Andrea Cionci est de nouveau invité sur le blog de Marco Tosatti, éminent vaticaniste romain. Notre journaliste italien préféré examine l'inversion suspecte (voulue?) des termes dans la traduction allemande de la Declaratio de Benoît XVI. Rarement le proverbe italien "Traduttore traditore" (traduire, c'est trahir) n'aura eu une illustration aussi pertinente. Et jamais la tour de Babel n'aura semé une confusion aussi dommageable pour le 1,36O milliard de catholiques qui, près de neuf ans plus tard, croient toujours que Benoît XVI a abdiqué et que c'est Mgr Bergoglio qui est leur pape.
Traduction française autorisée : père Walter Covens
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Si l'on combine le caractère germanique et la haine anti-ratzingérienne du clergé allemand, on comprend pourquoi le vrai pape a dû jouer un "tour" à ses frères ennemis qui voulaient qu'il abdique.
Comme vous le savez maintenant, le "plan B" anti-abdication de Benoît XVI est basé sur la dichotomie clé en laquelle la fonction papale a été divisée en 1983 : le munus (titre divin de pape) et le ministerium (exercice du pouvoir).
Si le pape renonce simultanément au munus, il abdique. S'il renonce au ministerium de manière différée, cela signifie qu'il est IN SEDE IMPEDITA, (canon 412) où il est prisonnier, enfermé, et ne peut communiquer librement. Dans ce cas, cependant, il reste à toutes fins utiles LE PAPE : le seul, bien que prisonnier.
Comme nous le savons, Benoît XVI dans sa Declaratio du 11 février 2013, a renoncé au ministerium, et non au munus, donc il s'est exilé in sede impedita. C'est pourquoi Bergoglio est maintenant anti-pape.
MAIS ATTENTION : comme vous pouvez le vérifier ICI : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/it/speeches/2013/february/documents/hf_ben-xvi_spe_20130211_declaratio.html, munus et ministerium sont tous deux traduits dans d'autres langues AVEC LE MÊME MOT : ministero en italien, ministry en anglais, ministère en français, ministerio en espagnol, ministério en portugais, posługa en polonais.
Dans les traductions, il n'y a pas de différence entre les deux entités, de sorte que lorsque le pape Ratzinger répète qu'il a "validement renoncé à son ministère", les non-latinophones et les non-experts en droit canonique n'imaginent pas qu'il se réfère uniquement au ministère-ministerium et non au ministère-munus. Et ainsi, Benoît XVI peut allègrement dire qu' "il n'y a qu'un seul pape", sans jamais expliquer lequel des deux l'est.
Or, dans toutes les langues, il y a ce seul mot, ministère, qui brouille les idées ... SAUF EN ALLEMAND ! En effet, munus est traduit par le mot AMT (office) et ministerium par le mot DIENST (service).
Mais savez-vous ce qui est bizarre ? Que la traduction allemande de la Declaratio comporte, dans le texte, les mots INVERSÉS PAR RAPPORT À LA VERSION LATINE. Comparez vous-même sur le site du Vatican, il n'y a aucune correspondance : ce qui dans le texte devrait être l'Amt (munus) est à la place de Dienst (ministerium) ET VICE VERSA, de sorte que la Declaratio en allemand A L'AIR d'une véritable renonciation.
C'est-à-dire que Benoît XVI dit en latin : "Puisque le munus est devenu fatigant pour moi, je renonce au ministerium. En allemand, il faudrait traduire : "Comme l'Amt est devenu fatigant pour moi, je renonce au Dienst. Mais dans la traduction allemande de la Declaratio, c'est le contraire qui est écrit : "Le Dienst étant devenu fatigant pour moi, je renonce à l'Amt. (Nous reproduisons le texte à la fin).
Ainsi, en allemand, la Declaratio est presque crédible comme une RENONCIATION RÉELLE parce que Benoît dit qu'il renonce au munus-Amt, le titre de pape, selon le canon 332.2. L'acte serait toujours invalide, puisque la simultanéité de la renonciation fait défaut, mais c'est un détail.
Ce qui importe, en fait, c'est que la SEULE VERSION JURIDIQUEMENT IMPORTANTE EST LA VERSION EN LATIN ! Tant parce que c'est la langue officielle de l'Église que parce que Benoît XVI a prononcé la Declaratio en latin. Le Pape Ratzinger reste donc de facto dans le Siège empêché (in sede impedita), même si la traduction allemande peut sembler une renonciation valide.
Pourquoi cela s'est-il produit ? Le clergé allemand, méfiant et malveillant à l'égard de Ratzinger, ne se serait certainement pas satisfait du même mot (allemand) pour munus et ministerium. Il fallait une "boulette de viande" plus raffinée pour les amadouer.
Ainsi, voyant qu'en allemand la Declaratio semblait être une renonciation correcte, les ennemis du pape ne sont pas allés vérifier la version latine, la seule qui soit textuelle, pour voir s'il y avait UNE VRAIE CORRESPONDANCE. Et ils l'ont achetée.
Donc, pour être encore plus précis, voici la blague que Benoît XVI a jouée le premier lundi de Carnaval à ses ennemis les plus acharnés, dont vous avez vu quels moyens ils utilisent pour le frapper. En fait, la Declaratio a été publiée (également en allemand) le jour même du Rosenmontag, le fameux lundi des Roses, qui tombait le 11 février. Lisez ICI pour le contexte : https://www.homelie.biz/2021/09/pape-et-antipape-l-enquete-les-jeux-de-mots-du-ratzinger-code-par-valentin-et-le-carnaval-allemand-13eme-partie.html
En fait, la Declaratio, en elle-même, ne peut être qualifiée de plaisanterie, dans le sens où il s'agit d'un document sincère et véridique : l'annonce d'un exil auto-imposé. La vraie blague, cependant, était pour nos ennemis allemands le jour de leur carnaval.
Voilà donc la énième preuve (nous en avons déjà plus que suffisamment) que le pauvre pape Benoît se trouvait dans une situation dramatique où les cardinaux modernistes infidèles voulaient le forcer à abdiquer. Aujourd'hui, il déclare que "personne n'a exercé de pression sur lui pour qu'il fasse CE choix" : certainement, personne ne l'a forcé à s'auto-exiler dans le SEDE IMPEDITA. Une fois de plus, il est sincère.
Nous devons admettre que, dès que nous l'avons appris, nous n'avons pas pu nous empêcher de rire. Comme cela arrive avec les meilleures blagues.
Pour ceux qui veulent lire l'intégralité de l'enquête, voir ici en bas de page : https://www.homelie.biz/2022/01/apres-avoir-tente-de-salir-le-pape-ratzinger-le-tragique-boomerang-des-pro-bergogliens.html
Pour de plus amples informations, sur Twitter : @CionciAndrea