Ste Thérèse dAvila, Le chemin de la perfection, ch. 34, 6-9, uvres complètes, DDB, 4e éd., 1989, p. 485-487
Croyez-vous que cette nourriture sainte (l'Eucharistie) ne soit pas un soutien pour notre corps, une puissante médecine, même pour les maladies corporelles ? Je sais quelle est tout cela. Je connais une personne (Ste Thérèse elle-même) affligée de graves maladies, dont les vives douleurs étaient souvent ôtées comme avec la main, et qui se trouvait complètement guérie. Cela sest produit fréquemment, et il sagissait de maladies manifestes, impossibles à simuler, ce me semble. Les merveilles quaccomplit de Pain très saint en ceux qui le reçoivent dignement sont si notoires que je ne dis pas tous ceux dont fut lobjet la personne dont je parle ; jai été à même de les connaître et je sais quelle ne ment pas. Mais le Seigneur lui avait donné une foi si vive que, lorsquelle entendait certaines personnes dire quelles auraient aimé vivre au temps où le Christ, notre Dieu, était en ce monde, elle riait toute seule et songeait que puisquelle le possédait dans le Très Saint Sacrement aussi réellement qualors, que voulait-elle de mieux ?
Je sais que pendant de nombreuses années cette personne, pourtant loin dêtre parfaite, quand elle communiait, voyait ni mieux ni plus mal quelle laurait vu avec les yeux corporels, le Seigneur pénétrer dans lhôtellerie de son âme ; elle tâchait daviver sa foi, et croyant vraiment que ce Seigneur entrait dans sa pauvre hôtellerie, elle se libérait autant que possible des choses extérieures et y entrait avec Lui. Elle sefforçait de recueillir ses sens, pour quils saisissent tous un si grand bienfait ; cest-à-dire pour quils nempêchent pas lâme de se reconnaître. Elle se considérait à ses pieds et pleurait avec Madeleine, ni plus ni moins que si elle lavait vu de ses yeux corporels dans la maison du pharisien ; et même si elle néprouvait pas de ferveur, la foi lui disait quIl était bien là.
Car si nous ne voulons pas faire les sots et aveugler notre entendement, on ne peut douter quil ne sagit pas dune représentation de limagination, comme quand nous considérons le Seigneur sur la Croix, ou à dautres moments de la Passion, et que nous évoquons en nous-même ce qui sest passé. Dans ce cas-ci, cela se passe ici même, cest absolument vrai, et nous navons pas à aller le chercher ailleurs, au loin ; mais nous savons que tant que la chaleur du corps na pas consumé les accidents du pain, le Bon Jésus reste avec nous, afin que nous nous rapprochions de Lui. Puisque quand il vivait en ce monde il suffisait que les malades touchent ses habits pour être guéris, comment douter, lorsquil est en moi, quil fasse des miracles, si nous avons la foi et quil nous donne ce que nous lui demandons, puisquil habite notre maison ? Sa Majesté ne paie pas chichement notre hospitalité, si nous lui offrons bon gîte.
Si vous êtes peinée de ne pas le voir de vos yeux corporels, considérez que cela ne vous convient pas ; le voir glorifié, cest autre chose que de le voir comme il était en ce monde. Notre faiblesse naturelle ne pourrait le supporter, le monde nexisterait plus, personne ne pourrait y vivre ; car en face de cette Vérité éternelle, nous verrions que toutes les choses dont nous faisons cas ici-bas sont mensonge et moquerie. Devant une si grande Majesté, comment une pauvre petite pécheresse comme moi, qui lai tant offensé, oserait-elle se tenir tout près de lui ? Sous les apparences de ce pain, il est accessible ; car quand le roi se masque, nous ne craignons point de lui parler avec moins dégards et de manifestations de respect ; il est obligé de ladmettre, puisquil sest masqué. Sinon qui oserait se présenter à lui si indignement, avec tant de tiédeur, tant dimperfections !
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