À l'approche de la Fête-Dieu, je propose à mes lecteurs ma traduction des quelques pages du livre explosif de Don Allessandro Maria Minutella: PIETRO, DOVE SEI? (Pierre, où es-tu?) qui traitent de l'épineuse question: PEUT-ON ALLER À LA MESSE CÉLÉBRÉE "EN COMMUNION AVEC FRANÇOIS" ?
Titolo PIETRO DOVE SEI ? DON MINUTELLA Editore GAMBA ISBN 9788888351681, pp. 188-203. Traduit de l'italien par le Père Walter Covens, avec l'aimable autorisation de l'auteur.
L'Église a toujours enseigné qu'aller à la messe avec des hérétiques est un péché mortel, car on devient complice de l'hérésie. Comme le dit le CIC 897, dans la messe "l'unité du peuple de Dieu est signifiée et réalisée". Cette unité est donc bien exprimée par la citation du "una cum famulo tuo, papa nostro" du Canon romain, la plus ancienne prière eucharistique, où la mention de l'union avec le pape précède les paroles de la consécration. Cette mention "una cum famulo tuo papa nostro" - soutient Benoît XVI - n'est pas un fait chorégraphique ou esthétique, mais touche profondément au mystère de l'Église, à tel point que "celui qui n'est pas en communion avec le pape ne peut pas être dit en communion avec le Christ". En effet, selon l'adage patristique "ubi Petrus, ibi Ecclesia", il n'y a pas d'Église sans Pierre.
Pour cette raison, Benoît XVI, encore cardinal, a pu écrire : "la prière pour le pape fait partie du canon eucharistique, de la célébration eucharistique. La communion avec lui est communion avec le tout, sans laquelle il n'y a pas de communion avec le tout, sans laquelle il n'y a pas de communion avec le Christ" (Il Dio vicino, 2003, p.128).
C'est tellement vrai que la mention spécifique du nom du pape rend raison du principe de communion ecclésiale qui autorise la célébration eucharistique elle-même, qui est offerte à Dieu avant tout "pro Ecclesia tua sancta catholica". Un catholique ne peut pas aller à la messe en se désintéressant de qui est vraiment le pape, quand il y en a plus d'un. Ce serait de la divination, en fait, luthérienne.
Dans son traité sur l'Eucharistie, insérée dans la Summa Theologiae, saint Thomas d'Aquin aborde la question de la Messe et des sacrements en union avec les hérétiques (S.Th. III, q82, a.9), un sujet connu sous le nom de communicatio in sacris cum haereticis. Cela soulève la question, plus profonde encore, de savoir si l'on peut aller à la messe, si Bergoglio est pape, en union avec lui, malgré l'hérésie manifeste et le crime d'idolâtrie. Saint Thomas affirme que nous sommes tenus de fuir toutes (c'est nous qui soulignons : toutes !) les fréquentations dangereuses pour la santé de l'âme. Le contact avec les hérétiques, même pour la célébration de la messe, est dangereux car il implique notre responsabilité dans leur péché.
Pie XII, dans son encyclique Mediator Dei (20 novembre 1947), a affirmé que "les fidèles, qui prennent une part active à la messe, ratifient, consentent et participent aux prières du Canon, tout en gardant le plus strict silence". Ainsi, la mention du pape n'est plus une affaire embarrassante pour le seul célébrant, mais concerne chaque croyant qui participe à la messe.
La participation in sacris avec des hérétiques est absolument répréhensible, et constitue une PÉCHÉ MORTEL. Sur cet aspect, l'Église, héritière de la pensée du Nouveau Testament, s'est toujours montrée intolérante, dès les premiers Pères de l'Église : VOUS NE DEVEZ PAS CÉLÉBRER AVEC LES HERETIQUES, VOUS NE DEVEZ PAS PARTICIPER À LEURS MESSES.
Dans 2 Jn 9-11, nous lisons : "Quiconque va trop loin et ne se tient pas à l'enseignement du Christ, celui-là se sépare de Dieu. Mais celui qui se tient à cet enseignement, celui-là reste attaché au Père et au Fils. Si quelqu'un vient chez vous sana apporter cet enseignement, ne le recevez pas dans votre maison et ne lui adressez pas votre salutation, car celui qui le salue participe à ses œuvres mauvaises." L'Apôtre interdit même la salutation, qui est vraisemblablement déjà l'échange liturgique de la paix.
Saint Paul utilise lui aussi le même critère décisif : "En réalité, ce que je vous écrivais, c'est de ne pas fréquenter celui qui porte le nom de frère, mais qui est débauché, ou profiteur, idolâtre, ou diffamateur, ivrogne ou escroc: il ne faut même pas prendre un repas avec un homme comme celui-là" (1Co 5,11).
C'est pourquoi saint Thomas affirme solennellement : "peccat quicumque eorum missam audit vel ab eis accipit sacramenta". (q.82, a.9), c'est-à-dire : "PÈCHE TOUTE PERSONNE QUI ÉCOUTE LEUR MESSE OU REÇOIT LEURS SACREMENTS". Saint Thomas ne dit pas ici "errat" (se trompe) mais "peccat". En effet, "celui qui communique avec un autre dans le péché en vient à partager sa culpabilité" (S.Th. III, q,82, a.49).
La messe célébrée en union avec celui qui n'est pas pape, mais usurpateur du trône de Pierre, de surcroît hérétique, apostat et idolâtre, est invalide, car le nom du pape n'est pas un fait chorégraphique ou esthétique, mais dogmatique ; en effet, l'Église, qui offre le sacrifice, est là où est Pierre. Quoi qu'il en soit, à la raison dogmatique s'est ajoutée la raison pastorale, c'est-à-dire une tentative extrême d'empêcher les fidèles catholiques de se souiller d'une faute aussi grave, comme lorsqu'une mère menace l'arrivée du monstre si l'enfant veut à tout prix s'exposer au danger. La voix élevée a servi à dire, "Méfiez-vous du loup".
La réaction produite, cependant, est encore pire. En voulant mettre en garde contre l'hérésie, pour ne pas se sentir remis en cause, certains en sont venus à nous accuser à notre tour d'hérésie néo-donatiste. Rien ne peut être plus triste ! En effet, nous n'avons jamais dit que la messe est invalide à cause du péché du ministre célébrant, ni remis en question le thème de l'ex opere operato. Nous n'avons fait que citer, et tout le monde peut le vérifier, ce qu'affirme saint Thomas d'Aquin, héritier d'une pensée constante dans l'Église, à savoir que quiconque participe à la messe des hérétiques commet un péché, sans autre ajout, donc sans aucun malentendu néo-donatiste possible, car sinon ce soupçon devrait s'appliquer d'abord à saint Thomas d'Aquin lui-même, reconnu par les pontifes comme théologien pérenne !
La thèse selon laquelle on peut continuer à aller à la messe en union avec Bergoglio, parce que la condamnation formelle de l'hérésie et de l'idolâtrie fait défaut, est une raison de plus pour pécher ; en effet, à la participation peccamineuse à l'hérésie, s'ajoutent l'hypocrisie et le calcul humain. Il est vrai que saint Thomas précise qu'on peut aller à la messe des hérétiques tant qu'il n'y a pas de sentence de l'Église (S.Th. III, q82, a.9), mais dans le cas où l'hérésie est menée par ceux qui devraient la combattre, à savoir rien moins que le pape, comment peut-on espérer une sentence de condamnation à son encontre ? Et surtout, de qui devrait venir cette condamnation formelle ? Ce n'est pas par hasard que Saint Thomas d'Aquin affirme que "les questions les plus graves et les plus difficiles de l'Église" (S.Th. II-II, q.1, a.10) doivent être soumises à l'autorité du Pontife Romain. Mais si, pour la première fois dans l'histoire de l'Église, c'est précisément celui qui est assis sur le trône de Pierre qui crée les questions les plus graves, à qui doit être dévolue la solution du problème ? Il y a eu dans l'histoire, comme nous l'avons déjà dit, le cas du pape Honorius, mais il n'était pas manifestement et délibérément hérétique comme l'est Bergoglio, il n'a pas usurpé le trône de Pierre et il n'était pas idolâtre. La situation actuelle est tout à fait et entièrement nouvelle et singulière, voire dramatique, vu que rien ne se dévoile, avec le risque sérieux qu'après le coup d'État de 2013, une fausse église invalide procède, ce qui invalidera à son tour le prochain conclave. Saint Thomas d'Aquin affirme encore que la profession de foi doit être continuellement réaffirmée, car "les hommes pervers pervertissent pour leur propre perdition, selon l'expression de saint Pierre, l'enseignement apostolique ainsi que les autres Écritures" (S. Th Il-lI, q1, a.10). Saint Thomas dit que ce sont les Conciles qui clarifient la règle de foi face aux hérétiques pervers, et pourtant "c'est une tâche du Souverain Pontife, dont l'autorité est de convoquer les Conciles et de confirmer leurs décisions " (S. Th. II-II, q1, a. 10). Mais que faire quand Pierre n'est pas vraiment Pierre, ou même s'il l'est, s'il est manifestement hérétique, quand il est lui-même (difficile à dire, mais facile à constater) celui qui pervertit la foi ? Pendant ce temps, des masses de catholiques fidèles restent en communion avec l'hérésie et l'idolâtrie.
Dans les siècles passés, il est arrivé que des catholiques fidèles, pour ne pas communier avec des hérétiques ou des apostats, ne se rendent plus à la messe avec eux. Nous ne citons que deux cas emblématiques. Avec Saint Athanase d'Alexandrie, au quatrième siècle, il y a eu la prédominance de l'hérésie arienne dans l'Église. Sous la direction du vaillant pasteur alexandrin, des milliers de croyants cessèrent d'aller à la messe avec les Ariens, et ainsi la foi catholique fut sauvegardée, jusqu'à ce qu'elle brille à nouveau, grâce au sacrifice d'Athanase et des chrétiens non mêlés à l'hérésie.
Un cas similaire s'est produit en France pendant la Révolution française (XVIIIe siècle). Les prêtres dits clandestins, qui ne se pliaient pas aux proclamations révolutionnaires, célébraient la messe dans les granges et les étables, voyageant de village en village pour assurer les sacrements aux catholiques qui ne voulaient pas aller à la messe dans les paroisses tenues par les prêtres signataires, considérés à juste titre comme apostats. Le sensus fidelium faisait comprendre à ces croyants qu'il valait mieux prier chez soi plutôt que de recevoir les sacrements de la part de prêtres apostats.
Quelque chose de semblable est arrivé aux croyants pendant le régime communiste dans toute l'Europe de l'Est, et même avant au Japon pendant deux siècles les fidèles ont survécu sans la messe (récitant du chapelet et lisant le catéchisme). Aujourd'hui, c'est le cas, pour la plupart, des catholiques de l'Église dite "clandestine" de Chine, qui ne se plient pas aux diktats du gouvernement central de Pékin. Le sensus fidelium indique clairement que la foi doit être garantie, lorsqu'elle est menacée par l'hérésie, plus que la messe elle-même.
Saint Thomas d'Aquin défend une fois pour toutes les croyants qui renoncent à la messe lorsqu'elle est célébrée par des hérétiques, des apostats et des idolâtres : "en refusant d'entendre la messe de tels prêtres ou de recevoir la communion de leurs mains, nous ne fuyons pas les sacrements de Dieu, mais nous les respectons" (S.Th. III, q.82, a.9).
L'exemple historique le plus célèbre est celui de Saint Herménégilde, membre de la dynastie wisigothe du sixième siècle, qui était devenue arienne. Marié à une princesse catholique, le prince est également devenu catholique. Confiné dans une tour, lorsque son père lui envoya un évêque arien pour lui donner la communion, Herménégilde refusa de la recevoir, car elle était consacrée par des mains hérétiques, et pour cette raison il fut décapité. L'Église le vénère comme un martyr de la foi et il est le co-patron de l'Espagne.
De plus, si, comme nous l'affirmons sur des bases documentées, jamais officiellement démenties, le pape est Benoît XVI, et qu'il est le garant de la communion dans l'Église, alors célébrer la messe avec quelqu'un qui n'est pas le pape, quelle valeur cela peut-il avoir ? Certains disent que la messe est valide tant qu'il y a un prêtre qui respecte la matière (le pain et le vin) et la forme (les mots de la consécration), et y met l'intention. Et cela est juste, mais incomplet, car le ministre n'est que la cause instrumentale, alors que la cause principale est l'Esprit Saint. Ainsi, même s'il y a toutes les garanties produites par le ministre, qui est une cause instrumentale, cela n'est d'aucune utilité si la cause principale ou agent, qui est précisément Dieu, fait défaut. Comme si un marteau seul pouvait enfoncer un clou sans la main qui le guide. Y a-t-il une action salvatrice du Christ dans la fausse église dirigée par Bergoglio, une église idolâtre, hérétique et apostate ? Encore une fois, peut-il y avoir une quelconque action du Saint-Esprit dans une fausse église, construite comme le "corps mystique de l'Antéchrist ?" (Fulton Sheen) ?
Dans son traité sur les sacrements, inclus dans la Summa Theologiae, saint Thomas d'Aquin a clarifié la relation entre la cause ou l'agent principal (qui est Dieu) et la cause instrumentale (qui est le prêtre). L'effet intérieur de tous les sacrements est la justification, et il ne peut être accompli que par Dieu, qui produit cet effet "ex merito passionis Christi" (S.Th. III, a.64., a.1), c'est-à-dire "par les mérites de la passion du Christ". Ainsi, puisque l'effet intérieur ne peut être produit que par Dieu, et puisque seul Lui pénètre dans l'âme, Dieu est donc la cause ou l'agent principal. Même le "caractère" que certains sacrements confèrent, en tant qu'effet intérieur, "émane de l'agent principal qui est Dieu" (S.Th. Ill, q.64, a.1). L'homme contribue à l'effet intérieur du sacrement "en agissant comme un ministre" (S.Th. Ill, q.64, a.l). L'effet intérieur que le ministre, en tant que cause instrumentale, produit est toujours dû à la cause principale, qui est Dieu (S.Th. III, q.64, a.1). Il s'ensuit que "les ministres de l'Église travaillent dans les sacrements de manière instrumentale, car d'une certaine manière la fonction du ministre ressemble à celle de l'instrument" (S.Th. III, q.64, a.5).
Ainsi, même s'ils sont pécheurs, les ministres consacrent le pain et le vin de manière valide. Et pourtant, et c'est la question décisive, si Dieu est la cause principale, quand nous avons soutenu qu'Il ne peut pas travailler dans une fausse église hérétique et apostate, dirigée par un idolâtre, et qu'on nous a dit qu'au contraire, les sacrements sont également valable, tant qu'il y a forme, matière et intention, à la lumière des enseignements de saint Thomas d'Aquin, où est la vérité? L'absolutisation de la cause instrumentale est déplacée. On assiste à une radicalisation du thème de la cause instrumentale, dans une tentative de légitimer jusqu'au bout la communion obstinée avec un faux pape, hérétique et idolâtre. L'instrument reste toujours dans la main de la cause agissante. Prétendre que Dieu est encore à l'œuvre dans cet échafaudage maçonnique et satanique, qu'est la fausse église de Bergoglio, révèle des contradictions flagrantes avec la pensée officielle et traditionnelle de l'Église.
Une fois pour toutes, cela devrait nous faire réfléchir, face à l'existence de deux papes et de deux modèles d'Église, pas du tout harmonieux mais complètement opposés, à ce que dit saint Pie X dans le Catéchisme : "On dit que la véritable Eglise est Une, parce que ses fils, à quelque temps et à quelque lieu qu’ils appartiennent, sont unis entre eux dans la MÊME FOI, le MËME CULTE, la MÊME LOI et la participation aux mêmes sacrements, SOUS UN MÊME CHEF VISIBLE, LE PONTIFE ROMAIN (Cat. Saint Pie X, n. 156). Combien de papes peut-il y avoir ? L'Église n'a-t-elle pas toujours affirmé qu'il n'y a qu'un seul Pierre ? Ne sommes-nous pas en présence d'un anti-Pierre, précurseur de l'Antéchrist ?
En réalité, l'invalidité de la Sainte Messe en union avec un antipape n'aurait pas pu être envisagée dans le Catéchisme, ni même élaborée théologiquement, et en fait le sujet n'existe pas, puisque c'est seulement avec la réalisation du troisième secret de Fatima que la question est présente dans toute sa dramatique. Au contraire, la question elle-même peut être déduite de certains présupposés que la théologie a développés. Si, par exemple, le Catéchisme de Saint Pie X affirme que l'Église est une parce qu'elle est dirigée par un seul pasteur universel, qui est le pape, on en déduit, dans ce cas précis, que la coexistence de deux papes - dont l'un aurait d'ailleurs dû s'effacer et continue à se signer des initiales P.P. - révèle une anomalie qui doit être clarifiée et interprétée.
S'il était vrai que, si Benoît XVI reste le pape légitime, Bergoglio ne l'est pas, et si nous devions croire que le Saint-Esprit travaille en communion avec l'un et l'autre, alors nous devrions, en fait, avoir plus d'Églises catholiques, plus de Pierre, plus de fondements visibles de la foi. Mais ceci est impossible et est contraire à la théologie catholique. Jésus a dit : "tu es Pierre" (Mt 1618), il n'a pas dit : "vous êtes Pierre". Le munus pétrinien n'est ni commutable ni transférable. La situation ecclésiastique du XIVe siècle, avec plusieurs cardinaux revendiquant le trône de Pierre, est totalement incomparable avec la situation actuelle, car chacun d'entre eux prétendait être le pape, alors qu'aujourd'hui l'un semble avoir renoncé, alors qu'il n'a pas renoncé, et l'autre se considère comme le successeur, et il ne l'est pas, tous deux selon les normes mêmes de l'Église.
Saint Thomas d'Aquin, réfléchissant sur le munus petrino, affirme que Jésus dit à Pierre seul de confirmer ses frères dans la foi (Lc 22,32), et cela parce que "una fides debet esse totius Ecclesiae" (S.Th. II-II, q.1, a.10), c'est-à-dire "l'Église doit avoir une seule foi". Le pape est donc avant tout le garant de l'unité de la foi. Remarquez ce qui se passe dans l'Église aujourd'hui. La publication d'Amoris Laetitia, à elle seule, devrait suffire à démontrer comment le faux gouvernement bergoglien, au lieu de garantir l'unité de la foi, a introduit la division et le chaos, au point que les Conférences épiscopales, parfois voisines, agissent en sens inverse, comme dans le cas de l'Allemagne (où l'accès à la communion est donné aux divorcés remariés) et de la Pologne (où il y a une stricte interdiction). Le ministère de l'unité de la foi a rapidement abouti à sa désintégration.
L'ADULTÈRE EUCHARISTIQUE
Benoît XVI, reprenant les Pères de l'Église, a précisé que la messe n'est pas une affaire personnelle, un acte intime et dévotionnel, où la raison mystique l'emporte sur la raison ecclésiale. Ce n'est pas le JE qui décide de rencontrer le TU. Au contraire, c'est toujours un NOUS qui rencontre le JE de Dieu et, si vous voulez, le JE de la Trinité. La suprématie du JE sur le NOUS est le fruit de ce processus de désintégration commencé avec la Réforme luthérienne et consacré par le tournant subjectiviste du XVIIe siècle. Ce n'est pas par hasard que Luther a annulé le mot Kirche (Église) avec celui de Kirkenheit (christianisme) ; le premier indique la réalité ecclésiale comme sujet communautaire visible, tandis que le second indique la somme des Individualités vivant par la foi seule.
Mais le NOUS de l'Eglise reste déterminant pour la Messe ; même lorsqu'un prêtre célèbre seul, il ne s'agit jamais d'une offrande solitaire, mais c'est toujours l'Église qui offre, en la personne du ministre, le sacrifice eucharistique. Immédiatement après le Concile, l'idée s'était rapidement répandue qu'il n'était pas nécessaire de dire la messe lorsque les fidèles n'étaient pas présents à l'église. De nombreux prêtres, en effet, épousant cette ligne, ont fini par perdre leur propre identité. En revanche, certaines voix solitaires et prophétiques - nous nous souvenons ici de Monseigneur Marcel Lefebvre et d'Escrivà de Balaguer - recommandaient plutôt de dire la messe même seul, car la messe est toujours un acte offert au nom de l'Église. D'autre part, Pie Xll, avertissant à temps de la crise qui allait bientôt frapper l'Église, avait déjà prévenu ces modes, en recommandant dans l'encyclique Mediator Dei (20 novembre 1947) que la messe soit dite même sans les fidèles. Nous citons intégralement les paroles du Pape :
"Certains, en effet, réprouvent complètement les messes qui sont offertes en privé et sans assistance, comme éloignées de l’antique manière de célébrer ; quelques-uns même affirment que les prêtres ne peuvent en même temps offrir la divine hostie sur plusieurs autels parce que par cette manière de faire ils divisent la communauté et mettent son unité en péril ; on va parfois jusqu’à estimer que le peuple doit confirmer et agréer le sacrifice pour que celui-ci obtienne sa valeur et son efficacité.
On en appelle à tort, en la matière, à la nature sociale du sacrifice eucharistique. Toutes les fois, en effet, que le prêtre renouvelle ce que le divin Rédempteur accomplit à la dernière Cène, le sacrifice est vraiment consommé, et ce sacrifice, partout et toujours, d’une façon nécessaire et par sa nature, a un rôle public et social, puisque celui qui l’immole agit au nom du Christ et des chrétiens dont le divin Rédempteur est le chef, l’offrant à Dieu pour la sainte Église catholique, pour les vivants et les défunts. Et ceci se réalise sans aucun doute, soit que les fidèles y assistent – et Nous désirons et recommandons qu’ils y soient présents très nombreux et très fervents – soit qu’ils n’y assistent pas, n’étant en aucune manière requis que le peuple ratifie ce que fait le ministre sacré."
Or, le NOUS qui offre la Messe est précisément l'Église sujet, qui est configurée, déjà dans l'épistolaire paulinien, comme l'épouse du Christ. Ainsi, la messe exprime au mieux la corrélation entre le NOUS de l'Église-Épouse et le TU du Christ-Époux, qui est aussi la Tête, représentée visiblement, sous forme vicaire, par l'Évêque de Rome, le Pape. Cette vision théologique si riche et si large, avec la métaphore sponsale, permet d'intégrer la lecture mécaniste (matière, forme, intention) et celle, précisément, individualiste (la messe comme affaire personnelle, comme besoin intime du Christ). La Messe, en réalité, est impensable sans le NOUS ecclésial, qui n'est pas une simple somme de JE, mais un authentique sujet corporatif sponsal.
Ainsi, la messe est l'expression la plus élevée de la Communìo (comme saint Augustin appelle l'Église). Si la question de la matière et de la forme concerne en premier lieu le moment de la consécration du pain et du vin, la question du NOUS ECCLÉSIAL est plus pertinente, car c'est précisément la Communio qui est le sujet qui célèbre la Messe. Or, LA CÉLÉBRATION DE LA MESSE EN UNION AVEC QUELQU'UN QUI N'EST PAS LE PAPE, ET QUI EST AUSSI HÉRÉTIQUE ET APOSTAT, AUSSI BIEN QU'IDOLATRE, À SAVOIR BERGOGLIO, QUEL TYPE DE COMMUNION EXPRIME, NON SEULEMENT ENTRE LES CROYANTS, MAIS SURTOUT PAR RAPPORT À L'IDENTITÉ DU SUJET ECCLÉSIAL, LE NOUS DE L'ÉGLISE ? Jésus-Christ n'a qu'une seule épouse, son Église, et cela est affirmé en toute clarté par l'Écriture et la Tradition, à commencer par les Pères. Une seule est l'épouse du Christ, pas plus. Il ne peut y avoir plus d'une mariée. La candidature d'une hypothétique autre épouse finit par révéler sa nature adultère.
Le Christ s'unit à son unique épouse, qui est l'Église. Et qu'est-ce que la véritable Église ? Il y en a une qui est dirigée par Benoît XVI, qui a démissionné de manière invalide, et une autre, clairement opposée à la première, dirigée par François, qui a été élu lors d'un conclave invalide. Il ne s'agit pas de la même Église, toute tentative de le faire croire échoue. Ce sont deux églises, et une seule, cependant, est l'épouse du Christ, pas les deux. Ceux qui insistent pour rester en communion avec le pape François célèbrent une messe adultère, car le Christ ne s'unit qu'à sa propre épouse, l'Église catholique en communion avec le pape Benoît XVI. Et le Christ le fera jusqu'à la fin.
C'est pourquoi l'œcuménisme ne peut pas arriver à l'intercommunion, et c'est pourquoi les Églises de la Réforme et les Églises orthodoxes, de manière différente, devront revenir à l'unique et véritable épouse du Christ, qui est précisément l'Église catholique, se contentant, entre-temps, d'une présence relative du Christ, plutôt raréfiée dans le monde luthérien, plus incisive - à cause du seul caractère schismatique et non hérétique, et puis aussi en raison de la succession apostolique - dans le monde orthodoxe. Le Christ n'est pas un adultère, et n'a pas rejeté sa propre épouse.
Ceux qui vont à la messe en communion avec un chef visible d'une église qui n'est pas catholique, même si elle se déguise comme telle, appartiennent, malgré eux, à un autre Christ, évidemment pas celui qui est fidèle à son unique épouse. Et si cette église est dirigée par un antipape, alors l'époux est l'anti-Christ. Laissez-les tirer les conséquences jusqu'au bout. Il y a une indissolubilité du mariage qui entraîne aussi la question de l'indissolubilité eucharistique. Pour ceux qui vont à la messe en communion avec Bergoglio, la seule perspective qui demeure est celle de l'invalidité, comme lorsqu'un mariage est considéré comme nul et non avenu.
À ceux qui soutiennent qu'il faut rester à l'intérieur de l'Église et non à l'extérieur, il faut rappeler qu'il y a une Église, l'Église catholique, qui résiste en la personne de Benoît XVI, et il y a une fausse Église, gouvernée par le faux pape François. Ni l'éthique évangélique, ni la morale traditionnelle ne permettent la connivence, qui est précisément le péché. L'Église a toujours exclu les hérétiques de la communion, principalement parce qu'ils risquent de corrompre les simples dans la foi.