Écrit par fr Alexis Bugnolo (30/01/2023) - Traduction française autorisée : père Walter Covens
Guido Ferro Canale est un avocat civil de Gênes, qui a étudié la jurisprudence civile italienne. Il est intervenu par le passé au sujet des allégations d'irrégularité dans l'élection de Bergoglio, en faisant valoir que le démarchage électoral ne rendait pas le vote invalide.
En préambule, à ma réfutation de sa critique ci-dessus, je dirai qu'il n'a pas compris que lorsqu'on examine le cas où un électorat perd le droit d'agir, on peut parler d'une perte de droit soit en droit, soit en ministère. Comme je l'ai dit ailleurs, mais manifestement il n'a pas eu le temps de le lire, un droit ministériel n'est pas exclusif. Si une mère ne nourrit pas ses enfants, n'importe qui peut le faire à sa place. Elle a dans ce repas perdu son privilège et son droit, mais pas en droit, seulement dans l'acte de servir. Il en va de même pour les cardinaux qui, en vertu du canon 349, ont le devoir de pourvoir au choix de l'évêque qui sera le berger du peuple. S'ils ne le font pas, ils ne perdent pas leur droit en droit, si tant est que l'on suppose qu'ils ont un droit, puisqu'ils sont en schisme ouvert avec le Christ pour avoir élu un antipape.
Mais aussi, puisque UDG exige qu'ils élisent un pape après la mort d'un pape, ils ne peuvent pas revendiquer le droit d'élire un antipape après la mort d'un pape ou d'un antipape. Ceci est lié à la Succession Apostolique, où seuls les vrais papes succèdent aux vrais papes. Les cardinaux, en insistant pour élire un pape après la mort de Bergoglio, sont impliqués dans la confection odieuse d'une ecclésiologie nouvelle, qui ne convient qu'à l'Église de l'Antéchrist.
Alors oui, s'ils étaient toujours en communion avec l'Église - ce qu'ils ne sont pas - et s'ils voulaient toujours élire le successeur du pape Benoît XVI - ce qu'ils ne font pas, car ils prétendent l'avoir déjà fait - alors oui, vous pourriez dire qu'ils n'ont pas perdu ou renoncé à leur droit ou privilège. Mais ce n'est pas le cas juridiquement à l'heure actuelle. Canale argumente donc sur une hypothèse inexistante.
Maintenant, pour répondre aux critiques infantiles de ce juriste...
Premièrement, il n'a aucune compréhension de l'ecclésiologie. Le Siège apostolique a toujours considéré les diocèses suburbains comme des parties intégrantes, par tradition, de l'Église romaine, dont le Pontife est le Pape. C'est une erreur de dire que le Pape est l'évêque du seul diocèse de Rome, mais n'a aucune autorité immédiate sur ces autres qui ne sont que des créations administratives, non séparées d'Elle. Ceci est également prouvé par le fait que des cardinaux non électeurs et des cardinaux électeurs sont nommés pour présider ces Églises. En fait, le doyen du Collège des cardinaux est, depuis le IVème siècle, l'évêque d'Ostie. Donc si l'Église d'Ostie est une autre Église et ne fait pas partie de l'Église romaine, l'Église romaine a été confondue pendant 16 siècles, mais cet avocat de Gênes va la remettre à l'endroit (sarcasme). Mais si Canale a raison, alors nous devons discuter de la façon dont l'Église pourrait prétendre à la succession apostolique si tous les papes depuis 16 siècles ont été élus par un électorat invalide.
Cela montre que cet éminent avocat civil n'est absolument pas dans son domaine.
Deuxièmement, il joue le même jeu de passe-passe que beaucoup d'autres, qui appellent les Fidèles de Rome des laïcs. L'assemblée d'aujourd'hui a invité tout le monde et n'a exclu aucun de ceux qui ne sont pas capables par la loi de participer. Si un clerc catholique ne vient pas, cela ne signifie pas que l'élection est invalide. En effet, le droit apostolique d'élire le pape appartient à l'Église romaine, et non au seul clergé de l'Église romaine. Puisqu'il concerne toute l'Église, tous les membres de l'Église sont des électeurs capables. Si l'un d'entre eux ne vient pas à l'élection, l'Église ne cesse pas d'être l'Église et l'électorat ne devient pas invalide. Mais je vois comment il ne peut pas comprendre cela, car il s'agit d'une notion de droit fondée sur la théologie et non sur le droit civil.
La même conclusion revient lorsque nous considérons l'intention du législateur, saint Pierre, en voulant que les Fidèles de Rome aient un pasteur. Quand ont-ils le plus grand besoin, sinon lorsqu'ils n'ont pas de pasteurs ? De sorte que, tout comme le Christ a créé les évêques et les prêtres non pas pour le bien des évêques ou des prêtres, mais pour les laïcs qui ont besoin des sacrements du salut, il serait inutile d'ordonner que l'Église romaine ne puisse élire le pape que lorsqu'elle a un clergé, et non pas lorsque tout le clergé est en apostasie, en hérésie ou juridiquement absent. Penser autrement, c'est faire de saint Pierre un cléricaliste.
Troisièmement, il n'a jamais lu le canon 38, qui dit que tout acte administratif qui est fait contrairement à la loi est sans effet. Il pense manifestement que dans l'Église, il n'y a que des actes valides et invalides, mais il y a aussi des actes illégaux et légaux, et des actes rituellement corrects et incorrects. Ici, ce juriste ne comprend pas du tout que, alors que dans UDG il y a une condition d'invalidité, toute violation de la loi, rend l'acte illégal et donc en vertu du canon 38 sans effet. Cela ressort du fait qu'au canon 349, les cardinaux se voient confier le devoir ministériel de choisir un homme pour être le pape. Et il s'agit là d'un devoir administratif, spécifié par un canon et donc soumis au canon 38.
Donc, encore une fois, ce juriste se montre complètement en dehors de son domaine d'expertise.
Enfin, la clause du n. 76, bien qu'elle doive être interprétée strictement, étend dans ce cas la nullité à tout l'acte d'élection, car dans ce n., elle se réfère à la fois à toute la Constitution et aux prescriptions de ce chapitre. Ceux qui veulent qu'elle ne s'applique qu'à ce chapitre ont imposé une lecture forcée. Mais l'argument, ici, selon lequel la validité est seulement limitée à la manière d'élire, et donc les cardinaux ne perdent pas leur droit, confond les notions de validité et de nullité, et le droit selon le ius et le ministerium, comme je l'ai expliqué ci-dessus.
En conséquence, cependant, c'est en vain que Guido Ferro Canale argumente, parce que nous ne parlons pas d'un Collège des Cardinaux qui a l'intention d'élire un successeur à Benoît XVI, mais d'un Collège qui insiste qu'il l'a déjà fait. Et puisque l'erreur dans les faits et les lois ne rend pas l'erreur valide, il n'est absolument pas question d'un cas dans lequel les Cardinaux ont l'intention de ne jamais exercer leur droit. Et donc juridiquement, nous sommes dans le même cas que s'il n'y avait pas de Cardinaux.
Guido Ferro Canale devrait s'en tenir au droit civil, mais je le remercie d'avoir affirmé que dans le cas juridique où il n'y a pas de Cardinaux, les fidèles de Rome peuvent élire le pape.
Quant à mes lecteurs, la cerise sur le gâteau avec Maître Canale, est qu'il est publié par un site dirigé par des sédévacantistes. Si les sédévacantistes ne pensent pas que quelqu'un soit le pape, comment y aura-t-il jamais un pape, sauf par droit apostolique. S'ils étaient sincères, ils loueraient ce qui sera fait aujourd'hui comme la solution au problème qui, selon eux, s'est produit lors du conclave de 1958.