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Publié par Walter Covens

(…) À un moment donné, on est passé de la théologie à genoux à la théologie assise. Par là s’introduisait aussi en elle la déchirure que nous avons décrite au début (entre théologie et sainteté). La " théologie " scientifique " s’éloigne de la prière et perd ainsi le ton avec lequel il faut parler du sacré, tandis que la théologie " édifiante ", perdant progressivement du contenu, verse assez souvent dans la fausse onction. Elle se livre ainsi à la même décadence que l’art chrétien de l’époque moderne qui menace de se décomposer en un " réalisme moderne " irrespectueux du mystère et un romantisme éloigné de la réalité. Aujourd’hui, il ne s’agit pas de tourner en arrière la roue de l’histoire et de proposer une renaissance de la patristique au détriment de la philosophie et de la théologie scolastiques. Les progrès dus à la scolastiques sont évidents. Mais, si on ne peut inverser le cours de l’histoire, il est néanmoins de l’essence de la tradition, et donc également de la théologie, qu’elle progresse en entrant dans un échange plus profond et plus courageux avec les sources. Non seulement avec les sources toujours jeunes de l’Écriture dont l’exploitation théologique semble en être encore au commencement, et aujourd’hui plus que jamais, mais aussi avec la fontaine de jouvence de la théologie patristique, dont l’architecture et la richesse inépuisable n’ont certainement pas été données en vain par la divine Providence aux générations suivantes. Combien de thèmes de recherche théologique sont abordés chez les Pères, qui, plus tard, avec le progrès de la systématisation, ont été laissés de côté parce qu’ils gênaient et semblaient déroutants et sans importance ! Et avec quelle vitesse ce processus d’élimination s’est-il poursuivi de la scolastique tardive jusqu’à la néo-scolastique ! Quelle richesse pourtant contient saint Thomas – en points de vue, en perspectives ouvertes de tous côtés, en suggestions disséminées sans intention systématique – comparé au squelette d’un manuel de nos jours ! Certes, on écrit pour l’école. Déjà les grands scolastiques avaient devant eux des disciples, des débutants, et il importait de tout leur mettre devant les yeux le plus clairement, le plus simplement, le plus irréfutablement possible. Mais la théologie catholique doit-elle donc toujours rester au niveau de l’école ? Ne peut-il y avoir, pour elle aussi, la chance de se consacrer, une fois détachée de l’attention pour les ‘haplousteroi’, les ‘rudes’ (et pour les Pères, ce sont moins les personnes incultes que ceux qui se satisfont d’une connaissance de foi sommaire), aux profondeurs de la Révélation divine et d’entendre, aux pieds de saint Paul, " la sagesse parmi les parfaits ", " la sagesse de Dieu, mystérieuse, demeurée cachée, celle que, dès avant les siècles, Dieu a par avance destinée pour notre gloire " (1 Co 2, 6-7) ? (dans Mgr Philippe Barbarin, Théologie et sainteté, Introduction à Hans-Urs von Balthasar, CERP, Parole et Silence, p. 119…123)
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R
Je ne veux pas dénigrer la philosophie, aprés surtout les encouragement de Jean-Paul II et Benoît XVI, mais je reste tiraillée dans cette opposition : philosophie/lecture de la Parole, lecture Patristique.<br /> Et comme le déclare Von Hurs Balthasar, je reconnais le péché de la "théologie assise", qui s\\\'applique à la philosophie chrétienne comme à la théologie...tentation pour tous.<br /> Finalement, je pense qu\\\'il y a un choix à faire : si réfléchir dans ces domaines vous conduit à pécher, alors rompez ! et adorez le Seigneur...qui vient.Si la philosophie et la théologie vous conduisent à la sainteté, suivant l\\\'exemple de notre saint père Marie-Dominique Philippe, alors travaillez sans relâche, aimez sans relâche...la Parole, et les finalités...<br /> Que chacun s\\\'examine, mais la raison sans amour...est ruine de l\\\'âme, et Dieu la veut pure et transparente comme l\\\'eau de Sa Parole. Lui est le Verbe de Dieu. Amen. Votre petite servante.<br /> Car il y a urgence à se convertir...<br />  
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W
L'amour sans raison est tout aussi ruineux pour l'âme que la raison sans amour.