieux ? Et l’histoire n’a-t-elle pas établi de manière suffisante, et plus que suffisante, qu’il a existé, qu’il était Dieu ? Non, l’histoire ne l’a pas établi ; l’histoire ne pourrait faire cela de toute éternité ! Comment est-il possible, sur la base des résultats d’une existence humaine, telle que fut celle de Jésus, de conclure en disant : Ergo, donc, cet homme était Dieu ? Une trace sur la route est la conséquence du fait que quelqu’un est passé sur cette route. Je pourrais me tromper, en croyant, par exemple, qu’il s’agissait pas d’un oiseau, mais d’un autre animal. En examinant mieux, je pourrais conclure qu’il ne s’agissait pas d’un oiseau, mais d’un autre animal. Mais je ne puis, même si je continue d’examiner mieux, parvenir à la conclusion qu’il ne s’agit ni d’un oiseau ni d’un autre animal, mais d’un esprit, parce qu’un esprit, par nature, ne peut laisser de trace sur la route. C’est un peu le cas du Christ. Nous ne pouvons parvenir à la conclusion qu’il est Dieu, simplement en examinant ce que nous connaissons de lui et de sa vie, c’est-à-dire par l’observation directe. Celui qui veut croire au Christ est obligé de devenir son contemporain dans l’abaissement. Le problème est : veux-tu ou ne veux-tu pas croire qu’il était Dieu, ainsi qu’il a dit l’être ? Par rapport à l’absolu, il n’y a qu’un seul temps : le présent ; pour celui qui n’est pas contemporain de l’absolu, ce dernier n’existe pas du tout. Et puisque le Christ est l’absolu, il est facile de voir qu’à son égard, une seule situation est possible : celle de la contemporanéité. Cent, trois cents, ou mille huit cents ans ne lui ajoutent ou ne lui retirent rien ; ils ne le changent pas, ni ne révèlent qui il était, parce que seule la foi peut manifester qui il est. (Cf. Kierkegaard, L’École du christianisme n. I, 1, dans Œuvres Complètes de S. Kierkegaard, vol. 17, pp. 27 ss.) Selon cette perspective, on ne peut donc devenir croyant, sans aller au Christ dans son état d’abaissement, comme signe de scandale et objet de foi. Il n’est pas encore revenu dans la gloire, et, par conséquent, il demeure toujours celui qui s’est abaissé. À cette vision – il est vrai – il manque quelque chose. Il manque l’attention due à la résurrection du Christ. Celui que nous rencontrons, aujourd’hui, ce n’est pas seulement celui qui a été abaissé, mais celui qui a été abaissé et qui a été exalté. Il manque aussi l’attention due au témoignage apostolique. L’Esprit Saint – disait Jésus – " me rendra témoignage, et vous aussi vous me rendrez témoignage " (Jn 15, 26-27). De ces choses – disait saint Pierre, en parlant de la résurrection du Christ – nous sommes témoins, nous et l’Esprit Saint que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent (Ac 5, 32). Il n’est pourtant pas du tout exact d’affirmer : " il n’y a qu’une preuve de vérité du christianisme : la preuve intérieure, l’argumentum Spiritus Sancti " (cf. S. Kierkegaard, Journal, X 1 A, 481). En fait, il y a une preuve invisible, constituée par le témoignage de l’Esprit, et une preuve externe différente, mais importante elle aussi, constituée par le témoignage apostolique. Outre la dimension personnelle, il y a, dans la foi, une dimension communautaire : " Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que, vous aussi, soyez en communion avec nous " (1 Jn 1, 3).
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