Écrit par Antonio Ghislieri (12/06/2022) - Traduction française autorisée: père Walter Covens
Bien qu'il ne soit pas l'ordinaire du lieu, l'Auxiliaire d'Asana, au Kazakstan, l'évêque Athanasius Schneider, OSC, jouit d'une influence non négligeable au sein de l'Église universelle en raison de ses nombreux voyages, de sa remarquable aisance dans de nombreuses langues et de sa réputation de défenseur de la Tradition apostolique, tant dans son contenu que dans sa praxis.
Cet article répond à la récente vidéo de l'évêque, publiée ici.
Et pourtant, peut-être plus pour ces raisons que pour d'autres, les réflexions qu'il a récemment publiées en vidéo sous les auspices de LifeSite News ne représentent pas simplement une profonde déception pour ceux qui ont suivi très attentivement les détails importants entourant la papauté depuis la "Declaratio" historique de Benoît XVI en 2013, mais une rupture dans la réputation de Son Excellence en tant que voix sur laquelle on peut compter dans la grave question du leadership théologique sain. En bref, il a dénoncé la position selon laquelle le pape Benoît XVI n'a jamais quitté ses fonctions, qualifiant cette position de porte ouverte sur le "sédévacantisme".
Le point de vue de Schneider
Dans une présentation orale - calmement, mais trompeusement livrée - on en vient à comprendre que la position de Mgr Schneider n'est pas du tout basée sur des faits, mais sur un malaise politique, à savoir que pour Benoît, en tant que vrai pape, ne pas avoir pris d'acte de gouvernance pendant neuf ans minerait la visibilité de l'Église, un aspect nécessaire de l'indéfectibilité du Corps mystique. De plus, il refuse totalement de considérer les preuves médico-légales de cette affirmation, la condamnant comme du "positivisme juridique" et recourt à un examen terriblement alambiqué d'autres cas d'élections papales contestées pour trouver un "guide sûr" sur la manière de traiter la crise papale contemporaine.
Problèmes posés par l'"approche" historique de Schneider
Peut-être Mgr Schneider cherche-t-il à se faire passer pour un Saint-Bernard de Clairvaux des temps modernes ; si tel est le cas, il a échoué de manière assez flagrante. Saint Bernard a réussi à empêcher un schisme ouvert dans l'Église ; on ne pourra pas en dire autant de l'intervention de Schneider. Dans la mesure où la réputation de sainte sagesse du docteur cistercien était si répandue de son vivant, non seulement il a été appelé à examiner la validité des prétendants au trône papal en 1130, mais la conclusion de Bernard, basée sur l'EXAMEN DE L'ÉVIDENCE CANONIQUE a été respectée. À la suite de l'offre de Bernard, l'antipape Anaclet a renoncé à sa prétention. Il est pour le moins curieux que Mgr Schneider ait omis d'inclure ce précédent historique applicable dans sa petite revue d'histoire ecclésiastique.
Le "retour en arrière" de la postérité sur la prétendue simonie de Grégoire VI, par laquelle il se serait procuré le trône papal, ne confère pas à la postérité l'autorité de réévaluer les faits de cette époque. Les annales de cette époque indiquent-elles qu'il y a eu une contestation de la part de quiconque de la validité de l'élection de Grégoire ? Bien que l'évêque ne nous le dise pas, d'une manière ou d'une autre, ce moment historique pourrait bien - si la simonie était, en fait, impliquée - constituer une sorte d'embarras pour les étudiants en histoire catholique ; cela ne sert en aucun cas à conclure que ce moment de l'histoire sert de "précédent" pour le présent : nous sommes témoins d'une contestation ouverte de l'élection de Bergoglio basée sur des faits canoniques. Le fait que Schneider prenne sur lui de s'appuyer sur cet "exemple" 1045 rappelle de manière effrayante l'avis juridique du juge Sandra Day O'Connor selon laquelle une "option" d'avortement ne devrait pas être retirée pour le motif que les gens en sont venus à compter sur sa disponibilité. "Ne regardons pas la licéité de cette action, mais considérons que d'autres ont pu vivre avec", semble suggérer l'évêque.
L'idée que les cardinaux français responsables de l'instigation du schisme occidental à la fin du 14ème siècle avaient une quelconque légitimité pour demander un "mulligan" parce que leurs votes avaient été forcés par la peur a toujours été risible - et c'est pourquoi leurs tentatives de ressusciter une papauté d'Avignon ont toujours été considérées comme des intrigues politiques contre le bien de l'Église. Selon l'interprétation de Schneider, on est amené à croire qu'il s'agissait d'un cas où la loi applicable (régissant le conclave) a été mise de côté par l'Église romaine. Quelles sornettes ! - L'élection légitime d'Urbain VI n'a jamais été remise en question jusqu'à ce que les cardinaux français découvrent qu'il était sérieux à propos de la réforme et qu'il s'y attelait avec un zèle qui rendait la vie un peu trop pénitentielle pour leurs derrières écarlates collectifs.
De plus, le rabaissement par l'évêque des preuves contemporaines et légales concernant notre crise actuelle est une ruse honteuse, sapant, par-dessus tout, les propres mots de notre Seigneur : "Ce que vous liez sur la terre sera lié dans le ciel". En fin de compte, les affirmations de Schneider ne représentent guère plus qu'un "Ne faites pas de vagues" politiquement adapté, alors que les "vagues" ont, en fait, été orchestrées par ceux qui ont mis de côté l'autorité de Jean-Paul II, qui régit pourtant le déroulement licite de la succession papale.
La porte du "sédévacantisme"
Quant à l'affirmation de l'évêque selon laquelle les challengers au régime de Bergoglio ouvrent une voie vers le "sédévacantisme", ce n'est rien de plus que "des miettes jetées aux requins". En effet, Benoît XVI, au-delà des attentes les plus folles, continue de vivre et de respirer (ce qui est en soi une indication de l'endroit où Dieu pourrait prêter son concours). Juger une situation sur la base de circonstances qui n'ont pas encore été obtenues est en soi une mauvaise logique.
Ce qui est encore de l'ordre d'une logique pire, c'est de ne pas tenir compte a priori de ce que la loi elle-même exigerait, quel que soit l'événement qui déclencherait un autre conclave illégitime. Il n'en reste pas moins que les événements majeurs de 2013, à savoir l'"abdication" canoniquement nulle et le conclave qui s'en est suivi, doivent être revus dans l'intérêt de l'assainissement de la papauté et de l'Église. S'appuyer sur un secrétaire papal - comme le fait Mgr Schneider - comme témoin suffisant pour conclure que Bergoglio est pape, c'est la Gestalt de la légendaire autruche : elle refuse de voir les faits à la vue de tous parce que les obligations qui en découlent en matière de justice sont à la fois énormes et effrayantes.
Sans aucun doute, il faut obtenir à une date future la tâche non seulement énormément laborieuse de sanatio pour les actes de gouvernement prétendu d'une papauté putative, mais aussi la condamnation de ses nombreuses actions criminelles. Jusqu'à ce moment-là, le don de l'ordination épiscopale valide fournit une continuation suffisante des sacrements, soutenue comme ce charisme l'est par le principe de "Ecclesia supplet". (Curieusement, ne sont pas mentionnées dans la liste des actes "en danger" de Schneider : les canonisations bidons).
Le bien de l'Église/des âmes
Ce que l'Auxiliaire Astana ne prend jamais en considération - manifestant ainsi sa confiance plus dans les hommes qu'en Dieu - c'est la démonstration multiple du ciel que le Saint-Esprit de Dieu n'illumine, ne protège, ni ne féconde en aucune façon l'œuvre de celui que Schneider prétend être le successeur de Pierre. Qui peut prétendre que les machinations de l'idolâtre jésuite ne sont pas dépourvues de l'assistance divine ? Seulement les francs-maçons de la 5ème colonne.
La manière dont le ciel interviendra pour régler la situation créée par la Declaratio de Benoît XVI, dont les ramifications perdureront au-delà de sa mort, n'est pas encore manifeste. Ce que nous savons, c'est que le Christ a vaincu, que le Christ règne et qu'Il commande depuis le ciel ainsi que depuis le Tabernacle, où Il semble faire la sieste une fois de plus. Pourtant, une fois de plus, Il se lèvera pour calmer la tempête. La foi en Lui, et non dans les paroles faciles de pasteurs malhabiles, servira aux siens qui connaissent Sa Voix et la distinguent de celle des mercenaires.
Divin Enfant Jésus, ayez pitié de nous.
Notre-Dame de Guadalupe, Patronne des enfants à naître, convertissez les cœurs de notre pays et mettez fin à l'holocauste de l'avortement.
Saint Joseph, Protecteur de la Sainte Famille, priez pour nous.