Beat Grögli (54 ans) a étudié la théologie à Fribourg (Suisse), Vienne et Innsbruck. De 2003 à 2006, il a suivi une formation psychologique complémentaire à la Gregoriana de Rome. Depuis 2013, le Curé de la Cathédrale de Saint-Gall (Suisse) est "membre de la direction du diocèse". Beat Grögli sera ordonné comme douzième évêque de Saint-Gall le 5 Juillet prochain.
Dans un entretien publié par Kath.ch le 1er juillet, il s'exprime notamment sur le sacerdoce des femmes, le célibat des prêtres, la bénédiction des couples homosexuels et "l'ancienne messe"...
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Que pensez-vous du sacerdoce des femmes ?
Grögli : Je trouve l'argumentation théologique contre le sacerdoce des femmes faible. Et même socialement, beaucoup ne comprennent plus pourquoi on continue à refuser l'accès aux femmes. Mais en tant qu'homme de l'Église, je vois que c'est un peu plus complexe. L'idée que les femmes exercent le sacerdoce – si Rome le permet – ne me fait pas peur.
Et défendriez-vous cette cause à Rome ?
Grögli : Je vais bien réfléchir à l'endroit où je vais utiliser mon énergie. Pour moi, la promotion des femmes commence beaucoup plus tôt. Par exemple, que les aumônières (NDT : "Seelsorgerinnen") se sentent appréciées et encouragées, mais aussi qu'elles puissent se développer et assumer plus de responsabilités. C'est important pour moi. J'avais des femmes fortes dans l'équipe de la Cathédrale. Elles m'ont défié dans le meilleur sens du terme. Je dois maintenant pourvoir de nouvelles tâches importantes dans la direction du diocèse, au premier tour, je ne parviendrai pas encore à répondre à la demande. Mais à l'avenir, il devrait y avoir plus de femmes à des postes clés.
Que pensez-vous du célibat obligatoire ?
Grögli : Je comprends le célibat comme un signe du royaume des cieux. Je trouve que cela a encore une force aujourd'hui. Cela a été une source d'inspiration pour mon sacerdoce. De mon point de vue, le lien obligatoire entre le sacerdoce et le célibat peut être modifié.
Avez-vous déjà béni des couples homosexuels ?
Grögli : Chaque dimanche, des homosexuels participent aux célébrations des offices religieux dans la cathédrale ; je les apprécie, et je crois qu'ils m'apprécient. Cependant, cela n'a jamais donné lieu à une demande de cérémonie de bénédiction.
Si un couple homosexuel s'approche de vous en tant qu'évêque et veut être béni, que faites-vous alors ?
Grögli : Je suis pasteur (NDT : Ich bin Seelsorger). Une célébration de bénédiction n'est pas une manifestation de la politique ecclésiastique.
Qu'est-ce qui est important pour vous dans la liturgie pour qu'elle s'adresse et touche les gens?
Grögli : Qu'elle soit magnifiquement et soigneusement célébrée. Une liturgie bâclée me fatigue. Par exemple, lorsque les paroles sont stéréotypées. Si je fais des paroles et des signes de la liturgie « mon chant », alors ils agissent et parviennent aux hommes. La liturgie m'a déjà beaucoup interpellé dans mon enfance et mon adolescence, car quelque chose qui n'était guindé, quelque chose de divin, m'est venu à ma rencontre.
Qu'entendez-vous par là ?
Grögli : La liturgie n'est pas simplement faite par les personnes qui travaillent dans le culte. Mais quelque chose vient de Dieu à nous. Cela me touche beaucoup. Je crois que la liturgie peut être salutaire pour notre société. La liturgie est un cadeau. Je suis aussi familier de la liturgie de l'Église orientale. Je n'y comprends pas un mot, sauf « Amen » et « Alléluia », mais cela vous emmène dans une autre dimension.
Dans le diocèse de Saint-Gall aussi, il y a des gens qui aiment célébrer l'Ancienne Messe - ils y ressentent également cette profondeur dans la foi dont vous venez de parler. Que pensez-vous de la Fraternité St-Pierre et St-Pie X ?
Grögli : Souvent, l'Ancienne Messe est liée à certaines conceptions théologiques, visions du monde et opinions politiques qui ne sont pas du tout les miennes. Ce qui est compliqué avec ces groupes, c'est qu'ils se sont déconnectés de la grande communauté. La liturgie qu'ils célèbrent ne se développe pas. Ils se détachent ainsi de l'évolution dans laquelte l'Église vit en tant que communauté.