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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Monique Vincent, Saint Augustin, maître de prière, Beauchesne 1990, p. 45-49 (1e partie)

Publié par Walter Covens sur 31 Mai 2006, 19:17pm

Catégories : #la vache qui rumine (Années B - C)

À côté de ce double rôle que soulignent également les sermons, le Christ en joue un troisième qui n’est pas le moins important pour les conséquences qu’on peut en tirer en ce qui regarde la prière chrétienne, ainsi qu’on le verra. Non seulement le Christ est prié par nous et prie pour nous, mais Il prie en nous. Le commentaire du psaume 85 comporte en son début une formule qui résume très clairement la triple fonction du Christ dans la prière : " Il prie pour nous en tant que notre prêtre ; Il prie en nous en tant que notre tête ; Il est prié par nous en tant que notre Dieu. " C’est ici que la doctrine du Christ total trouve son accomplissement le plus parfait. Si le Christ est vraiment la tête du corps, Il n’est plus extérieur à nous comme l’est un intercesseur par rapport à celui pour qui il intercède (l’avocat et son client), ou celui qui reçoit les prières par rapport à celui qui les lui adresse (le juge et l’accusé). Si le Christ et son Église ne font plus " qu’une seule chair ", ils ne sont plus deux à prier, il n’y a plus qu’un priant : le Christ total. On ne sépare pas la prière du Christ de celle de l’Église. Ils n’ont plus qu’une seule voix. L’enarratio (= commentaire de S. Augustin) sur le psaume 56 le dit excellemment : " Il n’a pas voulu parler séparément, Il n’a pas voulu être séparé de nous, selon ce qu’Il nous a dit : Voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation du siècle. S’il est avec nous, Il parle en nous, Il parle de nous, Il parle pour nous, car nous aussi nous parlons en lui. " Il parle en nous, nous parlons en Lui. Les esprits trop rationalistes risquent d’être déconcertés par ces formules augustiniennes. Dans l’enarratio sur le psaume 85 aussi, après avoir dit que " le Christ prie pour nous… en nous… est prié par nous ", Augustin conclut son développement en disant : " Nous lui adressons donc nos prières par Lui, en Lui. " Est-ce donc Lui qui prie en nous ? ou nous qui prions en Lui ? A. de Bovis croit pouvoir conclure de son étude sur Le Christ et la prière… dans les commentaires sur saint Jean : " Augustin ne dit pas : le Christ prie en nous, mais reprenant le texte de Jean : Si vous demeurez en moi… montre les chrétiens insérés dans la Christ, et faisant lever de leur cœur les vrais désires et la vraie prière. Bref, au lieu de regarder le Christ priant en nous, on nous montre plutôt les chrétiens priant dans le Christ. " Faut-il en conclure que les commentaires sur saint Jean sont, comme il est normal, plus influencés par la pensée du Disciple bien-aimé tandis que les Enarrationes bénéficieraient en même temps de l’influence de Paul qui a mis davantage l’accent sur la doctrine du Christ intérieur ? Ou bien Augustin, par l’une comme par l’autre de ces formules qu’il emploie simultanément, voudrait-il tout simplement marquer que le Christ et les chrétiens ne font plus qu’un, quel que soit leur mode de relation ? C’est là sans doute la réponse qu’il convient de faire à cette question. Quoi qu’il en soit, les conséquences, en ce qui regarde la doctrine augustinienne de la prière, sont immenses. (À suivre)
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